Le dix-huitième siècle à l'étranger: histoire de la littérature française dans les divers pays de l'Europe depuis la mort de Louis XIV jusqu'à la Révolution française, Volume 1

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Analyse : (vol. 2, ch. XVI, "Neuchâtel", p. 122-125) Dans ce chapitre consacré à Madame de Charrière, l'auteur aborde ses relations avec Constant, dont il donne une image peu flatteuse.
 

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Page 243 - Après plusieurs heures de course inutile, las et mourant de soif et de faim, j'entrai chez un paysan dont la maison n'avait pas belle apparence, mais c'était la seule que je visse aux environs. Je croyais que c'était comme à Genève ou en Suisse où tous les habitants à leur aise sont en état d'exercer l'hospitalité. Je priai celui-ci de me donner à dîner en payant. Il m'offrit du lait écrémé et de gros pain d'orge, en me disant que c'était tout ce qu'il avait.
Page 325 - On hait le bal , on hait la comédie. Du grand Rameau l'on ignore les airs : Pour tout plaisir Genève psalmodie Du bon David les antiques concerts , Croyant que Dieu se plaît aux mauvais vers : * Des prédicans la morne et dure espèce Sur tous les fronts a gravé la tristesse.
Page 246 - Cette ivresse avait commencé dans ma tête, mais elle avait passé dans mon cœur. Le plus noble orgueil y germa sur les débris de la vanité déracinée. Je ne jouai rien : je devins en effet tel que je parus; et pendant quatre ans au moins que dura cette effervescence dans toute sa force, rien de grand et de beau ne peut entrer dans un cœur d'homme, dont je ne fusse capable entre le ciel et moi. Voilà d'où naquit ma subite éloquence...
Page 252 - Que le chantre flatteur du tyran des Romains, L'auteur harmonieux des douces Géorgiques, Ne vante plus ces lacs et leurs bords magnifiques. Ces lacs que la nature a creusés de ses mains Dans les campagnes italiques ! Mon lac est le premier : c'est sur...
Page 267 - Je ne vous aime point, monsieur, vous m'avez fait les maux qui pouvaient m'être les plus sensibles, à moi votre disciple et votre enthousiaste. Vous avez perdu Genève pour le prix de l'asile que vous y avez reçu; vous avez aliéné de moi mes concitoyens pour le prix des applaudissements que je vous ai prodigués parmi eux. C'est vous qui me...
Page 255 - Si quelqu'un doit se plaindre des lettres, c'est moi, puisque, dans tous les temps et dans tous les lieux, elles ont servi à me persécuter; mais il faut les aimer, malgré l'abus qu'on en fait, comme il faut aimer la société dont tant d'hommes méchants corrompent les douceurs; comme il faut aimer sa patrie...
Page 339 - Qu'érigé par ton ordre en Lucrèce nouveau, Devant toi, d'une main hardie, Aux superstitions j'arrache le bandeau; Que j'expose à tes yeux le dangereux tableau Des mensonges sacrés dont la terre est remplie, Et que ma philosophie T'apprenne à mépriser les horreurs du tombeau Et les terreurs de l'autre vie.
Page 268 - Mais qu'un Jean-Jacques , un valet de Diogène, crie , du fond de son tonneau, contre la comédie, après avoir fait des comédies (et même détestables); que ce polisson ait l'insolence de m'écrire que je corromps les mœurs de sa patrie ; qu'il se donne l'air d'aimer sa patrie (qui se moque de lui); qu'enfin, après avpir changé trois fois de religion, ce misérable fasse. une brigue avec des prêtres sociniens de la...
Page 313 - Mais ses vils et lâches compatriotes, au lieu de l'écouter, le prirent en haine précisément à cause de son génie et de sa vertu qui leur reprochaient leur indignité.
Page 235 - Là, tout en me promenant, je faisais ma prière qui ne consistait pas en un vain balbutiement de lèvres, mais dans une sincère élévation de cœur à l'auteur de cette aimable nature dont les beautés étaient sous mes yeux.

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