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sions postées dans les détroits, et l'action se continua avec la plus grande vigueur. La ligne ennemie fut également renforcée par plusieurs bâtimens, et son aile gauche se porta de nouveau en avant. Vers les 4 heures, quelques-unes des plus grosses galeres ennemies furent mises hors de ligne, et baissèrent Pavillon; quelques-unes échouèrent; d'autres furent prises. A 6 heures, le feu prit à notre bâtiment Udena, qui ensuite coula bas. Un chebec ennemi périt pareillement; sur quoi ceux qui étoient plus petits se retirerent. Les plus gros continuèrent le feu jusqu'à 10 heures, lorsqu'ils mirent à la voile; quelques-uns toucherent sur la côte, et amenerent. L'obscurité de la nuit mit fin à la canonnade à 11 heures. L'on transporta les Prisonniers, et prit possession des bâtimens qui s'étoient rendus. Le 10 Juillet, à deux heures et demie du matin, la canonnade recommença. Une frégate Russe se rendit peu apres; et successivement l'on s'empara de plusieurs autres bâtimens ensemis plus petits. L'Ennemi se replia de tous ́côtés, et brûla lui-même tous ses bâtimens 'échoués. On le poursuivit jusqu'à 10 heures du matin. Les bâtimens que nous avons pris sont au nombre de quarante-cinq. Du chebec ennemi qui a coulé bas, l'on a pu sauver qu'un Officier et un Aide-Chirurgien; l'on ne sauroit fixer avec certitude le nombre des bâtimens que l'Ennemi a lui-même brulés ; on en a vu une grande quantité de debris, nous avons brûlé nous mêmes six de ceux qui étoient échoués. L'on ne sauroit non plus dire avec précision le nombre des Prisonniers; l'on sait seulement qu'il monte environ à 4500 hommes, et qu'il s'y trouve

210 Officiers. Notre perte consiste en un bâtiment nomrié l'Udema-Ingebor, 3 chaloupes canonnieres, et 2 jolles. Les Officiers que nous avons perdus, sont le Capitaine Baron Duben et 5 enseignes, outre 2 Officiers des Troupes de terre. Sur la flottille, il y a eu 3 Capitaines et 7 Enseignes blessés, et 2 Officiers des Troupes de terre. Nous avons pris 4 Drapeaux, quelques Etendaris 2 mortiers de fonte de 40 livres, 3 obusiers de 6, 4 canons de 24, 4 de 6, et 4 de 3 liv. "

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Le Prince de Nassau s'est retiré, avec les débris de sa flottille, à Fridéricshamm, d'où on lui a fait passer de Cronstadt quelques renforts : il se proposoit, le 13, de remettre en mer. La grande escadre Russe croisoit encore à cette date devant Sweaborg. L'on s'attendoit généralement à une action nouvelle. Aujourd'hui, abandonnée de son Allié, la Russie doit opter entre la paix, ou la nécessité de faire face avec des finances et des armées épuisées, à toutes les forces des Ottomans, des Suédois, et probablement de leurs Alliés.

De Vienne, le 6 Août.

C'est le 27 au soir, que le Prince de Reuss et le Baron de Spielman, Plénipotentiaires de S. M. A., et le Comte de Hertzberg, Ministre d'Etat du Roi de Prusse, signérent à Reichenbach les préliminaires de la paix. Cet acte consiste en une décla

ration et contre-déclaration, dont on ne connoît encore que les principaux articles. Il est certain que les Polonois s'étant roidis contre aucune cession nouvelle, la Prusse a ab indonné ses prétentions sur Dantziek, Thorn, et la Starostie de Dybow. D'après cette renonciation, et conformément au système permanent de Frédéric le Grand, son Successeur, a exigé le maintien de l'équilibre, et le sacrifice de notre part à tout agrandissement nouveau. Il a donc falla renoncer aux conquêtes faites sur les Turcs. Nos Plénipotentiaires ont insisté sur la conservation d'Orsowa, sur la démolition des ouvrages de Belgrade, et sur la fixation des limites de la Croatie, au delà de l'Unna. Ces différens points semblent n'être pas accordés, à l'exception du dernier sur lequel notre Cour pourra s'entendre avec la Porte. L'Armistice entre les Troupes de cette Puissance et les nôtres sera proclamée sans délai, et la paix définitive conclue sous la médiation des trois Cours de Londres, de Berlin et de la Haye. Les mêmes Puissances interviendront aussi dans la réconciliation des Pays-bas avec leur Souverain.

Cette transaction, au premier coupd'œil, si onéreuse à la Maison d'Autriche, résulte à la fois de la politique et de la nécessité. Il n'est pas vrat, comme l'affirment des Gazetiers, que nos

caisses fussent vides, et nos armées ruinées. Quoique trois campagnes et les ma ladies aient obligé le Gouvernement à de nouvelles levées très considérables : nous n'en avons pas moins 150,000 hommes de vieilles Troupes, excellentes, sous les Drapeaux. Malgré les dépenses énormes de la guerre, il s'en faut bien que nous fussions au dernier terme des ressources. Les revenus publies ordinaires et extraordinaires ont été payés sans interruption: l'Empereur a laissé un trésor important; son Successeur y a joint ses économies considérables.""

Mais en rejetant cette fausse idée d'é puisement, il est certain que la perte de Laudhon et de plusieurs Officiers Géné2 raux expérimentés, morts ou tués pendant la guerre, nous donnoient un désavantage marqué. La Prusse compte, au moins quatre Généraux d'élite, dont la réputation est fixée. Ses Troupes en troient toutes neuves en campagne : les finances de leur Souverain sont dans le meilleur ordre, et pouvoient au besoin être grossies par les ressources d'un Trésor de 150 millions d'écus. La Prusse étoit sûre d'Alliés puissans: nous n'en' avions pas un: la France he compte plus pour nous, et la Russie est trop embarrassée de sa propre défense. Le Roi au roit donc eu à soutenir la ligue la plus formidable, plus de 600 mille Soldats à combattre, et à la fin de deux campagnes

il eût peut-être difficilement acheté la, paix aux conditions même qu'il vient d'accepter: nous ne faisons pas entrer dans cette balance les Pays-Bas, dont la guerre eût consommé la perte, et auxquels les Alliés eussent très-probablement donné un autre maître. Si à ces différentes considérations, on ajoute celle du caractère sage et pacifique de S. M. A.; l'improbation qu'il a manifes tée de cette guerre inconsidérée aux Ottomans, guerre où la Russie entraîna l'Empereur, et dont ce Prince a expié cruellement la faute, on se persuadera qu'en en perdant les fruits pour conserver la paix de l'Allemagne, le Roia montrẻ autant de sagesse que de prévoyance.

L'administration intérieure de ses Etats, dont quelques parties ne sont pas exemptes de l'agitation qui accompagite un nouveau règne, sous lequel on à à réclamer contre les abus du précédent, exigeoit encore du Monarque ce retour de la tranquillité extérieure. Les Etats de Bohême, ceux de la Moravie, de la Gallicie, ont formé des demandes: elles seront écoutées et jugées avec plus de maturité, au milieu du calme.

Quant à la Hongrie, il y règne toujours beaucoup de fermentation, sur les motifs de laquelle le Public se méprend, et forine des conjectures chimériques.

La Noblesse Hongroise jouissoit autrefois de grands priviléges; ils furent diminués suc

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