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et la Hollandre, comme pense peut être l'assemblée tumulteuze nationale. Je n'ay jamais dit tant; mais à présent, voyant qu'ils en veulent à la religion, et qu'ils veuillent nous faire chismastique et hérétique, et nous faire remplacer par des chismatiques, ils trouveront de la résistance; car je peux vous dire que le premier prêtre qui viendra me remplacer, sera tué avant d'arriver à ma maison, ainsi que des autres paroisses voi

.sines 11.

Adieu, cher neveux, etc.

Signé P. C...., curé d'E.... (*).

Maintenant croirons-nous que les sages et bons Flamands servent la fureur de ce prêtre ignorant, si bien décidé à faire assassiner son successeur? Ce n'est pas là un pasteur, c'est le loup-berger.

Voilà pourtant les atrocités stupides qui passent par la tête de quelques curés. Voulez-vous connoître les raisonnemens des évêques? En voici un assez plaisant :

Les évêques disent qu'on ne peut pas délibérer sur le sort des évêques, sans consulter l'église ; et quand on leur demande ce qu'ils entendent par l'église, ils répondent que c'est les évêques ensorte que, selon eux, on ne peut rien décréter sur les évêques que de l'aveu des évêques. C'est comme si les colonels disoient qu'on ne peut faire une loi sur les colonels, sans leur avis. Il faudroit donc laisser les juges régler la justice, les soldats régler la discipline. Alors à quoi serviroit une assemblée nationale? Ce seroit un plaisant gouver nement que celui où chacun feroit les lois qui doivent le gouverner.

L'église, c'est l'assemblée des fidèles: les fidèles sont les citoyens : ainsi l'église, c'est la nation. Ainsi quand on a la volonté de la nation, on a la volonté de l'église.

Voilà ce qu'on peut répondre aux évêques. Mais il est encore plus simple d'en nommer d'autres.

(*) L'original de cette lettre est entre nos mains.

Recettes contre une ancienne Maladie que les Historiens appellent FANATISME.

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LE FANATISME est une maladie à laquelle nos bisayeuls, et leurs bisayeuls étoient fort sujets. Elle a régné pendant plusieurs siècles, mais elle a passé comme celles des démoniaques et des sorciers, et comme la lèpre et la maladie de Saint-Fiacre. Quand l'accès prenoit un de ces malades de fanatisme, ses yeux étinceloient de fureur, il prenoit des armes il massacroit ses meilleurs amis, il se jetoit sur tous ceux qui se portoient bien, et souvent il les brûloit en place publique. Il ne parloit que d'enfer, de malediction, d'excommunication et d'anathême. Cette espèce de rage étoit épidémique, comme celle que les savans nomment hydrophobie : un malade mordu en mordoit cent autres; et enfin tout le pays étoit pestiféré. Alors des gens d'esprit, des fourbes habiles se mettoient à la tête de cette foule de sots, ils en faisoient des régimens, ils les faisoient battre les uns contre les autres, et quand on étoit las de tuer, de massacrer, de voler et de violer, les chefs se partageoient entr'eux les dépouilles, ils avoient des couronnes, des mitres, des palais et des maîtresses, et ils régnoient sur des ruines.

Cette maladie n'est pas nouvelle en Europe. Elle y a jadis coûté la vie à sept ou huit millions d'hommes. Un fameux médecin, qu'on nomme BONSENS, a trouvé plusieurs préservatifs pour s'en garantir. L'une de ces recettes consiste dans ce peu de mots : DÉFIONS-NOUS DE CEUX QUI PRECHENT LE MEURTRE AU NOM DE DIEU. Dites seulement ces paroles tous les matins à jeun; et vous échapperez au venin.

Seconde recette. Portez toujours dans votre poche, cette petite devise: LE PARADIS, C'EST D'ÉTRE LIBRE. L'ENFER. C'EST DE PAYER LA dîme.

La troisième précaution pour écarter les enragés fanatiques ou guérir leur morsure, c'est de lire régulièrement la FEUILLE VILLAGEOISR. Cette drogue-là dispense de toutes les autres.

ASSEMBLÉE NATIONALE."

Dans aucun temps, chez aucune nation, aucun

corps législatif n'a eu tant et d'aussi grands travaux. Faire la constitution, cette seule tâche demandoit les efforts d'une assemblée entière. Faire les lois et tous les règlemens relatifs à la justice, à l'armée, aux finances, etc.; c'étoit encore assez pour consumer toutes les forces d'une autre législature. Terminer toutes les affaires qu'entraînoient les réformes et les suppressions, cet immense travail eût autrefois coûté trente années au gouvernement, et seul exigeoit encore une grande réunion des plus profonds législateurs. On croit vulgairement qu'il y a eu plusieurs Hercules, dont les travaux ont été attribués à un seul. On pourra croire un jour la même chose de l'assemblée nationale: car elle a fait l'ouvrage de plusieurs.

