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provisoires. Les jugemens du synode diocésain pourront être réformés par le synode métropolitain, formé 'de même des vicaires de l'évêque. Enfin la loi veut que Teglise cathédrale de chaque diocèse soit en mêma temps paroissiale et épiscopale, et cette église n'aura d'autre pasteur immédiat que l'évêque.

Telle est la constitution épiscopale. Je conviens qu'au lieu de cent vingt évêchés, la France n'en aura que quatre-vingt-trois. Mais pensez-vous qu'une nation seit d'autant plus catholique, qu'elle a plus de mitres et de Crosses? A la vérité nos prélats ne pourront plus dører leurs carrosses, les charger de valets, et couvrir leur table d'une chère mai-saine et, dispendieuse; car leur traitement n'est, dans les plus grandes villes, que de vingt mille livres, et que de douze dans les autres. Il est vrai aussi qu'un évêque ne pourra plus promener au milieu des désordres de la cour, sa croix et, son ambition; car tout ecclésiastique, en fonctions sera obligé à une résidence perpétuelle. A la vérité encore, un évêque n'insultera plus du haut de son orgueil, l'humilité d'un pauvre pasteur; il ne pourra plus l'interdire arbitrairement, l'envoyer au séminaire, ou même le faire exiler et embastiller par lettre-de-cachet. Mais est-ce là un privilège bien catholique? Et la religion veut-elle, absolument qu'un évêque soit le tyran des curés et le grand-turc de son diocèse ? Je conçois que nos prélats courtisans s'effrayent du métier d'anachorete et de cette vie, évangélique. Qu'ils trouvent cette loi fort importune; soit; mais qu'ils la trouvent hérétique et impie; voilà ce que je ne puis comprendre.

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La nouvelle division des diocèses amenoit nécessairement celle des paroisses. Toutes celles du royaume seront incessamment formées suivant une nouvelle circonscription. Les unes seront réunies à d'autres, afin que : leurs arrondissemens soient mieux proportionnés. Cette division se fera sur l'avis de l'évêque et des administrateurs des districts; mais suivant plusieurs règles déja -prescrites. Par exemple, toute ville qui n'a pas plus de six mille habitans, ne peut avoir plus d'une paroisse Tant d'espace, tant d'hommes; tant de paroisses. Quoi de plus juste? Le gouvernement est chargé,

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comme par entreprise, de fournir tout le royaume d'instruction publique, ainsi que de force publique, de prêtres, ainsi que de soldats. Il faut que les citoyens payant tous également, soient tous également servis. Les paroisses étoient aussi mal distribuées que les diocèses. Tel canton en réunit trois, quatre, dans une lieue de tour. Tel autre n'en a qu'une dans un espace de deux ou trois lieues. Faut-il qu'un bourg très-peuplé aille au loin chercher la messe dans un hameau de vingt feux? N'est-ce pas là un grand désordre? Le désordre est-il apostolique, et doit-il être éternel? Où est l'hérésie? où est l'impiété ? Est-ce dans ceux qui réforment l'abus, ou dans ceux qui le défendent? Mais il falloit un concile.... Quoi! c'est l'ordre public qui avoit tracé les anciennes limites: Et l'ordre public ne pourroit les étendre ou les restreindre! La géographie ecclésiastique seroit donc d'institution divine! Une lieue de plus ou de moins feroit un schisme dans l'église! L'utilité publique seroit soumise au VETO épiscopal! Quoi! des lettres-patentes, demandées pour un seul évêque, suffisoient pour réunir ou déplacer des paroisses! Et les représentans de la nation entière n'auroient pas ce droit! Et s'ils l'ont pour une paroisse, ne doivent-ils pas aussi l'avoir pour un diocèse? Car l'un et l'autre ne sont que des enceintes plus ou moins grandes de fidèles, des départemens religieux plus ou moins étendus.

Mais qui nommera aux évêchés et aux cures ? Le peuple : c'est lui qui est le PATRON et le' COLLATEUR originel. Les habitans même du lieu où l'évêque et le curé doivent remplir leurs fonctions, les éliront au scrutin et à la pluralité absolue des suffrages. L'évêque sera élu par le corps électoral du département, et le curé par les électeurs de l'administration de district. Pour être évêque, il faudra avoir rempli, pendant quinze ans, dans le diocèse, les fonctions de curé, desservant ou vicaire. Pour être éligible à une cure, il faudra avoir été vicaire pendant cinq ans (1). L'évè

(1) Ce font là les conditions générales d'éligibilité. Mais il a été réglé quelques exceptions en faveur des évêques êt autres eccléfiaftiz

que élu recevra l'institution canonique du métropolitain ou de l'ancien évêque; le curé la recevra de son évêque diocésain. Cette institution pourra être refusée à l'un ou à l'autre ; mais il faudra que l'évêque donne par écrit la raison du refus; et, dans ce cas, l'élu pourra avoir recours à la puissance civile.

Voilà, il est vrai, un grand changement. Mais, est-il sage et utile? Ne faut-il pas que les pasteurs ayent la confiance de ceux qu'ils doivent diriger? C'est pour la même raison que les magistrats de la police sont choisis par le peuple: pourquoi ne choisiroit-il pas les magistrats de la foi? Cette méthode donnera-t-elle de meilleurs choix? Pour juger de la nouvelle, voyons quelle étoit l'ancienne.

Comment se faisoit un évêque? La cour le nommoit. N'est-ce pas tout dire? D'abord il falloit qu'il fût ce qu'on appeloit NOBLE, homme DE QUALITE'. Un favori, une femme intriguante le faisoit connoître. Les vices mondains, au lieu des vertus sacerdotales, c'étoit presque toujours ses recommandations.

