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détachement des Milices Avignonoises s'y rendit dans l'intention de troubler l'Election Municipale, pour seconder la Minorité. Le Peuple voulut s'opposer à ce dessein ; on tira sur lui, et animé par la vengeance, il se saisit du Chef de la Minorité, et le mit à mort. Quelques autres Personnes ont été tuées ou blessées. Un plus grand nombre auroit sans doute péri, si les Milices ou Gardes Comtadines ne fussent pas arrivées, et n'eussent mis l'ordre. Le rassemblement de ces Gardes fit naître l'idée d'en profiter pour détruire la tyrannie sous laquelle gémissoit depuis quelques mois Cavaillon, seconde ville de la Province. Un ancien Soldat de la Marine s'y étoit fait Colonel d'une Troupe appelée la légion des Cavares; et, appuyé du Peuple nombreux de la campagne qu'il avoit séduit, il exerçoit une autorité despotique. Craignant de la perdre par les mêmes moyens qu'il l'avoit usurpée, il crut devoir répandre la terreur, en faisant élever une potence, et courir des listes de proscription. Cette potecee remplissoit un espace considérable en face de la Maison-Commune. Tous les ouvriers avoient été forcés, sous peine de la prison, d'y enfoncer huit énormes crochets, et les autres Citoyens de toucher cet infame gibet, autour duquel on avoit fait promener la Musique Militaire. Le Tyran -étoit en correspondance avec les Municipaux d'Avignon; ceux-ci même se montroient dans la Ville, et y encourageoient ouvertement leurs partisans. Le Rédacteur du Courrier d'Avignon, le Sieur Tournal, annonce avec des expressions dignes des Cannibales, et avec cet accent de la joie, qui ne peut sortir que d'une ame atroce, l'érection de cette

affreuse potence. Par-là le bruit s'en répandit rapidement, et excita un tel sentiment d'indignation, que les Milices Comtadines volèrent de par-tout, et plusieurs même, saus être commandées, à Cavaillon. Elles s'y portèrent successivement au nombre d'environ 11000 hommes. Les premières étoient déja entrées dans la Ville, y avoient fait abattre les gibets, et les Commissaires conciliateurs de L'Assemblée représentative avoient rétabli l'ordre. Le peuple leur désigna l'auteur de ces maux, et les obligea à le faire arrêter. En conséquence, il fut saisi et livré au Pouvoir Judiciaire. Toute cette expédition se fit sans le moindre trouble, sans effusion de sang; enfin, il y régna une discipline admirable, et une harmonie dont les Troupes réglées n'offrent pas toujours l'exemple. Sur ces entrefaites, le vertueux Maire d'Orange, M. d'Aymard, offrit sa médiation, sans laquelle les Milices du Comtat se seroient toutes ainsi portées à Avignon pour y venger l'humanité si cruellement outragée, et y éteindre un foyer perpétuel de discorde. Les Municipaux font fous leurs efforts pour entretenir la fermentation populaire. Le Curé d'une Paroisse de cette Ville trahit son Ministère de paixyati point de les seconder ouvertement. Ces jours derniers, l'Hôtel de Crillon courut grand risque d'être brûlé; on préparoit déja les torches et les fagots; des Milices étrangères sont logées et nourries aux dépens des Particuliers, et sous prétexte de veiller à la sureté publique, on ruine les Citoyens, absens et présens, de cette malheureuse Cité, auparavant si fortunée et si tranquille. Voilà, Monsieur, des faits certains que des Folliculaires imposteurs cher

cheront en vain à déguiser ou à dissimuler; ils font pleuvoir sur l'Assemblée représentative du Comté Venaissin, une grêled'injures, et semblent avoir concerte entre eux un systême suivi de calomnies. Ils représentent cette Assemblée, qui suit en tout les Décrets de celle de France, et voudroient seulement les faire adopter sans cominotion et en gardant une fidélité inviolable à son bienfaisant Souverain; ils représentent, dis-je, cette Assemblée comme un nid, un foyer, un cratère d'aristocratie, un sabbat aristocratique, etc. Votre Journal est l'asyle de la vérité, et vous en êtes le zélé, le courageux et l'énergique défenseur; je vous prie donc de donner une place à ma Lettre, consacrée à révéler cette auguste vérité aux Personnes que le fanatisme politique, ou la rage des partis n'ont pas entierement aveuglés.

