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bases, les mesures, les motifs, des formes de chaque contribution; ce sera un traité abrégé, mais complet, de l'impôt, à l'usage de ceux qui paient et de ceux qui perçoivent.JILUS

En attendant ce breviaire des contribuables. nous leur annonçons que l'on a décrété dix-huit articles sur la contribution foncière, et presqu'autant sur la contribution personnelle.

Par les premiers, on a fixé la portion du revenu foncier qui sera imposable; la déclaration que chaque propriétaire fera de l'étendue et du produit de ses propriétés; les règles d'après lesquelles chaque Municipalité pourra vérifier la valeur des terres et la justesse des déclarations.

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Par les seconds, on a fixé de même la portion du revenu mobilier et industriel qui sera contribuable, la méthode de l'évaluer en détail; la proportion dans laquelle sera taxée chaque branche, plus ou moins riche de son produit.

Ainsi le prix du loyer décidera la taxe des maisons, les bâtimens de ferme et de culture exceptés.

Ainsi les maîtres païeront trois livres de contribution pour le premier domestique, six pour le second, douze pour tous les autres.

Ainsi les domestiques femelles ne coûteront que la moitié de la contribution des domestiques mâles, et les apprentifs, compagnons d'arts et métiers, valets de charrue, de bergerie, et ceux qui sont âgés de soixante ans, seront exempts.

Ainsi les célibataires, non ecclésiastiques et non forces, paieront une contribution plus forte, comme une amende pécuniaire de leur stérilité.

Ainsi un cheval, ou un mulet de selle, paieront trois livres; et ceux de carrosse, de cabriolet, de litière, douze.

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Ainsi, en un mot, le tarif des contributions suivra le tarif de la richesse et de la médiocrité, du superfla et du nécessaire.

- N°. 6. C

Suite de la Géographie universelle. (*)

Nous avons dit que la France enferme, dans son sein, tout ce que l'Europe a de meilleur. Cela comprend les productions naturelles et les productions de l'art. Quant aux premières, personne n'ignore quelle est notre richesse. Elle est si complette que nous ne pouvons nous passer de celle de nos voisins. Notre agriculture est plus que suffisante pour nourrir tout ensemble, et les vingtquatre ou vingt-cinq millions d'hommes qui peuplent la France, et cette foule successive de voyageurs qui la parcourent, et nos colonies Américaines, ces riches fermes éloignées de qui nous tirons le sucre et à qui nous apportons la subsistance, et ces familles d'animaux domestiques qui partagent nos alimens ainsi que nos travaux. Une quantité innombrable de vignobles enrichissent nos côteaux, et donnent, les uns, ces vins précieux que l'étranger recherche, les autres, ces vins communs, destinés au besoin journalier de nos tables. Il n'est pas jusqu'aux vins les plus âpres et les plus aigres qui distilés par des alambics., ne nous procurent des boissons fortes ou des liqueurs acides, nécessaires pour notre consommation et utiles pour notre commerce. La France nous présente aussi, sur sa vaste surface, des

(*) En parlant de la France, en parlant des cultivateurs, il nous a été impossible de ne pas étendre et de ne pas élever tant soit peu notre discours. La simplicité et la clarté ne sont pas ennemies des expressions nobles qui naissent du sentiment.

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forêts étendues et nombreuses qui suffiroient, si elles étoient gardées avec soin, à nos constructions et à notre chauffage. Des couches épaisses de tourbe et de mines abondantes de charbon, peuvent, si on les exploite, ménager la coupe de nos bois, et offrir de nouveaux combustibles à nos fournaises et à nos foyers. L'ardoise, la pierre, le plâtre, le marbre, les minéraux de toute espèce, le plomb, le fer, le cuivre, l'argent même se trouvent dans plusieurs de nos montagnes. D'immenses prairies sont couvertes de féconds troupeaux que l'on peut multiplier encore. Des races de chevaux qui disputent de force et de souplesse avec les chevaux les plus renommés de l'Europe, malgré le privilège destructif des haras, conservent leur réputation et leur bonté. Celle de nos fruits, de nos légumes, de nos plantes, devroit nous dispenser du laxe plus coûteux qu'utile des serres chaudes. Enfin, nos côtes maritimes, une multitude de rivières, plus d'une source d'eau salée, plus d'une fontaine chaude et médicale, contribuent en même temps à notre pêche, à notre santé et à notre navigation.

