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l'autre entre les rayons M, G, V; N, G, D, auffi divergens au-delà da point G, ne font éclairés chacun que par les rayons admis par un feul des deux trous, à l'exclufion de ceux qui le font par l'autre.

28. Enfin, pour obtenir de pareils éclairciffemens par rapport aux circonftances du N° 21 du Mémoire précédent, j'ai placé vis-à-vis des trous M & N, fig. 6, en-deçà du point C de décuffation des deux gerbes de lumière, un corps T, I, plus large que l'intervalle M, N, le carton étant mis tout près du corps T, I, pour en recevoir l'ombre, elle parut noire dans toute fon étendue. Enfuite, à mefure qu'on éloignoit le carton, les deux lifières lumineufes fe manifeftèrent comme ci-devant, aux bords de la bande noire & audelà deux pénombres ou bandes claires, accompagnées auffi extérieurement de deux autres lifières lumineufes, & toutes ces différentes portions de l'ombre alloient toujours en augmentant de largeur, à de plus grandes diftances du corps diffringent, ce qui s'ac corde avec ce que la figure nous montre, que l'efpace B, T,1,D, où il ne parvient aucun rayon, & les efpaces S, T, B, V,I,D, fur chacun defquels il n'en aborde que d'un feul des deux trous, font compris tous trois entre des rayons qui divergent entre eux.

29. La bande claire intermédiaire de la projection de l'ombre mentionnée au N° 19 du Mémoire précédent & 24 de celui-ci, & que MM. Maraldi & de Mairan avoient déja obfervée, (je l'ai diftinguée) fur l'ombre d'une épingle, conjointement avec les deux bandes claires latérales dont elle étoit féparée par deux bandes obfcures, c'est-à-dire, affez différemment, que dans l'expérience du N° 24. où l'apparence ne confifte qu'en trois bandes. Un léger changement dans le procédé de cette expérience, m'a procuré les cinq bandes d'inégales teintes, difpofées comme je viens de le dire, & m'a ap pris d'où provenoit l'abfence des deux bandes obfcures dans l'expérience du N° 24.

Dans le milieu de l'intervalle qui fépare les deux trous M, N, fig. 7. deftinés à admettre les deux getbes M, Rr; N,Qq, j'en ai percé une autre avec la pointe d'une épingle, qui a admis une troisième gerbe P,X,Y, & j'ai placé au-delà du point D de décuffation des gerbes, le corps T,O de deux lignes de largeur, de façon que des rayons de la gerbe P, X, Y, paffaffent tant à la droite qu'à la gauche de ce corps vers O & T. & que de la gerbe N,Qq, il ne s'en tranfmît qu'à la droite vers O.

Le carton étant à quelque diftance du corps T, O au-delà du point L, où les rayons partis du trou N, & réfractés dans fon athmofphère en O, croifent ceux qui, partis du trou M, y font réfractés en T, j'ai eu l'apparence rendue par la figure 8. c'eft-à-dire, une bande claire H au milieu, & de part & d'autre dans l'ordre, fuivant les deux lifières lumineufes B, D'qui la bordent; deux bandes

obfcures I, I; deux lifières lumineufes C, G; deux bandes claires P, P; & enfin deux autres lifières lumineufes E, F, qui terminoient l'apparence.

On voit qu'ici, comme dans l'expérience du N° 24 l'efpace D,L, B, eft éclairé à la fois par les rayons provenus des deux trous M, N; & que les efpaces D, L, T, K, B; L, O,I, ne le font chacun que par des rayons admis par un feul des trois trous, tandis que l'efpace S, T,K, l'eft à la fois par des rayons introduits par les trous M & P, & que l'espace V,O,I, l'est à la fois aufsi par des rayons tranfmis par les trous N & P. Les endroits du carton où fe projettent les efpaces D, K; B,I, doivent donc être néceffairement plus obfcurs que les endroits où fe projettent l'efpace intermédiaire DB & les efpaces extérieures K, S; I, V.

A l'égard des lifières lumineufes qui féparent toutes ces bandes, on voit encore par la figure, que par-tout elles fe rencontrent dans la direction des rayons qui, partis des trous M, P, N, fe réfractent dans l'athmosphère des corps diffringens vers T & vers O.

