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Quand on fuppoferoit, d'après M. Berthier & Sectateurs, que la pefanteur augmente en raifon directe, des diftances du quarré des diftances, ou même du cube des distances, ( ce qui eft contraire à la plupart des phénomènes de la nature, entr'autres à celui de l'accé lération dans la chûte des corps) la différence des poids fera également appréciable, à caufe des pe ites diftances qu'on peut fe curer. Mais d'où vient donc cet excès de pefanteur qu'ont obfervé MM Berthier & David dans les poids fupérieurs, & les autres qui ont tenté les mêmes expériences tant dans les poids fupérieurs qu'inférieurs? C'eft fûrement quelque accident ou quelques caufes qui n'ont point été apperçues, apperçues, mais qui font indépendantes de la pefanteur.

PROBLÊ ME A RÉSOUDRE.

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Pro

On a obfervé conftamment dans les mines entr'autres dans fes mines de charbon de Montrelay, mines de plomb de Pontpean, & autres mines de Bretagne, que les eaux & fources fouterreines font plus abondantes & plus fortes la nuit que le jour, c'eft à dire, une quantité quelconque de feaux d'eau tirée pendant le jour faifant baiffer l'eau des fonds d'un ou deux pieds; la même quantité tirée pendant la nuit, la fera baiffer au plus de quelques pouces, & même le plus fouvent ne fuffira que pour l'entretenir à fon niveau. On demande aux Phyficiens les causes & la théorie de ce phénomène ?

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Par M. PARMENTIER, Penfionnaire du Roi, Maître Apothi caire de Paris, Membre de l'Académie Royale des Sciences, BellesLettres & Arts de Rouen, &c.

L'AVANTAGE que j'ai eu de faire connoître en France les différens travaux de M. Model, les bontés particulières dont il m'honoroit, l'eftime & lamitié qu'il m'a confervées jufqu'au dernier instant de sa vie, font des motifs allez puiffans pour m'impofer le trifte devoir d'annoncer la perte que la Pharmacie vient de faire de 1775. JUILLET.

ce favant Chymifte. Pourrions nous en même tems nous difpenfer de femer quelques fleurs fur fa tombe? Pourrions-nous refufer de payer à fa mémoire le jufte tribut de reconnoiffance que nous lui devons, à tant de titres ? Pourrions nous enfin ne pas dépoter nos véritables regrets dans un ouvrage, où plus d'une fois fon nom a été cité avec éloge, & qui va encore publier le dernier fruit de

fes veilles.

Jean-Georges Model, Confeiller de la Cour, premier Apothicaire de Sa Majesté l'impératrice de Ruflie, Chef des Pharmacies Raffes, Affeffeur du Collège de Médecine, Membre de l'Académie Impériale des Sciences de Pétersbourg, & de la Société Economique de la même ville, de l'Académie Electorale de Bavière; & de celle de Harlem, naquit à Neustadt-fur l'Aifch en 1711, d'une famille honnête, qui ne négligea rien pour fon éducation. La pureté & l'élégance de fa latinité, l'érudition agréable répandue dans fes écrits, l'époque brillante de fon début dans la carrière pénible de la Chymie; toutes ces circonftances en un mot font préfumer que le cours ordinaire de fes études finit de bonne heure, & avec beaucoup de diftinction.

Une inclination naturelle pour la Pharmacie, détermina M. Model à embraffer cette profeflion; mais voyant dun côté les connoillances étendues qu'elle exigeoit, & de l'autre l'utilité réelle dont elle étoit au genre humain, il fentit que pour l'exercer d'une manière éclairée & avantageufe à fes concitoyens, il falloit néceffairement aller l'érudier dans quelque grande ville. Obligé en conféquence de quitter la maifon paternelle, & de s'éloigner de parens qui le chériffoient il parcourut d'abord les Provinces d'Allemagne les plus voifines de la fienne, & vint enfuite à Nuremberg, où il féjourna pendant plufieurs années. Le defir exceffif de s'inftruire le conduifit comme par instinct chez les plus fameux Apothicaires de cette Capitale du Duché de Wirtemberg. Ceux ci intéreffés à la gloire & aux progrès de leur art, dans lequel ils étoient diftingués, s'apperçurent bientôt que leur jeune élève étoit destiné à jouer un rôle fur la Scène Chymique. Ils ne le perdirent pas de vue, & cherchèrent à développer fes talens naiffans, en lui fournitfant tous les moyens poflibles d'acquérir des lumières dans l'une & l'autre Pharmacie. Le tems en effet a prouvé que leurs conjectures étoient fondées, & que leurs foins ne furent ni infructueux, ni oubliés de la part de celui qui en avoit été l'objet : car l'affection & l'attachement de M. Model envers fes maîtres eftimables & généreux durèrent autant que fa vie, & lorqu'un tendre fouvenir retraçoit à fon cœur reconnoiffant l'image des obligations infinies qu'il leur avoir, il fe laiffoit toujours entraîner à la douce impulfion de la gratitude la

plus marquée: délicieufe jouiffance pour une ame fenfible & honnête qui pofsède cette qualité fi précieufe, & malheureufement fi rare, celle d'apprécier & de reconnoître la valeur du bienfait !

