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une préparation si longue, si pénible et si dispendieuse, qui impose une sollicitude si étendue, qui prescrit les devoirs les plus importans et les fonctions les plus sublimes, seroit il le seul où l'on ne dût trouver aucune ressource temporelle? Chez les Hérétiques, chez les Mahométans, chez les Payens mêmes, il y a toujours eu et il y a encore des fonds et des revenus assignés pour l'entretien du Culte et des Ministres... Pourquoi n'v en auroitil pas d'assignés pour l'entretien du Culte er des Ministres catholiques ? J. C. ne s'est pas engagé à y pourvoir par Miracle. Il est juste et nécessaire qu'un Peuple qui veut jouir des bienfaits de la Religion fournisse à l'entretien de ses Ministres. L'Apôtre Saint-Paul prouve fort au fort au long cette vérité dans sa première Epître aux Corinthiens. » LE SEIGNEUR, » dit-il, a voulu que ceux qui prêchent l'Evangile » vécussent de l'Evangile. Si nous avons seiné

parmi vous les biens spirituels, est-ce une grande >> chose que nous recueillions un peu de vos biens » temporels «? J. C. a recommandé à ses Ministres, comme à tous ses Disciples, le détachement intérieur des biens de la terre, la pauvreté de cœur et d'esprit ; mais il ne leur a pas défendu de rien posséder: l'Evangile rapporte qu'il avoit luimême de l'argent pour ses besoins et ceux des siens. Saint-Luc nous apprend que les Apôtres recevoient les offrandes des fidèles. L'Histoire nous atteste que, durant les persécutions, les Eglises avoient des fonds pour l'entretien des Ministres et des pauvres, et que, dès la paix donnée à l'Eglise par Empereur Constantin, le Clergé posséda des immeubles sous la protection des lois. Le pillage des biens de l'Eglise fait par l'Empereur Julien l'Apostat, prouve que, déjà dans le IV siècle, l'Eglise avoit des possessions considérables. Elles s'accrurent dans la suite par la libéralité des fidèles; elles devinrent le patrimoine des pauvres, et une ressource pour tous les malheureux ; et si elles réveillèrent la cupidité, elles ne souleverent jamais

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contre l'Eglise que les ennemis de la Religion. Aujourd'hui, que ces biens sont dissipés, et que l'on ne paye plus au Clergé les revenus dont il étoit en possession, en est-on beaucoup plus riche? La Religion est elle devenue plus florissante ? Les pauvres sont ils mieux soulagés, et voit-on dans tous les Etats une plus grande prospérité ?

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De quelques dogmes, loix et pratiques de l'Eglise catholiques.

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D. PARMI les dogmes de l'Eglise catholique, il

y en a plusieurs qui 'choquent la raison et qui ne semblent être que de ridicules préjugés, inventés par la politique de ses Ministres ; tels sont, en particulier, les dogmes qui nous représentent les Evêques et les Prêtres comme revêtus d'un caractère qui les distingue des autres hommes, et qui leur attribue les pouvoirs étonnans de juger les consciences, de purifier les ames par la rémission des péchés, de sanctifier les nôces, de fortifier les ames des mourans, de rendre présent et d'offrir sur les autels le corps de J. C. Tout cela est-il concevable, et doit-on croire également tout ce qu'enseigne l'Eglise catholique ?

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Ř. Oui, l'on doit croire également tous les dogmes que l'Eglise catholique enseigne, et il n'est pas permis d'en abandonner la discussion à la raison, pour admettre les uns et rejeter les autres; car J. C. en nous soumettant à l'autorité de l'Eglise, nous a également garanti la vérité de tous ses enseignemens, et il ne peut permettre qu'elle soit entraînée, ou qu'elle veuille nous entrainer dans l'erreur, par aucun préjugé, ni par aucune vue d'intérêt ou de politique. Telle est la base de la for catholique, et elle est la même pour tous les ar

ticles et les points de cette foi. On n'est plus Catholique, dès que l'on nie ce principe; l'on renverse l'autorité de l'enseignement, dès qu'on le soumet à son propre jugement, et l'on ouvre la porte à toutes les illusions et à toutes les erreurs. Il faut donc s'attacher fermement à l'enseignement de l'Eglise, comme à l'autorité même de J. C., et ne consulter, dans l'ordre surnaturel de la foi, ni les lueurs trompeuses de la raison, ni les préjugés des sens, ni les bizarreries de l'imagination, ni les soupçons injustes et les préventions aveugles des passions.

En nous éloignant de ces sources d'erreurs, et en ne considérant les objets de la foi que sous les rapports de la sagesse, de la véracité et de la toutepuissance de Dieu, nous recevrons avec une égale certitude et confiance tous les enseignemens de l'Eglise, et nous n'aurons ni doute, ni méfiance en particulier, sur les prérogatives attribuées à ses Ministres.

