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nomme le SAINT-OFFICE, revêtue de la chemise soufrée que l'on nomme SAINT - BENITO, et conduite dans les flammes par la Confrérie diabolique, appelée la SAINTE-HERMANDAD.

CARTHAGÈNE, port de l'Espagne. Jean Bocquié, commandant le navire le MONERGUO, fut assailli sur mer par trois personnes de son équipage et percé de plusieurs coups de poignard. Il étoit sur le point d'expirer lorsque le navire qui se trouvoit hors d'état de manœuvrer, fut apperçu dans sa détresse par un capitaine de vaisseau anglois. Il secourut le navire, il sauva le mourant. Il mit aux fers les assassins. Enfin il quitta sa route pour conduire au port de Carthagène le malheureux Jean Bocquié; celui-ci, arrivé au port, a offert tout son bien à son libérateur qui a tout resusé : il se nomme Thomas Hemson.

VARSOVIE. Une gazette libre vient de s'établir, au milieu même de la diète polonoise, et malgré les réclamations des principaux nobles qui craignent le bon effet de la lumière. Ce papier public rendra compte des séances, des délibérations, et des arrêtés de la diète. On aura souvent des combats à raconter. Car les députés Polonois argumentent souvent avec la pointe de l'épée. Le cliquetis des armes transforme quelquefois leur sénat en un camp véritable. Un voyageur, en célébrant le génie Polonois, disoit : c'est une race excellente mais abâtardie: je n'ai jamais vu, en ce pays-là, parler au peuple qu'un sabre ou un crucifix. à la main.

VIENNE. On dit que l'empereur, à qui M. de Calonne faisoit demander une audience, a refusé de l'entendre. On ajoute que l'ex-ministre, s'étant présenté à un bal masqué, pour essayer d'approcher, sous le masque, du prince invisible pour lui, a reçu ordre de sortir du bal et des états de Léopold. D'après cette conduite inexorable, on peut juger si l'empereur aime la cabale et prépare la guerre. On peut juger en même-temps du bon esprit de M. de Calonne qui erre dans toute l'Europe pour la soulever contre nous, et qui tantôt court à Rome pour demander au pape de nous excom

munier par ses bulles, et tantòt court à Vienne pour demander à l'empereur de nous exterminer par ses

armées.

STRASBOURG. Les commissaires, envoyés par le roi, pour faire connoître aux Alsaciens que l'on trompe, le véritable sens des décrets de l'assemblée nationale, ont eu à combattre l'hypocrisie du clergé, les manœuvres de la noblesse, et les préventions d'une multitude séduite. Après avoir essuyé bien des attaques, ils ont triomphe pleinement. Ce peuple si bon, si digne d'être heureux, s'est laissé enfin mieux instruire. Il a reconnu les piéges tendus par l'aristocratie. Il a reconnu les bienfaits de la constitution. Les commissaires ont répondu à tous les doutes avec la force de la raison. et la douceur de la fraternité. Ayant appris que dans l'université on soutenoit une thèse publique contre la constitution civile du clergé, ils y ont paru, ils ont réfuté les objections, ils ont expliqué la loi d'une manière si précise et si frappante, que le professeur et le disputant ont prêté dans l'instant le serment civique.

WIRTEMBERG. Le baron de Rieger, ministre du duc de Wirtemberg, a reçu les pouvoirs nécessaires pour négocier à Paris, et stipuler toutes les indemnités qui seront dues aux princes allemands pour les droits féodaux dont ils sont dépouillés en Alsace. Le peuple étoit opprimé, on le délivre. Les seigneurs étoient appauvris, on les dédommage. Peut-on être meilleur législa teur et meilleur voisin ?

CAHORS. Les commissaires, envoyés pour arrêter les brigandages exercés par une populace en armes et en délire, ont réussi à ramener dans le pays le calme et l'obéissance. Tout est pacifié, tout est répentatit. Les coupables réparent leurs excès, s'ils ne peuvent réparer les châteaux qu'ils ont détruits. Ils rapportent les effets enlevés. Ils s'offrent à travailler aux maisons et aux ouvrages des propriétaires, victimes de la dévastation. Enfin ils ont cédé au langage de la justice, après avoir résisté à l'appareil de la vengeance. On peut égarer, mais non dénaturer le cœur des François.

NANCY. Un aristocrate Lorrain a imaginé un com

plot qui n'est pas fort dangereux. Il dresse de petits chiens de manière à les rendre une méute aristocratique. Il leur apprend à sauter pour l'abbé Maury et à aboyer au seul nóm des patriotes. Ils font les morts quand ils entendent prononcer le mot NATION; et quand on leur dit d'imiter l'assemblée nationale, ils marchent à reculons. Cette comédie, cette facétie de chien amuse beaucoup toute l'aristocratie qui jappe de plaisir en voyant cette noble école.

L'ETOILE, district d'Abbeville. Le curé de ce lieu, excellent pasteur, excellent citoyen, se disposoit à faire son serment. Il tombe malade. Prêt de rendre le dernier soupir, il veut mourir digne de sa paroisse. Il fait appeler la municipalité et lui dit: je vais paroître devant l'éternel je voudrois porter devant lui la constitution Françoise je jure devant vous que je la regarde comme le meilleur ouvrage après l'évangile.

