Page images
PDF
EPUB

ira livrer ses Etats à une invasion inévitable, pour en faire une dans le Royaume? Les armemens de ce Prince sont très-exagérés (nous en parlerons incessamment); ils n'ont pas eu d'autre motif que le maintien de l'ordre en Savoie, le dessein de prévenir une contrebande ouverte, et celui de préserver les Villes et les Campagnes, des Séducteurs étrangers, qui venoient y prêcher publiquezent la révolte, comme ils l'ont fait à Chambéry et à Montmélian.

De cette universalité de conjurations, on n'en voit réellement qu'une qui puisse faire naître des alarmes, c'est celle des Flottes Britanniques, faisant voile dans le mystère, et menaçant, si, comme on le pense, les differends avec l'Espagne sont conciliés, nos Colonies et notre Commerce, qui l'intéressent beaucoup plus que nos Décrets Constitutionnels.

Je ne parle pas ici des Princes Allemands, dont une négociation peut assoupir les démarches, et qui ne souleveront surement les principales Puissances d'Allemagne, que dans le cas où le maintien du Traité de Westphalie trouveroit une Ennemie dans la France, qui l'a garanti.

Redouter une Croisade des Puissances Etrangères contre la Constitution actuelle, et des Armées destinées à la détruire, c'est, il nous semble, placer mal-adroitement sa prévoyance. Les Conjurés à craindre, les Conjurés qui, en menaçant l'Europe entière, peuvent la soulever en effet, ce sont les Prédicateurs d'insurrections, ces Folliculaires qui insultent tous les Souverains, ces Clubs et leurs Ecrivains, qui tiennent école d'anarchie, enseignent l'art des calamités publi

ques, dispersent leurs Agens sur la face des Empires, pour y porter le trouble, le meurtre, la misère et la guerre civile, au nom de la Philosophie; ce sont ces sophistes incendiaires qui excitent les Peuples, non à invoquer avec modération le redressement des abus, le perfectionnement des Lois, la réforme des usages oppressifs ou humilians, les limitations de l'Autorité arbitraire, et les droits imprescriptibles de la liberté civile; mais à détruire toutes les Autorités, à proscrire les Souverains, à placer le despotisme dans la multitude, à considérer toutes les institutions existantes comme devant être le jouet de la force et de la séduction; à bouleverser la Société pour la régénérer, et à y parvenir par la violence, en effaçant, le sabre à la main, toute distinction parmi les hommes, toute inégalité de naissance, d'état et de fortunes, toute subordination aux Lois qui n'ont pas été dictées par la multitude.

:

Oh! certes, il ne faut pas douter que ces Projets de soulever par-tout les Peuples, et de corrompre les Armées, ne forcent bientôt toutes les Puissances à de redoutables précautions les moyens d'exécution dont on les menace justifieront leur résistance; car le Souverain le plus juste et le plus désintéressé aura le même intérêt que le Despote, à prévenir la ruine de son Pays, les brigandages, les assassinats, la dissolution de tous les liens, et l'oubli de tous les devoirs. Voilà les seuls et véritables motifs de crainte que nous pouvons entretenir, et personne n'osera dire que nous ne sommes pas maitres de les dissiper.

L'étendue nécessaire des Séances piécé

dentes nous réduit au sommaire de celle-ci et des suivantes, qui présentent moins d'in

térêt.

M. le Garde-des-Sceaux a envoyé à l'Assemblée un Mémoire de M, le Bailli de Virieu, Ministre de Malthe, et qui, au nom de son Ordre, réclame contre le Décret du 3 Juillet, par lequel il est statué que, les sommes provenans du rachat des Droits Féodaux appartenant à l'Ordre de Malthe ront versées provisoirement dans les Caisses de l'Extraordinaire.

se

M. Camus s'est plaint de ces réclamations qui traversoient sans cesse la marche de l'ssemblée. On ne doit jamais réclamer avec M. Camus; la seule vertu dont il permet l'exercice est la résignation muetie au reste, la note de Malthe lui a fourni l'occasion de faire un grand pas, et de demander que le Comité de Constitution, auquel se joindroient deux Membres de quatre autres Comités examinent tout ce qui concerne les Ordre de Malthe; de SaintLouis, du Mont Carmel et Saint-Lazare, de Saint Michel et du Saint-Esprit. L'Assemble l'a ainsi décrété, et nous allons voir incessamment cer Ordres vigoureusement travaillés, et peut être anéantis.