Qu'y a-t-il, en effet, de répugnant et d'impossible que J. C., dans le plan de sa sagesse, se soit associé des coopérateurs, pour la sanctification des hommes ; qu'il les consacre et les marque d'un caractère spirituel, saint et ineffaçable, par le Sacrement de leur Ordination, comme il marque les Chrétiens dans le Baptême; qu'il les établisse les Ministres et les canaux de ses graces par l'administration de ses Sacremens, et qu'il opère, par leur ministère, le grand 'et mystérieux prodige de sa présence réelle sur nos Autels? Certainement il n'y a rien en cela qui soit au-dessus de la toutepuissance du Dieu Sauveur, ni rien d'indigne de sa sagesse. Si J. C. a voulu sanctifier les hommes par les Sacremens, les régénérer par le Baptême, remettre les péchés par la Pénitence, purifier et fortifier les ames des mourans par l'Extrême-Onction, conférer par l'Ordination les pouvoirs et les graces nécessaires pour l'exercice des saintes fonctions, sanctifier par un rit sensible le Mariage des Chré

tiens, se rendre présent et s'offrir à son Père dans l'Eucharistie sous les voiles extérieurs d'un Sacrement et d'un sacrifice, n'étant plus visible sur la terre, il a bien fallu pour cela qu'il se servit du ministère de quelques hommes, comme il s'en est servi et qu'il s'en sert encore pour la Prédication de son Evangile. Les Ministres qu'il s'est associés à cette fin, sont, en effet, quant à la nature, des hommes comme les autres, et ce n'est pas en cette qualité qu'ils exercent de si augustes fonctions; mais pour ètre des hommes. ils ne sont pas moins les Ministres de J. C., ses Ambassadeurs, les dépositaires de sa puissance, les dispensateurs de ses Mystères, les organes de la parole de récon ciliation, et les autres hommes ne le sont pas ; ils ont reçu de J. C. des pouvoirs que les autres hommes n'ont pas reçus ils peuvent donc, au nom et par la vertu de J. C. produire les effets qui ne sont pas au pouvoir des autres hommes. Tout a dépendu de la volonté de J. C. s'il a donné aux Apôtres le pouvoir de faire des Miracles, il a pu leur communiquer et à leurs successeurs, tous les pouvoirs dans l'ordre de la sanctification des ames et la foi catholique nous enseigne qui les leur a communiqués. L'homme religieux trouve dans cette croyance un nouveau gage de l'amour du Sauveur, et une source abondante de graces et de consolations, et l'impie qui s'en moque, montre que l'excès d'une coupable ignorance, ou d'une aveugle et sacrilège témérité.

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D. Est-il croyable que J. C. ait attaché la sanctification et le salut des hommes aux rits que vous appelez Sacremens, à des choses matérielles, telles que l'eau dans le Baptême, l'huile dans l'ExtrêmeÓnction, ou à des cérémonies telles que l'imposi tion des mains dans la Confirmation et l'Ordre, et à des paroles prononcées par les Evêques et les Prêtres dans l'administration de tous ces rits?

R. Nous devons d'abord éloigner l'idée grossière qui attribueroit des effets spirituels à la vertu nes

turelle de l'eau, de l'huile, de l'imposition des mains, et des paroles prononcées par les Evêques et les Prêtres; mais il ne répugne pas assurément, que J. C. ait attaché les opérations spirituelles de sa grace à des signes sensibles, à des rits extérieurs, dans lesquels ses Ministres emploient, selon la forme et l'intention prescrite, l'usage de choses naturelles, de paroles, et de cérémonies détermi❤ nées. Nous voyons que dans toutes les institutions religieuses et civiles, les effets moraux se produisent par des signes sensibles, des symboles extérieurs, et des formalités convenues. C'est ainsi que l'autorité se communique, que le droit de propriété se transmet, etc. etc.

Libre dispensateur de ses dons, J. C. a pu en attacher les effets aux conditions qu'il lui a plu d'établir, et ce n'est pas à nous de les prescrire à sa sagesse. Dans l'ancienne loi, Dieu ordonna la Circoncision, des sacrifices, des libations, des offrandes, et des cérémonies dont nous ne savons trouver d'autre cause que sa volonté : pourquoi J. C., dans la loi nouvelle, n'a-t-il pas pu prescrire des rits extérieurs qui seroient les signes sensibles de sa grace, et les instrumens de ses opérations dans nos ames? Il a choisi la croix pour nous racheter; seroit-il plus surprenant qu'il eût déterminé un rit extérieur pour nous appliquer les fruits. de sa mort?

Il étoit même convenable qu'en fondant une société visible, pour une fin spirituelle, il instituât des moyens extérieurs pour réunir dans un même esprit, tous les membres de cette société, et pour leur donner une assurance tout-à-la fois plus sensible et plus consolante de la communication de ses graces.

D'ailleurs, ce n'est pas simplement par notre foible intelligence, et bien moins d'après notre imagination, que nous devons juger des conseils du Dieu-Sauveur; c'est uniquement par ce qu'il lui a plu de nous en révéler. Or, J. C. nous a révélé

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