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I'berté, cassa les Municipaux, les manda à la Barre, et ordonna une nouvelle Election. Le sieur Herrenberger, Maire, qui se trou voit alors à Paris, au lieu d'appeler ses Col lègues, retourna à Schelestat. Il répandit que le Decret n'etoit que pour la forine; il donna des bals, des festins, et à l'aide d'un Parti tres- nombreux, se fit réélire, ainsi que tous les Municipaux, excepté celui dont l'Assemblée avoit approuvé la conduite. Ce n'est qu'après leur réelection qu'ils se rendirent à l'Assemblee Nationale, où ils présentèrent un Mémoire que le Comité des Rapports accuse de faux. De retour à Schélestat, ils y exciterent de nouveaux troubles; ils exercerent des violences contre leurs adversaires, firent dresser des potences, provoquerent l'insurrection des Troupes. Ils attirerent à eux celles qu'on envoya de Neubrisack et la niajorité de la Garde Nationale; l'Arsenal fut forcé; les armes prises, le tocsin sonné; les femmes et le Peuple crioient point de Magistrats, ni de Commissaires. On enferma dans un bataillon carré le Parti opposé, et on lui fit signer pardevant Notaire une Capitulation; le Commis saire du Roi ayant élé forcé de sortir de la Ville, à peine fut-il dehors, qu'on le coucha en joue, ainsi que le Commandant de la place; on les obligea de signer un Procèsverbal tissu de faussetés. Ces faits, attestés par les Commissaires du Roi, par le Direc toire du Département du Haut-Rhin, et par celui du District de Bennfeldt, ont donné lieu à un Décret qui ordonne l'information pardevant la Municipalité de Strabourg, pour être les Auteurs.des troubles et violences, et leurs complices, poursuivis

et jugés à la rigueur des Ordonnances. Défense au Maire de Schélestat et autres Offciers Municipaux, d'exercer aucune fonction publique, jusqu'au jugement des contestations par le Directoire du Département du Bas-Rhin, etc.

DU DIMANCHE 15 AOUT.

M. de la Luzerne a instruit l'Assemblée que la Municipalité, et la Garde Nationale de l'Orient, venoient de s'opposer à l'extraction des poudres nécessaires à l'armement de trois vaisseaux et de trois frégates; le Directoire du Département est entré dans leurs vues, et, malgré les ordres du Roi, l'armement n'a point eu lieu.

A Toulon, le Corps Electoral a prétendu forcer le Commandant de la Marine, M. de Glandèves, à délivrer au Peuple les armes de l'Arsenal, nécessaires à l'armement.

Sur les équisitions de MM. Goupil et Ma louel, l'Assemblée a improuvé ces excès, qui se multiplient avec les Décrets pour les prévenir, et fait défense aux Corps Administratifs de porter obstacle à aucune des mesures ordonnées par le Pouvoir exécutif.

M. Malouet s'est ensuite présenté à la Tribune, en réclamant, au nom de M. l'Abbé Raynal son ami, contre le Décret de prisede-corps sous lequel gémit ce célèbre Ecri- vain, depuis 1781, et qui le prive encore des droits de Citoyen actif. L'Opinant a proposé une formule de Décret, et a reçu de grands applaudissemens.

Ils n'ont pas cependant été unanimes. Divers Ecclésiastiques, entre autres M. 'Evêque de Clermont, a rappelé les principes attentatoires à la Religion même naturelle,

et au Sacerdoce, que contenoit l'Histoire Philos phique des deux Indes. M. Dufraisse s'est également opposé au Décret, en demandant, ou l'apport de la Procédure, ou le renvoi au futur Tribunal de Cassation. Quelques autres ont desiré qu'on retranchât du préambule l'eloge de M. l'Abbé Raynal; enfin, le Décret contre ce Nestor de la Littérature a été déclaré nul et non avenu, comme attentatoire aux droits naturels, inaliénables et imprescriptibles de l'homme.

