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visible de l'église de Jésus-Christ. Les décrets, sur la constitution civile du clergé, dit un célèbre évêque, membre de l'assemblée nationale, ont séparé, › avec un șoin religieux, ce qui appartient au dogme de ce qui lui est totalemont étranger. Notre foi n'a donc reçu aucune atteinte. La croyance de nos pères est donc encore la nôtre.

Parcourez les fastes de la religion et les annales de l'église, l'évangile, l'histoire, et les saints canons, tour vous prêche les principes que consacre la révolution i tout tend à appeler dans le sanctuaire, la pauvreté, l'humilité, le détachement des biens de ce monde, vertus sublimes, qui ont fait la gloire et la splendeur du christianisme naissant. A ces traits, on reconnut toujours les vrais disciples d'un Dieu, dont la crêche et le calvaire attestoient l'abnégation de tout ce qui n'avoit pas avec le ciel un rapport nécessaire. Tels furent pendant les beaux jours du christianisme, les pasteurs du premier et du second ordre, que la confiance des peuples avoit appelés au gouvernement de l'église, Persuadés, d'après la sainte maxime de leur divin maître, que le royaume de Dieu n'est point de ce monde, ils se dégageoient des soins temporels, pour se consacrer, sans réserve, au salut des ames: jugez donc, après cela, si la nation n'a pas agi sagement, lorsqu'elle a voulu dégager les ministres des autels des soins étran gers au salut des ames; lorsqu'elle les a rappelés à la simplicité de nos pères, à la pureté des mœurs des disciples de J. C.; lorsqu'elle à rendu la morale évangélique à son ancienne vigueur. Est-il possible, après de si sages opérations, qu'on calomnie ses vues, que l'on rende suspects ses moyens? Eh! de grace, mon cher peuple, ouvrez les yeux, ne vous laissez point séduire, on abuse de vos vertus. Ah plutôt ! soyez dor cile à ma voix, c'est celle de votre pasteur légitime. L'amour qu'il vous à porté dans tous les temps, l'attachement dont il vous a donné tant de preuves non équi. voques, lui méritent sans doute, votre confiance.

Jamais, non jamais, votre pasteur ne sera assez pervers pour coopérer au dépérissement de la foi, pour maintenir une constitution capable de préparer ou d'en

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traîner la perte de la religion. Oui, religion sainte ! religion divine! religion de mes pères! vous résisterez à l'injure des siècles; rien ne prévaudra contre vous parce que vous êtes l'ouvrage d'un Dieu qui a posé vos fondemens sur des bases inébranlables. Aussi serez-vous jusqu'à mon dernier soupir, l'unique objet de mon respect, de mon amour, de mon dévouement. E si, le glaive suspendu sur ma tête, il me falloit opter entre votre abandon et la mort; ah! je mourrois heureux, martyr de la foi de mes pères.

Faites donc cesser vos craintes, M. C. F., dissipez les alarmes, que les ennemis de la cause publique s'efforcent de vous inspirer, relativement au serment que la nation exige des fonctionnaires publics. Citoyen, prêtre, pasteur, tous ces titres m'imposent l'obligation de le prêter. Comme prêtre, je jure donc de vivre et mourir dans la religion catholique, apostolique et romaine, et de conserver l'unité de foi avec le chef visible de l'église. Comme votre pasteur je jure, avec le premier pontife de cette église (1), de paître le troupeau qui m'a été commis; de veiller sur lui, non par la crainte, mais par une volonté libre et selon Dieu. Enfin, comme citoyen et fonctionnaire public; je jure d'être fidèle à la nation, à la loi et au roi, et de maintenir de tout mon pouvoir, la constitution décrétée par l'assemblée nationale, et sanctionnée par le roi.

Deuxième lettre aux Rédacteurs de la Feuille Villageoise.

MESSIEURS,

Je vous envoie, de la part de M. Bernard, officier municipal de Corberon, district de Beaune, département de la côte d'Or, un petit discours prononcé par M. Pierre-Étienne Blandin, curé dudit Corberon, à la messe paroissiale, le 9 janvier 1791, avant la prestation du serment civique. Cet officier municipal, votre.

́(1) Saint-Pierre, ch. 5, verf. 2.

abonné, ainsi que moi, nous vous prions instamment de vouloir bien insérer ce discours dans votre feuille.

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Signé NU DAN, négociant, rue de Poitou.

Discours.

A Paris ce 28 janvier.

MESSIEURS ET CHERS PAROISSIENS,

JE suis né François avant d'appartenir à l'état respectable dans lequel j'ai eu l'honneur d'être admis: c'est pourquoi je me fais gloire de vous annoncer que je vais prêter le serment civique tel que l'assemblée nationale a le droit de l'exiger de tout citoyen. Les alarmes mal fondées que la plupart des ecclésiastiques témoignent à son sujet, peuvent, sans les condamner, avoir leur source dans la crainte que la religion ou leur conscience n'y soit intéressée.

,, Sans les blâmer, mes chers paroissiens, je ne suis pas de leurs sentimens la manière de voir et de comprendre ne dépend pas de nous, par conséquent, la mienne ne peut pas être conforme à celle de mes confrères. Mais comme je suis mû par des raisons et une façon de penser qui ne ressemblent pas aux leurs, je persiste dans mon sentiment. Non, Messieurs, le serment civique exigé par l'assemblée nationale n'est nullement contraire à la religion auguste dans laquelle j'ai eu le bonheur de naître. Vous la connoissez déja, et dans l'instant je vais le répèter.

