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guement. Chez un peuple libre, la contrebande est le plus infâme des vols; car l'impôt, payé par-tout, et dépensé pour tous, appartient à tous. Un François qui fraude les droits, vole, d'un seul coup, vingt-cinq millions d'hommes.

PARIS. Un vieil avare qui avoit amassé vingt-quatre mille livres en beaux louis d'or, étoit tenté de les faire vendre dans les marchés d'argent. On lui proposa vingt sols de gain, ce qui auroit fait cent pistoles de gain. Non, répondit-il enfin, je veux que mon épargne tourne une fois à l'avantage du public. J'achète un domaine national, et je le paye en louis d'or comptant. Que l'on juge si le patriotisme n'a pas fait de grands progrès, puisqu'il s'insinue jusques dans le cœur des

avares.

Le Corps électoral de la capitale devoit s'assembler en six arrondissemens séparés, pour nommer les nouveaux juges qui doivent succéder aux anciens magistrats. Cette séparation en six arrondissemens auroit nui au bon choix, si important aujourd'hui, afin d'écarter des tribunaux les mal - intentionnés et les gens incapables. Quel est le devoir d'un électeur? De faire le meilleur choix possible. Quel est le meilleur choix possible? Celui qui réunit le plus de suffrages éclairés. Comment réunir le plus de suffrages éclairés? En réunissant les électeurs et les lumières en une seule assemblée, en une seule masse. En conséquence les électeurs des six arrondissemens ont présenté de concert une pétition pleine de respect et de raison à l'assemblée nationale qui, ayant discuté les motifs a satisfait, à la demande. Ainsi le Corps électoral va élire en commun les juges, et fonder ainsi une nouvelle judicature digne de la capitale et de la constitution. Ainsi les parlemens seront remplacés, de manière à n'être jamais regrettés par ceux qui regrettent toujours ce qui n'est plus.

L'assemblée nationale a rendu plusieurs décrets nouveaux sur la contribution foncière. Les marais et les terres vagues seront assujettis à une taxe légère dont on ne pourra s'exempter qu'en abandonnant le terrein taxé à la commune de qui il dépend, et qui sera char

gée alors de payer cette contribution, si petite, qu'elle est réduite à trois deniers par arpent. On ne peut acheter à plus bas prix la protection des lois et la prospérité de l'état, les deux grands motifs de tout impôt. D'ailleurs la taxe des marais et des terreins vagues engagera leurs possesseurs à les cultiver et à les faire valoir; c'est l'intérêt de chaque propriétaire, c'est l'intérêt de toute la nation. Aussi l'assemblée, par le même décret, a-t-elle décidé que tout homme qui défrichera un terrein inculte, ou qui desséchera un terrein marécageux, ne sera pas surtaxé, pour les terres mises en culture, pendant quinze années après leur défrichement; pour les terres plantées en vignes et arbres fruitiers, pendant vingt années après leur plantation; enfin pour les terres semées en bois, pendant trente années après leur semis. Nous nous hâtons d'en avertir nos lecteurs villageois. Nous les exhortons à entreprendre, à entamer tout de suite, ces terreins perdus autour d'eux et qui n'attendent que la bêche et la charrue. Graces à cette loi nouvelle, personne qui ne puisse désormais, avec un peu de travail, préparer un petit héritage à ses enfans.

Je passois à côté d'un paysan que je connoissois pour aimer beaucoup le vin. Il piochoit son sol pierreux et abandonné. Que faites-vous là, lui demandai-je ?

J'ai ruiné mes enfans au cabaret, me répondit-il, et je vais réparer leur fortune en plantant ici une vigne. -Vous auriez dâ, lui dis-je, y penser plus tôt, afin de boire le vin de votre crû: C'est vrai, me dit-il en riant, mais les commis en auroient bu la moitié ; on leur a lié les mains: A PRESENT IL FAIT BON TRAVAILLER.

On s'abonne, à Paris chez DESENNE, Libraire au Palais-Royal, moyennant 7 liv. 4 sous par an.

Messieurs les souscripteurs qui auront des réclamations à faire, sont priés d'indiquer avec précision le numèro qui se trouve sur leur adresse.

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AVERTISSEMENT.

Une foule d'Abonnés, foit parmi les habitans des villes, foit parmi ceux de la campagne, nous demandent, non pas le fimple extrait des lois nouvelles, mais les décrets tels qu'ils font prononcés par l'affemblée nationale, avec les délibérations qui les ont précédés, & un commentaire qui les explique.

Nous prions nos correfpondans de réfléchir un feul moment là-deffus. Rien de plus jutte aflurément que, leur desir d'être inftruits, & du décret, & de la délibération, & de la lettre, & de l'efprit de chaque loi, mais rien de moins praticable dans un efpace auili peu étendu que notre Feuille; elle fuffiroit à peine pour contenir Pouvrage d'une feule journée du corps legislatif. Boileau fe plaignoit que Louis quatorze, dans fes con-quêtes, avoit pris une feconde citadelle, & remporté une troisième victoire avant que les poètes euffent chanté la première. Les journalistes feroient bien plus embarraffés de décrire tout le détail & out le produit de la législation, auffi rapidement qu'elle est faite.

