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gués. Car c'est moins la différence des conditions, que l'excellence des travaux et la prééminence des vertus qui distinguent les hommes. Cette considération seule nous a déterminés à nous charger de la Feuille Villageoise. Rien ne sera négligé par nous, pour donner au paysan les connoissances qui lui manquent, et nous espérons que dans peu saura converser avec les gens instruits, et quelquefois les instruire eux-mêmes.

Expériences sur les troupeaux.

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On n'imagineroit pas que l'Espagne, dont on accuse continue! lement la négligence et la paresse, est néanmoins le pays qui possède les plus beaux et les plus nombreux troupeaux. Cet avan tage tient à plusieurs causes. 1°. Les Espagnols font venir tous les ans des beliers de Barbarie, côte d'Afrique, dont ils sont voisins. Ces étalons africains, dont la laine est d'une finesse prodigieuse, et dont la force et la fécondité ne sont pas moins admirables renouvellent chaque année les moutons de l'Espagne. 2°. La bonté du climat favorise leur propagation. Les pluies y sont rares. Le terrein sec; et les nuits tempérées de l'Espagne, permettent de tenir les troupeaux à l'air, jour et nuit. Ils ne sont donc jamais attaqués de maladies qui proviennent uniquement de l'air renfermé et corrompu des étables, et en même-temps ils servent à fertiliser, par leurs engrais, les terreins où ils parquent. 3°. Les Espagnols donnent à leurs troupeaux du sel en abondance, ce qui aiguise l'appétit des moutons, et contribue à leur santé, et même à rafiner leurs laines en épurant leurs humeurs. 4o. On a soin de les écarter de toutes marres infectes, et de leur procurer une boisson saine et salubre. 5. Pour les fortifier et les mieux nourrir, on les fait voyager de montagne en montagne. Un berger, secondé par plusieurs autres bergers qui lui obéissent comme les moutons, parcourt ainsi avec eux des provinces entières, et ramène ensuite sa pacifique armée, engraissée aux dépens de ces provinces. Cet avantage coûte un peu cher à la culture, parce qu'elle est obligée d'abandonner au pâturage et aux courses des troupeaux une étendue immense de terre : aussi un Anglois disoit-il, que l'Espagne n'étoit bonne à habiter qu'aux moutons et aux moines.

Questions proposées aux médecins sur les fièvres

d'automne.

Première question. Pourquoi les fièvres d'automne sont-elles fi com munes parmi les villageois ?

Seconde question. Quel est le meilleur préservatif de ces fièvres?

Réponse.

L'épuisement des forces, occafionné par les travaux et les chaleurs de l'été, le serein, l'humidité, les fraîcheurs subites, les exhalaisons des marais, des étangs, des fosses à chenevière ou à fumier établies près des maisons, les cadavres des animaux que l'on néglige d'enterrer, et dont la vapeur est plus dangereuse en cette saison, les boissons d'eau croupissantes où se trouvent les insectes et des plantes pétrifiées; enfin la débauche des fruits trop peu mûrs ou trop relâchans dans un temps où l'on a besoin de force : voilà les principales causes des fièvres d'automné auxquelles sont sujets les habitans de la campagne.

S'ils veulent s'en préserver, ils doivent donc ne pas forcer nature en travaillant; ne pas rester en chemise vers le soir, lorsque l'air commence à se refroidir; ne pas se coucher et s'endormir dans un endroit humide; ne pas boire à une source trop fraîche, lorsqu'ils sont trempés de sueur : encore moins boire des eaux corrompues; me pas laisser les cadavres des animaux pourrir sur terre, ne pas creuser les fosses à chenevière trop près de leur maison; éloigner aussi, ou placer, s'il est possible, du côté du nord, les. fosses à fumier; éviter de manger à l'excès des fruits peu mûrs ou gâtés; user, après tout grand travail, d'un peu de vin, ou de bière, ou de cidre, et au défaut de ces liqueurs, si elles manquent dans le pays, boire de l'eau mêlée d'une cuillerée de miel, ou de quelques gouttes d'eau-de-vie, ou de vinaigre.

Quant au traitement de la maladie, les villageois doivent s'en rapporter aux gens de l'art, et non à leur propre fantaisie ou à des remèdes mal connus, qui, mal appliqués, aggraveroient encore la maladie.

On s'abonne à Paris, chez DESENNE, Libraire, au Palais-Royal; et en Province, chez les principaux Libraires et chez les directeurs de la Poste. On prévient los Souscripteurs qu'il faut affranchir les lettres et le port de l'argent; et on les prie de vouloir bien circonstancier l'adresse de chaque village, pour éviter la ressemblance de noms.

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ANNÉE

DE LA

FEUILLE VILLAGEOISE.

SECONDE SEMAINE.

Jeudi 7 Octobre 1790.

Suite de la Géographie universelle.

Nous avons dit que l'Europe étoit la plus éclairée des quatre parties du monde. Elle offre cependant plusieurs états ignorans et barbares. Telle est la Turquie. Cet empire est soumis à un prince absolu, nommé Sultan, ou le Grand Seigneur. Son premier ministre se nomme le Grand Visir, et gouverne avec une autorité arbitraire,' c'est-à-dire, qu'il ne consulte que sa propre volonté. Le chef de la religion turque ou musulmane, s'appelle Muphti; et l'Alcoran, ou la loi établie, le sabre à la main, par le faux prophète Mahomet, sert, en même temps, aux Turcs, de catéchisme religieux et de livre de jurisprudence. L'usage et la coutume y ont ajoutë d'autres lois qui ne sont pas écrites, et dont les cadis ou les juges du pays sont les interprêtes. Ils décident des procès en dernier ressort et sans appel. Les riches gagnent toutes leurs causes. Les pauvres, pour la moindre faute, reçoivent cent coups de bâton sur la plante

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