.

,, La religion catholique, apostolique et romaine fondée sur des principes invariables, éclairée par l'Esprit-saint, soutenue par les graces continuelles dont J. C. ne cesse de la combler, est à l'abri des persécutions des hommes et de leurs impiétés : les portes de l'enfer ne prévaudront jamais contre elle. Un royaume comme la France, qui le premier de l'Europe a eu le bonheur d'être éclairé du flambeau de l'évangile, essuyeroit-il le plus grand des malheurs: celui de perdre la religion la plus auguste et la plus sainte ? Non, Messieurs, je vous le répète, la religion n'est point en danger. N'écoutez point ce que nombre de cerveaux foibles et mal organisés suggèrent et répandent

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de côté et d'autre. J. C. seul fonde son église ; et un Dieu ávoit-il besoin d'un décret pour la rendre plus stable et plus solide! Ce Dieu nous enseigne l'obéissance, aux puissances qui nous gouvernent, fussent-elles même hérétiques. Of, mes chers paroissiens, les augustes représentans de la nation françoise connoissent et sentent combien leur bonheur est attache à la profession de notre religion. Les marques extérieures avec l'es-quelles ils édifient le peuple, sont un sûr garant de la pureté des sentimens religieux dont la plupart sont animés et lorsqu'ils ont exigé de tous, et chacun des ecclésiastiques fonctionnaires publics, le serment d'adhérer à leurs décrets, ils n'ont jamais eu l'impie et puérile prétention de nous faire renoncer à une religion pour laquelle, à l'heure même, je sacrifierois má vie plutôt que de l'abandonner.

Approchez, Messieurs les officiers municipaux ; je vous en prie, c'est pardevant vous, et en votre présence, mes chers paroissiens, que je veux prouver que je suis bon François la prestation d'un pareil serment ne peut que m'être agréable : mės sentimens sur la constitution françoise vous sont connus, ils ne sont pas douteux. Je l'admire cette sublime constitution autant que je plains ses détracteurs.

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, Ainsi donc, Messieurs, je jure de veiller avec soin aux fidèles dont la direction m'est confiée. --- Je jure d'être fidèle à la nation, à la loi, et au roi. Je jure de maintenir de tout mon pouvoir la constitution françoise, acceptée et sanctionnée par le roi et notamment les décrets relatifs à la constitution civile du clergé. Duquel serment, Messieurs, je vous prie de vouloir bien me donner acte .

Conclusion.

Tout ce qu'on à lu en faveur du serment civique, prouve le bon esprit de ceux qui l'ont prêté.

Veut-on connoître l'esprit bigot et misérable de ceux qui l'ont refusé? qu'on lise la lettre suivante.

Elle est d'un curé Flamand, qui eût été plus digne d'être un moine Brabançon ou un inquisiteur Espagnol. Son neveu lui avoit adressé une exhortation refpec

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tueuse et raisonnée sur la constitution civile du clergé. Dans ce mémoire on séparoit fort bien le dogme d'avet la discipline, les intérêts d'avec les sacremens, le culte divin d'avec l'ordre public. Confondant tout, ou plutôt ne voyant dans le monde que l'église, et dans l'église que le pape et les évêques, l'oncle imbecille et fanatique traite son neveu de libertin, l'assemblée nationale de juive, et la décrépite superstition de vierge. Sa lettre est un chef-d'œuvre de radotage belgique. Nous n'avons pas voulu y changer l'ortographe. L'auteur écrit comme il raisonne ; et il a été choisi pour curé! voilà un peuple en bonnes mains! Après cela que l'on doute encore s'il falloit réformer le clergé !

CHER NEVEUX,

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"Vous me dites que je ne risque rien de prêter le serment civique, je vous dis que vous ne Savez ce que vous dites ou bien vous avez oubliez les principes qu'on vous a enseignez dans votre naissance vous savez sans doute que le pape et les évêques doivent nous gouverner et non pas les municipalités, districts, ect.; que l'assemblée nationale n'a le droit de donner des pouvoirs spirituels, d'absoudre les péchés, qui est l'hérésie de Luther; que les simples prêtres ne sont pas au dessus des évêques : qu'il y a une différence entre la puissance temporelle et ecclésiastique qui est l'hérésie de Richer de 1712. Votre mémoire est vraiement ladite hérésie. J'aime mieux mourir de faim que de prêter ce serment, en un mot, mourir de faim avec Jesus-Christ (dont l'assemblée nationale a en horreur le nom) que d'être riche avec Judas; comment est composée cette assemblée nationale? d'un juif président, d'un Barnave protestant, d'un nombre d'irréligionaire; et vous croyez à ces gens là plutôt qu'à toute l'église Gallicane qui a été toujours vierge dans la foi depuis Clovis. Notre pays conservera toujours notre religion et la puissance de l'église. Nos peuples sont disposés à refuser ledit serment, et signer de leur sang leur opposition; ainsi il ne me manquera jamais de rien, nous ne deviendrons pas l'Angleterre

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