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idées naturelles de la justice et aux maximes de l'évangile. Mes desirs seront remplis lorsque l'ouvrage de notre régénération sera achevé et que les décrets sanctionnés par le roi auront leur pleine et entière exécution.

"En conséquence, je jure de veiller avec soin sur les fidèles de la paroisse qui m'est confiée. Je jure d'être fidèle à la nation, à la loi et au roi. Je jure de maintenir de tout mon pouvoir la constitution décrétée par l'assemblée nationale et acceptée par le roi. "Messieurs, soyez assurés que mon nom ne grossira pas la liste des parjures".

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On s'abonne a Paris chez DESENNE, Libraire au Palais-Royal; et en Province, chez les principaux Libraires et chez les Directeurs de la Poste, pour 7 liv. 4 sols par an; l'abonnement ne peut être moins d'une année. On prévient les Souscripteurs qu'il faut affranchir les lettres et le port de l'argent; et on les prie de vouloir bien circonstancier l'adresse de chaque Village, pour éviter la ressemblance des noms.

Messieurs les Souscripteurs qui auront des réclamations à faire, sont priés d'indiquer avec précision le numéro qui se trouve sur leur adresse.

N°. 20. ANNÉE

DE LA

FEUILLE VILLAGEOISE.

Jeudi 10 Février 1791.

Suite de la géographie universelle.

Nous terminerons les différens articles, où nous avons parlé de l'Angleterre, en traçant le tableau de ses richesses. Les unes sont le produit de ses terres; les autres, celui de ses atteliers; les autres, celui de ses colonies; les autres, celui de sa pêche; enfin les plus considérables viennent de son commerce.

Les provinces qui occupent le milieu de la Grande-Bretagne, s'appliquent particulièrement à la culture des terres. Ce royaume contient près de cinquante millions d'arpents, tant en pâturages qu'en champs labourables. Les Hollandois y achètent continuellement de grandes provisions de bled. Tant qu'il est à un prix modéré, l'exportation en est libre; mais aussitôt que sa valeur passe la mesure fixée ou commune, l'exportation en est défendue. Cette règle, fidèlement suivie, a sauvé l'Angleterre du monopole et de la famine, et a fait que l'agriculture n'a souffert, ni de la cherté extrême qui tue la main-d'œuvre, ni de l'excessive dépréciation qui écrase la propriété. Autrefois l'Angleterre étoit la victime d'une erreur rustique ou pastorale. On y encourageoit la multiplication des troupeaux aux dépens de la population humaine. Toutes les terres labourables étoient converties en prairies. Les grains manquoient pour nourrir les hommes; et c'est alors que le célèbre THOMAS MORUS disoit avec raison qu'un mouton étoit plus nuisible aux Anglois qu'un loup ou un tygre.

La juste proportion entre les pâturages et les champs a été rétablie ; et depuis ce temps, nul pays n'est plus fécond en hommes et en troupeaux.

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Les manufactures de laines sont extrêmement florissantes en Angleterre, soit à cause des laines espagnoles, mêlées à celles du pays; soit par l'attention que l'on a de parfaitement dégraisser les flocons de laine; soit par le régime salutaire, observé pour les troupeaux et pour leur parcage habituel, soit enfin par les métiers de filature établis en tout lieu. Il y a des provinces où les femmes et les filles de la campagne ne quittent pas le fuseau. Les fabriques de laine angloise employent un million d'ouvriers, c'est-à-dire la huitième partie des habitans de la Grande-Bretagne.

Le charbon de terre est une denrée bien abondante et bien essentielle on ce pays. C'est le supplément des forêts

qui lui manquent; c'est presque l'unique combustible qui sert à ses foyers, à ses fourneaux, et à tous les arts qui demandent l'action du feu. Les mines du Northumber land en fournissent une quantité immense. Londres seule en consomme, chaque année, plus de vingt-quatre millions de boisseaux ; et c'est sur ce fossile si précieux pour 1'Angleterre qu'est assignée une partie des subsides la nation accorde aux besoins de l'Etat.

que

Le charbon de terre, le fer, le plomb, le cuivre, les salines, la laine, le coton, le chanvre, le lin, le safran, le houblon, le cidre, les porcelaines, la fayence, etc. sont la matière inépuisable du commerce anglois. Nul peuple antique, nul peuple moderne n'a été mieux orga nisé pour l'industrie, ni mieux situé pour la navigation: on peut regarder l'Angleterre comme l'entrepôt des nations et le lien des deux mondes.

Elle a perdu un monde presque entier, en perdant les colonies Américaines. Mais elle a conservé la Jamaïque, et quelques autres îles qui l'enrichissent de leurs productions et qui consomment le superflu des siennes. Elle conserve, de plus, et augmente chaque jour son commerce et son empire dans les Indes orientales. On évalue le revenu annuel qu'elle retire, à cent millions; quel malheur que ce trésor soit en grande partie le fruit des larmes et de l'oppression ! Le peuple Anglois est, en quelque sorte, le mauvais riche de l'Inde.

