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nifation délicate de certains champignons & celle du bois de fer; entre les émanations que la moindre chaleur fair évaporer, & celles qui ne fe manifeftent qu'à l'aide du feu le plus violent

degrés font remplis, & chacun de ces degrés font autant de te mes fixes fans la connoiffance defquels les menftrues ferviront plutôt à les dénaturer qu'à les décompofer.

En effet, fi l'action du feu & des autres menftrues eft relative à la maffe des corps, il me paroit que cetre malfe doit entrer comme élément dans les recherches que l'on fera pour affigner les mesures des diffolvans; & comme on n'a point procédé ainfi jufqu'à préfent, eft-il étonnant que la décompofition des corps ait fourni fi peu de lumières fur leur nature, & que l'analyfe chymique n'ait point de loix.

II. La loi que nous établiffons fur la diffolubilité des corps nous apprendra d'autant mieux la nature des êtres, qu'elle paroît devoir étendre beaucoup les limites de la Chymie en foamettant les corps aux plus foibles jouiffances, & à celles qui n'avoient point de prise fur eux.

Choififfons le mercure en attendant que nous propofions d'autres exemples.

Le mercure, quand il est très-divifé , peut être diffous par le plus foible de tous les acides, je veux dire par l'acide végétal, acide auquel le mercure réfifte quand il eft en maffe.

La trituration, la digeftion, ou une précipitation contendente, font les trois procédés que les Chymiftes emploient pour réduire le mercure en particules prefqu'infiniment petites.

Par le premier de ces procédés on expofe le mercure dans l'eau, & par le mouvement qu'on lui imprime, & que l'on continue longtems, on défunit les parties du mercure, on rompt leur cohéfion & il fe réfout prefqu'entièrement en une poudre grife que le vinai-. 'gre diffout avec la plus grande facilité.

Par le fecond procédé on fait digérer le mercure fur le feu ; ce fluide en s'infinuant dans la maffe du mercure, l'agite fans ceffe, & fans la décompofer, il l'a réduit en poudre rougeâtre que le vinaigre diffour fans peine.

Par le troifième procédé on fait diffoudre le mercure dans l'efprit de nitre, on le précipite par un alkali, on édulcore le précipité avec l'eau diftillée bouillante, pour dépouiller le mercure de l'alkali & de l'acide qu'il a entraînés avec lui. Il devient alors d'une diffolubilité qui le rend attaquable par le vinaigre.

Ces manipulations & quelques autres qui fe rapportent aux trois méthodes précédentes, nous apprennent que tant que le mercure refte en malfe, il ne donne aucune prise à l'acide végétal, mais que

ce même acide devient fon diffolvant, & acquiert une action qui eft proportionnelle à la divifion du mercure.

Nous rapporterons d'autres exemples par la fuite.

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Confidérations fur une claffe de corps qui femblent faire exception à la Loi générale.

PLUSIEURS Corps poreux, & d'un tiffu très-délicat, n'ont befoin que d'être plongés dans une petite quantité d'un menftrue qui leur foit approprié pour être diffous; quelle que foit la mafle de ces corps, ils cèdent à l'action de ce menftrue.

Ici la loi générale que nous avons établie, paroît totalement renverfée; car, quelle que foit la maffe de la matière à divifer & à diffoudre, elle n'en cède pas moins à une portion très-petite de diffolvant.

Cette expérience qui paroît faire exception à la règle que nous établiffons fur la diffolubilité des corps, ne fait que confirmer cette même loi; pour le faire voir le faire voir, choififfons l'exemple de la folution du fucre, & de la diffolution de la chaux dans l'eau.

Que l'on mette dans un vafe qui contiendra une petite quantité d'eau, une maffe de fucre; cette eau s'infinuera dans les pores du fucre & en détruira le tiffu. Mais, pourquoi produira-t-elle ces effets? ce ne fera que parce que le fucre étant un corps très-poreux, forme une aggrégation de tuyaux capillaires. Cette aggrégation eft très délicate; l'eau montant dans ces tuyaux en vertu de l'attraction ou de quelqu'autre principe, agit fur les plus petites parcelles du fucre, & les réfout en liqueur. L'action qui fe paffe ici, & qui n'est qu'une folution, rentre donc dans la claffe des effets que nous avons dit fe paffer toutes les fois qu'un menftrue agit fur un corps réduit à une extrême divifion.

