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au centre de l'Ile de Madagascar, eft compofé d'hommes d'environ quatre pieds.

M. de Commerfon vit une Efquimauffe dont le fein étoit parfaitement plat; fi toutes les femmes de ce pays ont la même organifation, elles forment, dit là-deffus un Philofophe, le contrafte le plus fingulier avec les Naines de la Laponie & de la Baye d'Hudson, dont les mammelles font affez longues pour donner à tetter aux enfans par-deffus l'épaule.

La chaleur, en même tems qu'elle énerve, defsèche le corps en enlevant au fang fes efprits & la partie lymphatique, laquelle pa'roît être le principe de l'accroiffement de tout ce qui entre dans la compofition de l'animal. Les fibres, privées du fuc nutritif, fe racorniffent, & le développement des parties qui compofent l'individu, étant de toutes parts empêché, il refte d'une extrême petiteffe.

A l'égard du froid, il refferre, dit M. de Buffon, rapetiffe & réduit à un moindre volume toutes les productions de la Nature; auffi les Lapons, qui font perpétuellement à la rigueur du plus grand froid, font les plus petits de tous les hommes. Rien, ajoute le grand Ecrivain, que je viens de citer, ne prouve mieux l'influence du climat que cette race Laponne qui fe trouve placée tout le long du cercle polaire dans une très longue zone, dont la largeur eft bornée par l'étendue du climat extrêmement froid, & finit dès que l'on arrive dans un pays un peu plus tempéré.

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Il n'eft pas néceffaire de prouver que la grande chaleur affoupit & produit un affaiffement & une ftupeur fenfibles. Tout le monde a éprouvé ces effets.

Wepfer nous apprend que le froid extrême affoupit de même tous les animaux; il femble feulement que le fommeil, caufé par le froid, eft plus infurmontable & plus dangereux; mais en récompense il eft plus agréable.

Ceux qui voyagent au milieu des neiges, par un froid très-rigoureux, font ordinairement pris par une envie paffionnée de dormir, mais s'ils s'abandonnent à cet attrait perfide, ils ne fe réveillent jamais, à moins qu'un heureux hafard n'amène quelqu'un à leur fecours. Ces fortes de cas ne font pas bien rares dans les Alpes. Le célèbre Boërhave s'y trouva expofé en Hollande, en 1709, au fort du grand hiver. Lui-même raconte, qu'étant monté en voiture avec un Chirurgien pour aller à deux milles de Leyde, vifiter une Dame

qui s'étoit caffé la cuiffe, il fe trouva accablé d'un fi grand affoupiffement, accompagné d'une douceur inéfable, qui gagnoit également le Chirurgien & le.Cocher, qu'ils fe feroient fûrement laiffé aller à cet appas pernicieux, fi, lui qui en connoiffoit le danger, ne les eût obligés de defcendre de la voiture & de redonner du mouvement à leur fang en marchant. Par ce moyen, ils furent bientôt réveillés & dégourdis. (Anecdotes de Médecine, Tome I, page 43, Boerh. Inft. cum Commentariis, B. de Haller.)

XIX. Le froid & le chaud, grands principes des productions naturelles & de leur confervation.

On doit conclure d'une partie des obfervations précédentes que le froid & le chaud pofsèdent également la propriété de produire; ils font les principes des générations; ou du moins, ils entrent fouvent dans ces principes, (qui peut-être nous feront toujours inconnus) comme des conditions effentielles.

Le froid paroît être dans le règne minéral plus producteur que deftructeur; & dans le règne végétal & animal, il femble que la chaleur produife plus qu'elle ne détruit.

Je dois rapporter ici ce que dit M. Antoine Timony, Docteur en Médecine à Conftantinople, pour prouver la qualité confervatrice que j'attribue au froid & à la chaleur. Dans un grand froid & dans un grand chaud, la pefte perd de fa force.

En 175 la pefte fit ici (à Conftantinople) de grands_ravages pendant tout l'été, qui fut fort humide; mais, ajoute M. Timony, la neige & le grand froid qui furvinrent le premier Novembre, firent ceffer tout-à-coup la contagion.

