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LES POIS CHICHES. Histoire véritable.

Des évêques séditieux invoquent le pape contre la loi, et nous menacent même de leurs excommunications des curés séduits prêchent contre la constitution. refusent le serment et abandonnent le service. Pourquoi ces gens-là n'ont-ils pas lu l'histoire des Pois CHICHES? Elle les auroit rendus plus sages. C'est une histoire très-instructive, et presque aussi morale qu'une fable. Voici comme la chose arriva en 1711, dans le royaume de Sicile.

Le clergé Sicilien, de concert avec la cour de Rome, avoit formé le projet de se rendre indépendant de la puissance civile, et particulièrement d'un tribunal souverain, auquel les ecclésiastiques avoient toujours été soumis comme les laïcs. On cherchoit un prétexte ; on en fit naître un le plus ridicule du monde.

Un fermier de l'évêque de Lipari porta des pois au marché. Les commis du roi lui demandèrent le paiement des droits d'étalage. Il refusa, et se fit saisir les pois. L'évêque, reclamant son immunité, excommunia sur-le-champ les commis. Ceux-ci rapportèrent humblement la denrée privilégiée. L'évêque exigea des réparations si extravagantes, que les commis en rendirent compte aux supérieurs ; lesquels ayant fait des représentations, furent de même excommuniés. Le tribuual s'en mêla, et se fit aussi excommunier. Troisieme excommunication pour des pois chiches! L'évêque menacé se sauve à Rome. On l'y accueillit. D'autres l'y suivent, en lançant chacun leur petite excommunication. Alors le pape met la Sicile en interdit. Une populace de moines et de mauvais prêtres va trouver les prélats à Rome. Ce schisme dura deux ans. Cependant le gouvernement tint ferme. Le peuple fut sage. Il resta assez assez de bons prêtres pour faire le service. L'interdit porta bonheur aux campagnes. On remarqua qu'elles furent ces deux années plus riches et plus fleuries. Seulement, les jésuites ayant essayé de fomenter le trouble, en une nuit, on les fit tous, pères, frères et petitsfrères, enlever, embarquer et jeter sur les côtes des états du pape.

Bientôt la cour de Rome se lassa de nourrir cette

cohue de prêtres transfuges. Un beau jour ils furent tous chassés. Ils ne purent rentrer en Sicile, et se répandirent dans les campagnes d'Italie, où la plupart périrent de misère.

A la fin le pape entendit raison. Les Siciliens furent maîtres chez eux. Les nouveaux évêques furent aussi bons sujets que bons chrétiens. Quelques litrons de pois chiches apprirent aux gens sages de ce tempslà, plusieurs vérités qui en France commencent à courir les rues. La première, c'est que les curés imbécilles sont toujours les victimes des prélats factieux; la seconde, c'est que la malédiction du ciel n'est pas aux ordres de quelques brouillons fanatiques; la troisième, 'c'est que la cause de Dieu est toujours la cause de la loi, de la paix, du bon sens et du bien public (*).

ASSEMBLÉE

NATIONALE.

Serment des Prédicateurs.

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De toutes les fonctions des prêtres, il n'en est point de plus importante que la prédication. La loi et la morale doivent être d'accord. Il faut donc s'assurer que celui qui enseigne la morale, aime et respecte la loi. C'est pour cela qu'un décret vient de déclarer les prédicateurs, fonctionnaires publics; et comme tels, tenus de prêter le serment civique. Quelques personnes regrettent qu'on ait exigé ce serment. Il a fait éclater des mauvaises intentions que du moins on dissimuloit. ---Eh bien! quoi de plus utile? Un ennemi découvert vaut mieux qu'un ennemi caché. Les nôtres n'attendoient qu'un instant favorable. Le serment civique ressemble à ces remèdes énergiques qui font sortir T'humeur, qui la poussent à la peau du malade. Le serment civique nous purge de tous les mauvais prêtres.

(*) Cette hiftoire qni a tant de rapport avec la fituation actuelle de la France, eft tirée des mémoires de Duclos, dont on connoît la

véracité.

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SITUATION DES FINANCES.

Véritables besoins de l'état.

Le comité des finances a présenté à l'assemblée nationale le tableau des dépenses de l'année 1791. Ellessont de trois sortes. Les dépenses générales et annuelles, les dépenses locales et les dépenses du me

ment.

Dépenses générales et annuelles.

Le culte (ou l'entretien des églises) la liste civile (ou l'entretien du roi) les rentes apanagères et le traitement des frères du roi; les affaires étrangères; la guerre; la gendarmerie nationale; la marine et les colonies; les ponts et chaussées; les ministres et le conseil; l'administration générale des finances et le trésor public; celle de la caisse de l'extraordinaire, de la direction générale de liquidation, et de la comptabilité ; l'école des mines, les dépôts publics; les primes et encouragemens pour le commerce; le jardin et la bibliothèque du roi; les universités, académiet et travaux littéraires; les invalides et les quinze-vingt; la haute cour nationale, le tribunal de cassation et l'assemblée nationale.