Né avec des difpofitions très heureufes, & une ardeur fingulière pour l'étude M. Model ne tarda pas à enrichir les Journaux de fes recherches & de fes obfervations. Le commerce littéraire de Nuremberg, cette feuille hebdomadaire autrefois fi renommée par la multitude des découvertes importantes en tout genre qu'elle renfermoit, fut le recueil qu'il adopta de préférence pour publier fes premiers effais; & il faut convenir que fes premiers effais furent des coups de maître armé de l'expérience, il attaqua d'abod, & combattit avec fuccès des erreurs d'autant plus difficiles à détruire qu'elles étoient accréditées par de grands hommes; enfuite, il ofa hafarder une opinion fur la primordialité des acides minéraux; puis, il démontra l'inutilité & l'abus des rectifications employées pour les huiles animales enfin, il propofa une théorie nouvelle & ingénieuse, concernant la formation des eaux minérales. En falloit-il davantage pour donner de fes talens l'idée la plus avantageufe, & faire delirer qu'il continuât de les cultiver ?

A peine M. Mod:1 avoit-il atteint 21 ans, qu'il s'étoit déja fair une réputation; fon nom qui remplifoit toute l'Allemagne, parvint jufqu'en Ruffie; dans ce vafte Empire où l'on a un foin particulier de raffembler les Sciences de toutes parts. Plufieurs de nos Académiciens François dont les noms feront immortels dans les Mathématiques, furent appellés pour les y faire connoître & les répandre. La Chymie & la Pharmacie demandoient également un Apôtre, &. le choix tomba fur M. Model. On fait que Pierre-le-Grand, ce Prince étonnant qui eut le courage de tirer fes peuples de la barbarie, & d'introduire chez eux les Sciences & les Arts,

commandé à Catherine, qu'il laidoit fur le trône, de protéger les favans étrangers, & de les fixer dans fes Etats par la confidération & les récompenfes. Il faut avouer que fes intentions ont été toujours la boutfole qui dirige encore aujourd'hui fes auguftes fucceffeurs.

L'amour de la patrie empêcha M. Model de fe rendre auffi tôt. aux vœux de l'Impératrice. Egalement indifférent pour les honneurs & pour la fortune, avide feulement de connoillances, il ne vou loit qu'en acquérir, & fa paflion pour la Chymie l'en porta. Il fue nominé prefqu'en arrivant à Pétersbourg Apothicaire Major de l'Amirauté rien n'étoit plus convenable à fon penchant & à fon mérite qu'une place qui lui donnoit occafion de s'inftruite & d'inftruire les autres. Le befoin d'éclairer 1,s Elèves confiés à fes foins, & qu'il traitoit comme les enfans, lui parut indifpentable, & il 1775. JUILLET.

fit des cours. La netteté de fes leçons, & l'envie qu'il infpiroit d'apprendre ce qu'il démontroit, attirèrent une foule d'étrangers de toutes les parties de la Ruffie, pour avoir le plaifir de l'écouter. Jamais on ne l'entendit faire de réclamation en faveur de fon opinion ou de fes difcours. Il communiquoit fans peine fes découvertes & fes vues, au hafard de fe les voir enlever, parce qu'il defiroit plus qu'elles fervillent à l'avancement & à la perfection de la fcience, qu'à la progre gloire enfin, il faifoit part de les connoiffances comme le dit l'ingénieux Fontenelle, en parlant de M. de Caffini, non pour les étaler, mais feulement pour en faire part.

