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De Francfort sur le Mein, le 4 Août.

Les divers Ambassadeurs Electoraux arrivent ici successivement: le Nonce du Pape, venant de Vienne, est ici avec sa suite, depuis quelques jours. L'époque de l'Election est encore incertaine: notre Magistrat a demandé qu'elle fût remise après la Foire de Septembre.-En sa qualité de Vicaire de l'Empire, l'Electeur de Saxe a conféré la dignité de Comte du St. Empire au Baron de Loben, son second Ambassadeur à la Diète d'Election.

Nous avançâmes, le mois dernier, que le sort de Liége et celui des Pays-Bas Autrichiens dépendroient de l'issue du Congrès de Reichenbach. Cette conjecture semble confirmée par l'absence totale d'événemens dans ces deux Contrées si menacées. L'Armée des Cercles, rassemblée presqu'en entier, s'est bornée jusqu'ici à assujettir au serment de fidélité envers le Prince de Liége, et d'obéissance aux Décrets de la Chambre Impériale, les Villes de Maseyck, de Stockem et quelques autres Districts du Comté de Looz. Les Liégeois prétendent que ce Serment a été extorqué d'autre part, on assure que les Habitans s'y sont prêtés trèsvolontairement, et qu'en général le Plat-Pays épouse assez froidement les intérêts de Liége. Cette Ville annonce dans les Gazettes, que son Armée est de 36 mille hommes des avis de Mastricht réduisent ce nombre à 8 mille Volontaires au plus, qui ne sont

même pas permanens sous les Drapeaux. Quoi qu'il en soit de ces rapports contradictoires, la Chambre Impériale continue à fulminer des Décrets, et Liége à achever sa révolution : dernierement, elle a élu sa Municipalité, d'après un nouveau plan qui se rapproche à quelques égards des Lois Françoises. Mille Votans seulement, ou Citoyens actifs ont concouru à cette Election, passablement Aristocratique, puisqu'elle est exclusivement l'ouvrage de la 40°. partie environ des Habitans máles de la Ville.

P. S. Nos Lettres de Berlin, en date du 29 Juillet, et celles de Vienne du 1er. de ce mois, annoncent positivement la signature d'une Convention préliminaire entre les Cours de Prusse et de Vienne, définitivement arrêtée à Reichenbach, le 25 du mois dernier. Les articles seront connus dans peu de jours; l'Armistice entre l'Autriche et la Porte est déterminé. Divers Courriers particuliers ont confirmé cette grande nouvelle.

La poste des Pays-Bas nous apporte en ce moment l'avis dun autre événement. Les Troupes Belgiques, cantonnées dans le Duché de Limbourg, ont été enveloppées, le 3, par les Autrichiens, à Sprimont, à trois lieues d'Herve; une partie est restée sur le champ de bataille; le Village a été forcé; canons, fourgons, tentes, bagages, tout est resté aux mains des Autrichiens, ainsi

qu'un nombre de Prisonniers. Comme les actions précédentes, celle-ci a été une déroute. Les Belges ont évacué le Limbourg, et au départ des Lettres, les Autrichiens alloient occuper Herve.

GRANDE-BRETAGNE.

De Londres, le 6 Août.

Le nouveau Parlement qui devoit se rassembler le ro de ce mois, vient d'être prorogé par le Roi, en son Conseil, au 12 Octobre prochain. Le grand nombre en a induit que la guerre avec l'Espagne étoit inévitable; et le petit nombre, qu'il existoit des négociations entamées, que l'espace de deux mois termineroit, et dont on communiqueroit alors le résultat au Parlement.

(Ce dernier avis est le plus juste, puisque le différend avec l'Espagne est, si non définitivement arrêté dans toutes ses parties, du moins éludé par la transaction que nous avons rapportée la Semaine dernière, et dont le 3 on n'avoit encore nulle connoissance à Londres. )

Au milieu des raisonnemens et des spéculations en l'air, les fonds ont haussé, sans que les armemens aient encore discontinué aucun ordre de les suspendre, de rallentir la presse, de faire rentrer les vaisseaux, n'est encore sorti de l'Amirauté. Milord Howe est à Spithéad

avec l'escadre qui doit se réunir à celle de Torbay; il paroît qu'on attend l'arrivée d'un Courrier de Madrid, pour lui envover ses derniers ordres.

LOracle prétend qu'à l'issue d'un Conseil tenu hier, on a expédié l'ordre de faire passer huit vaisseaux de ligne de 64 canons, et quatre frégates dans la Baltique, pour secourir le Roi de Suède. Ce Papier public est le seul à donner cette prétendue information, que sa nature et sa célérité rendent également suspecte.

La grande flotte de Torbay une fois réunie, seroit forte de 53 navires, dont 32 vaisseaux de ligne. Le total des vaisseaux de ligne en Commission est de 53, outre sept vaisseaux de 50 canons; 66 frégates et 64 sloops. Les stations extérieures sont comprises dans ce dénombrement.

De l'état général de la Marine Britannique en ce moment, il résulte qu'elle est composée de 154 vaisseaux de ligne, dont 9 en construction, 5 de roo canons, et 19 de 98; 19 de 50; 133 frégates et 102 sloops. Total, 418. Plus d'un tiers de ces bâtimens a été reconstruit à neuf, ou construit depuis la dernière guerre; 44 vaisseaux de ligne sont de ce dernier nombre.

Le total de la dette publique, rachetée au rer. de ce mois, est de 5,997,900 I. sterl.

L'élection des 16 Pairs d'Ecosse à la Chambre Haute du Parlement s'est faite

à Edimbourg 13 Candidats qui ont réuni la supériorité des voix, sont déclarés élus : les trois autres places sont disputées entre cinq Pairs, qui chacun ont eu 33 suffrages. Milord Stormonta eu le plus de voix : il en a réuni

42.

L'Ecosse, l'Angleterre et l'Europe entière ont perdu dernièrement le célèbre Adam Smith, Auteur de la Théorie des Sentimens moraux, et dn fameux ouvrage de la Richesse des Nations dont les trois premiers livres seront éternellement classés, dans ce petit nombre de productions qui attestent les lumières d'un siècle, et le génie de la Philosophic. M. Adam Smith s'occupoit d'une Htoire de la Philosophie, dont les motėriaux étoient, dit-on, très-avancés (1).

(1) Un des Hommes de Lettres les plus capables d'un Ouvrage distingue, M. l'Abbé Morellet, a oit traduit la Richesse des Nations, avec des notes. Pas un Libraire de Paris n'a voulu se charger de ce travail pécieux. On sent qu'un Ouvrage de ce genre ne pouvoit être traduit utilement, que par un Auteur digne lui-même de faire un Ecrit utile, et qui, à la connoi-sance de l'Anglois, joignit celle des Matieres traitees par son Original.

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