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D. Y a-t-il une societé chrétienne qui ait cette Universalité morale d'étendue dans le monde, et quelle est-elle ?

R. Oui, il y a une société chrétienne qui est moralement étendue dans tout le monde, et cette société est l'Eglise romaine, connue dans tous les tems et dans tous les lieux, sous le nom de Catholique. Elle occupe, en effet, l'Italie, l'Espagne, le Portugal, la France, quoiqu'elle y soit aujourd'hui persécutée, les Pays-Bas, une grande partie de l'Allemagne et de la Suisse, la Pologne, la Hongrie, la Bohème, la majeure partie connue de l'Amérique; elle compte un grand nombre d'adorateurs en Angleterre, en Irlande et en Ecosse, dans la Suede, en Russie, dans la Grèce, dans la Perse la Syrie et l'Egypte; elle a été annoncée et elle a encore des disciples dans la Chine, la Cochinchine. et sur-tout dans les Isles du Levant. Elle est donc la plus répandue de toutes les sociétés chrétiennes.. Et elle a seule ce caractère d'Universalité que les Prophètes ont attribuée au règne de Jésus-Christ.. D. Ne peut-on pas dire que l'Eglise de JésusChrist est Catholique, en ce sens qu'elle est composée de toutes les sociétés chrétiennes, de sorte: que celles-ci ne forment que des Communions différentes de la même Eglise répandue dans l'Univers ?*

R. Non; l'on ne peut le dire, parce que l'Eglise. de Jésus Christ est, comme nous l'avons prouvé, essentiellement Une, en ce sens qu'elle exclut de son sein les Chrétiens qui ne lui sont pas unis par le même régime de Pas eurs, par la profession. de la même foi, et par la Communion du même culte et des mêmes Sacremens..

C'est pourquoi, dès les premiers siècles du Christianisme, le nom d'Eglise catholique fut toujours. opposé à celui des sectes hérétiques et schismatiques; le mot Catholique fut même un surnom donné à la vraie Eglise, pour la distinguer de toutes les secteshérétiques et schismatiques qui s'appelloient du nom

1.

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commun de Chrétiennes. » Chrétien est mon » nom, écrivoit Saint Pacien à un hérétique No»vatien, Catholique est mon surnom : ce mot là » me nomme; celui ci me distingue. Cette déno»mination de Catholiques ne convient ni à Mar» cion, ni à Apelle, ni à Montan, ni à aucun autre auteur d'hérésie. Les Novatiens, écrivoit SaintAugustin, les Ariens, les Patri-passiens, les Va»lentiniens, les Patriciens, les Appellites, les » Marcionites, etc. ne sont pas avec nous. Ce» pendant par tout où ceux-ci sont, l'Eglise catho» lique y est répandue; mais ni vous, ni aucune » autre hérésie, ne vous trouvez par-tout où est » l'Eglise catholique ». Tous les autres Pères et Ecrivains ecclésiastiques, même les plus anciens, Saint-Ignace, Saint-Justin, Saint-Clément d'Alexandrie, Saint-Irénée, Saint-Cyprien, etc, etc, ont expliqué dans le méme sens la Catholicité de l'Eglise, et ils en ont tiré les mêmes raisonnemens. contre tous les hérétiques et schismatiques; tous ont regardé la Catholicité comme une note essentielle et distinctive de l'Eglise; tous ont conclu que les sectes des hérétiques et des schismatiques n'étoient pas la vraie Eglise, parce qu'elles n'étoient pas Catholiques. Cela est un fait si clairement consigné dans leurs Ecrits et dans tous les monumens de l'histoire des premiers siècles, qu'il est avoué, et même soutenu par plusieurs savans auteurs d'entre les Protestans.

Ainsi, en réclamant pour nous, exclusivement, la Catholicité de l'Eglise, en disant à tous les hérétiques et à tous les schismatiques: votre société n'est pas la vraie Eglise, puisqu'elle n'est pas Catholique, nous n'avons pas des prétentions exagérées : nous ne faisons que répéter le principe et le raisonnement des premiers défenseurs de la Religion, nous ne faisons que produire la foi des premiers siècles et des tems apostoliques; et si l'Eglise avoit alors raison contre les hérétiques et les schismatis

ques, ce dont on ne peut douter, nous prouvons invinciblement que les hérétiques et les schismatiques de nos jours n'appartiennent pas à la vraie Eglise. Nous les en convaincrons encore, en prou vant que leurs sociétés ne sont pas Apostoliques.

CHAPITRE

X V I I

De l'Apostolicité de l'Eglise. U'ENTENDEZ-VOus par l'Apostolicité de

D. QU'

l'Eglise?

R. J'entends que l'Eglise doit professer la doctrine enseignée par les Apôtres, et posséder un ministère visible de Pasteurs qui, prenant son commencement dans lès Apôtres, ait été transmis constamment jusqu'à nos jours, par une succession non interrompue.

