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Il faut donc, en accordant aux sensations ce qu'exigent les loix de la Nature, ne pas méconnoitre les droits de la raison. Elle démontre la possibilité, l'existence des esprits, l'immortalité de l'ame. Ces objets son de son ressort, et non du domaine des sens. C'est donc sa voix qu'il faut ici consulter, et non celle des sens.

D. Si l'ame est immortelle, et qu'il y ait une autre vie après celle - ci, d'où vient que personne n'en est jamais revenu pour nous en assurer?

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R. Cette réfléxion triviale n'est qu'une illusion de la curiosité et un prétexte de la mauvaise foi. Quand quelqu'un reviendroit de l'autre vie pour vous en parler, en seriez-vous plus assuré, et croiriez-vous plus à son témoignage, qu'à tant de preuves, qui démontrent l'existence d'une autre vie, qu'au témoignage éclatant que Dieu a rendu à cette vérité par tant de prodiges, même par des résurrections de morts opérées en preuve de la vérité de la Religion? Jésus-Christ a résolu cette frivole difficulté, dans la parabole du mauvais riche, en répondant à la demande que faisoit ce malheureux, de revenir de l'enfer, pour avertir ses frères et ses amis Ils ont Moyse et les Prophétes; et, s'ils ne les écoutent pas, il ne croiront pas, quand des morts ressusciteroient. ( Luc XVI. ) Réponse dont la verité ne se manifeste que trop dans les incrédules de nos jours, qui ne daignent pas même examiner l'existence des Miracles faits en témoiguages de la Divinité de la Religion, et dont plusieurs ont déclaré hautement, ont écrit dans leurs livre que, quand tout le monde leur annonceroit la résurrection d'un mort, ils ne daigneroient pas faire un pas pour s'en assurer. Et quand des gens de bonne foi croiroient au témoignage d'un homme qu'ils verroient ressuscité, faudroit - il donc que Dieu multipliât les miracles de résurrection faveur de tous les curieux, et qu'il bouleversât sana cesse l'ordre de la Nature, pour persuader une vé

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rité attestée d'ailleurs par tant de prodiges, par la conscience, par la raison et le sentiment unanime de tous les Peuples?

Au lieu de demander de nouveaux Miracles, il faut croire à ceux qui ont été faits; il faut rendre gloire à la Providence, qui suit imperturbablement l'ordre de sa sagesse sur les destinées des hommes; et, par la fuite du vice, par la pratique de la vertu, enfin par une religieuse observation de la loi de Dieu s'assurer les moyens d'éprouver heureusement, après la mort, la vérité de la vie future qui est le terme et le prix de la présente.

D. Les preuves, que vous avez apportées, de l'existence d'une vie future, supposent qu'il y a entre le bien et le mal, entre le vice et la vertu, une différence essentielle, qui sert de base à la Providence dans la distribution des récompenses et des peines; mais cette différence est-elle bien réelle, et ne pourroit - on pas la regarder comme l'effet de préjugés ?

R. La différence du bien et du mal moral est une vérité de sentiment, imprimée dans la conscience de tous les hommes, et il faut toute la mauvaise foi de la Philosophie moderne, pour oser l'envelop per de nuages et la confondre avec les préjugés. Elle a été reconnue de tous les tems, dans tous les lieux, et même des Peuples barbares; ce qui démontre qu'elle n'est pas l'effet de la politique et des institutions humaines; elle n'a pu être enfantée, par les passions, puisqu'elle les réprime : elle a donc été gravée par la main du Créateur dans le cœur de tous les hommes.

Qui peut, en effet, s'empêcher de mettre une grande diffrence entre la bonne foi et la perfidie, entre l'ingratitude et la reconnoissance, entre la justice et l'iniquité, entre l'humanité et la cruauté, entre le respect pour la Religion et le blaspheme Quel est le fils assez dénaturé, pour regarder comme indifférent, dans la nature des choses

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d'aimer ou de haïr ses parens, de les honorer our de les outrager, de les défendre ou de les assassi – ner? Quel est, même entre les Philosophes modernes, celui qui ne se plaint pas d'un outrage, d'une perfidie, d'une injustice, et qui, dans la pratique, sur-tout lorsqu'il s'agit de son avantage, ne se montre pas meilleur que ses principes? Or le sentiment de la conscience commun à tous les hommes, est un oracle infaillible, un témoin incorruptible de la vérité; il opère une conviction plus forte, que celle qui vient d'une raison toujours exposée à des nuages et à des illusions; et nous sommes du moins aussi assurés des vérités que la conscience nous persuade, que de celles que nous connoissons par le témoignage des sens et de raison. Cette vérité : le crime n'est pas la même' chose que la vertu, nous est aussi manifestement démontrée, que l'axiome: deux fois deux donnent quatre; on ne peut la nier sans étouffer la voix de la Nature, sans énerver toutes les loix et briser les liens de toute société.