Il va résulter de l'énoncé de ce motif, des milliers de réclamations, contre tous les Décrets ou Jugemens rendus depuis 30 ans, et qui paroîtront aux coupables n'être pas conformes aux Droits de l'homme.

La Séance a été terminée par un long Décret relatif à la forme du paiement des rentes sur le Clergé; nous le transcrirons la semaine suivante,

M. de Cazalès est hors de danger; du second coup de son Adversaire il avoit été blessé à la tête; heureusement son chapeau et sa position empêchèrent le coup d'être mortel. S'il a reçu pendant sa maladie des preuves touchantes et très nombreuses d'estime et d'atta chement, il a été aussi l'objet du déchaînement le plus féroce. Nous avons entendu regretter que son accident ne fût pas mortel, et l'on n'a pas craint de citer avec éloge le propos répété dans plusieurs lieux publics, au milieu des attroupemens, que si M. de Caza

lès eût tué M. Barnave, on l'auroit massacré lui-même. La fausse nouvelle de sa mort fut reçue par ces Cannibales avec une vive alégresse. Nous l'avons dit, et après en avoir été vingt ans les témoins, il n'est pas de sentiment honnête, pas de principe de morale, pas d'affection naturelle que le fanatisme politique n'empoisonne et ne dénature. Il change en tigres ceux qui sont nés grossiers et inhumains; il pervertit les Nations généreuses, et les accoutume aux inclinations féroces les moins compatibles avec leur caractère. Tel est aujourd'hui l'esprit de justice qu'on a inculqué à la multitude; quiconque ne pense pas comme ses Adulateurs est digne de mort, et celui qui en fera l'observation sera, ainsi que nous, affiché dans les Libelles sanguinaires où chaque matin le Peuple lit de nouveaux Arrêts de proscription, comme un vil esclave, un fauteur du despotisme, un Aristocrate désespéré. Voilà le cercle que parcourt maintenant la liberté en France.

sommes

Nous avons rendu très-succinctement les scènes effrayantes qui ont eu lieu à Metz le 7 de cé mois. Une grande partie des Régimens avoient auparavant réclamé des énormes sur la masse; les fonds de la Caisse Extraordinaire des Guerres servirent à ces libéralités. Ensuite le 7, 150 anciens Miliciens, imitant l'exemple des Regimens, se portèrent à l'Intendance, pour demander le décompte

de leur solde depuis 1775. Aidés de la multitude, ils en arracherent M. Depont, vieillard respectable, travaillé de la pierre, dont il devoit se faire operer le surlendemain après l'avoir comblé d'indignités, de mauvais traitemens, et menacé d'un supplice immediat, on lui extorqua un biliet de mille louis. Sur la requisition de la Municipalité, la Garde Nationale. se mit en marche, et enfin arracha M. Depont aux mains de ses bourreaux. Sans elle, M. de Bouillé le fils, qui courut le plus grand danger, péri soit ; plusieurs autres Personnes furent egalement maltraitées. On arbora le Drapeau rouge; le canon fut braqué devant l'Hotel-de-Ville, et les Municipaux eurent le courage de déclarer nul et de nulle valeur le billet arraché à l'Intendant. Le lendemain, les alarmes recommencèrent : cette fois, c'étoit une armée de brigands qui, disoit-on, brúloient les moissons. Nous avons deja parlé, ∙il y a trois semaines, du renouvellement de ces terreurs artistement.combinces, et qu'on a sur-tout repandues avec activité dans les Provinces Septentrionales, au moment où l'on a également affecté d'annoncer une prétendue invasion des Allemands dans le Royaume. De ces bruits artificieux, dont il n'est pas difficile de pénétrer le motif, a résulté l'armement presque universel des Habitans dans les Provinces fiontières.

De tous les traits qui caractérisent l'esprit actuel d'une partie des Régimens, il n'en est pas de plus curieux que celui-ci. Autrefois, c'étoient les Of fiçiers, ou le Gouvernement qui accor

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