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Mais, avant tout, rendons à Dieu ce qui lui est dů; honorons-le par les actes d'adoration, d'amour et de reconnoissance; par la prière, la soumission, la crainte et l'espérance, comme notre Créateur, comme notre bienfaiteur, notre souverain maître, notre juge, et notre dernière fin.

D. Suffit-il de rendre à Dieu ces hommages dans le fond de notre cœur et le secret de notre conscience?

R. Non; nous devons encore les manifester et les produire extérieurement. Il est, en effet, dans notre nature, d'exprimer par la voix, la l'atitude et les mouvemens de notre corps, les vives affections que nous éprouvons pourquoi notre voix n'éclateroit-elle pas en louanges, lorsque notre zme est pénétrée des bienfaits de Dieu ? Pourquoi, par un mouvement de la Nature, qui agit même chez les Sauvages, ne nous prosternerions - nous pas à la vue des grandeurs et du souverain domaine de Dieu ? Pourquoi ne pousserions - nous pas des cris vers le Ciel, et n'y éléverions - nous pas nos yeux et nos mains, à la vue du danger, etc. etc.? Si nous étions de purs esprits, notre Religion seroit toute intérieure, comme celle des Anges mais, étant composés d'un corps et d'une ame, elle doit être conforme à notre nature, et il est juste que notre corps, animé par notre esprit, rende, en sa manière, hommage au Créateur.

Bien loin de nuire au culte intérieur, le culte extérieure en est donc une expression naturelle; il l'entretient, il l'échauffe et lui donne plus de force et d'élan, par la réaction des sens sur l'ame; il l'annonce aux yeux et veille à sa conservation, en nous en rappelant les devoirs, par le spectacle des cérémonies religieuses.

D. Faut-il donc aussi admettre un culte public? R. Qui; les mêmes sentimens naturels, qui portent l'homme à rendre à Dieu ses hommages, comme sa créature, lui prescrivent de l'honorer

en public, comme membre de la société ; car Dien est l'auteur, le conservateur, le bienfaiteur, le souverain maître de la société, comme il l'est de chaque homme en particulier. Les hommes, réunis en corps de Nation, ont donc, sous ce rapport, des hommages à rendre à Dieu, et ils lui doivent des protestations publiques de soumission à son empire, des actions de graces pour ses bienfaits, des expiations pour appaiser sa justice, des prières pour obtenir de nouvelles graces. C'est sous les auspices de cette religion publique, exprimée par divers signes extérieurs, que se formèrent les sociétés; les hommes mirent en commun le tribut qu'ils devoient au Créateur et l'intérêt de leur sort eternel, avec les autres intérêts et charges de la socié té; toutes les Nations adoptèrent un culte, et il n'y eût jamais de Peuple sans culte public, comme il n'y en eût jamais sans Religion.

Et sous quel prétexte les hommes, réunis en société, pourroient-ils se dispenser de rendre à Dieu un culte public? Une Nation doit- elle donc moins à Dieu qu'un particulier? A-t-elle moins besoin de sa protection et de ses bienfaits; ou rougiroit elle de lui faire un hommage de soumission et de dépendance ? Le premier but des sociétés politiques est, il est vrai, l'intérêt temporel des hommes; mais, s'il est un Dieu qui a créé les hommes pour l'état de société, s'il est une Providence qui préside au gouvernement du monde, qui répand les biens et les maux sur les Empires, si aucune Nation ne peut se soustraire à ses regards, ni se passer de ses bienfaits, ni braver impunément sa colère, quelle seroit l'ingratitude, l'aveuglement d'un Peuple qui s'isoleroit de la Divinité; qui prétendroit se gouverner comme s'il n'y avoit point de Dieu, et régleroit son culte dans l'enceinte obscure des maisons, comme s'il étoit indigne de paroître au- dehors et de réunir, sous ses auspices, les membres de la société ? Une telle

convention sociale seroit un pacte monstrueux dont l'histoire du monde ne présente pas d'exemple; elle tendroit à détruire tout culte privé, à' étouffer tout sentiment de Religion dans les cœurs, elle seroit un blaspheme contre le Ciel ; elle provoqueroit son indignation et sa colère contre le Peuple impie qui en seroit coupable.