Depuis quinze jours, de nombreux décrets ont été rendus. La plupart tiennent aux détails des différen tes parties de l'administration. Nous allons donner l'idée de ces principaux décrets.

Liberté du commerce..

Une compagnie de commerçans avoit obtenu du gouvernement ancien le droit de faire seule le commerce avec les habitáns d'une partie de l'Afrique, qu'on nomme, le Sénégal. Chose absurde et odieuse! Car si le commerce est avantageux, il faut que toute la nation puisse profiter de ses avantages. Si l'homme est libre, le commerce doit l'être. Supposez que deux ou trois cultivateurs eussent eux seuls le droit de vendre au marché, tous les autres mourroient de faim, ou seroient les esclaves des premiers. C'est-là ce qu'on appelle des privilèges exclusifs ou autrement des monopoles. L'assemblée nationale a encore supprimé celuici, et déclaré que le commerce du Sénégal est libre pour tous les François.

Distribution des petits assignats.

Les petits assignats avoient été délivrés en partie; mais comme ils sont plus commodes que les assignats de plus grosse somme, des hommes avides ont essayé de les accaparer, pour les échanger ensuite avec profit contre les autres. Ce commerce nuisible, cet agiotage,

étoit favorisé par la manière dont les petits assignats étoient délivrés. La distribution a été changée et l'inconvénient a cessé.

Remboursement.

Les rentes de douze à vingt livres seront remboursées. Ces petites parties ne servoient qu'à rendre l'administration embarrassant et dispendieuse.

Tarif des traites.

L'intérêt du commerce et de la nation, des campagnes comme des villes, est que toute espèce de marchandises puissent circuler librement par toute l'étendue de la France. Les différens droits qu'on payoit pour le transport des denrées sur les routes et sur les rivières, pour leur passage d'une province à l'autre, tous ces droits qu'on nommoit traites, étoient ruineux, injustes, gênans, et ne servoient qu'à engraisser des financiers et des commis; aux dépens du peuple. On les a supprimés. Un roulier part aujourd'hui de Marseille et arrive à Brest, sans avoir défait un seul ballot, ni donné un seul écu, à une seule barrière.

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Mais aux extrémités du royaume, ces barrières sont utiles. Si les marchandises des étrangers entroient libremeht, les marchands du pays vendroient plus difficilement les leurs. La nation établit donc des droits d'entrée sur ces marchandises, pour les renchérir et favoriser les commerçans François. D'un autre côté, il y a des denrées qui servent aux manufacturiers, telles que la soie et autres matières premières. Si elles pouvoient sortir librement du royaume, les fabricans étrangers les feroient payer plus chers aux nôtres en venant Ics acheter. On met donc des droits sur la sortie de ces denrées. On en met aussi sur la sortie, qu'on nomme exportation des vins précieux et autres productions, que les autres nations ne peuvent tirerque de la France. C'est un impôt que l'étranger nous paie. Quant aux droits d'entrée, comme ils tombent sur des choses de luxe et de fantaisie, c'est un impôt qui ne frappe que les riches. Voilà ce que c'est que les traites dont on vient de régler le tarif.

Justice criminelle.

L'assemblée a décrété un grand nombre d'articles du nouveau plan de la justice criminelle. L'établissement des jurés en fait la principale partie. Nos bons lecteurs le connoissent et l'aiment déja, mais nous en donnerons tous les détails essentiels.

Organisation sur l'armée.

Chaque régiment a son gouvernement intérieur et ses finances particulières. Tous les corps doivent être gérés de la même manière. C'est l'intérêt de l'état et des troupes elles-mêmes. Par exemple, on retient sur la paie de chaque soldat diverses portions pour être mises en masse et servir à leur entretien. La loi règle soigneusement la formation et l'emploi de ces MASSES. Ainsi tout ce que la nation paie au soldat sert à rendre sa condition meilleure. Autrefois il étoit mal payé, souvent volé, toujours maltraité, jamais récompensé et sur-tout vexé sans pouvoir se plaindre. Aujourd'hui le soldat françois est le plus heureux des guerriers, comme il en est le plus brave.

Sûreté du Royaume.

Les plus vives allarmes s'étoient répandues. Des puissances étrangères veulent, disoit-on, se réunir contre la France et nous arracher par la force tous les bienfaits de la liberté. Une foule de ces aristocrates, qu'on nommoit jadis des grands, s'est retirée en Allemagne, en Suisse, en Brabant : ils excitent plusieurs souverains, et sur tout l'empereur, à former une armée pour entrer en France par l'Alsace. Car ils aiment mieux voir leur patrie en cendres qu'en liberté. Des comités nombreux et instruits ont médité les moyens de prévenir ces dangers et de dissiper ces craintes. Qui veut la paix doit préparer la guerre. L'assemblée a nonseulement ordonné que l'armée de ligne seroit aug. mentée; mais une autre armée auxiliaire de cent mille hommes va être formée au sein de nos gardes nationales. Ces citoyens s'enrôleront pour se tenir prêts à marcher au premier ordre, le tout moyennant la demi

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