Tons des objets, en y joignant six millions pour tout ce qui peut être imprévu ou omis, coûteront 280 millions.

Les traitemens du clergé supprimé, les pensions, l'intérêt, des rentes et de toute la dette publique et autres objets, montent à 302 millions.

Ainsi toute la dépense commune de la nation, qui doit être payée par le trésor public, forme un total de 582 millions.

Dépenses locales qu'on propose de confier aux dépar

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Ce sont les dépenses des assemblées administratives, des tribunaux, des prisonniers, de la perception des impositions directes, des hôpitaux, des secours destinés

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à prévenir ou à détruire la mendicité, et la construction, et l'entretien des grands chemins et des bâtimens publics. Toutes ces dépenses forment un ensemble de 59 millions.

Dépenses particulières à l'année 1791.

Ce sont les fonds destinés à établir des travaux de secours dans tous les départemens: 2. les dépenses de l'assemblée nationale, ou de la LEGISLATURE qui la remplacera; 39: des supplémens de fonds nécessaires pour solder différens articles de dépenses qui doivent être réduites dans les diverses parties du gouvernement; 4. les frais extraordinaires de l'augmentation de l'armée, de la réparation des forteresses, des approvisionnemens d'artillerie, des travaux des ports maritimes, et des ateliers entretenus à Faris. Ces besoins extraor dinaires monteront à environ 76 millions.

Telle est la masse complette des dépenses auxquelles il faut pourvoir pour cette année. Quelle que soit leur grandeur, on va voir combien les opérations de l'assemblée en ont adouci le fardeau pour la nation.

Quelle étoit notre position au mois de mai 1789, à Fouverture des états généraux ? le trésor public tiroit des impôts 475 millions, la dixme en coûtait 130, ce quifait 605 millions que la nation payoit. Mais de pluts, il y avoit un déficit avoué de 56 millions, qu'il ent fallu couvrir. Tous les remboursemens étoient suspendus. Tous les départemens étoient endettés. Deux années des rentes étoient dues. Les emprunts étoient impossibles. La banqueroute étoit commencée. Elle alloit devenir universelle. L'Etat étoit ruiné et bouleversé.

Deux ans se sont écoulés dans l'agitation nécessaire d'une révolution, et cependant voici l'état actuel de nos finances. Dès cette année, toutes les impositions, y compris la contribution patriotique, ne monteront qu'à 501 millions, au lieu de 605. La nation épargne done plus de 100 millions. Car, de plus, tous ses engagemens sont remplis et ses affaires dans l'ordre le plus clair et le plus invariable. Les rentes sont au courant. La solde des troupes est considérablement augmentée.

La justice est gratuite. Les offices sont remboursés. Sans la révolution, il n'auroit pas fallu moins de 700 millions, au lieu de 501, pour nous mettre dans une position pareille; et ajoutez encore ce que le peuple gagnera par la contribution des anciens privilégiés, par la réforme des frais de perception, par la suppression de la gabelle, des aides, de la féodalité et de tant d'autres vexations! Ainsi les désordres passés sont couverts; les besoins présens sont assurés : l'avenir offre de grandes espérances. Voilà notre situation véritable. Voilà les suites manifestes de la révolution, les bienfaits palpables de l'assemblée nationale.

Nous invitons nos lecteurs à réfléchir sur ce tableau fidèle de la situation de la France. C'est la réponse à toutes les feuilles incendiaires, à toutes les prédictions menaçantes des aristocrates. Prenons donc courage. Attachons-nous à la constitution. Rassutons-nous en voyant que la liberté est moins chère que la tyrannie, et n'hésitons pas à bien payer un argent bien employé.

Événemens.

QUANTON, port de la Chine. Un François et un Anglois disputoient devant le mandarin, ou le premier magistrat de cette province, sur la constitution de la France et celle de l'Angleterre. Le mandarin, après s'être fait expliquer l'une et l'autre, a prononcé ce jugement. Vos lois diffèrent sur un grand point : l'Angleterre conserve la noblesse comme un ressort utile; la France la détruit comme un préjugé oppresseur: je pense à la Françoise notre empire subsiste sans nobles depuis trois mille ans : il a résisté aux Tartares, il auroit succombé sous les nobles.

:

GOA, colonie Portugaise dans les Indes orientales. Le tribunal affreux de l'inquisition donne de temps en temps des spectacles dignes de sa barbarie. Une pauvre juive avoit épousé un marchand Portugais. Celui-ci, dans un accès de jalousie, l'a dénoncée aux inquisiteurs, comme pratiquant en secret la religion de ses pères. Elle a été plongée dans le cachot infame que l'on

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