D. Dieu a-t-il égard à la nature du culte qu'on lui rend, et toute Religion est-elle également agréa ble à la Divinité?

R. Non; Dieu ne peut avoir pour agréable qu'une Religion vraie dans son objet, et pure dans ses actes et ses pratiques. Les attributs divins rejettent toute Religion fausse, impure, superstitieuse, outrageante à l'unité de la Nature et au souverain domaine de Dieu. Il est impossible que Dieu voie de même œil et reçoive comme également digne de sa Majesté, la culte qu'un idolâtre rend à des animaux, à des plantes ou à un morceau de bois et l'adoration de ceux qui croient en lui; le culte de la débauche et de l'intempéranee, et le culte de la continence, et de la sobriété ; le culte du Chrétien qui rejette Mahomet comme un imposteur, et le culte du Mahométan qui l'honore comme le plus grand des Prophètes, le culte du Juif qui a détesté, crucifié Jésus-Christ comme un blasphémateur, et le culte du Chrétien qui le reconnoît pour le Messie prédit par les prophetes; le culte du Déiste qui rejette la Révélation, et le culte du Chrétien, du Juif et du Mahométan qui l'admetle culte du Catholique qui adore Jésus-Christ comme le fils de Dieu, égale à Dieu, Dieu luimême, et le culte du Socinien qui met Jésus-Christ dans la classe des créatures. Tous ces cultes sont opposés et se détruisent les uns les autres; si l'un est vrai, l'autre est une erreur, une superstition, une impiété, un blasphême. Dien, qui est la vérité, l'équité, la sainteté même ne peut les approuver tous; il ne peut arrêter que sur un seul de ces

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cultes ses regards de complaisance; et il est aussi vrai qu'il n'y a qu'une Religion agréable à la Divinité, comme il est vrai qu'il n'y a qu'un Dieu.

D. Ne peut-on pas dire qu'il n'y a dans le monde qu'une diversité de cultes extérieurs, mais qu'au fond la Religion est une, et par-tout la même ?

R. Non; et c'est encore là une absurdité des nouveaux catéchismes. Il est manifeste que le Chinois qui adore sa Pagode, l'Indien qui adore un Crocodille, l'Egyptien qui adore une plante, n'ont pas la même Religion que l'homme qui adore le vrai Dieu. Le Juif qui rejette J. C. comme un imposteur, le Socinien qui ne le regarde que comme un Prophete, et le Mahométan, qui le met audessous de Mahomet, n'ont pas la même Religion que le Chrétien catholique, qui adore Jésus-Christ Comme Dieu. Celui-ci est un idolâtre dans les préjugés des premiers, et ceux-là ne rendent pas à Dieu le culte d'esprit et de cœur qui lui est dû, dans les principes du Chrétien catholique. Enfin le catholique ne diffère pas seulement du Protestant par le culte extérieur : il en diffère par la foi des dogmes et des mystères, et par la diversité des actes intérieurs de confiance, de renoncement, de prière et d'amour, qui sont propres à la foi qui lui est particulière. Nous montrerons plus au long cette différence, dans son lieu, et nous prouverons qu'il n'y a pas à composer en matière de Religion; mais qu'il faut rendre à Dieu, dans son entier, le culto intérieur et extérienr qu'il a prescrit aux hommes par la Révélation.

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CHAPITRE

CHAPITRE X.

De la Révélation en général.

D. DIEU peut-il révéler quelques choses aux

hommes ?

R. Celui qui a fait les oreilles et qui a créé l'esprit de l'homme, peut, sans contredit, lui faire entendre et connoître ce qu'il lui plait. C'est un aveuglement bien étrange, que de révoquer en doute si Dieu a la puissance de manifester aux hommes ses pensées; lui, qui a doué les hommes de cette faculté à l'égard de leurs semblables. Une telle manifestation de la part de Dieu n'a rien qui répugne; l'idée de la Toute- puissance de Dieu en démontre la possibilité, et, pour la combattre, il faut nier l'évidence.

D. Etoit il digne de Dieu, d'instruire les hommes par la Révélation?

R. Rien n'étoit plus digne de sa sagesse et de sa bonté; car la Révélation, telle que nous la croyons, ne tend qu'à éclairer l'esprit de l'homme; à réformer son cœur, à régler ses desirs et ses actions; à lui prescrire le vrai culte de la Divinité; à l'élever à toutes les vertus, et à lui procurer toutes les consolations. Les lumières de la Révélation sont pures, constantes et infaillibles; ses préceptes sages; sa sanction Toute - puissante. Etoit-il un plus sur moyen de conduire les hommes à leur fin, et Dieu pouvoit-il leur accorder un plus grand bienfait? D. La Révélation est-elle nécessaire aux hommes?

R. Oui; et sa nécessité se prouve:

1o. Par la foiblesse et l'incertitude des lumières de la raison. Car la raison, abandonnée à elle-même, ne peut connoître d'une manière assez sûre les

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