[ocr errors]

Après cette décision, M. Fréteau est parti d'un Traité de limites fait en 1769 entre la France et le Roi de Sardaigne, pour demander la formation d'un Comité de douze Mem- bres, qui examineroit tous nos Traités, et toutes nos Affaires Etrangeres, pour en rendre compte à l'Assemblee, qui pourvoira à la surete de l'Etat.

Sur l'observation de M. Regnaud de SaintJean d'Angely, l'Assemblée a trouvé incons-·

[ocr errors]
[ocr errors]

titutionnelle la seconde partie de cette Motion, qui enleveroit au Roi l'initiative. On s'est borné à décréter « la nomination d'un Comité de six Membres, chargés de prendre « connoissance des Traités existans entre la France et les Puissances Etrangeres, et des engagemens respectifs qui en résultent, pour en rendre compte à l'Assemblée, au moment où elle le demandera.

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

On a ensuite décrété, presque sans discussion, le Projet sur les Assignats, présenté le 25 par M. le Coulieux. 1o. Les Assi"gnats seront échangés contre les Billets de Caisse d'Escompte, à compter du 10 Août prochain; 2°. il ne sera délivré et échangé que 10 mille Assignats par jour, de 1000 liv. de 300 et de 200 liv. On constatera la brûa lure des Billets qui seront échangés pour des Assignats.

[ocr errors]

་་

"

"

LL

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

3°. Les sommes qui devront être fournies "au Trésor Public, continueront à lai être delivrées en Billets de Caisse servant de "promesse d'Assignats, sur l'autorisation "successive de l'Assemblée Nationale, jusqu'à la concurrence de 95 millions, laquelle somme avec celle de 170 millions, précédemment versée par la Caisse d'Escompre, et celle de 135 millions qui a été successivement fournie Jadite Caisse, complètera celle des 400 millions, montant total des Assignats qui ont été destiues au service des années 1789 et 1790, et qui éteindront en totalité les dettes de la Nation envers la Caisse d'Escompte.

[ocr errors]
[ocr errors]

"

[ocr errors]

"

[ocr errors]

par

M. Alexandre de Lameth a fait lecture du Plan Militaire du Ministre de la Guerre, qui demande une Armée active en temps de paix de 150 mille hommes, et de 100 mille

com

auxiliaires. Le Rapporteur a ensuite co paré ce Plan avec celui du Comité qui s'en écarte peu; mais qui réduit à 50 mille en temps de paix, le nombre des auxiliaires.

L'Assemblée Coloniale de Saint Domingue a pris un Arrêté, par lequel elle déclare qu'elle ne reconnoîtra d'autres principes constitutifs de la Colonie, que ceux décrétés dans son sein et sanctionnés par le Roi, c'està-dire, sans aucun concours de l'Assemblée Nationale. On voit que c'est-là précisément la marche que suivirent les Insurgens de l'Amérique Angloise : ils refusoient de reconnoitre la Suprematie du Parlement; on leur déclara la guerre pour les y forcer. M. Barnave a aujourd'hui justifié les principes du Parlement Anglois, en ecartant même la lecture de l'Arrêté de Saint-Domingue; lecture que sollicitoit. M. de Cocherel. Les Assemblées Provinciales de la Colonie ne partagent point, dit-on, les sentimens de l'Assemblée générale.

DU JEUDI. SÉANCE DU SOIR.

A l'évasion de M. de Bonne - Savardin quelqu'un aura pu croire que ce prisonnier et les complices de sa fuite, étoient montés en voiture en sortant de l'Abbaye, pour gagner sans délai les frontières du Royaume. Point du tout cet étrange Conspirateur est resté froidement aux environs de Paris; il est ensuite parti de Paris même; et son signalenient donné, il a parcouru la route de Châlons-sur-Marne, où il a été arrêté, dans la voiture et la compagnie de M. l'Abbé de Barmond, Député de Paris à l'Assemblée Nationale. Cette nouvelle à été annoncée ce soir par M. le Président; les Secrétaires

« PreviousContinue »