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toutes les Nations amies ou ennemies, voisines ou correspondantes de la France; et en qualité d'Homme, il doit avoir une idée du globe qu'il habite, et des hommes qui lui ressemblent. Il n'est pas, ainsi que l'animal stupide, borné à une prairie, à une étable, à une caverne : sa raison l'appelle à considérer un monde où il règne par l'industrie.

Le tableau que notre Feuille précédente a donné de la France, suffit pour montrer la richesse de ce vaste Royaume. Nous ajouterons simplement que chaque partie de la France possède un avantage distinctif. La partie méridionale, favorisée du soleil, abonde en olives, en figues, en muscats, en oranges. La partie septentrionale, au défaut des raisins, cultive les pommiers, les poiriers, le houblon. Elle supplée, â la boisson du vin, par celle du cidre et de la bière. La partie orientale abonde en minéraux L'occidentale, bornée par l'Océan, jouit de la ressource des ports de mer, dont Brest, le Havre, l'Orient, Dunkerque, Cherbourg et Calais sont les plus connus. Les ports de la Méditerranée, dans la partie méridionale de la France, ne sont pas moins connus, mais ils sont moins nombreux. Le port de Toulon est le principal. On croit même que c'est le meilleur de l'Europe. Là, et à Brest, sont nos escadres ou nos flottes; là, sont les deux grands chantiers où l'on construit nos vaisseaux. De Toulon à Brest, les géographes comptent près de trois cents lieues; et de Strasbourg à Bordeaux plus de deux cents.

SUPPLEMENT au Catéchisme de la Constitution.

DEMANDE. Vous avez oublié dans votre catéchisme quelques petits articles sur lesquels je voudrois être instruit ?

REPONSE. Parlez.

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D. D'abord, pourquoi définissez-vous la constitution, l'assemblage des lois constitutionnelles?

R., J'ai voulu distinguer les lois constitutionnelles d'avec les lois réglementaires.

D. Quelle est la différence des lois constitutionnelles et des lois réglementaires?

R. On nomme loi constitutionnelle, toute loi qui ne peut changer, sans que le gouvernement ne change de nature. On nomme loi réglementaire, toute foi qui n'est faite que pour régler l'administration et qui peut changer avec elle. Les lois constitutionnelles tiennent aux principes ; les lois réglementaires dépendent des circonstances.

D. Les lois constitutionnelles peuvent donc être com parées aux dogmes d'une religion, et les lois réglementaires aux formes et aux cérémonies du culte ?

R. Oui; mais avec deux différences; 1°. que les dogmes d'une religion sont des mystères impénétrables, et que les principes d'une constitution sont des vérités sensibles; 2°. que les cérémonies d'un culte sont indifférentes quelquefois, et que les règles du gouvernement sont toujours importantes.

D. Qu'entendez-vous par gouvernement?

R. Le régime intérieur et extérieur d'une nation; G

e régime extérieur embrasse tous les rapports d'une nation avec les nations voisines ou éloignées, amies ou rivales. Le régime intérieur comprend tous les détails qui concernent l'ordre public d'un Etat.

D. Existe-t-il plusieurs formes de gouvernement?

R. Presqu'autant que de peuples. Cependant on s'est accoutumé à n'en compter que trois, le gouvernement républicain, le monarchique et le despote.

D. Quel est le gouvernement républicain?

R. Celui dans lequel le peuple ou un sénat gouvernent ensemble ou séparément. Quand le peuple se gouverne tout seul, cela forme une démocratie absolue. Quand il est gouverné par un sénat héréditaire, cela produit une aristocratie complète.

D. Que signifie dans son origine ce mot démocratic ?

R. Le pouvoir du peuple. :D. Et ce mot aristocratie? R. Le pouvoir des grands.

D. Pourquoi donc le mot d'aristocratie est-il devenu si odieux ?

R. Pour deux raisons. La première, c'est que dans toutes les aristocraties, les grands ont paru des oppresseurs. La deuxième, c'est que nous avons nommé aristocrates tous ceux qui étoient privilégiés dans notre ancien régime, et qui voudroient faire revivre ce régime pour ressusciter leurs priviléges morts avec lui...

D. Etoient-ils aristocrates ou non?

R. Ils l'étoient, non pas de droit, mais de fait. Car ils formoient une classe d'hommes préférés et puissans qui prétendoient à tous les honneurs et à tous

les emplois par le seul titre de la naissance. Ils composoient ainsi une petite aristocratie dans une grande monarchie.SaLIA. shroq

D. Quelle est la meilleure monarchie?

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R. Celle où les représentans du peuple font les lois d'après les instructions du peuple même, et où le monarque les exécute dans l'esprit et dans la forme précise avec laquelle on les a établies.

D La noblesse est-elle, comme l'on disoit, inhérente à la monarchie?

R. Elle étoit inhérente à la monarchie comme le lierre est inhérent à un chêne dont il épuise la sève et dont il enveloppe l'écorce.

D. Quel étoit donc le vice radical de la noblesse? R. D'agrandir un nombre de citoyens, et d'abaisser et avilir même tous les autres.

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D. Ce vice étoit-il dangereux et nuisible pour l'état ?

R. Voici au juste son effet. Tout citoyen vouloit devenir noble. Tout noble vouloit paroître à la cour. Tout courtisan aspiroit à être favori ou ministre. Les favoris et les ministres se jetoient sur le trésor royal, et le trésor royal étoit un gouffre où se perdoient tous les revenus du royaume.

D. Mais le roi n'étoit-il pas le maître?

R. Il ne pouvoit voir de Versailles tous les coins, toutes les extrémités de la France. Sa cour lui cachoit, ainsi dire, son peuple: il sembloit n'être que le roi des gentilshommes.

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D. Ne pouvoit-on pas réformer la gentilhommerie sans la détruire?

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R. Elle étoit trop nombreuse en France pour la réparer à ce qu'elle est en Angleterre.

D. Ils ont donc tout perdu, les nobles?

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R. Ceux qui avoient un nom distingué dans l'histoire, n'ont perdu que des titres chimériques et des armoiries grotesques. Ceux qui joignent, au souvenir des exploits antiques, le mérite personnel, auront en même-temps les siècles passés et le siècle présent pour eux. Ils ont donc tout gagné.

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D. A-t-on le droit d'injurier ou de persécuter les aristocrates?

R. Ce seroit devenir aristocrate soi-même. Ce seroit agir en brigand, en bourreau, en despote.

D. Qu'appelle-t-on despotisme?

R. Le gouvernement arbitraire d'un seul homme, ou d'un seul corps, ou même de tous. Le sultan de Constantinople qui donne des lois sans consulter ses 'sujets, et qui les exécute comme bon lui semble, est un despote. Le sénat de Suède qui avoit envahi tout le pouvoir du monarque et tout celui de la nation, étoit un despote. Les soldats romains qui sous les empereurs, changeoient à leur gré de maître et de discipline, étoient une armée de despotes. Les François eux-mêmes, lorsque confondant la liberté et la licence ils ont brûlé les châteaux, décapité les citoyens sans les juger, méconnu, emprisonné, massacré des magistrats, des maires élus librement, étoient sans le savoir une populace de despotes.

Ce despotisme de tous, se nomme anarchie; c'est la dissolution de l'Etat. Lorsqu'un peuple est réduit à la nécessité de changer son gouvernement,

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