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vations, le diffolvant doit être pur, & en en même tems impregné d'une certaine quantité de fel (1). Puifque la diffolution ne fe fait qu'en raifon de l'affinité de l'eau avec le fel à diffoudre, elle ne peut en diffoudre qu'une certaine quantité; mais quand il s'agit de la cryftallifation, il ne faut pas rechercher trop l'affinité entre l'eau & le fel, car moins il y a d'affinité entre le diffolvant & le corps diffous, & plus la cryftallifation fe forme en grande quantité; plus on laiffe en repos le menftrue, & plus la force attractive a d'action par l'évaporation du diffolvant, & plus les crystaux qui fe forment font beaux & grands. (2) Rien ne démontre mieux ce que nous venons d'avancer, que ce beau canon de crystal de fel Anglois qu'obtint un de nos Chymiftes: il laiffa fa diffolution repofer un an entier, & par ce moyen il eut un morceau de cryftal de la longueur & de la groffeur du pouce; qui ne fait pas que le fel Anglois ne forme jamais que de très-petits cryf taux On remarque encore dans la cryftallifation, que la fuperficie de l'eau que touche l'air ambiant, fe couvre d'une croûte faline, dont voici la caufe: des molécules falines dégagées de la maffe totale, fe réuniffent dans l'endroit du diffolvant où le mouvement eft moindre, & où le refroidiffement fe produit le plutôt; or, cet endroit eft la fuperficie de l'eau : la premiere réunion des parties falines eft donc due à l'évaporation & au refroidiffement de la fuperficie antérieure de l'eau (3) Il faut ceffer l'évaporation dès que ces phénomènes paroiffent, car autrement les particules élémentaires des fels ne s'attireroient plus fuivant leur nature; mais elles fe réuniroient indiftinctement & en maffes irrégulières (4).

X. Nous avons dit que pour obtenir de beaux cryftaux en maffes régulières, il falloit diminuer la quantité du diffolvant en proportion du fel déja combiné. (5) Plus la chaleur qui produit l'évaporation eft grande ou moindre, & plus les cryftaux du même fel font pareils ou diffemblables; & même, c'eft fur ce fondement qu'on a avancé que les figures des cryftaux n'étoient jamais conftantes, pour obtenir les plus beaux cryftaux, foit pour la figure, foit pour la

(1) §. IX. X.

(2) Spielmann, L. c. §. LVI; (3) Rouelle, L. c.

(4) Dict. de Chym. L. c. Baumé, L. c.

Spielmann, L. c.

(5) §. IV. IX.

grandeur, il faut chercher, le flambeau de l'expérience en main le degré de chaleur dans l'évaporation qui convient le plus à chaque efpèce de fel: c'eft donc avec raifon que M. Rouelle a diftingué trois efpèces d'évaporation; (1) l'évaporation infenfible, la moyenne & la rapide: il place l'évaporation infenfible depuis le degré de chaleur néceffaire pour fondre la glace, jufqu'à celui de la chaleur du foleil en été, c'eft-à-dire, depuis le foixante-quinzième degré jufqu'au quatre-vingtième de l'échelle du thermomètre de Farenheit: l'évaporation moyenne commence où finit la premiere, & va jufqu'à ce degré de chaleur de l'eau, où à peine peut-on y tenir le doigt un moment, c'est-à-dire jufqu'entre le cent quarantième & & le cent foixantième degré : enfin l'évaporation rapide va jufqu'au terme de l'eau bouillante, c'eft-à-dire jufqu'au deux cent douzième.

XI. Ce favant Chymifte ayant fait cryftallifer différens fels fous ces trois degrés d'évaporation, examina fcrupuleufement les divers phénomènes qu'ils préfentoient leurs figures lui fournirent des caractères particuliers dont il forma plufieurs fections: tous les fels, felon lui, renfermés dans chaque fection, fe conviennent entr'eux: cet axiome ne nous paroît pas tout-à-fait jufte pour plufieurs raifons ; il met fouvent dans la même claffe des fels de diverfes figures; & fouvent auffi, des fels cryftallifés fous la même figure, fe trouvent féparés par plufieurs fections; par exemple, le fel commun & l'alkali foffile uni' à l'acide nitreux, qui ont tous deux la figure cubique il réunit fous la même fection le fel commun & le tartre vitriolé; mais par l'évaporation infenfible, le tartre vitriolé ne donne que de petits cryftaux mal configurés, tandis que le fel commun fournit des cryftaux très-grands & très-réguliers : l'évaporation rapide fournit à peu près les phénomènes oppofés ; car par elle, le tartre vitriolé fe cryftallife régulièrement, & point du-tout le fel commun; de plus, dans la même fection, il place le borax & le fucre, tandis que ce dernier ne fe cryftallife que par l'évaporation moyenne. Je paffe fous filence grand nombre d'autres fels, dont les phénomènes de cryftallifation font très-différens, & qu'il a cependant réunis dans la même classe: il fuffira de comparer nos obfervations avec celles de ces favans Chymiftes; les voici.

