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penser de celle des autres dogmes, dont il est certain, par le jugement de l'Eglise, que Dieu a exigé la foi.

D. N'est-cepas une intolérance révoltante que de soutenir qu'il n'y a qu'une Communion chrétienne qui soit la vraie Eglise de Jésus-Christ?

R. Non; il n'ya rien en cela de révoltant. Notre croyance sur l'unité de l'Eglise est, comme nous l'avons montré, la croyance de tous les siècles; elle nous a été transmise par les Apôtres; elle est conforme aux vues de la sagesse et à l'enseignement de Jésus-Christ: ce n'est pas à nous, ce n'est pas à l'esprit philosophique du siècle d'y rien changer. A entendre les ennemis de l'Eglise catholique, ne diroit-on pas que la Religion est une chose purement humaine, sur laquelle on peut transiger à vo lonté? Dépend-il donc de nous que Jésus-Christ ait donné une telle constitution à son Eglise, qu'il ait voulu qu'elle fût essentiellement Une dans le régime des Pasteurs, dans les Sacremens et la profession de la foi? Et s'il l'a constituée ainsi, est-ce sur nous que tombe l'accusation d'intolérance? N'est-ce pas sur Jésus-Christ lui même ? ou plutôt, puisque l'on ne peut douter de la sagesse, de la justice et de la bonté de Jésus-Christ, cette accusation ne montre dans ses auteurs qu'une aveugle obstination de ne vouloir pas reconnoître l'Eglise, telle que JésusChrist l'a établie.

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D. N'y a-t-il pas de l'orgueil et de la folie à prétendre au titre exclusif de l'Eglise de Jésus Christ? R. Non si Jésus-Christ a donné à son Eglise le caractère d'Unité que nous avons exposé, prétendre au titre exclusif de l'Eglise, c'est uniquement soutenir que telle société de fidèles est l'Eglise de Jésus-Christ. Or, il n'y a en cela, ni orgueil ni folie, ou il faut en accuser également ceux qui nous en font ce reproche, puisqu'ils prétendent être dans l'Eglise de Jésus Christ. Toute la question se réduit donc à savoir si la nature de l'Eglise exige

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essentiellement l'unité de régime, de foi et de Sa cremens. Nous avons prouvé que telle est son Unité; et ce n'est pas par de vagues inculpations que l'on affoiblira ces preuves.

Il nous est également facile de démontrer que l'on trouve dans l'Eglise Catholique Romaine cette Unité essentielle à l'Eglise : c'est un fait notoire dont ses ennemis ne peuvent disconvenir.

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L'on chercheroit en vain ce caractère d'Unité dans la plupart des autres sociétés chrétiennes ; et il est aussi notoire, et elles avouent elles-mêmes qu'elles ne l'ont pas. S'il en est quelqu'une qui prétende le conserver, il n'est difficile de prouver que, par cela même qu'elle est séparée de l'Eglise Catholique Romaine, elle n'a pas l'Unité du régime établie par Jésus-Christ et transmis par les Apôtres, et que, par une suite nécessaire, elle adopte, du moins sur ce point, des erreurs qui rompent même TUnité de la foi.

D. Mais pourquoi les Catholiques damnent-ils les Chrétiens qui ne sont pas de leur Communion? Est-ce aux hommes à juger leurs frères ?

R. Les Catholiques ne jugent et ne damnent personne. Ils abandonnent le jugement au Seigneur. Mais, convaincus que l'Eglise de Jésus Christ ne peut être composée de différentes Communions qui ie reconnoissent ni le même régime de Pasteurs, ni la même foi et les mêmes Sacremens, et que, d'après l'aveu même de tous les Chrétiens, l'on ne peut se sauver que dans l'Eglise de Jésus-Christ; persuadés que l'Eglise Catholique est cette unique Eglise, peuvent-ils croire que les autres Commu nions chrétiennes assurent également les moyens de salut? Ne seroit-ce pas admettre le oui et le non; et en quoi cette contradiction seroit-elle utile aux Chrétiens qui n'ont pas le bonheur d'être de la Communion Catholique? Leur procureroit-elle le salut, s'il ne peut s'obtenir que dans cette Eglise? Ah! plutôt ne leur seroit-elle pas funeste; en les flattant

et en les affermissant dans la voie de la damnation?

Nos frères séparés, ne croient manquer ni à la charité, ni à la justice en prononçant que les payens et les pécheurs impénitens sont hors de la voie du sa lut, parce qu'ils regardent cela comme une vérité et qu'ils ne peuvent croire le contraire. Eh bien, telle est précisément notre manière dejuger de leur état, fermement persuadés que les hérétiques et les schismatiques n'appartiennent pas à l'Eglise de Jésus-Christ, nous ne pouvons les croire dans la voie du salut; mais c'est avec une profonde douleur que nous les en eroyons éloignés; nous gémissons sur leur sort, et nous prions pour leur retour à l'Unité de la foi et de l'Eglise, et nous ne désespérons du salut d'aucun en particulier.

