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dans cette occafion. À Cunnersdorff & à Collin, il eft connu que le hafard lui étoit tout-à-fait contraire, & à Hochkirk il fut vaincu plutôt par la rufe que par les armes. Il faut donc être bien injufte pour ne pas convenir, qu'abstraction faite de toute influence de la fortune, une grande par tie des fuccès de Fréderic II étoit l'ouvrage de fes talens militaires.

(Oberd. All, litter. Zeitung.)

TRANSACTIONS of the royal fociety at Edinburgh, &c. Tranfactions de la fociété royale d'E dinburg. Tom. II, in-4to. de 590 pag. 25 sha broché. Cadell, Londres, 1790.

TROISIEME ET DERNIER EXTRAIT. (*)

PARTIE

ART.

LITTERAIRE.

RT. III. Effai fur les mesures rhythmiques; par Walter Young, écuyer.

Il s'agit ici de ce que l'auteur appelle grands rhythmes, ou de ce qui a lieu quand l'air mufical marche par paffages de 2, 4, 8 mefures; alors on dit qu'ils font réguliers. Dans les mouvemens d'une certaine longueur, cette régula

(*) On trouvera le premier extrait de cet excellent ouvrage au volume d'Odobre, pag. 154 le fecond carait au volume de Novembre, pag. 22.

rité eft certainement rompue & variée. Un muficien de grands talens & qui compose avec grande facilité, ne diffère de celui, à qui l'une ou l'autre. de ces qualités, ou toutes les deux manquent qu'en ce qu'il commande parfaitement au rhyth-* me régulier, & connoît quand & comment il faut le facrifier.

ART. IV. Sur certaines analogies obfervées par les Grecs dans l'ufage de leurs lettres, & particuliérement du Eryua; par M. André Dalzell, profeffeur de la langue grecque dans l'univerfité d'Edinburgh.

M. Dalzell plaide ici très-favamment la caufe de la lettre aiyua, & appelle à son secours, comme on devoit naturellement l'attendre, tour l'efprit de Lucien, qui avoit déja traité le même. fujet.

ART. V. Hiftoire du théatre allemand; par Henri Mackenzie, écuyer.

M. Mackenzie remarque » que la langue allemande n'a pas encore atteint cette régularité & ce point de perfection qui fervent le plus à faire valoir les grands ouvrages. Voilà du moins l'idée que nous donnent de cette langue ceux qui paffent pour la pofféder le mieux. Pour la même raifon fon ufage eft peu étendu, & les livres, écrits originairement dans cette langue, ont tant de peine à percer les limites du cercle de l'Empire. Des traductions françoifes & angloises, mais principalement les premieres, fuppléent en quelque forte à ce défaur, & le rendent moins fenfible aux étrangers, qu'il ne feroit indépendamment de cet avantage. On voit aujourd hui

très-peu de livres paroître en Allemagne, dont : les libraires françois ne font pas d'abord paroître la traduction. «<

De cette citation, il paroît que M. Mackenzie ne fe trouve pas autrement en état de juger du théatre allemand, qu'en recourant aux traductions françoifes. Nous ne pouvons donc beaucoup admirer fon jugement dans le choix de fon fujet. I fe méprend auffi dans ce qu'il appelle le cours de la langue allemande, qu'il affure n'être pas d'une grande étendue, & être, par conféquent, la principale caufe que les livres. écrits dans cette langue me font rarement lus que dans le cercle de l'Empire. « Nous fommes fàchés de nous trouver dans le cas de dire que cet énoncé eft auffi mal exprimé qu'il eft mal: raifonné. On fait que plufieurs provinces, comprifes fous le nom général d'Allemagne, ne font nullement contenues dans le cercle de l'Empire. D'ailleurs les gens-de-lettres & de condition comprennent l'allemand dans tous les pays du nord, & en particulier dans tout l'empire de Ruffie, où on emploie même très-fréquemment cette langue à la cour. M. Mackenzie fe trompe également en croyant que tous les livres qui méri tent cet honneur font conftamment traduits en françois. Le vrai eft, que dix livres françois, pour le moins, font traduits en allemand, pour un livre allemand, qui reçoit les honneurs de la traduction françoife; quoiqu'à tout prendre, la preffe allemande foit la plus prolifique d'entre les deux.

Nonobftant ces obfervations, le mémoire de

M. Mackenzie eft fait de maniere à captiver l'attention de tous ceux qui aiment les lectures légeres; mais les auteurs dramatiques de cette nation qui fe croiront léfés par la propofition ci-deffus avancée par notre auteur, ne man-、 queront pas de recufer pour juge un homme qui confeffe n'avoir ni vifité leur pays, ni étu dié leur langue. Ils pourront citer, avec beau coup d'autorité, l'exemple de Voltaire qui, quoi qu'il eût vifité l'Angleterre & effleuré la langue de ce pays, apprécia affez mal les mérites des poëtes anglois, & principalement de Shakespaer, pour s'attirer le mépris de l'Europe & de la France même, dès qu'elle fe trouva affranchie de la fervitude littéraire où la tenoit sa cabale, & en état de juger par elle-même.

Hâtons-nous toutefois de faire connoître le mémoire que nous préfente ici l'auteur. I recherche d'abord les caufes qui ont fait luire l'aurore de la poésie dramatique allemande, quel eft fon caractere propre, quelles font les mœurs qu'elle s'applique particuliérement à représenter fur le théatre. Il attribue aux Allemands une certaine énergie d'ame portée à la réflexion, & qui ne peut être émue que par des impreffions fortes. Selon lui, la poéfie dramatique n'a commencé de paroître en Allemagne que de 1740 à 1750. Il entre dans des détails particuliers fur LES VOLEURS, tragédie de Leffing, piece pleine d'horreur, dit-il, mais fublime & d'un grand pathétique. Pour entendre le paffage que nous allons citer d'après lui, & qui eft tiré du qua trieme acte, il convient d'observer que Moor

eft un fils diffipateur, dont le retour à la vert eft rendu inutile par un frere infâme qui a intercepté fa lettre de repentir à fon pere, Moor commande une troupe de brigands. Lorfque le malheureux pere apprend la conduite horrible de fon fils, il s'évanouit & on l'emporte du théatre. Il est nuit, & le refte de la bande eft raffemblée dans une bruyere déferte, à peu de diftance des ruines d'une tour battue des vents & des cris des hiboux. Ils ont paffé trois nuits dans les alarmes & les dangers, & dorment tous, excepté Moor.

» Quelle longue nuit, dit-il jamais le jour ne viendra-t-il diffiper ces ténebres! imaginezvous, ombres des victimes de cette épée meurtriere, que Moor tremblera? Je vous vois, plaies fanglantes, je fixe vos levres livides, j'entends les derniers gémiffemens de l'agonie qu'elles pouffent... & je ne tremble pas..... Ce ne font là que des chainons de la chaine éternelle, que celui qui féjourne là haut, dans le ciel, tient dans fa main. Il a imprimé ces horreurs fur mon exiftence; même au milieu des jours innocens, des jours heureux d'une enfance fans tache, fon ce les vit & les imprima fur ma deftinée. (Il tire un piftolet.) Les barrieres entre l'éternité & le zems, cet inftrument de peu d'apparence eft capable de les rompre.... & après ?... Toi, frayeur inconnue, où veux-tu me conduire, où veux-tu me placer? Si tu me laiffes ce moi qui connoît, ce qui doit créer mon ciel ou mon enfer; au milieu des déferts d'un monde que ta fureur a détruit, je puis peupler de pensées ce

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