La pêche maritime est une source plus pure de la richesse angloise. Les côtés de Terre-Neuve et de la nouvelle Angleterre, et plusieurs baies poissonneuses, fournissent au commerce britannique les huiles de baleine, le thon, le saumon, la morue, les harengs, les sardines, etc. Soixante mille barils de harengs et deux cent mille quintaux de morue, sont vendus chaque année aux étrangers. La France, l'Espagne et l'Italie tirent leurs provisions de carême, moitié de l'Angleterre, moitié de la Hollande, et payent à ces deux nations non catholiques le tribut de leur pénitence.

Ce qui a fait fleurir le commerce anglois, c'est qu'il a toujours été libre, honoré, et cultivé par toutes les conditions. Seymour, dans ses recherches sur l'origine des grandes maisons angloises, a trouvé qu'elles descendoient presque toutes de négocians,

Le fameux ACTE DE NAVIGATION n'a pas peu contribué aussi à la prospérité de la Grande-Bretagne. Cromwel promulgua cette loi. Elle a fait respecter le pavillon anglois sur toutes les mers. Elle a exalté de même l'orgueil national. Pitt disoit que bientôt aucune nation n'oseroit tirer un coup de canon sur l'Océan sans la permission de l'Angleterre. Carthage dans son insolence avoit défendu aux Romains de laver seulement leurs mains dans la mer de Sicile. Vingt ans après, la flotte carthaginoise fut noyée dans cette mer par la vengeance romaine.

AVERTISSEMENT.

N ous avons reçu près de cinquante discours, prononcés par des curés ou des vicaires, avant la prestation de leur serment civique. Il nous est impossible de les insérer tous dans notre Feuille, quoiqu'ils méritent tous d'être connus. Nous craignons même que l'on nous accuse de trop insister sur ce serment, dont un pieux ecclésiastique a dit : les uns en font un crime,

les autres en font un miracle: ils ont également tort: , tout homme en naissant est porté au pied des autels : il " est consacré au Dieu de la patrie: le prêtre qui cherche ,, un dieu étranger, est un rebelle et un sacrilège,,. Il est certain qu'un jour on sera bien étonné que des prêtres du dix-huitième siècle aient douté s'ils devoient être gouvernés par la nation ou par le pape, par le peuple français, ou par le peuple romain. Mais comme il existe encore des aveugles et des hypocrites, on nous saura gré d'avoir rassemblé dans nos feuilles plusieurs discours faits pour éclairer les aveugles et pour démasquer les hypocrites. On nous permettra cependant de ne plus revenir à cette controverse trop prolongée. Cette Feuille sera la dernière où nous parlerons de pasteurs et de sermens. Si quelque chose prouve, combien l'autorité des prêtres fut terrible, c'est l'importance que l'on donne à la moindre marque de leur soumission.

Première lettre aux Rédacteurs de la Feuille Villageoise. AUJARGUES, district de Sommières, département du Gard, le 23 janvier, l'an troisième de la liberté.

MESSIEURS,

En nous donnant votre. Feuille Villageoise, vous avez acquis un droit mérité sur l'estime et la reconnoissance de tous les bons François. En vous offrant moi-même ces sentimens, c'est un hommage que je vous dois plus que tout autre puisque je recueille le fruit de vos travaux. Je lis tous les dimanches à mes parois

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siens votre feuille; ils l'écoutent avec un tendre intérêt, leur patriotisme s'affermit, et notre heureuse constitution est chaque fois pour eux un nouveau motif d'admiration.

Dans ces circonstances critiques où les ennemis de la cause publique colorent leurs mauvais desseins du prétexte de la religion, et s'en étayent pour refuser de prêter le serment civique ; j'ai cru devoir prémunir mes paroissiens contre la séduction, en faisant précéder mon serment d'un discours qui réfute les raisons qu'on allègue à ce sujet. Le district de Sommières a bien voulu le faire imprimer, j'ai l'honneur de vous en faire passer un exemplaire; vous insérerez dans yotre feuille ce que vous jugerez utile à la chose publique.

Signé LEGRAND, curé d'Aujargues, votre abonné.

Prestation du serment.

Je viens, mes chers paroissiens, remplir au milieu de vous un devoir que la loi m'impose; et je le rem plirai dans toute la sincérité de mon ame.

Jésus-Christ, notre divin législateur, nous a recommandé la soumission la plus parfaite aux puissances de la terre, et ma désobéissance à la loi de l'Etat seroit pour vous, sans doute, un sujet de scandale, sur tout, lorsque, par l'heureux accord de la religion et de la politique, les lois tendent, et au bonheur des peuples, et au salut des fidèles.

Telles sont, mes chers paroissiens, celles qu'une nation éclairée vient de se donner. Elles sont un chefd'œuvre de politique; mais elles ne renferment rien qui puisse alarmer la conscience la plus timorée.

Nos dogmes sont encore ce qu'ils ont toujours été ; et sans doute ils seront toujours les mêmes. Oui, mes chers paroissiens, toujours nous jouirons du même culte; toujours nous aurons les mêmes solemnités ; toujours nous honorerons les mêmes mystères; toujours nous offrirons le même sacrifice; toujours nous participerons aux mêmes sacremens; toujours, dans l'unité de foi nous conservcrons la communion avec le chef

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