L'exemple de la chaux prouve la même vérité. Quand le feu a formé par fon mouvement une foule de pores dans une pierre calcaire, quand il a brifé & détruit le ciment naturel qui la rendois inattaquable à l'eau ; cette pierre devient un tiffu poreux & un affemblage de tuyaux capillaires. L'eau qui en eft alors le menftrue, fe porte avec vivacité dans ces tuyaux, & il n'en faut qu'une petite quantité pour ôter à la pierre toute fa folidité, parce qu'alors cette eau agit fur des parties falines terreufes infiniment petites & divifées.

Je pourrois apporter d'autres exemples, mais ces deux-ci fuffifent pour faire voir que la claffe des corps qui font d'un tiffu poreux & trèsdélicat, loin de detruire la loi générale, ne font que la confirmer.

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UN minéral ou un métal quelconque, l'argent par exemple, lorfqu'il eft réduit à une maffe très-petite, telle que celle qui fert à couvrir les foies qui forment les galons, fe fond à la flamme d'une bougie dans un inftant. Il en eft de même du verre filé. Les feuilles d'or cèdent à l'action de l'efprit de vin & de l'éther; ces feuilles, lorfqu'elles font brifées dans les livrers des Batteurs d'or fe foudent à l'aide de la chaleur infenfible que le mouvement du marteau produit; en fuivant la progreffion d'un aminciffement extrême, on voit que l'on peut réduire un métal très-fixe & très-dur à un état où il fera capable de fouffrir la fufion, & peut-être la décompofition à une chaleur fi petite, qu'elle ne nous affecte plus, & qu'elle foit au- deffous de la chaleur de notre corps.

C'est-là, à ce qu'il paroît, le grand fecret de la Nature, c'est par des atténuations portées à un degré extrême qu'elle peut, à l'aide de la chaleur la plus petite, produire dans le fein de la terre la décompofition & la recompofition de toutes les pierres, même des vitrefcentes & ignefcentes, & des minéraux & métaux les plus parfaits.

Le verre en maffe eft indiffoluble à l'eau, c'est pourquoi on en fait des vafes, &c. Cependant, il devient prefqu'auffi diffoluble qu'un fel lorfqu'on le réduit en poudre très-tenue en effet, que l'on faffe bouillir cette poudre dans l'eau, & l'on fera étonné de l'énorme quantité qui fera fondue par cette fimple opération.

Que feroit-ce fi l'on expofoit le verre ainfi divifé aux différens menftrues connus en Chymie !

Je ne dirai rien des pierres, même de celles qui font vitreufes des cailloux & diamans; leur divifion portée au plus haut degré les rend attaquables par les plus foibles menftrues. Mais cette matière curieufe ne peut être développée ici.

Tous les métaux parfaits ou imparfaits font fujets à être attaqués à leur furface, par l'air, l'eau & les fels répandus dans l'athmofphère c'est ce que l'on appelle la rouille. L'or & l'argent quoique moins attaquables, font cependant foumis à cette loi générale de

destruction

deftruction. C'est que les furfaces extérieures des métaux font des particules qui fe trouvent à nud, & en cette qualité elles deviennent plus diffolubles que les autres.

M. Homberg a fait voir que l'eau fimple, broyée pendant longtems avec les métaux & même avec l'or, les diffour parfaitement; elle ne le fait qu'en attaquant inceffamment leur furface, c'eft-àdire leurs dernières particules.

Si l'on triture de la limaille de fer dans une quantité d'eau fuffifante, l'on obtient une poudre noire, connue fous le nom d'atiops martial; ; cet etiops a prefque toutes les propriétés du fer & eft attirable à l'aimant; mais fi l'on expofe la limaille à l'action insensible de l'eau, elle fe décompofe beaucoup plus parfaitement, & le réduit en une terre martiale rougeâtre, connue fous le nom de fafran de Mars apéritif, ce n'eft plus qu'une poudre ou terre métallique ferrugineufe chaque molécule d'eau ayant agi fur les plus petites parties du fer a exercé fa force d'une manière beaucoup plus marquée que dans l'opération mécanique ou le procédé du Comte de la Garaye.