Au Caire, dès que les grandes chaleurs de l'été commencent, la pefte finit c'eft ordinairement vers la Saint-Jean que cela arrive. Voyez l'Hift. Nat. de l'homme malade, par M. le Clerc, tom. 2. p. 81.

Au Levant, les grands froids & les grandes chaleurs font ceffer la pefte. Remarques fur le Voyageur François, inférées dans le Journal En cyclopédiqne, 15 Mars 1767.

(Voyez d'autres exemples au N° XV).

XX. Le froid & le chaud, grands deftructeurs dans les trois genres de la Nature.

Si le chaud & le froid pofsèdent également & au plus haut degré, la propriété de produire & de conferver, on les peut regarder auffi & avec autant de raifon, comme les principes de la destruction & de la corruption de tout ce qui existe.

Il eft certain que chez tous les êtres animés, le froid détruit la vie & l'organisation, tout comme le chaud extrême ; ceux donc qui croyent que tout eft animé dans la nature, & qui ne conçoivent pas qu'un individu puiffe exifter s'il n'eft un animal, doivent attribuer précisément les mêmes effets à tout excès, foit de chaud, foit de froid.

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Le froid eft fur tout funefte aux plantes & aux animaux; les parties les plus délicates des arbres, comme les fruits, les rejettons, &c. ne peuvent fupporter fes atteintes.

Le froid excelfif ne condenfe plus, il raréfie; voilà pourquoi il produit des diftenfions & des déchiremens dans les vailleaux délicats des végétaux & des animaux. Le rete mirabile de Malpighi rend la poitrine très - fufceptible d'être affectée par le froid & par le

chaud.

On éprouva en 1705, dans le Languedoc, des chaleurs qui farent fuivies d'effets très-funeftes; tout ce qui refpire fe trouva dans l'athmosphère brûlant de cette Province, comme fous le récipient de la machine pneumatique : l'air renfermé dans les vaiffeaux, y occafionnoit une diftention très-douloureufe. Voyez l'Hift. de l'Académie Royale des Sciences de 1705. pag. 38.

On fait que dans les grands hivers, les animaux fouffrent beaucoup dans celui de 1709, un grand nombre de plantes périrent; plufieurs arbres ne purent réfifter; les trop grands ou trop longs froids dans une année, annoncent la maladie, la difette & la famine.

M. Postel, Médecin de Rouen, dans une differtation fur les péripneumonies d'hiver, parle des inflammations de poitrine qui firent périr tant de citoyens à Paris durant l'hiver & le printems de l'année 1684, & cherche à cette occafion, les effets & la nature du froid; je ne fais fi l'on admettra fa théorie, qu'il n'eft pas inutile d'expofer en peu de mots.

Les effets du froid & du chaud, fuivant cet Auteur, fe rappor tent tous au defaut de fermentation: l'air que l'on refpire dans un grand froid, coagule plufieurs parties du fang, & les rend pituiteu fes, il engendre auffi des crudités dans les premières voies; mais la chaleur, en atténuant la bile & la mêlant dans le fang, l'agite d'une maniere immodérée; de-là, les inflammations qui en font la fuite, & celle dont il s'agit ici; de-là, la différence & les rapports entre les maladies inflammatoires que l'été & l'hiver produifent; de-là, le traitement que l'Auteur preferit, car il affure que les péripneumonies d'été, produites par la chaleur & par la bile, exigent la faignée, & que celles d'hiver, produites par la pituite & par le froid, demandent fur-tout la purgation.

Cette conféquence eft déduite d'une théorie qui ne fera pas regardée comme deftituée de difficultés.

Le trop grand froid & le trop grand chaud s'oppofent également à la végétation, & l'expérience en eft un sûr garant.

Les hautes montagnes, au fommet defquelles règne un éternel hiver, font arides, & ne nourriffent aucune plante: on ne trouve à une certaine hauteur, que des mouffes & plantes de cette famille; c'eft auffi ce que l'on obferve dans les climats où la chaleur eft exceffive: dans les fables brûlans de quelques cantons de l'Afri que, on ne voit point d'autres productions végétales (1).

Voyez les Nos XIII & XIV. où vous trouverez d'autres exemples. XXI. Dans quelles circonftances le froid & le chaud deviennent delétères & dangereux.