En attendant que le Comité pour l'affaire d'Avignon fasse son rapport à l'Assemblée, les Prisonniers gémissent toujours dans les fers, et sont entassés les uns sur les autres à Orange. Le sage Maire de cette Ville a écrit à cet égard les lettres les plus fortes et les plus touchantes à l'Assemblée Nationale. « L'hu«<<manité se soulève, dit-il, en voyant << l'innocence reconnue gémir dans la captivité, et les droits de l'homme aus « si indécemment violés. Accoutumés à << voir nos lettres à l'Assemblée Natio«nale sans réponse, nous ne nous re

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<< buterons pas, et elle recevra au moins « deux fois par semaine une de nos Epi

«tres. »

Les Numéros sortis au Tirage de la Loterie Royale de France, le 2 Août 1790, sont : 46,66, 90, 57, 87.

SUPPLÉMENT à l'article de Paris, & aux Nouvelles étrangères.

Le Jeudi 12 août 1790.

Pour répondre au vœu de la plupart de nos foufcripteurs, nous leur donnerons, comme autrefois, un fupplément additionnel, tel. que celuici, qui contiendra la fubftance des décrets, & les nouvelles des trois ou quatre premiers jours de la femaine, lorfqu'elles n'auront pu entrer dans le corps même du journal.

ENFIN,

la cour de Londres a reçu & fait publier le 5, la décla tation & la contre-déclaration dont elle eft convenue avec l'Espa gne. L'une & l'autre ont été fignées à Madrid le 24 juillet elles font conformes à ce que nous en avons annoncé. Le fecrétaire d'état a fur le champ fait paffer cette nouvelle au lord maire, pour la répandre dans la cité, & le jour même, les trois pour cent confolidés, qui étoient à 75, font montés a 78, les autres fonds publics à propor tion, Chacun remarque à Londres, comme nous l'avons fait ici, que cette convention laiffe indécis le principal article du différend Içavoir la poffeffion de la baie & des côtes de Nootka, & qu'on ne peut par conféquent, la regarder que comme un préliminaire. A la date du 7, aucun ordre de défarmement n'étoit encore donné : le 5 on avoit même encore mis en commission le Duke, de 98 canons ; & ordonné aux vaiffeaux le Tremendous, le Warrior, le Majeftic, la Défenfe & l'Hector, tous de 74 canons, de defcendre la Tamife & de fe rendre de Chatham à Portfmouth, L'opinion prefque générale eft que le défarmement fera feulement partiel, & que la fituation des chofes dans la Baltique, ainsi que dans le refte de l'Europe, exige précaution.

:

La convention preliminaire fignée le 25 juillet à Reichenbath, est analogue à celle qui vient de différer une rupture entre l'Espagne & l'Angleterre ce n'eft point un traité de paix, on a feulement figné des bafes de pacification, qui ne font en aucune manière, les abfurdes inventions qu'on aura pu lire dans les feuilles de Paris. Voici la vérité. Les chofes feront remifes entre les deux cours de Vienne & de Berlin, en l'état où elles étoient avant leurs diffentimens. -- Le roi de Hongrie reftituera les conquêtes faites fur les Turcs; mais les fortifications de Belgrade feront démolies : l'armistice aura lieu fans délai, en attendant la paix définitive entre la Porte & la maifon d'Autriche: cette paix fera traitée par la médiarion, & ajoute-r-on, fous la garantie de la Pruffe, de l'Angleterre & de la Hollande. Ces trois puiffances concourront par leur influence à la foun.iffior. des Pays-Bas, à leur légitime fouverain: on ajoute ici un article en faveur des inté

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