Entretiens de Phocion: sur le rapport de la morale et de la politique

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Librairie de la Bibliothèque nationale, 1882 - Political ethics - 160 pages
 

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Page 114 - S'il est puissant , en renonçant à ma modération , dois-je être assez mal habile pour lui fournir un prétexte de m'asservir ? Qu'ai-je à craindre de cette politique artificieuse qui ne veut que tromper, si je sais attendre patiemment qu'elle ait épuisé ses ruses et ses fraudes , et la réduire à me donner des signes certains de sa bonne foi , avant que de traiter avec elle ? Si votre voisin acquiert une ville ou une province , acquérez une nouvelle vertu , et vous serez plus puissant que...
Page 143 - En suivant , mon cher Aristias , dans la culture des vertus, l'ordre que je vous ai indiqué , vous verriez tomber les vices les plus pernicieux à la société ; car rien n'est plus opposé à l'avarice prodigue que la tempérance. L'amour du travail détruira la...
Page 25 - ... nee erit alia lex Romae, alia Athenis, alia nunc, alia posthac, sed et omnes gentes et omni tempore una lex et sempiterna et immutabilis continebit, unusque erit communis quasi magister et imperator omnium deus...
Page 41 - ... pas par avoir pour citoyens des hommes accoutumés à pratiquer les devoirs de la vie privée? Il faut qu'un peuple sache estimer la vertu pour donner à ses magistrats le courage et la constance nécessaires dans l'exercice de leurs fonctions. Il doit aimer la justice pour désirer un magistrat toujours juste , toujours ferme, toujours aussi inflexible que la loi. Des citoyens corrompus le redouteroient; sa probité 'leur seroit à charge. Ils lui préféreront un Cléon qui flatte leurs vices,...
Page 16 - Qui pourrait mieux me guider dans cette carrière que vous, Phocion, qui avez acquis à juste titre une si grande réputation à la tête de nos armées, dans le sénat et notre place publique? Je ne sais pourquoi nos affaires vont si mal; car Athènes, qui n'est plus barbare, a tout ce qu'il faut pour être la première république du monde. Tout abonde ici de toutes parts; nos richesses (1), nos talents et notre industrie apportent parmi nous les délices de toute la terre.
Page 89 - Elles ne nous auroient donné que des vertus d'esclaves , si nous avions eu la lâcheté d'y obéir. La peine de mort, qu'il décerne contre les moindres fautes, ne sauroit être trop rare. Voulez-vous rendre l'amour de la gloire plus vif et plus général ? Que la honte vous suffise pour punir les coupables. Ce n'est qu'une morale outrée , et conduite par une haine aveugle contre les vices, qui les confond tous; en voulant faire aimer la vertu , elle .détruit le sentiment d'humanité qui en est...
Page 51 - Il etoit effrayé dans l'aristocratie de l'orgueil et de l'avarice des grands , qui croyant que tout leur est dû , sacrifieront sans scrupule les intérêts de la société à leurs avantages particuliers. Il redoutoit dans la pure démocratie les caprices d'une multitude toujours aveugle , toujours extrême dans ses désirs, et qui condamnera demain avec empor.tement ce qu'elle approuve aujourd'hui avec enthousiasme.
Page 133 - Cantillon. N*en faut-il pas conclure que ce n'est qu'une politique fausse et erronée, qui regardera comme le principe du bonheur de l'état, un moyen qui ne procure des richesses que pour amener à leur suite la pauvreté ? La vraie politique veut une félicité plus durable.
Page 115 - S'il asservit un peuple assez lâche pour ne pas défendre avec vigueur son indépendance, quel sera le fruit de cette brillante conquête ? Des poltrons seront-ils plus braves pour servir leur nouveau maître, qu'ils ne l'ont été pour conserver leur liberté ? Il subjuguera, direz-vous, une nation courageuse. Mais plus il aura de peine à la vaincre, plus il se défiera de son obéissance et de sa fidélité. Pour ne pas craindre ces vaincus indociles, il faudra les humilier, les rendre timides,...
Page 126 - ... d'avoir une flotte et de soudoyer une armée. Mon cher Aristias , lui répondit Phocion ," ces belles maximes inventées par l'avarice , et que nos Athéniens répètent aujourd'hui par habitude , vous ne les auriez pas entendues , quand nos pères vainquirent les Perses à Marathon et à Salamine. Regardant alors la tempérance , l'amour de la gloire et du travail , le courage et la discipline comme le nerf de la guerre et de la paix ; ils méprisoient l'argent, et il leur fut inutile.

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