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tionales de Montauban, qui demandoient à faire un Pacte fédératif avec les Villes voisines; mais nous-mêmes nous ne la connoissions pas, puisqu'elle n'a paru que le 30 Mars, et que notre Ordonnance est du 29.

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A l'Ordonnance du 29 Mars succéda celle du 13 Avril, rendue également sur mon réquisitoire. C'est cette Ordonnance qui est la base de toutes les inculpations dirigées contre nous. On la présente comme contraire au Decret par lequel vous avez ordonne que les Gardes Nationales resteroient dans le premier régime qu'elles avoient lors de leur formation, jusqu'à ce que leur organisation fût décretée. L'admission des huit nouvelles Compagnies dans la Garde Nationale étoit entièrement consommée avant que le Décret n'arrivât à Montauban; car il n'a été sanctionné que le 30 Avril. » Pouvoit-il avoir un effet rétroactif? Quelle étoit d'ailleurs la position de la Municipalité de Montauban? Qu'avoit-elle à opposer au droit naturel qu'a chaque Citoyen de concourir à Ja défense publique? Dira-t-on que c'étoit un Corps de Volontaires qui vouloit rester séparé? Mais le fait dépose absolument contre cette assertion. Enfin, si notre Ordonnance étoit juste au moment où elle a eté rendue, pouvoit-elle cesser de l'être depuis? Quel devoit être dans de telles circonstances, le rôle des Officiers Municipaux? Celui d'Arbitres et de Conciliateurs. Eh bien! nous n'avons pas cessé de l'êtrẻ un instant. Nous avons ouvert des Conférences où des Commissaires furent nommés. Jamais négociation ne commença d'une maniere plus favorable. Toutes les espérances s'évanouirent, la négociation es

suya des retards et des embarras, et la fatale journee du 10 Mai arriva.

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Le Commandant de la Garde Nationale a dit qu'il avoit reçu des pouvoirs pour acquiescer à tout. Eh! pourquoi ces offres de paix ne furent-elles pas apportées en diligence?

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Avant d'entrer dans les détails de l'affreuse scène du io Mai, qu'il nous soit permis de faire une réflexion genérale. Quand on calcule de sang-froid tout ce que la dence auroit pu suggérer dans une scene de trouble, on est porté à juger les autres d'après toute la prévoyance et le courage que l'on se suppose. Mais qui peut se flatter de conserver, dans une scene où le trouble Celate de tous les côtés, et s'accroit à chaque instant, ce sang-froid d'intrépidite qui pourvoit à tout, qui caime tout!»

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On reproche aux Officiers Municipaux de n'avoir pas développé un appareil menaçant contre les femmes attroupees à la porte des Couvens. Cette mesure étoit évidemment la plus dangereuse qu'on pût alors employer. On lui reproche d'avoir delivré des armes au Peuple. L'Officier Municipal qui les a delivrées, est un Protestant. On lui reproche sa lenteur a appeler le Régiment de Languedoc mais la distance des Casernes à la Maison Commune est d'une licue. Ces délais nécessaires étoient un affreux tourment pour les Municipaux. On leur reproche de n'avoir pas publié la Loi Martiale; mais le Drapeau rouge n'a-t-il pas été arbore? ..

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"J'énonce ici deux propositions formelles, et je les puise dans le propre récit des Gardes Nationales de Montauban, l'une, que les Officiers Municipaux n'étoient point

dans la Maison Commune au moment où le tumulte éclata; l'autre, que les Gardes Nationales ont commencé l'agression envers le Peuple. A l'égard du premier fait, il est dit positivement dans le récit des Gardes Nationales, que les Officiers Municipaux se sont transportés à la Maison Commune, au moment le plus orageux de la scène, ce qui dément l'assertion qu'ils y étoient au commencement. Les preuves de l'hostilité des Gardes Nationales ne sont pas moins concluantes. D'abord, ils se sont transportés armés à la Maison Commune, sans avoir pris les ordres de la Municipalité, ni l'autorisation de leur Commandant. Il y a surtout un fait prouvé, c'est que les coups de fusil ont été tirés du corps-de-garde. Ce fait est constaté par les Procès-verbaux des Chirurgiens, qui attestent qu'il y a eu dixhuit personnes du Peuple blessées. Les Gardes Nationales avoient donc des munitions, et, de dessein prémédité, ils étoient donc les agresseurs. Attribuer ces meurtres, comme on le fait, à la répercussion des balles contre le mur, c'est donner l'exemple d'une absurdité complète. M.de Puy-Montbrun,Commandant de la Garde Nationale, a lui-même dit, dans une Lettre signée, que tous les malheurs étoient dus à cette imprudente jeunesse. "