Les efflorescences des pyrites, des fels, des pierres, des mines, &c. ne peuvent être rapportées qu'à l'action du feu & de l'eau fur les plus petites parties de ce corps; action qui eft portée à un degré de force d'autant plus grand que ces mêmes parties deviennent plus petites.

L'étincelle que l'on tire d'un caillou à l'aide du fer, fcorifie & même vitrifie les particules qui fe détachent du briquet; c'eft la ténuité de ces particules qui les foumet à l'action d'une chaleur trèspetite & qui donne à un feu prefqu'infenfible pour nous, une force auffi étonnante.

Les métaux imparfaits réduits en limaille, brûlent à la flamme d'une bougie la limaille de fer a le même effet. On remarque que la fufion de cette limaille donne à toutes les petites parties de fer, une figure globuleufe régulière.

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La formation des cailloux ne femble pas être dûe à une autre caufe qu'à la fermentation des corps qui en fépare le feu. Les molécules ignées ainfi féparées agiffant fur les parties fibreuses, infiniment petites des plantes, les vitrifient ces petites parties vitrifiées acquièrent une pefanteur fpécifique plus confidérable elles doivent fe rencontrer en grande abondance fur l'humus, & c'eft effectivement ce que l'expérience juftifie; elles font chariées par l'eau dans les entrailles de la terre, elles y forment les pierres & les lits foffiles, qui font dépofés par couches horifontales à différentes profondeurs fuivant l'ordre de leurs générations. Les opérations de Tome VI, Part. II. 1775. JUILLET. F

la Nature font fimples, on ne doit point les chercher trop loin fr l'on veut les trouver; la cendre du papier expofée à la flamme d'une bougie, s'y vitrifie en très-peu de tems. Les filex ne font que des amas de particules de verre formés par une chaleur beaucoup plus petite c'est une cryftallifation que l'on pourroit imiter. On en peut dire autant des agathes & des pierres précieufes (1).

Le feu électrique qui ne brûle pas la peau, allume, comme on le fait, l'efprit de vin lorfqu'il eft réduit en vapeurs.

Mais rien n'a paru plus furprenant que l'expérience ( qui peut cependant être expliquée ici) par laquelle on réduit en chaux les métaux les plus réfractaires, à l'acide du feu électrique on fe fert pour cela du moyen ou de l'opération de la divifion extrême de ces mêmes métaux. Les feuilles d'or prennent une couleur de pourpre femblable au précipité de Caffius. (L'on n'ignore pas que l'or n'eft attaqué fi puiffamment dans cette opération du précipité, qu'à l'aide de la divifion prodigieufe qu'il fubit ). Les feuilles d'argent & d'étain fe décompofent; mais dans cette expérience, la carte ou le verre fur lequel on étend la feuille d'or ne font point attaqués par le feu électrique ; ne doit-on pas attribuer cet effet à cette feule caufe, favoir, que la carte & le verre ne font pas réduits à une divifion extrême.

En préfentant à l'étincelle électrique du verre filé ou foufflé jufqu'au point de le rendre prefque impalpable, l'étincelle n'agiroitelle pas fur lui, & ne parviendroit-elle pas à le fondre ?

Je celle de propofer des expériences, & je demande : eft-il étonnant de voir que la manière d'agir du feu paroiffe fi différente, quoiqu'elle foit peut-être la même dans l'origine & effentiellement; & ne doit-on pas attribuer la variété de fon action à l'état des corps fur lefquels elle s'exerce, c'eft-à-dire, à la manière dont ils font organifés, à leur tenacité, à leur folidité, & fur- tout à leur maffe plus ou moins grande?

Le propre du feu eft de décompofer & de détruire; c'est-là, en quelque forte, à quoi tendent tous fes efforts, quels que foient les êtres auxquels il s'applique ; & comme leur maffe & leur folidité s'y oppofent puiffamment, tous les corps, divifés autant qu'ils peu

(1) J'ai quelques expériences, mais trop incomplettes pour être rapportées ici, lefquelles ne me permettent pas de douter qu'on ne puiffe, par la fuite, imiter les pierres précieufes beaucoup plus parfaitement qu'on ne l'a fait, c'eft-à dire, par la cryftallifation ou par la condenfation & le froid, & non pas par la fufion &

le chaud.

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