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bé; fon odeur étoit femblable à celle que j'avois remarquée en traitant les autres chaux de mercure, c'eft-à-dire, qu'elle étoit approchante de celle du phosphore; il s'eft revivifié 7 gros de mercure, & il n'eft refté dans la retorte qu'un demi-grain, au plus, de terre, dont j'attribue l'origine à l'alkali employé comme précipitant.

mercure ,

CONCLUSION.

En démontrant que la chaux mercurielle obtenue par le procédé que je viens de décrire, eft réductible par elle-même, & qu'elle ne doit fon état & fon augmentation de poids, qu'à l'air ou fluide élaftique qu'elle tient de l'acide vitriolique, j'ai completé, autant qu'il m'a été poffible, un travail qui m'occupe depuis plus de trois ans, & dont on peut voir les premières efquiffes dans l'analyse des eaux de Banières de Luchon, faite en 1766 (1). Je vais donc finir cette quatrième & dernière partie de mes Effais fur les précipités du en priant ceux des Lecteurs qui cultivent la Chymie avec zèle, de vouloir bien vérifier celles de mes expériences qui les auront le plus frappés, & en les prévenant qu'ils ne le feront pas fans profit, foit en obfervant des chofes qui m'ont échappé, & il m'en eft fans doute échappé un grand nombre, foit en partant du point où je me fuis arrêté; le champ eft valte; déja quelques expériences femblent me prouver que les chaux de plomb fe rapprochent de celles de mercure, & que la perte du phlogiftique, tant célébrée pour expliquer le phénomène des calcinations métalliques, pourroit bien n'avoir pas plus lieu dans celles de plomb, que dans celles de mercure. Que les Chymiftes, qui aiment les progrès de l'art, daignent donc concourir avec moi ; & j'ofe leur donner ma parole qu'ils ne tarderont pas à me devancer dans la carrière.

(1) Et imprimée en 1772, dans le deuxième volume des Obferv. de Méd, de M. Richard.

OBSERVATION

Sur une espèce d'Hermaphrodifme dans un individu de l'espèce du Daim, faite par M. VALMONT DE BOMARE, par ordre de Son Alteffe Séréniffime Monfeigneur le Prince DE CONDE.

DE tous les phénomènes de la nature animée, les êtres réputés Hermaphrodites, font ceux qui paroiffent piquer le plus la curiofité du Public. Le vulgaire toujours crédule, toujours amateur du merveilleux, & allez perfuadé que tous les individus, de quelqu'ordre qu'ils foient, & qu'on appelle de ce nom, ont tout a-la-fois les parties naturelles des deux fexes réunies dans une même enveloppe, & qui, jouiffant de leurs facultés avec un égal avantage, peuvent fe féconder réciproquement : cette opinion erronée eft plus le langage fantastique d'une tradition orale, qu'une doctrine propofée par les anciens Naturalistes, d'après l'imagination licencieuse ou métaphorique de quelques Poëtes.

Les êtres organiques vivans, qui ont des fexes, des fens, des qualités qui indiquent la fpontanéité, en un mot, qui font autant d'anneaux de la grande chaîne de l'animalité, paroiffent foumis à la loi générale de la reproduction par la génération & l'évolution: les espèces individuelles & parfaites, c'eft-à-dire pourvues d'un feul fexe › ou uniquement mâle, ou feulement femelle, font les plus abondamment répandues dans la nature. La claffe des Humains celles des Quadrupèdes, des Amphibies, des Cétacées, des Poiffons, des Oifeaux, des Reptiles, des Cruftacées, & la plus grande partie des infectes & peut-être des vers, renouvellent fans ceffe l'évidence de ce fait ces animaux réputés parfaits, & que le célèbre Von-Linné appelle Dioikes, ne peuvent produire feuls & fans le concours d'un fecond individu de fexe différent.

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On fait que parmi les différens moyens que la nature employe pour parvenir à fes fins (la reproduction) il en eft qui paroiffent des plus bizarres, & cela parce qu'ils s'exécutent par un appareil d'organes générateurs ou d'équivalens, finon plus compliqué, au moins plus caché, plus difficile à trouver, & par conféquent moins connu; le fcalpel de l'obfervateur n'a encore foulevé qu'une partie du voile

qui cache à nos yeux le laboratoire où s'opère la merveille dont il eft queftion.