EPINAL. Le directoire du département, ayant fait assembler la garde nationale pour savoir sur quel nombre de soldats il pourroit compter, si l'ennemi se montroit sur les frontières, un cri s'élève de toute part, et l'on entend ces mots unanimes: TOUS, TOUS, LÀ LÍBERTE' OU LA MORT.

TOULOUSE. Le club des amis de la constitution tient publiquement ses séances. Le peuple y accourt en foule. Les applaudissemens y sont continuels. La philosophie, c'est-à-dire, le bon sens mieux instruit fait de rapides progrès; et plus les toulousains fufent abusés, plus ils rougissent de l'avoir été si long-temps. La vérité, comme la lumière, porte l'enchantement dans l'ame de ceux qui en furent long-temps privés.

ORTHEZ. M. de Parage, juge de paix de cette ville, a terminé par la voie de la conciliation, une multitude de différends. Chacun se réjouit de voir enfin les procès étouffés dès le berceau.. Le tribunal de district est oisif et pour ainsi dire en vacance. On a calculé même qu'un procès qui au bureau de paix a coûté sept francs de dépenses et deux pages d'écriture, coûté autrefois mille écus de frais et des paperasses

auroit

sans fin. L'heureuse institution! Elle va corriger les mœurs françoises, bannir les querelles domestiqués, abréger les haines circonvoisines, tuer enfin et ensevelir le monstre de la chicane.

THIVIERS, en Périgord. Jean Bouneau vient de mourir, âgé de 103 ans. Il laisse une veuve, âgée de 101 ans, et cinquante-deux, tant enfans, que petits enfans, et arrière petits enfans. Il a possédé plusieurs charges, entre autres celle de consul pendant trente ans, et depuis la révolution il avoit été fait président de la municipalité de Thiviers. Il est mort le 6 jan vier 1791. Dans l'espace d'un siècle qu'il a parcouru, il a vu sa nation s'agrandir, s'abaisser, se relever tourà-tour: il l'a vue guerrière et dévote sous Louis Quatorze, folle et libertine sous le Régent, pacifique et corrompue sous Louis Quinze, philosophe et libre sous Louis Seize, et il a pu dire alors : nunc dimittis servum tuum, domine.

PARIS. L'assemblée nationale, ayant repris la discussion sur la culture du tabac, a décrèté que cette culture seroit libre. Voilà une branche rendue à l'industrie et ôtée à la contrebande. Voilà le vœu de l'Alsace et du commerce accompli.

L'assemblée nationale a reçu une députation des Quakers, établis à Dunkerque et dans le Languedoc. Ils ont demandé d'être admis au rang de citoyens François, sans être obligés de porter les armes ni de prononcer de serment. Tuer et jurer, sont deux actes incompatibles avec leur religion, la seule qui n'ait jamais versé une goutte de sang.

L'assemblée électorale a déja élu douze pasteurs nouveaux qui ont été proclamés dans les églises de Paris et des cantons avec la solemnité requise et une joie universelle. Ainsi le clergé se refait peu-à-peu, et les élus du peuple remplacent les intrus de la faveur.

Le curé de Choisy-le-Roi a été élu évêque de Rouen : l'ancien évêque de Rouen étoit l'ouvrage de la noblesse et de la cour. Le nouveau est l'ouvrage de la liberté et de la vertu.

Décret sur les droits des Vins qui seront exportés du royaume à l'étranger.

N

Les droits d'aides sont abolis, les vins circuleront dans tout le royaume sans rien payer; mais ceux qui seront exportés chez les étrangers payeront aux frontières un droit, dont voici le tarif:

Les vins exportés par les rivières de Garonne et Dordogne, autres que ceux ci-après, payeront sept livres par muid.

Vins blancs exportés par les mêmes rivières, également à l'exception de ceux ci-après, 4 liv.

Vins rouges et blancs du Quercy, du Périgord, qui seront chargés de bord à bord au port de Libourne, 2 liv. 10 sols.

Vins des Landes, de l'Armagnac, exportés par terre du bourg du Saint-Esprit, une livre.

Vins de Béarn et Juranson, et autres exportés par le Dour, et par le département de l'Arriège et les frontières d'Espagne, une livre 10 sols.

Vins muscats exportés par les mêmes départemens, et vins de liqueur de toute sorte, 6 liv.

Vins exportés par les départemens des Pyrénées orientales et de l'Hérault, 2 liv...

Par les départemens des bouches du Rhône et du Var, une liv. 10 sols.

Par les départemens des hautes et basses-Alpes, de l'Isère et de l'Ain, une liv.

Par les départemens du Mont-Jura et du Doubs, 10 sols.

Par ceux du haut et bas-Rhin, de la Meuse et de la Moselle, une liv. 5 sols.

Vins exportés par terre et par mer depuis les départemens des Ardennes inclusivement, jusqu'à

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