1) L. c.

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XIII. M. Beaumé a fuivi un autre fyftême fur la cryftallifation: il divife les fels en deux claffes : dans la premiere, il parle des fels formés par refroidiffement, & dans l'autre, de ceux formés par l'évaporation cette diverfité dépend de la différente manière de fe diffoudre dans les fels: la premiere claffe renferme les fels qui ont peu d'eau principe, & peu ou point d'eau de cryftallisation: ces fels, felon ce Chymifte, fe diffolvent également dans la même quantité à-peu-près d'eau froide ou d'eau chaude, de façon que l'eau chaude ne paroît point avoir de prérogative fur l'eau froide : il est évident que l'eau tiendra les fels en diffolution tant que la quantité d'eau fera en même proportion avec ces fels, & elle fera la même, foit que la diffolution fût placée dans un endroit tempéré ou chaud ; il faut donc expofer la diffolution dans un endroit chaud , pour que la proportion de l'eau au fel diffous, puiffe diminuer les feis qui fe trouvent dans le cas dont nous parlons, fe cryftallifent donc par évaporation : la feconde claffe tenferme les fels qui contiennent beaucoup d'eau principe ou d'eau de crystallisation, qui fe diffolvent en plus grande quantité dans l'eau bouillante, que dans l'eau froide, & qui par conféquent, ne fe cryftallifent que par refroidiffement; mais cette divifion nous paroît fauffe, car de nos expériences comparées avec celles de plufieurs autres Savans, on peut conclure que le nombre des fels qui fe diffolvent en égale quantité dans l'eau froide comme dans l'eau chaude, eft très - petit; que quelquefois l'eau froide diffout certains fels plus que l'eau chaude; enfuite il fait dépendre le degré de diffolubilité, & la facilité à fe cryftallifer, de la quantité plus ou moins grande d'eau principe & d'eau de cryftallifation; mais tout ce que M. Beaumé avance nous paroft fimplement une théorie appuyée fur nul fondement; on ne voit pas même par quelles expériences il pourroit la démontrer : comme donc cette théorie de la cryftallifation n'eft pas allez constatée pour qu'on puiffe la regarder comme l'ouvrage de la nature, il est

plus fimple & plus avantageux de répéter les différentes expériences que nous avons faites, & de bien examiner les divers phénomènes que les fels peuvent offrir en fe crystallifant,

MÉMOIRE

EN

FORME

DE

LETTRE,

Sur une Maladie des Grains appellée NIELLE, &C.

Par M. FRÉDÉRIC RAINVILLE, de l'Académie de Phyfique de Rotterdam.

M. Je viens de lire dans le fecond volume du mois de Mai dernier, de votre édition du Journal des Savans, page 468, un Mémoire très curieux fur l'origine des petits Vers ou Anguilles du bled rachitique j'y ai trouvé un paffage qui m'a paru mériter une réponse; le voici :

Page 469. « Le hafard procura à M. de Needham certains grains noirâtres, &c. & p. 470. Depuis cette époque & ce premier pas franchi, on n'a publié aucun ouvrage pour inftruire fur la nature » des propriétés & fur l'origine de ces filamens; on n'a même pas penfé à faciliter aux curieux les moyens de répéter & de vérifier » les obfervations déjà faites, en leur apprenant quelle eft précifé»ment l'espèce de bled qui porte ces grains monftrueux, & quels » font les vrais caractères auxquels on peut découvrir quels font les pieds & épis affectés de cette maladie «,

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Ces paroles expriment, ce me femble, un reproche bien formel, & cependant très - juste, (1) adreffé à tous les Botanistes, qui ont négligé jufqu'ici de communiquer au Public leurs obfervations fuc un fujet auffi effentiel, puifqu'il ne s'agit de rien moins que d'une production de premiere néceffité, que nous voyons dépérir tous les ans fous nos yeux, fans pouvoir y apporter le moindre remède : j'ai donc pris ce paffage pour moi, & en conféquence, j'ai rassemblé

(1) Très-jufte pour ce qui regarde la Nielle (uftilago) du Froment, de l'Orge de l'Avoine, &c.; car on a affez écrit fur le Seigle ergoté.

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