On n'a point encore vu d'animaux qui puiffent rigoureusement porter le nom d'hermaphrodite. A la vérité, parmi les limaçons terreftres, chaque individu réunit en lui, fur la tête, entre les deux cornes, & dans une ouverture commune, les deux fexes; il peut en faire usage en même-tems; mais il ne peut fe féconder lui-même, il faut le concours d'un autre & femblable individu pour opérer la fécondation ce limaçon conftitue donc une efpèce particulière d'hermaphrodite; l'admirable mécanique de cette fonction fi importante pour perpétuer l'efpèce, eft réciproque & fimultanée dans ces fortes de bifexes. Parmi les corps organifés & végétaux, dit M. Adanfon, il Y en a qui portent auffi les deux fexes fur le même individu. mais féparés l'un de l'autre, chacun dans une enveloppe particulière: ceux-ci s'appellent Androgines. Parmi les hermaphrodites & les androgines du règne végétal, il n'eft pas rare, dit encore le même favant obfervateur, de voir l'un des deux fexes ftérile; quelquefois auffi l'on voit des hermaphrodites mêlés avec des mâles & des femelles parmi les androgines; on appelle ces derniers, ubrides & polygames. Les irrégularités partielles ou totales paroiffent même plus nombreuses & plus fréquentes dans les végétaux que dans les

animaux.

Dans la lifte des animaux non fanguins & teftacées, on voit des coquillages afexes ou neutres, & qui, n'offrant fenfiblement aucun des attributs fexuels, ne peuvent produire aucune espèce d'accouplement, aucun acte extérieur de copulation, de fécondation : ils fe déchargent d'une partie d'eux-mêmes pour produire leur femblable: ils en font donc en même-tems le pere & la mere; cette efpèce d'hermaphrodifme eft particulier aux conques, & même à quelques pucerons, qui alors, font l'un & l'autre vivipares; la reproduction des polypes d'eau douce, qui fe fait auffi fans génération, mais par la fection d'une partie de leur corps, eft encore des plus inouies. Combien d'individus monoïkes, ou unifexes imparfaits, dans cette claffe d'animaux, qui produifent feuls & toujours par génération? Tels font encore les aphrodites, comme qui ditoit animaux femelles, parce qu'en effet, il femble n'exifter dans leur espèce que le sexe féminin; ils produifent de même que les monoïkes.

Des Savans ont fait mention, en 1737, de divers poiffons hermaphrodites; ils avoient la laite d'un côté, & l'ovaire de l'autre : on ignore fi la matière spermatique a pu féconder les œufs de ces hermaphrodites aquatiques & nageurs.

Il paroît, de tems en tems, des quadrupedes réputés hermaphro

dites, & les deux fexes, dont ils paroiffent extérieurement avantagés, ne font jamais affez parfaits pour fervir en même tems de male à une femelle, & de femelle à un mâle; en un mot, ils ne font point propres à produire & à concevoir avec l'un & l'autre des deux fexes.

Parmi les quadrupèdes, il y en a tels que l'efpèce du lièvre & celle du lapin, dont la fingulière configuration fexuelle & l'abondante reproduction, les a fait regarder par quelques-uns, comme des hermaphrodites qui font, tour à tour, mâles & femelles, & qui en font alternativement les fonctions: c'est encore une erreur; MM. de Buffon & Daubenton ont démontré que dans ces animaux, les mâles très-ardens trouvent, dans la conformation particulière des parties génitales de leurs lafcives femelles, les moyens de la fuperfétation : celles ci n'ont point d'orifice ni de col de matrice; mais les cornes de la matrice ont chacune un orifice qui déborde dans le vagin & qui fe dilate dans l'accouchement: ainfi, ces deux cornes font deux matrices diftinctes, féparées, & qui peuvent agir indépendamment l'une de l'autre ; enforte que ces femelles peuvent concevoir & accoucher en différens tems pas chacune de ces matrices elles peuvent recevoir le mâle, quoiqu'elles foient pleines: elles peuvent être en chaleur & pleines en tout tems. Ces femelles fiffipèdes ont le gland du clitoris proéminent & prefque auffi gros que le gland de la verge du mâle; & comme la vulve n'eft prefque pas apparente, & que d'ailleurs les mâles n'ont au dehors ni bourses, ni tefticules dans leur jeuneffe, il eft fouvent affez difficile de diftinguer le mâle de la femelle. Nous avons dit que les femelles du lièvre font plus ardentes que les mâles; en effet, elles les couvrent avant d'en être couvertes; ces manières d'agaceries ou de careffes plus intimes, & autres avantures jointes à leur refemblance extérieure, tout a fait dire, que dans les lèvres il y avoit beaucoup d'hermaphrodites.