D. Chaque homme ne peut-il pas suivre, en sureté de conscience, la Religion du pays où il est né. R. Il est bien étrange d'entendre des Chrétiens proposer sérieusement cette question; car s'il étoit permis de suivre la Religion de tout pays où l'on est né, il seroit donc permis de vivre en Mahométant, en Payen, et en Idolâtre; Jésus-Christ seroit venu envain sur la terre, et sa Religion n'auroit abouti qu'à troubler inutilement les consciences; elle seroit fausse, puisqu'elle enseigne que l'on ne peut se sauver que dans la foi et par les mérites de Jésus-Christ. Mais non; les droits de Dieu sont audessus de tous les préjugés de la naissance, de l'éducation, de l'intérêt et de la politique; il appelle tous les hommes à la Religion chrétienne, et tous les Chrétiens à l'Unité de l'Eglise catholique rien ne peut nous dispenser de lui obéir, et notre bonheur suprême, comme notre premier devoir, nous impose la loi de tous les sacrifices qu'il exige à cette fin.

D. ne peut-on pas supposer que des Chrétiens ont eu de justes motifs de se séparer de l'ancienne Eglise et de former une nouvelle société et une Commu nion particulière.

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R. Non, on ne peut supposer; parce que glise ne formant qu'un seul corps dont les membres sont essentiellement réunis par le régime des mêmes Pasteurs et par l'Unité de la foi des Sacremens, s'en séparer, c'est s'exclure de son sein, c'est rompre le lien de la paix, c'est élever autel contre autel, et déchirer le corps mystique de Jésus Christ; ce qu'aucun motif ne sauroit légitimer. C'est pourquoi, l'on n'écouta, dans aucun tems, les prétextes des schismatiques; et l'Histoire de l'Eglise nous instruit que ceux des premiers siècles, les Donatistes, en particulier, furent condamnés, pour le seul fait de séparation, sans aucun égard aux motifs par lesquels ils prétendoient la justifier; on leur disoit : Vous avez fait schisme, donc vous n'êtes plus de l'Eglise. Telle étoit la doctrine des premiers siècles; on reconnoissoit « qu'il ne peut y avoir aucun juste » motif de rompre l'Unité (S. Aug. ).

C'est donc envain que, pour justifier leur séparation, les schismatiques ont accusé l'ancienne Eglise d'avoir été dans un état de corruption de mœurs, de superstition et d'idolâtrie. Sans repousser ici directement ces calomnieuses imputations, il nous suffit de répondre.

1. Que les schismatiques n'ont jamais pu prouver que l'Eglise catholique ait été, dans aucun tems, en un état de corruption affectant tout le corps des Pasteurs et des fidelles, ni qu'elle ait jamais enseigné une morale corrompue, ou une doctrine infectée de superstition et d'idolâtrie.

2.° Que les schismatiques n'ont pu être jugées dans leur propre cause, ni par conséquent s'autoriser de l'accusation qu'ils formoient contre l'Eglise, pour se révolter contr'elle, et se séparer de sa Communion.

3. Qu'en supposant même, ce qui est faux et impossible, que l'Eglise catholique étoit souillée par la corruption des mœurs, par la superstition et l'idolâtrie, il n'étoit pas, pour cela, permis de

se

se séparer d'elle et d'élever autel contre autek, parce qu'elle n'étoit pas moins en possession de l'autorité du gouvernement essentiel à la vraie Eglise; elle n'étoit pas moins la seule Eglise de Jésus-Christ. Ses membres, d'après cette supposition, ne devoient pas communiquer avec elle dans la corruption des mœurs, dans la superstition et l'idolâtrie; mais ils ne pouvoient sans crime s'élever contr'elle, et ils n'avoient pas de mission pour fonder une autre Eglise. Moyse, Aaron, Isaïe, Jérémie, d'autres Prophètes et tant d'autres saints personnages, ne se séparèrent pas de la Communion du Peuple hébreu, quand ses mœurs se corrompirent et qu'il tomba dans la superstition et l'idolâtrie; mais restans dans sa société, sans participer à ses souillures, ils gémirent sur son état, et ils travaillèrent à le ramener à Dieu par leurs prières, par leurs exemples, et par tous les efforts du zèle

et de la charité.

Voilà, d'après l'aveu même de plusieurs écrivains célèbres parmi les Protestans, à quoi devroient se borner les Chrétiens qui se trouveroient dans la vraie Eglise, s'il étoit possible qu'elle fût souillée par de mauvaises mœurs, par la superstition et l'idolâtrie. Mais nous allons montrer combien cette supposition, réfutée d'avance par toutes les preuves que nous avons apportées de l'autorité infaillible du corps des Pasteurs, répugne encore au caractère de sainteté qui distingue la vraie Eglise de JésusChrist.

D.

CHAPITRE X V...

De la Sainteté de l'Eglise.

EN quoi consiste la Sainteté de l'Eglise? R. La Sainteté de l'Eglise consiste dans la Sain

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