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et sa plume d'ordurières obcénités; de braver la croyance, l'honnêteté, la décence et les mœurs publiques?

Or voilà quelle est la Philosophie, la prétendue force d'esprit, je ne dis pas seulement de ce ramas d'incrédules qui ne sont connus, à la honte de l'humanité et pour l'opprobre de nos jours, que par la débauche, par les sacrilèges, la férocité et les brigandages, mais en général de tous les incrédules et des coryphées de leur secte.

Un vrai Philosophe respecte la décence, les mœurs, la vertu, et ne trouble pas la paix, les consolations et le bonheur de ses frères.

Un vrai Philosophe, un esprit fort ne se laisse pas dominer par l'orgueil et les autres passions; et il n'aspire point à une funeste célébrité aux dépens de la vérité et de la Religion; disposé à leur faire tout sacrifice, il pose des principes, il marche de conséquence en conséquence, et ne craint point d'être forcé d'admettre une doctrine, qui doit captiver son cœur et soumettre son entendement. Assuré de l'existence de Dieu et de sa Providence, convaincu de la possibilité, de la nécessité, de l'existence de la Révélation, il ne porte pas l'audace jusqu'à disputer contre Dieu et prétendre le surpasser en lumières et en sagesse; il se soumet à sa parole, à son infaillible autorité, et il n'élève pas des doutes sur ce que la vérité même lui propose; il en a une conviction, une persuasion plus entière et plus ferme, que s'il en jugeoit par ses yeux, ou par sa raison.

des

Telle fut, dans les premiers siècles de la Religion, la Philosophie, la force d'esprit des Justin, des Tertullien, des Origène, des Lactance, Jérôme, des Augustin, dont le génie, l'éloquence et la vaste érudition n'ont pas à redouter le parallèle des prétendus Philosophes et esprits forts de notre siècle.

Telle fut dans le dernier siècle, la Philosophie,

la force d'esprit des Bossuet, des Fénélon, des Bourdaloue, des Pascal, des Pétan, des Bellarmin, etc. etc.

Telle a été, dans notre siècle, la Philosophie, la force d'esprit de tant de savans et profonds Ecrivains qui ont vengé les droits de la Religion et pulvérisé les objections des incrédules.

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Telle a été la vraie Philosophie, la réelle force d'esprit de tous les fidèles instruits des preuves de la Religion. Leur loi est fondée sur des motifs inébranlables; et le dernier d'entr'eux est plus raisonnable, plus conséquent, plus sage, plus Philosophe dans le vrai sens de ce mot, que le premier et le plus fameux des incrédules.

D. Les simples fidèles peuvent-ils saisir la force des preuves que vous avez données de la Divinité de la Religion chrétienne, et résoudre les difficultés qu'on leur

oppose.

R. Oui; les simples fidèles peuvent et doivent saisir la force des preuves qui établissent la Divinité de la Religion; car ces preuves consistent principalement en des faits, dans la certitude des Miracles opérés en témoignage de la Divinité de la Religion chrétienne. Les simples fidèles peuvent s'assurer de la certitude de ces faits miraculeux, comme ils sont assurés de celle des faits historiques, de l'existence des villes et des Peuples qu'ils n'ont pas vus, de leur propre descendance, et des contrats de leurs ancêtres sur lesquels ils fondent leurs droits de propriétés. Or, avec un peu de bon sens, ils jugent facilement et avec une pleine conviction, que Dieu ne peut pas opérer des Miracles en faveur de l'erreur, et qu'une doctrine, proposée en son nom et confirmée par des prodiges, est nécessairement vraie dans tous ses points. Ils peuvent donc rendre à Dieu l'hommage raisonnable de leur foi (Rom. XII.) et se montrer prêts à satisfaire quiconque leur demande compte deleur espérance. (I Pet. III).

qui

Ce n'est pas à dire, qu'ils soient pour cela obligés d'entrer dans la discussion des difficultés qu'une vaine et curieuse Philosophie peut leur proposer. Non; assurés du témoignage de Dieu qui ne peut se tromper ni tromper, ils peuvent et doivent rejetter avec confiance, comme de vaines difficultés et de misérables sophismes, toutes les objections qui lui sont contraires; la raison n'exige pas plus 'eux qu'ils se donnent la peine de les résoudre, qu'elle n'exige qu'ils sachent répondre aux objections que l'on propose contre l'existence de la lumière et contre le mouvement des corps. Ils sont assurés de ces deux vérités de l'ordre naturel, sur le rapport de leurs sens; ils sont assurés de la vérité de la Religion, sur le témoignage de Dieu : l'autorité de Dieu ne vaut-elle pas celle de nos sens; et pourquoi donc seroit-on plus obligé de discuter après le témoignage de Dieu, qu'après lé témoignage des sens?

