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villes étoient les seules qui pussent gêner son activité. N'eussent-elles fait qu'arrêter les voitures, ralentir les transports, empêcher les approvisionnement et les spéculations; il falloit applanir ces obstacles. Ils vont disparoître. Toutes les richesses de la France vont circuler en tout sens, sans perdre un seul pas et un seul moment, libres comme l'oiseau qui plane dans les airs. Tout citoyen pourra traverser les quatre-vingt-trois départemens, sans voir la face d'un commis, sans avoir un porte-manteau à défaire.

Mais tandis que le législateur montre tant de respect 'pour la liberté du commerce, comment se peut-il que de bons citoyens, dans leur folle inquietude, la troublent chaque jour, au mépris de la loi-même ? L'argent, les bleds, les hommes, sont sans cesse arrêtés ou inquiétés. Eh! mes amis, voulez-vous que l'argent rentre, que les hommes reviennent, que les grains abondent, ouvrez vos portes. Laissez faire et laissez passer. Si Paris retient quelques écus, Bordeaux, Lyon, toutes les villes du royaume lui retiendront des millions. Mais, dites-vous, l'argent est rare. Raison de plus pour qu'il soit libre. Mais les riches sont hors de France. Pour deux ou trois que vous garderez, vous manquerez mille étrangers qui ne veulent pas risquer d'être prisonniers en temps de paix. pourquoi tant d'écrits nous donnent-ils d'autres conseils? Parce qu'il y a des brouillons et des igno

rans.

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Mais

Encore un mot sur les entrées. Il y en avoit une partie qui servoit à payer les dépenses particulières des villes. Nos lecteurs doivent s'attendre à remplacer cette partie de l'impôt supprimé. La somme qui se percevoit au profit de l'Etat, sera presque entièrement remise à la nation, et il n'y en aura guères qu'un cinquième de 'remplacé. Nous ne voulons effrayer ni flatter les bons. villageois nos amis. Le moment des impôts est arrivé. Ils seront moins pesans; mais il faut qu'ils soient mieux payés. Nos ennemis nous surveillent. Nous allons décider de notre sort. La France va devenir le paradis des 'gens de bien, ou celui des brigands.

Événemens.

VARSOVIE. Stanislas-Auguste, roi de Pologne, le seul protecteur des paysans Polonois, ayant été nommé associé étranger de la société d'agriculture de Paris, a ecrit au secrétaire la lettre suivante, "Je tiens à hon

neur de me voir adjoint à votre société d'agriculture: ", je vous prie d'assurer de ma reconnoissance tous mes ", confrères, et de partager avec eux l'estime et l'affection que je leur dois ".

AMSTERDAM. Une tempête affreuse a ravagé plusieurs villes de la Hollande. Tous les environs de Harlem ont été inondés par la mer qui a franchi ses digues. A Rotterdam les eaux sont montées jusqu'à la place où est élevée la statue d'Erasme. L'île de Kattenbourg où sont les chantiers de l'amirauté, a été submergée, et les flots ont noyé plusieurs citoyens et fra cassé plusieurs vaisseaux.

LIEGE. L'évêque, escorté de son armée et de son chapitre, est rentré en triomphe dans les murs de la ville, mais non dans le cœur des citoyens. Une populace soudoyée a crié, vive notre souverain; mais le reste a gardé un morne silence. On avoit ordonné d'illuminer les maisons il a fallu un soldat sous chaque fenêtre : quelle illumination lugubre! quel triste et misérable triomphe!

CARPENTRAS. La commune de cette ville papale vient d'envoyer une adresse pour demander d'être réunie à l'Empire François, et pour enjoindre à ses députés de prêter pour elle, à l'assemblée nationale, le serment de fidélité. C'est ainsi qu'il est beau de conquérir les peuples par la bonté des loix et non par la force des armes. Toutes les nations, de proche en proche, voudront, ou appartenir, ou ressembler à la nation Françoise.

USES, Le fanatisme allume en ce pays ce pays inflammable ses derniers flambeaux. Il essaye de soulever les catholiques contre les protestans. Le camp de Jalès a rassemblé tous les séditieux; mais ils manquent de vivres, de munitions et de discipline. L'évêque d'Usès, qui ne

manque pas d'audace, a eu celle de nier qu'il eût excité les mécontens. On lui a représenté sa lettre, non pastorale, mais perturbatrice. Les commissaires, envoyés par le roi, y feront l'office des évêques : iis enseigneront la vérité et ils répandront la concorde.

TOULOUSE. On a imaginé dans plusieurs villes d'empêcher la prestation du serment des curés par des attroupemens de femmes. La municipalité de Toulouse a imaginé de son côté un moyen promt et facile de dissiper ces émeutes féminines: elle a fait jouer les pompes sur ces femmes: cet orage subit, en les inondant, les a forcées de s'enfuir, accompagnées des risées du public. C'est une loi martiale qui n'a rien de cruel et qui est expéditive.