Si la nature a favorisé la France, les arts ne l'ont pas moins bien servie. Depuis Colbert, nos manufactures n'ont fait que s'accroître, en dépit des entraves, mises à leur progrès et à leur commerce. Nos livres et nos théâtres sont devenus eux-mêmes un grand objet de commerce et de gloire. Accréditée par eux, la langue françoise peut se vanter d'être aujourd'hui ce que la langue romaine fut autrefois, la langue universelle. Le défaut de lecture empêchoit nos villageois de la parler aussi bien que les étrangers, et entretenoit tous ces pa

tois grossiers que l'instruction va peu-à-peu corriger et polir. Grace à la constitution nouvelle et aux lumières qui vont se répandre dans les campagnes, leurs habitans industrieux sauront bientôt, comme nous, s'exprimer en bon françois.

Ils recueilleront un avantage plus essentiel. Soumis, en citoyens, à des subsides plus modérés et mieux répartis, ils garderont leur juste part de l'abondance qu'ils font naître. On ne les verra plus, manquant de tout, au milieu d'un royaume qui ne manque de rien, recueillir l'indigence, à côté de nos moissons. La condition du laboureur cessera de paroître une infortune. Le nom même de PAYSAN dont l'orgueil des seigneurs et la vanité des bourgeois faisoit une injure, va redevenir un titre honorable. Ce nom qui prend son origine du mot PAYS, et qui ainsi représente L'HOMME DU PAYS, reprendra son sens naturel et sa dignité primitive. Abraham étoit le paysan de la Caldée; Orphée étoit le paysan de la Thrace. Le travail de la terre en étoit la noblesse: l'oisiveté en étoit la roture.

Des houbereaux insolens et des publicains inflexibles n'oseront donc plus menacer du bâton, menacer du cachot, menacer des infâmes galères, le citoyen des champs, plus estimable qu'eux. Nous célébrions autrefois le paysan suisse, le paysan anglois, et même nous exagérions leur prospérité. Sans recourir au style exagérateur, un jour nous pourrons donner le paysan françois pour modèle à la terre. En un mot, la politique, ou désarmée, ou convertie, ne sacrifiera plus, stupidement cruelle, les hameaux aux cités. Ralliés par les noeuds du besoin et

sous l'étendart de la liberté, le citoyen des champs et celui des villes seront, tous deux, les FILS DE LA PATRIE et les SUJETS DE LA LOI (*).

(*)

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Le nouvelliste du Mercure de France trouve fort mauvais que nous enseignions un peu de géographie aux villages. Nous n'avons pas besoin de réfuter une pareille sottise. Mais comme le Mercure de France circule dans les anciens châteaux, et tombe, quelquefois entre les mains des fermiers, nous sommes obligés de les prévenir que la partie de ce gros journal où l'on raconte les nouvelles, est infectée de la plus dangereuse aristocratie. Le rédacteur, pour plaire aux anciens châteaux abonnés au Mercure, ne leur donne que des récits iujurieux pour l'assemblée nationale, et calomniatoires pour tous les patriotes distingués. Le mensonge ne lui coûte rien et lui vaut beaucoup. Par exemple, il nous accuse d'avoir dit que les Valaisans sont sujets du canton de Berne. On n'a qu'à lire l'article géographique de notre Feuille numéro troisième : on verra à la fin de l'article ces propres mots : le Valais se divise en Haut et Bas-Valais : le premier est souverain du second, ect., par ce seul trait on peut juger de cet homme. On demandera ce qu'il est. Nous pouvons répondre avec tout le public que c'est un mauvais citoyen de Genève qui s'est fait le scribe de tous les mauvais citoyens de France. S'il continue à rédiger les nouvelles du Mercure, ce Journal qui étoit utile aux belles-lettres et aux châteaux, ne servira plus qu'à déshonorer les premières, et à égarer, et à hébéter les seconds.

Tandis qu'un étranger s'indigne de voir la lumière pénétrer jusques dans nos villages, une fermme qui a contribué à la répandre

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