D. Vous m'avez fort bien montré que les preuves de la divinité de la Religion chrétienne sont à la portée des simples fidèles; mais cela ne suffit pas, pour rendre leur foi raisonnable: il faut encore qu'ils puissent connoître en détail les dogmes, le culte, les sacremens et les préceptes de cette Religion; et, puisque ce sont là autant de sujets de division entre les différentes sociétés qui se disent Chrétiennes, est-il, pour les simples fidèles, moyen de discerner le vrai sens de la Révélation de Jésus-Christ et de résoudre les questions sur lesquelles les savans des différentes Communions sont partagés?

un

R. Oui; il est à cette fin un moyen simple, infaillible et à la portée de tous les fidèles. Dieu n'a pas pu laisser imparfait le plan de sa Révélation aux hommes. Puisque la Religion qu'il leur a révélée est pour tous, et pour tous les tems, il a dû prendre un moyen propre à la faire connoître de tous les hommes, et à la préserver de l'altés,

ration que pourroient y apporter la foiblesse et l'orgueil de l'esprit humain, l'ignorance, la politique, les préjugés, les divers intérêts, et toutes les passions. Qui veut la fin, veut les moyens. Nous sommes aussi assurés de l'existence d'un moyen établi par la Providence pour éclairer et fixer la croyance des hommes sur le sens de la Révélation chrétienne, que nous le sommes de la sagesse de Dieu et de la nécessité de la Religion chrétienne pour le salut.

CHAPITRE

Du moyen

par

ΧΙΙΙ.

établi Jésus-Christ pour perpé tuer sa doctrine et la distinguer des opinions humaines.

D. QUEL

UEL est le moyen établi par Jésus-Christ pour faire connoître et perpétuer sa doctrine?

R. Pour résoudre cette importante question, examinons d'abord, d'après la nature des hommes et le but que s'est proposé Jésus-Christ en fondant son Eglise, ce que la sagesse a exigé de lui pour assûrer la conservation et la perpétuité de sa doc

trine.

Nous parlons ici entre Chrétiens, et nous convenons, par conséquent, que la Religion chrétienne est le seul moyen par lequel on participe aux fruits de la médiation de Jésus Christ; qu'elle est absolument nécessaire pour le salut ; et qu'elle a été établie pour tous les hommes et pour toutes les générations.

Nous concevons encore que cette Religion, révoltant l'orgueil de la raison par l'incompréhensibilité de ses Mystères, et attaquant toutes les passions par la sévérité inflexible de sa morale, devoit nécessairement éprouver beaucoup de cong

tradictions, et qu'en la supposant abandonnée comme toute autre doctrine, à l'ignorance, à la foiblesse et aux préjugés des hommes, elle seroit beaucoup plus exposée aux dangers d'être altérée

et corrompue.

Nous savons, en effet, que cette Religion a été attaquée, dès sa naissance, dans sa foi, dans son culte et sa morale, par ceux mêmes qui la professoient; que l'esprit d'erreur a formé différens partis entre les Chrétiens, et que l'Eglise a été déchirée, dès les premiers siècles, par diverses sectes, qui sont sorties de son sein et qui ont prétendu conserver la vraie doctrine de l'Evangile.

Jésus-Christ a prévu ces schismes et ces hérésies, et tous les maux et les scandales qui en résulteroient. Il n'a pas dû les empêcher d'une manière miraculeuse, et en détruisant la liberté des Chrétiens qui en seroient les auteurs et les complices. Mais il a dù opposer une barrière insurmontable aux progrès du torrent de l'erreur qui tendroit à renverser son Eglise, à détruire sa Religion et à rendre inutiles les mystères de ses humiliations et de sa mort; il a dû prendre un moyen assez puissant pour préserver de l'erreur les hommes qui chercheroient sincèrement la vérité, pour conserver sa Religion dans son intégrité et perpétuer sa doctrine jusqu'à la consommation des siècles.

Or quel moyen a-t-il dû employer?

En général, nous n'en concevons que trois; une inspiration particulière et immédiate par laquelle Jésus Christ éclaireroit lui-même tous les Chrétiens sur le sens de sa doctrine; un monument muet comme l'Ecriture, dans lequel sa doctrine seroit clairement consignée; une autorité vivante, un tribunal établi, pour en déterminer le sens. Ce sont là les seuls moyens qui se présentent à la sagesse humaine pour un but aussi important; et par le fait, tous les Chrétiens conviennent que c'est par un de ces moyens que Jésus-Christ a pourvu à la perpétuité de sa Religion.

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