Nous avons, il eft vrai, annoncé dans notre profpectus l'exposé & l'explication des décrets. Mais nous avons expreffement borné notre promeffe aux lois qui concernent les campagnes. Car c'eft aux campagnes que notre Feuille s'adreffe. Nous imitons les abeilles qui ne travaillent que pour le profit des villageois. Si quelquefois nous faisons des excurfions au-delà des villages, c'eft toujours dans l'espoir de recueillir quelque chose d'utile

pour eux.

Nous nous fommes déclarés, intitulés, précepteurs des hameaux. Aucune loi qui les intéreffe, eft oubliée ou tronquée dans notre Feuille. Mais fi nous les tranfcrivions, ces lois, mot pour mot, telles qu'on les décrète, elles ne feroient point entendues, elles ne feroient point retenues par les fimples citoyens de la campagne à qui le ftyle législatif eft encore plus inconnu que le ftyle lit

téraire.

C'est pourquoi nous réuniffons, autant qu'il eft poffble, les lois qui font corps enfemble & qui s'éclairciffent l'une par l'autre. C'eft pourquoi auffi, jetant à l'écart la phrase des décrets, nous nous contentons de fon plus fimple énoncé. Réduite une à une, chaque idée entre facilement dans les têtes, et s'y place fans confusion.

Cependant, comme nous avons le desir, non-feulement d'acquitter nos promeffes, mais encore de fatisfaire aux demandes, nous prévenons les abonnés de notre Feuille, que désormais les cinq à fix premières pages renfermeront le plus littéralement et le plus clairement qu'il fe pourra, les décrets de la femaine qui regarderont les gens de la campagne, foit dans leur position champêtre, foit dans leur rélation patriotique.

Trop d'objets accableroient des esprits que tant d'autres travaux détournent de la lecture. Auffi notre foin principal, notre difficulté majeure, n'eft-elle pas d'étendre nos leçons, mais de les circonfcrire. Il nous feroit bien plus facile de composer un volume que de tracer un précis. Mais nous nous tranfportons en efprit dans le village, & affiftant, le dimanche, à la lecture, de notre Feuille, nous croyons entendre l'un dire: C'EST TROP OBSCUR, l'autre, C'EST TROP LONG; l'autre, CELA EST ASSEZ INUTILE; l'autre enfin, CELA EST FORT BIEN, MAIS LE DIMANCHE EST FAIT POUR REPOSER, ET NON POUR apPRENDRE.

Notre imagination en écoutant ces discours, tâche d'abréger et d'éclaircir les fiens.

QUAND

Suite de la Géographie Universelle.

on parcourt une carte géographique, l'il cherche le pays où l'on a pris naissance, et la vue s'y arrête long-temps. Voilà pourquoi nous avons cru devoir nous étendre un peu sur la France. Voilà pourquoi nous destinons un article encore à sa description. Cet article renferme deux points intéressans, ce que la France a été, ce que la France est devenue.

Du temps des Romains elle se nommoit la Gaule. Elle se divisoit alors en Gaule transalpine, c'est-à-dire au-delà des Alpes, et en Gaule cisalpine, c'est-à-dire en-deçà des Monts. La première embrassoit plusieurs pays ultramontains, le Piémont, le Milanois, et tout ce que l'on a nommé ensuite, pays Lombard. La seconde renfermoit le territoire immense qui depuis les Alpes et la Méditerranée va jusqu'à l'Océan, les Pyrénées et les Vosges.

L'empire romain s'étant écroulé de toute part, la Gaule dont il faisoit partie, devint la proie des Barbares du nord. Ils envahirent et partagèrent la domination romaine et l'empire Gaulois. La Gaule ultramontaine tomba sous le pouvoir des Goths et des Hérules. La Gaule, en deçà des Monts, composa plusieurs royaumes, celui des Bourguignons, celui des Ripuaires, celui des Saliens, celui des Francs. Ces trois derniers peuples, originaires du même pays, se réunirent, et ne formant qu'une seule puissance, sous le Sicambre Clovis, possédèrent la plus grande partie des Gaules, qui commencèrent à s'appeler, la France.

La première race des rois françois s'éleva par les conquêtes et s'anéantit par l'imbécillité et le fanatisme. La race ou la dinastie qui lui succéda, eut une assez longue suite de monarques, mais elle ne produisit qu'un seul grand homme. Ce fut ce Charle-Magne qui se saisit d'une main vigoureuse, et disposa d'une main libérale, de presque tous les états Gaulois, Allemands, et Italiens. Ce fut ce Charle-Magne, qui environné de

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