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Dans le Difcours préliminaire à la tête des récréations Phyfiques, Economiques & Chymiques de M. Model, j'ai dit, en parlant des qualités effentielles qu'il feroit à fouhaiter que poffédaffent tous ceux qui fe dévouent à l'enfeignement public, que notre illuftre Profeffeur n'avoit jamais avili ni dégradé cette belle & noble forêtion par des perfonnalités indécentes, ou des termes injurieux envers qui que ce foit; qu'il connoiffoit trop bien le prix du tems pour employer celui confacré à l'inftruction à faire rire, ou à indisposer l'affemblée qui l'écoutoit, en infultant à fes rivaux ou en déprimant fes confrères; que quand il difcutoit l'opinion d'autrui, il mettoit tant de décence de politetfe & d'égards, que ceux qui étoient dans l'erreur n'avoient point à rougir d'etre dérrompés par un homme auffi jufte, & auffi éclairé; enfin, pour abréger, que bien loin d'avoir la prétention de dépouiller ceux qui couroient la même carrière, du mérite de leurs recherches, & de la gloire de leurs découvertes, il les encourageoit au contraire en flattant l'amout-propte, & les éclairant de fes confeils : j'ajouterai ici, puifque cet homme vertueux n'eft plus, que s'il oublioit de parler de lui, il n'oublioit jamais de parler des autres, & que fon zèle ardent à aider de fes lumières, de fon crédit & de fa fortune les Etudians dans lefquels il découvroit une certaine aptitude, concourut autant à peupler la Ruffie d'Artistes éclairés, que l'occafion de fes cours.

L'Impératrice, pour donner à M. Model des témoignages authentiques de fa fatisfaction, le rapprocha de fa perfonne, en le nommant fon premier Apothicaire & Directeur Général de la Pharmacie principale de fon Empire. On peut affurer avec vérité que jamais faveur ne fut plus méritée, & peut-être moins follicitée, car M. Model ne favoit faire fa cour que par les talens, & s'il parvint à tout, ce fut toujours par des moyens dont la vertu n'eut jamais à rougir. Catherine actuellement fur le trône de la Ruffie, la Protectrice des Sciences & des Arts, confirma M. Model dans fes places, en loi accordant la même confiance dont l'avoit honoré Elifabeth Pétrowna, fa tante, & le combla tant qu'il vécut d'honneurs & de bienfaits.

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La direction de la Pharmacie principale de Pétersbourg entraîne après elle des détails immenfes & dont on n'a aucune idée. C'eft-là que fe préparent aux frais de la Cour, fous les yeux d'un chef éclairé, par des Artiftes inftruits, tous les médicamens galéniques & chymiques, pour fournir non-feulement les Troupes de terre & de mer, mais encore les Hopitaux & les différentes Pharmacies de l'Empire. Cependant on a le plus grand foin de n'en confier le dépôt & la diftribution qu'à des Apothicaires confommés qui fe font livrés long-tems à l'étude de leur profeffion. Pourquoi donc certe branche effentielle de la Médecine eft-elle en France le domaine de tout le monde, & fouffre -t-on que des gens fans étude quelconque exercent un art falutaire qui, entre des mains ignorantes ou cupides, devient bientôt un art perfide & meurtrier ? Pourroit - on s'empêcher de frémir, en réfléchiffant férieufement fur les maux compliqués, les morts précipitées, & les infirmités épouvantables qui doivent leur origine à cet abus dangereux de préparer au hafard, d'adminiftrer aveuglément aux malades, & de débiter fans fcrupule au Public des remèdes dont on ne connoît pas même la nature des substances premières qui entrent dans leur compofition! Il eft certain que la mauvaise préparation des drogues eft un fléau auffi redoutable & auffi deftructeur que les maladies contre lefquelles on les emploie pour les combattre. Qui pourra difconvenir que c'eft du choix des médicamens & de la manière éclairée dont ils font faits, que dépendent en partie la nullité, le danger ou l'efficacité des fecours que la Médecine adminiftre. Quel eft le Médecin inf truit qui, attaché à fa profeffion & à fes malades, fera tranquille lorfqu'il faura que celui chez lequel on porte fa formule n'a fait aucune étude des règles qu'il invoque pour fon exécution.

Il est bien étonnant fans doute que de fimples Marchands, noncontens d'avoir envahi tous les commerces, prétendent encore confondre les opérations délicates & périlleufes de la Pharmacie avec celles des différens ouvriers dont ils vendent & colportent les produits. Croira t-on bien qu'il y ait eu des hommes affez téméraires pour vouloir, au mépris de la sûreté de l'art de guérir, & contre toute équité, qu'on autorifât les Epiciers à faire la Pharmacie concurremment avec les Apothicaires, fous le prétexte fpécieux des effets d'une liberté illimitée, comme fi un état qu'on n'acquiert que par des études & du tems, n'avoit pas été refpecté par les plus zélés Adverfaires des priviléges exclufifs; comme fi ce qui concerne la fanté & la vie des Citoyens pouvoit jamais devenir l'objet de cette liberté fi défirable, & qu'il eft dans les vues patriotiques d'un Miniftre fage & éclairé de rendre à l'industrie & au commerce? MalTome VI, Part. II. 1775. JUILLET. B

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