STRASBOURG. La paix est faite avec le bon peuple d'Alsace. Il a reconnu les pièges qu'on lui avoit tendus. Le décret sur la culture libre du tabac n'a pas mal contribué à ramener le calme: car on avoit méchamment répandu le bruit que l'assemblée nationale alloit défendre le tabac pour ruiner l'Alsace. Le clergé s'appitoyoit sur le tabac afin que le peuple s'appitoyât sur la dîme.

VANNES. Un prêtre en démence, ayant ameuté une foule d'idiots, les a tellement échauffés qu'ils étoient prêts à faire une Saint-Barthelemi des patriotes. Pour les mieux animer au carnage, il leur a fait baiser le crucifix et il a béni les armes en promettant le paradis aux assassins. On a désarmé cette troupe de brigands-imbécilles. Plusieurs d'entre eux étoient armés de fusils garnis en argent. On a déposé au greffe les fusils de la troupe et le crucifix du prêtre.

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CAMPAN. La fertile et délicieuse vallée de Campan sa de milieu des Pyrénées. Un philosophe qui a établi d'nne mare toute nouvelle. Il a exécuté, dans son dans ce paradis terrestre, vient de l'embellir jardin, la asion des quatre-vingt-trois départemens de France, en i de thym et de fleu différentes. Il a figuré les principades bordures de sauge, séparant par les montagnes par des rtres variés. Une source voisine, subdivisée en ruisseaux, lui a servi à représenter en miniature les fleuves et lesers. Des allées tournautes

imitent les grandes routes. Enfin de petites pyramides, élevées de distance en distance au milieu de chaque terrein, indiquent les chefs-lieux de département et de district. Ce jardin, créé d'après la nouvelle géographie, est un véritable jardin françois : il est également poétique et constitutionnel.

GENÈVE. La république est divisée en deux partis, celui des habitans de la cité et celui des habitans de

la campagne; de part et d'autre on à pris les armes. M. Necker n'a pu, avec tout son génie, conciliér tant d'esprits discordans. Vaincre les préjugés, vaincre les intérêts, vaincre les ressentimens est une victoire qui n'appartient qu'à Dieu et au temps.

SAINT-MALO. Des bandits attroupés commettoient d'horribles désordres dans quelques paroisses voisines. Un détachement de gardes nationalės et de soldats du régiment de Lorraine et de Toul, artillerie, a marché contre les brigands, en a fait prisonnier quatre-vingt-six, et sans répandre de sang a rétabli la sureté publique force de bravoure, de prudence et d'humanité.

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NANTES. La société des amis de la constitution, établie en cette ville, a reçu en triomphe au nombre de ses associés, deux vénérables centenaires, René Degro et sa femme. Tous deux ont prêté leur serment civique d'une voix affoiblie par l'âge mais ranimée, par le s ment. Ce couple privilégié de la nature qui les unseryés jusqu'à cette époque mémorable, leva les mains au ciel, s'est écrié : que la

çoise vive des siècles comme nous

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SENS. Les mandemens avoie perdu toute autorité. Quelques prélats ont essayé ze les diriger contre la révolation. C'étoit empoisonner une arme rompué. Enfin;

il en paroît un, digne de la religion, digne de la philosophie, digne des loix françoises. C'est celui que M. l'évêque de Sens vient de publier. C'est le fruit de la sagesse, de l'étude, et peut-être de l'adversité, la grande école de l'église.

PARIS. M. l'ancien évêque d'Autun, assisté des évêques de Lydda et de Babylone, a consacré évêques MM. d'Expilly et Marolles, députés tous deux à l'assemblée nationale. La cérémonie étoit auguste et imposante. Un peuple innombrable ajoutoit par son silence à la solemnité rcligicuse. MM. Bailly et la Fayette étoient présens.

Le 25 février, il a été brûlé, à la caisse de l'extraordinaire, quatre millions en assignats, laquelle somme, Jointe à celle de onze millions déja brûlés, forme celle de quinze millions.

Malgré le vœu de tout Paris, malgré les allarmes de toute la France qui voit avec douleur ceux qu'elle enrichit porter loin d'elle leurs richesses, Mesdames, tantes du roi, sont parties. Arrêtées dans leur route par la commune d'Arnay-le-Duc, elles ont envoyé un courier au roi et à l'assemblée nationale pour obtenir la liberté de voyager. Leur humble requête, portée à l'assemblée nationale, y a produit de longs débats. M. de Menou les a terminés, en disant l'Europe sera bien "étonnée lorsqu'elle apprendra que nous avons em"ployé trois heures à savoir si deux dames iront enten"dre la messe à Rome ou à Paris". L'assemblée a applaudi et décidé enfin que Mesdames étoient libres d'aller où bon leur semble.

Le peuple, au lieu d'imiter la sagesse de l'assemblée

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