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Toutes les sociétés chrétiennes conviennent généralement que la vraie Eglise doit être Apostoli. que, à raison de sa doctrine; parce qu'elle doit professer la doctrine de Jésus-Christ, et que la doctrine de Jésus-Christ est infailliblement celle qui a été enseignée par les Apôtres.

Mais les différentes sociétés chrétiennes ne s'accordent pas sur la nécessité et la nature de l'Apostolicité du ministère pastoral; les sectes, qui se sont séparées de l'Eglise catholique, ayant été forcées d'inventer divers systèmes sur ce point important, pour couvrir le vice de leur défection, et présenter une apparence de ministère pastoral dans leurs nouvelles sociétés.

Nous renverserons tous ces systêmes et nous. rétablirons la vraie notion de l'Apostolicité de l'Eglise, en montrant: 1.° Que Jésus-Christ a établi un ministère visible de Pasteurs pour le gouvernement de son Eglise. 2.° Que ce ministère n'a japu manquer dès les tems apostoliques jusqu'à

mais

nos jours. 3. Qu'il s'est perpétué par la mission que Jésus-Christ donna à ses Apôtres, que ceux-ci transférérent à leurs successeurs, et qui a été de même successivement transmise aux Pasteurs de tous les âges, des uns aux autres; depuis les Apôtres jusqu'aux Pasteurs actuels; d'où il résultera que rEglise de Jésus-Christ est essentiellement Apostolique, en ce sens que l'ordre de ses Pasteurs n'a souffert aucune interruption dans la transmission de la mission qu'ils ont reçue, successivement, en remontant jusqu'aux Apôtres.

1. Nous ne nous arrêterons pas à prouver que Jésus-Christ a établi un ministère de Pasteurs, pour le Gouvernement de son Eglise : cette vérité reste démontrée par les principes que nous avons établis, en parlant de l'autorité du corps des Pasteurs, et de l'Unité de lEglise; et la plupart des sociétés chrétiennes ne la révoquent pas en doute. Il est manifeste que le ministère des Pasteurs étoit néces saire pour enseigner la foi, pour administrer les Sacremens et maintenir le bon ordre dans l'Eglise; et nous lisons dans les Saintes Ecritures que JésusChrist a effectivement envoyé ses Apôtres pour enseigner, baptiser et remettre les péchés ; qu'il a donné des Pasteurs et docteurs pour l'oeuvre du ministère ; que l'Esprit saint a établi les Evêques pour gouverner l'Eglise de Dieu; etc., etc. Je me dispense de citer d'autres textes et d'accumuler d'autres preuves. Il n'est rien de plus incontestable dans le Christianisme que le divin établissement du Ministère pastoral.

2. Mais les preuves qui, en montrent l'existence, en attestent aussi la perpétuité; car Jésus Christ n'a pas plus mis de bornes à la durée du Ministère des Pasteurs, qu'à celle de son Eglise; il les a envoyés pour enseigner et baptiser jusqu'à la consommation du siècle; il a donné des Pasteurs, dit Saint-Paul, pour l'oeuvre du ministère, jusqu'à ce que nous nous rencontrions tous dans l'Unité de

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la foi et de la connoissance du fils de Dieu; son Eglise nous est représentée par les Prophêtes comme un Royaume qui ne doit point être détruit et dans lequel tous les hommes doivent chercher le salut (Daniel 11.); comme une montagne élevée sur les collines; dont la splendeur doit éclairer et attirer toutes les Nations (Mich. IV. ) Or ce n'est que par la perpétuité du ministère visible des Pasteurs, que la foi doit se prêcher; que les Sacremens doivent s'administrer, le culte public se célébrer le lien de la paix, de l'ordre et de la charité se maintenir parmi les Chrétiens; ce n'est que par la perpétuité du Ministère visible des Pasteurs, que TEglise peut être une porte de salut toujours ouverte à tous les hommes; ce n'est que par la perpétuité du Ministère visible des Pasteurs, que l'Eglise peut se conserver, qu'elle peut exister, puisqu'elle est essentiellement une société composée d'un corps de Pasteurs qui gouverne, et des fidèles qui sont gouvernés. Le Ministère visible des Pasteurs ne peut donc jamais manquer dans l'Eglise; il est donc parvenu des Apôtres jusqu'à nous sans aucune interruption.

3. Mais comment le Ministère des Pasteurs at-il dû et doit-il se perpétuer ? Ce n'est pas par une succession purement matérielle; car de faux Pasteurs, qui usurperoient la place des Pasteurs légitimes, ne seroient pas réellement des Pasteurs de l'Eglise, de même que des hommes, qui usurperoient les places des Magistrats civils, ne seroient pas de vrais Magistrats. Il faut donc, pour succéder réellement dans le saint Ministère, y être appellé et établi par l'autorité légitime.

Les Pasteurs de l'Eglise sont, en effet, les Ministres et les Ambassadeurs de Jésus Christ, les prédicateurs de sa parole, les dispensateurs de ses Mystères, les dépositaires des clefs du Royaume des Cieux, et du pouvoir de remettre et retenir les péchés. Or, dequel droit et à quel titre des hom

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