Comment se faisoit un curé? Vous le savez le seigneur, la dame du lieu, l'abbé, le chapitre, et tant d'autres, nommoient aux cures le sujet qui leur plaisoit, sans savoir celui qui convenoit aux paroissiens. Un inconnu arrivoit de cent lieues et leur disoit: nous ne nous sommes jamais vus: n'importe; je viens prendre possession de votre confiance et de vos offrandes. Payezmoi mes dimes; je vous prêcherai vaille que vaille. Je ne tiens rien de vous. Je ferai ma cour au château aux dépens de la paroisse, ou bien je soulèverai la paroisse contre le château, suivant mes intérêts ou mes préjuges. Carje n'ai pas eu le temps de connoître le pays et d'aimer les habitans.

En sera-t-il de même des évêques et des curés, élus par nos concitoyens, déja revêtus, eux-mêmes, de votre confiance? En sera-t-il de même de ces pasteurs, vivans

ques fupprimés. Quant aux vicaires des paroiffes, ils feront choifis par les curés, mais uniquement parmi les prêtres admis dans le dio cèfe. Aucun curé ne pourra révoquer fon vicaire, que du jugement de l'évêque et du fynode.

depuis plusieurs années au milieu des fidèles qu'ils vont' gouverner? Et, qui honorera; qui fera chérir la religion mieux que des ministres ainsi nommés?

On dit, mes chers concitoyens, que l'assemblée-nationale veut détruire la foi. Si c'est là son projet, il me semble qu'elle s'y prend bien mal. La nouvelle constitution du clergé rétablit l'égalité dans l'administration du culte, prescrit des devoirs rigoureux à ses ministres, leur assure la confiance des peuples; dete ceux qui étoient trop pauvres, réduit ceux qui étoient trop riches; elle veut que les évêques soient curés, et que les curés puissent être évêques; elle veut que les honneurs ne dispensent pas des vertus, et que les vertus conduisent aux honneurs. En tout cela, elle ne fait que suivre l'ordre admirable de la primitive église. Si ce nouveau régime est hérétique, les apôtres sont les hérésiarques.

Mais le pape, dit-on..... Eh bien! l'églisé françoise le reconnoît pour chef du catholicisme; mais la nation françoise ne veut recevoir de lois que de son assemblće nationale. Qu'importe au pape en quel lieu un évêque prêche, , pour combien de gens un curé dit la messe, pourvu que le sermon soit orthodoxe, et la messe bien catholique?

Pour moi, dans la nomination aux emplois ecclésiastiques et leur distribution, je ne vois point Fobjet d'une bulle, mais la matière d'un décret. C'est l'église qui m'a fait prêtre mais c'est la nation qui m'a fait

curé.

Je ne vois rien que de civil dans la constitution civile du clergé je m'y soumets comme bon françois ; je l'adopte comme bon prêtre et comme bon catholique.

Croyez-moi, mes chers concitoyens, défions-nous de ceux qui nous crient que la religion est perdue, au moment même qu'elle est sauvée; de ceux qui, au nom de la For, se révoltent contre la LoI. Il y a bien de l'apparence que ces gens-là n'ont NI FOÍ, NÍ LOI,

Non, sans doute, tout ceci n'est que le faux prétexte et la querelle de quelques évêques, dans laquelle les bons pasteurs auroient tort de s'engager.

Je ne serai donc ni lâche ni hérétique, en prêtant ce nouveau serment, qui, dans le fait, n'est autre chose que le serment civique.

Evènemens.

VIENNE, capitale de l'Autriche: Un ambassadeur étranger félicitoit Léopold de son triomphe complet sur le Brabant. L'empereur lui a répondu : félicitezmoi plutôt de ce que mon triomphe N'A PAS COUTÉ UNE GOUTTE DE SANG AU PEUPLE. Ce mot donne à Léopold un véritable droit sur les Brabançons; car il vaut mieux pour eux obéir a un prince humain et pacifique, qu'à des moines cruels, et à des prélats turbulens.

PETERSBOURG, capitale de la Russie: L'impératrice a écrit au prince de Nassau, un de ses généraux, et qui venoit de perdre une bataille par la faute de ses officiers: C'est moi qui vous avois ordonné de livrer

la bataille: vous ordonner de combattre, c'é"toit vous ordonner de vaincre je ferai juger "vos officiers, par un conseil de guerre; mais moi " seule je puis juger le général : et seule, je puis l'ab

soudre, de n'avoir pas vaincu selon mes ordres,. Cette lettre, si elle est réelle, fait souvenir de la réponse de Darius à Pharbazane, qui lui représentoit que son armée étoit mal postée: qu'IMPORTE, lui dit Darius, POURVU QU'ELLE PUISSE DE SON POSTE REGARDER MIEN ELLE VAINCRA. Il fut battu et défait. Le despotisme se croit invincible parce qu'il croit commander à la fortune, ainsi qu'à ses esclaves.

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BASLE, capitale d'un des Treize-Cantons de la Suisse: Cette ville qui est le premier rempart de la liberté Helvétique, et dont le gouvernement est une démocratic parfaite, conservoit cependant, le croiroit-on, des restes honteux de l'ancienne servitude féodale. On voyoit encore, dans quelques villages de ce canion, des cultivateurs main-mortables, c'est-à-dire attaches à la glèbe, ou serfs. Le conseil de Basle vient de les affranchir. La liberté Helvétique aprofité de l'exemple, donné par la constitution françoise: la raison fera peu-à-peu le tour et la réforme de l'Europe. L'arbre ombrageux et sinistre de la féodalité chancèle dans tous les états, et la COIGNÉE DU PEUPLE est à ses pieds.

LONDRES. De grandes et justes réclamations commencent à s'élever en Angleterre, contre le systême

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