Quant aux fujets humains, que l'on qualifie fi gratuitement auffi de l'impofant nom d'hermaphrodite, parce qu'ils participent en apparence de l'un & l'autre fexe, loin d'être, au gré de leur caprice, tantôt hommes & tantôt femmes, c'eft-à-dire, pouvant engendrer hors d'eux comme dans eux, ils ne font ordinairement ni l'un ni l'autre; ils ne doivent, de même que quelques quadrupèdes, leur conformation fingulière & ambiguë, qu'à un jeu, qu'à un excès, difons à une erreur de la nature, dont l'opération ordinaire a été interrompue, confondue, telle qu'on l'a obfervée à Paris, en 1751, dans la perfonne de Michel-Anne Drouart, & en 1765, dans celle de Grand-Jean. Le fexe le plus apparent ou le plus décidé chez ces infortunés, fut, au premier moment de leur existence, le fexe fé

minin: indifférens d'abord fur leurs attributs générateurs, des facultés trompeufes, qui fe décelèrent au moment de la puberté, les appellèrent (fur-tout Grand-Jean) à l'état de mari: mais l'un & l'autre n'étoient que des tribades peu timides, c'est-à-dire, des filles pourvues d'un clitoris de la groffeur du doigt index, & long de plus de quatre pouces; vers le fommet de ce clitoris, étoit une espèce de gland avec fon prépuce : & comme ce clitoris n'étoit pas percé, il ne pouvoit produire aucune éjaculation, mais fufceptible d'érection & confervant cet état dans l'acte du coït, il avoit l'avantage de faire ftérilement la fonction de mentule, ou partie virile.

Qu'il nous foit permis d'expofer quelques idées fur la caufe de la bizarre conformation des prétendus hermaphrodites fanguins. Si dans le moment de la conception, des molécules organiques ou mixtes, ou en excès, ou viciées, ou incomplettes, par la portion deftinée à l'attribut fexuel, font projettées, dérangées, ou confufément deffinées, à l'occafion d'un choc, de quelque paffion, ( on préfume bien que le hafard y a beaucoup de part); de-là, naîtra des individus. ou à fexes imparfaits, ou des bifexes incomplets; les productions anomales, les môles ou maffes charnues & informes, qui s'engendrent quelquefois dans la matrice des animaux parfaits, paroiffent avoir eu pour principe la même erreur d'organisation dans leur totalité; hé, combien de productions informes ou difformes, occafionnées par des conceptions, foit déforganifées, foit manquées, foit méfalliées ! Les Cabinets d'Hiftoire naturelle, offrent des exemples frappans de cette trifte vérité.

Dans le tems du rut le plus marqué, & dont l'ardeur rend furieux certains quadrupèdes, il peut arriver que l'effervefcence du coit porte quelques individus, plutôt fauvages & errans, que détenus en captivité, pétulans & preffés par le befoin, à fe fatisfaire indifféremment privés d'une compagne de leur propre espèce, ou trompés par une fauffe apparence, &c. l'un & l'autre, quoique différens en race, & même éloignés pour le genre, parviennent quelquefois à s'appareiller, à s'accoupler; & malgré les degrés de méfalliance, ils rempliffent quelquefois auffi le grand but de la nature; il peut donc réfulter de ces rencontres fortuites dans le filence de la nuit & des bois, des actes fans prétudes, faits à la hâte mais quelquefois prolifiques; de-là, des métis, des animaux mi-partis, des mulets & les jumars on a obfervé que ces dernières races fi étranges, offrent des efpèces qui ne font ni certaines, ni conftantes; au refte, les nouveaux - nés participent aux qualités individuelles, tant paternelles que maternelles, & il paroît que dans les quadrupèdes, lorfqu'il y a mêlange d'efpèces, ce qui eft engendré, a plus

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