Il eft fenfible que fi le carton étoit placé entre le corps T, O, & le point L, l'apparence moins étendue que la précédente, n'en différeroit qu'en ce que la bande intermédiaire feroit noire.

30. Les premières expériences que j'ai faites fur la bande claire intermédiaire de l'ombre, en y employant une épingle, m'avoient fourni des obfervations, dont la décuffation des rayons à la pointe de l'efpace T,O, L, donne l'explication.

C'en eft une que la bande claire intermédiaire n'a lieu que quand le carton eft à une certaine distance de l'épingle, & qu'elle s'élargit enfuite à proportion qu'on éloigne davantage le carton. Ce n'eft effectivement qu'au point L que fe fait la décuffation des rayons provenus des trous M & N, de laquelle dépend la production de cette apparence, & au-delà du point L, l'efpace qu'ils embraffent après s'être croisés va toujours en s'élargiffant.

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31. C'en eft un autre que de deux épingles d'inégal diamètre, la plus menue eft celle dont fur le carton l'ombre commence à s'éclaircir dans fon milieu, à une moindre diftance de l'épingle par exemple, ayant placé à 36 pouces de diftance du trou, une épingle d'un tiers de ligne de diamètre & un camion, l'ombre du camion parut claire dans fon milieu, lorfque le carton où on la recevoit n'en étoit éloigné que de 26 pouces ; il n'en fut pas de même de l'ombre de la groffe épingle, dont il fallut éloigner le carton d'environ 48 pouces, pour lui procurer la bande claire intermédiaire; & enfuite comparant, à mefure qu'on éloignoit de plus en plus le carton, les portions intermédiaires illuminées des deux épingles je jugeai toujours celle du camion quadruple de celle de la groffe épingle: il eft aifé de reconnoître par la figure que, fi le corps T, O

étoit moins large, les rayons partis des points M & N qui traverfent ou qui rafent fon athmofphère, & vont fe croifer vers L, où commence à fe manifefter la bande claire intermédiaire fur fon ombre, fe croiferoient en des points plus rapprochés du corps T, O, que ne l'eft le point L, & de plus qu'à diftances égales du corps diffringent, les rayons qui, après avoir paffé à côté du corps plus menu, fe feroient croifés moins loin que le point L, embrafferoient toujours un plus grand efpace que ceux qui ayant passé à côté du corps T, O, ne fe croifent qu'au point L.

32. Les résultats de l'expérience des trois gerbes au No 27 aident à conftater de la façon la plus fenfible, ce qu'on fait que de chacun des points qui compofent l'étendue d'une ouverture quelconque, par laquelle la lumière s'introduit dans la chambre obfcure, il part une gerbe de lumière, & que toutes ces gerbes dont les axes font divergens, mais dont les rayons des unes croifent les rayons des autres, font fufceptibles de former autant d'images folaires qui doivent anticiper les unes fur les autres, & par leur réunion en compofer une plus éclatante que ne le feroit chacune d'elles à part. Ces gerbes de lumière, lorfqu'on expofe dans leur direction un corps cylindrique, doivent donc produire chacune fur le carton l'ombre de ce corps bordé de part & d'autre par des lifières lumineufes. Cependant toutes ces ombres & ces lifières lumineufes étant néceffairement projettées prefqu'en entier les unes fur les autres, ou n'étant que peu développées fur le carton tenu à une médiocre distance du corps diffringent, il n'en peut réfulter qu'une ombre commune & obfcure, où on ne peut diftinguer l'effet des rayons refractés dans fon athmofphère, c'eft-à-dire, les lifières lumineufes, ni l'effet des rayons non infléchis qui rafent cette athmosphère, c'eft-à-dire, les bandes claires, que vers les bords de l'ombre commune, où ces rayons font plus dégagés d'avec les ombres particulières qui fe débordent mutuellement.

Mais comme à de plus grandes diftances du corps diffringent toutes ces ombres particulières, accompagnées de leurs lifières lumineufes, fe débordent de plus en plus, & que par ce développement il ne peut manquer d'arriver que les gerbes latérales de rayons qui paffent en dehors de l'athmofphère, s'étendent fur les bords de l'ombre, & que quelques-unes de celles des lifières lumineufes de ces ombres particulières, qui font tournées du côté de la masse d'ombre, ne viennent à fe rencontrer ensemble fur cet axe, le milieu de l'apparence, tracée fur le carton placé à cette distance doit être plus claire que les portions latérales contiguës.