Les deux Numéros précédens préfentent des contradictions, qui fans doute ne font qu'apparentes.

Par exemple, quand l'humidité eft jointe à la chaleur, elle hâte prodigieufement la putréfaction, & elle devient capable d'infecter l'air de miafmes très - dangereux.

La chaleur humide développe dans les corps mal-fains les humeurs peccantes, & infecte tous les liquides; ces corps peuvent devenir contagieux ; ils communiquent à d'autres leurs maladies: la pefte, comme on le fait, fe répand fouvent par le moyen d'un feul individu, dans de vastes contrées.

Pourroit-on dire la même chofe du froid exceflif? je ne fais. Les grandes gelées de 1709 produifirent la pefte à Dantzick & à Hambourg y avoit-il quelques difpofitions accidentelles dans l'athmo fphere qui rendirent ce froid fi pernicieux ? c'eft ce que les Auteurs n'ont pas remarqué, & qu'il feroit bien effentiel de favoir.

Il paroît certain qu'il fe joint fouvent au froid & au chaud quelques qualités que nous ignorons lorfqu'ils ont des fuites que nous avons remarquées par exemple, tous les peuples qui habitent des climats extrêmes, ne font pas des nains, quoique nous ayons vu

(1) Les mouffes & les végétaux de ce genre, qui fupportent mieux le froid que les autres plantes, forment donc le premier degré de l'échelle que l'on pourroit conftruire pour déterminer le rapport de la végétation avec la température de l'athmosphère; cette même famille de plantes fupportant auffi beaucoup mieux que les autres la chaleur, occuperoient encore le dernier degré de l'échelle dons nous parlons. Les deux extrêmes fe touchent ici d'une manière frappante,

que l'on ne trouve en grande quantité de ces efpèces d'hommes que dans ces climats: le froid & le chaud exceffifs ne font donc que des caufes générales, mais qui ne paroiffent pas fuffire pour produire le phénomène de la réduction de la taille humaine.

XXII. Expériences à tenter par le froid.

Je ne doute pas que fi nous avions autant d'expériences fur le froid (ou le défaut de feu) que nous en avons fur la chaleur, le nombre de nos connoiffances ne s'accrût prodigieusement.

Il est vrai qu'il n'eft pas auffi facile d'opérer avec le froid qu'avec le feu; celui-ci est toujours facile à exciter, à diriger, à augmenter, à diminuer; au lieu que nous n'avons pas les mêmes fecours pour nous fervir du froid & l'appliquer aux corps.

On fait que les acides & les fels mêlangés dans la neige ou la glace, en augmentent confidérablement la froideur; mais il s'en faut bien que l'on ait pouffé cette découverte auffi loin qu'elle pouvoit l'être.

On fait encore que toutes les liqueurs, & fur-tout celles qui font fpiritueufes, en s'évaporant de dessus un corps, le refroidiflent confidérablement.

Ces deux obfervations certaines ne conduifent- elles naturelpas lement aux tentatives qui fuivent, & qui pourroient n'être fans fuccès ? pas

1o. Effayer plufieurs mêlanges de fels, & varier les dofes jufqu'à ce que l'on connûr leur plus grand effet.

2o. Soumettre le vafe qui contiendroit la glace & les fels, à l'évaporation des liqueurs fpiritueufes.

3°. Accélérer l'évaporation par des foufflets forts & multipliés ; & de peur que le vent de ces foufflets n'emportât la liqueur en groffes gouttes, fe fervir de coton & de linges, & difpofer les foufflets dans des directions oppofées.

N. B. Il conviendroit fur- tout de faire ces expériences dans les grands froids, & il faudroit bien prendre garde à ce que dans les tems chauds, le vent des foufflets n'agît que fur les liqueurs évaporables; car s'il touchoit à la glace, il la fondroit infailliblement : quelque violent qu'il fût, il contiendroit toujours une grande quantité de particules de feu.

Les expériences faites avec les miroirs ardens les plus forts, nous démontrent que les fubftances les plus dures s'évaporent & ne laiffent aucun réfidu.

La diffipation & la volatilisation des parties s'opéreroient peutêtre par le froid, le froid, du moins quand on opéreroit fur certains corps,

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