L'Orateur alloit examiner ensuite les différentes conclusions du Rapporteur: on l'ainterrompu par des clameurs, comme s' s'il manquoit à l'ordre et au respect du Comité; les Galeries joignoient leur opposition vociférante à celle d'une partie de l'Assemblée : cependant, le cri de la justice a prévalu,

et M. Lade a continué.

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Le Projet de Décret annulle la Procédure faite par le Présidial de Montauban; cependant, où sont les motifs de récusation? On n'en allègue aucun. Les Juges n'étoient ni parens, ni alliés des Parties: les Adjoints Notables sont Protestans et Catholiques. On a entendu successivement des témoins des deux Religions pour mieux s'assurer de la vérité. »

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En rétablissant la Garde Nationale sur

l'ancien pied ? on expose Montauban au plus grand danger: les nouvelles Compagnies ont prêté le Serment Civique. Comment tenter de les exclure? Enfin, la destitution de Magistrats que le Peuple regarde comme ses pères, est-elle calculée sur la prudence? »

Ce Discours de deux heures étant terminé, les Accusateurs de la Municipalité firent, lire par l'un d'eux, M. Dounoux, un Mémoire entièrement analogue par le style et par les faits, au Rapport du Comité. La Municipalité y est peinte, non pas comme coupable de négligence et de partialité, mais comme instigatrice de tous les meurtres, comme complice d'une foule de complots pour désoler le Midi du Royaume.

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Le mois de Février dernier, a dit le Lèçteur du Mémoire, vit éclore à Montauban un Comité Patriotique, composé de Négocians et d'Artisans, de jeunes gens pleins de zèle pour la Constitution. L'ancienne Municipalité eut avec ce Comité des relations pour l'achat des grains, qui furent utiles à la Ville de Montauban. Le moment des Elections arriva; les Privilégiés se réunirent. On réveilla les prétextes de la Religion. Les Protestans furent calomniés, menacés: tous No. 32. 7 Août 1790. B

les moyens de séduction furent employés; on eut même recours à l'appareil le plus menaçant. La nouvelle Municipalité fut élue; son premier acte fut de demander à la Garde Nationale les clefs de l'Arsenal, qui lui avoient été confiées par l'ancienne Municipalité; sans doute elle persoit déja à l'affreux usage qu'elle en a fait depuis. Nous ne retracerons point tous les détails de la conduite de la Municipalité, jusqu'à la fatale époque du 10 Mai. Tous ces faits ont été présentés par M. le Rapporteur : nous parlerons seulement des Assemblées que la Municipalité autorisoit; Assemblées séditieuses, où chaque mot respiroit la rév. lte et l'audace. La Municipalité faisoit à Montauban un Journal des Debats et Décrets, qu'elle falsifioit à son gré. Elle changeoit la destination d'un Octroi appliqué aux pauvres de la Ville, sans doute afin de les exciter mieux.

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Quant à la scène du 10 Mai, la populace attroupée défend d'abord les portes du Couvent. Elle se renforce par degré, d'armes, de piques, de bâtons, et va fondre sur la Maison Commune, où étoient renfermées les Gardes Nationales.

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"Le sieur Romagnas avertit plusieurs fois la Municipalité du danger où se trouvent Fes Gardes Nationales. On lui répond qu'il se plaît à se faire des hydres pour les combattre. Le Peuple se presse davantage autour de la Commune. Il dépave les rues.... Un des Officiers Municipaux fait signe aux personnes attroupées de se retirer, en disant: Voulez-vous nous tenir ici prisonniers comme on tient le Roi à Paris?... Le Commandant de la Maréchaussée offre de faire retirer tout ce monde, sans faire de mal à personne. On

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