On peut imaginer de plus, que par ce développement plus complet, diverfes fifières lumineufes de ces ombres particulières peu

vent venir à fe rencontrer auffi enfemble fur des lignes qui fe dirigent du trou au carton, autres que l'axe de la maffe d'ombre, & que certaines parties des ombres particulières peuvent devenir plus en prife que d'autres aux rayons non infléchis, comme dans l'expérience du n°. 27. Enforte que fur le carton, placé au-delà, il y aura des portions claires autres que celles du milieu de l'apparence entremêlées avec des portions obfcures; & cela donne une idée de la façon dont peuvent être produites toutes ces apparences fi diverfement entrecoupées par des bandes claires & des bandes obfcures, dont il est fait mention dans la feconde partie des expériences optiques de M. Maraldi (1), & dont les différences paroiffent dépendre de la diverfité des rapports du diamètre du trou aux diamètres des corps qu'il y a employés.

33. Selon les obfervations recueillies ou indiquées dans ce Mémoire, les lifières lumineufes fe rencontrent précisément aux endroits où doivent aborder les rayons qui fe font réfractés dans les athmofphères des corps, dont elles décorent l'ombre en fe plaçant immé diatement fur fes confins. Ceffant de fe manifefter, fi une plus grande quantité de rayons étrangers les éclipfe, elles ne laiffent pas d'être quelquefois fenfibles en plein foleil; grifes ou bleuâtres, quand elles ne font dues qu'aux feuls rayons réfractés dans les athmofphères optiques; elles acquièrent une blancheur affez éclatante, lorfqu'on n'intercepte pas les rayons non infléchis qui paffent en dehors de ces athmofphères, & les rafent de plus près, ce qui indique, que dans ce dernier état, leur teinte eft due au concours de ces rayons non infléchis & des autres rayons réfractés.

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DISSERTATION

SUR LE MOUVEMENT ET LES ÉLÉMENS

DE LA

MATIÈRE;

Par M. COMUS.

Principes effentiels pour expliquer les Phénomènes connus fous le nom

d'Electriques.

LE mot Electricité ne préfente pas à l'imagination la nature du Auide univerfel, principe du mouvement, différemment modifié par la nature du corps qu'il pénètre, & fur lequel il agit. Beaucoup de perfonnes prennent le mot Electricité pour la caufe, quoiqu'il ne fignifie que l'effet. Les remarques que plufieurs Savans ont faites de l'action de ce fluide igné fur différens corps, n'ont point été rendures avec la netteté que la Phyfique exige: le mot Electricité étoit propre, lorfqu'on ne connoiffoit qu'une feule propriété dans la fubftance à laquelle on avoit donné ce nom; mais préfentement qu'on a remarqué dans plufieurs corps la même propriété qu'à l'ambre, ainfi que nombre d'effets finguliers du fluide univerfel fur différens corps. Il faut bien diftinguer les effets, le méchanifme qui les met en évidence, ainsi que l'agent qui les produit: en procédant de cette façon, les Etudians auront des idées nettes fur cette partie de Phyfique, & ne confondront pas l'effet avec la cause, ce qu'on a fait jufqu'à préfent.

Les phénomènes que la matière préfente, effet des modifications du fluide univerfel, fuivant les combinaisons des différentes substances des compofés qu'il pénètre, ne doivent pas faire enfanter plufieurs fluides ou agens, comme les Philofophes l'ont fait jufqu'à préfent : les phénomènes magnétiques ont fait imaginer un fluide magnétique, les électriques un fluide électrique, en forte que plus nous aurons d'obfervations, & plus le fyftême Phyfique fera embrouillé, & d'obfervations en obfervations, nous retomberons dans les qualités occultes,

Ce n'eft pas dans un fluide particulier qu'il faut chercher la caufe du magnétifme, c'eft dans le compofé & la nature de l'aimant & du fer qu'il faut chercher l'explication des phénomènes qu'il préfente. Le fluide univerfel, agit autrement fur ces corps que fur les autres i les pénètre différemment, par la nature de leur

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