Il existe donc une loi que Dieu lui-même a gravée dans la conscience de tous les hommes, et dont il est le garant et le vengeur. Cette loi nous prescrit des devoirs envers Dieu envers nous-mêmes et envers les autres hommes; la collection de ses préceptes forme ce qu'on appelle la loi naturelle, dont l'observation est la première obligation que la Religion nous impose.

CHAPITRE IX.

D. QU'E

De la Religion en général.

U'EST-CE que la Religion en général?

R. C'est une vertu qui nous prescrit le culte qui est dû à Dieu. Il y a un Dieu, une Providence, une vie future. Il y a donc une Religion; car dès qu'il y a un Dieu, c'est pour nous un devoir indispensable de l'honorer. Dès qu'il y a une Providence, nous devons l'invoquer. Dès qu'il y a une vie future, il est pour nous du plus grand intérêt de la mériter heureuse, par l'observation des loix* que Dieu nous a prescrites.

D. Comment prouvez-vous que nous devons un culte à Dieu ?

R. Tout nous en impose le devoir. Nous avons reçu de lui la vie et tout ce que nous possédons; nous sommes gouvernés par sa Providence; assujétis à son empire et à ses loix; dépendans de sa bonté; destines à le posséder pour notre bonheur. Nous devons donc l'adorer, le remercier, l'aimer, lui obéir, l'invoquer, lui consacrer notre vie et tout notre être, en hommage perpétuel.

D. Dieu a-t-il besoin de notre culte, et pourquoi l'exigeroit il?

R. Notre culte n'est, à la vérité, nécessaire ni à la gloire essentielle de Dieu, ni à son bonheur, Mais il ne lui est pas moins dû; et la raison, la conscience ne nous en font pas moins un devoir. Le lui rendre est une chose bonne, approuvée et prescrite par la loi naturelle. Le lui refuser est une chose mauvaise; c'est ingratitude, injustice et révolte.

Or, puisque Dieu, par sa Providence, se mêle des choses humaines, il approuve nécessairement

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ce qui est bien et il condamne ce qui est mal: infiniment sage, il veut que l'homme arrive à sa fin par l'observation des loix qui lui ont été prescrites; infiniment juste, il exige tout ce qui est dans l'ordre de la justice; il prescrit l'accomplissement des devoirs et en venge l'infraction; il ne peut lui-même dispenser du cuite qui lui est dû; ses attributs s'y opposent. Ainsi un Dieu et une Religion ne peuvent exister l'un sans l'autre ; et il n'y a point eu de Peuple sans Religion, comme il n'y en a point eu sans la foi de la Divinité.

D. Dieu exige-t-il de nous autre chose, sinon que nous soyons justes, humains, bienfaisans envers nos frères ?

R. Oui; Dieu exige de nous l'accomplissement de tous nos devoirs, et nous nous devons à lui avant de nous devoir à nos frères ; il est notre principe et notre fin, notre souverain maître, notre père, notre bienfaiteur; ne le compter pour rien, ou ne le mettre qu'en second dans l'ordre de nos devoirs, ce seroit un mépris sacrilége, une horrible ingratitude, une révolte contre son souverain domaine, une espèce d'idolâtrie.

D. La Religion ne consiste donc pas seulement dans la fraternité et les vertus morales ?

R. Non; la Religion a essentiellement Dieu pour objet, et les premiers devoirs qu'elle nous prescrit se rapportent à lui: fidèle à l'ordre immuable des choses, elle place les droits de Dieu, avant ceux de la créature; elle ne présente rien de plus grand, de plus important et de plus sacré, que le culte dû à 'Etre Suprême; et ce n'est qu'en vue de lui plaire et d'obéir à sa loi, qu'elle prescrit l'amour de nos frères et toutes les vertus morales.

Vivons donc avec tous les hommes dans les doux liens de la charité, et traitons nos frères, comme nous voudrions nous-mêmes être traités par eux : le Catéchisme de la Religion vous a enseigné ce précepte avant les Catéchisme du jour, et d'une mauière bien plus persuasive et plus puissante.

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