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fent des ravages occafionnés par cet hiver malheureux dans les différentes contrées, ou qui nous indiquent les moyens de prévenir, par la fuite, de pareils défaftres, ou de remédier encore aux résultats fâcheux de celui-là. M. de Sierforpf a eu l'occafion d'examiner le dommage que cet hiver a apporté aux arbres, foit autour de Brunfwick, foit dans les forêts qui en font éloignées. Nulle part, dit-il, il n'y a eu autant d'arbres gelés qu'à Brunfwick & dans les environs. Les dehors ombragés, de cette ville ont été dépouillés tout d'un coup de leurs vieux noyers, qui avoient réfifté à tous les hivers précédens, & même à celui de 1740. Dans les jardins, tout a péri, depuis les charmilles & les ifs que les cifcaux façonnoient depuis plus d'un fiecle, jufqu'aux pommiers; dans les forêts du plat-pays les plus grands hêtres & des chênes énormes ont été gelés; enfin il faut une bien longue fuite d'années pour réparer ce dommage.

L'auteur donne une hiftoire abrégée, mais fuffifamment détaillée, de la température depuis le mois de feptembre 1788 jufqu'en avril 1789, & il recherche enfuite pourquoi il y a eu autant d'arbres gelés dans cet hiver mémorable. Nous laifferons ici parler M. de Sierftorpf. » L'hy

pothese connue, dit-il, qui explique comment > les plantes gêlent, me paroît applicable à toutes » les obfervations que j'ai faires fur les arbres

gelés cette année; on ne peut même pas en > imaginer une qui leur convienne mieux. D'après cette hypothefe, il réfulte de la congélation des fucs contenus dans les tuyaux d'af

>piration des plantes & les vaiffeaux droits & > longitudinaux qui charient ces fucs, une forte » d'expanfion qui fait crever ces différens ca> naux, & ne leur permet plus de faire leurs > fonctions. Lorique, dans la tige d'un arbre > ou dans fes branches, tous ces canaux ne font > pas crevés par la congélation des fucs nourri

ciers, l'abondance extraordinaire de la séve, > au printems, peut encore remédier en partie > au mal, en fe portant dans les canaux qui » n'ont pas fouffert, & en en formant d'autres » dans les intervalles. Ce n'eft que de cette ma>niere qu'on peut expliquer pourquoi & com>ment quelques arbres gelés ont repris.

» Lorfque, continue l'auteur, on coupe quelques rameaux des arbres qui ne font pas en> tiérement morts, mais cependant endomma

gés, fur-tout des pommiers & des poiriers qui > gardent encore leur verdure, on en trouve le > milieu ordinairement rouge & fec, de ma> niere que la féve ne fe fait jour qu'à travers

les couches annulaires annuelles, & que l'été > fuivant, cet anneau fe trouve beaucoup plus épais que de coutume. Dans les autres arbres, on apperçoit dans les branches, lorsqu'on les coupe longitudinalement, différentes taches >> noires qui proviennent des canaux crevés & > d'une espece d'obftruction. De cette caufe pro» viennent auffi ces taches gangreneuses ou can> cereufes qu'on a observées fi fréquemment cette > année fur les arbres fruitiers encore verds. «

Ici l'auteur rapporte encore plufieurs obfervations intéreffantes fur différens moyens employés fans

fuccès pour conferver les arbres, & fur d'autres fuites de la gelée : il faut les lire dans l'ouvrage même.

» Dans les arbres à l'air libre qui ont été gelés cet hiver, on a remarqué, au printems, » que l'écorce depnis le haut jufqu'au refte non > endommagé du côté du midi, étoit defféchée > fouvent jufqu'à la moitié de la périphérie de

la tige, & dans les arbres de l'efpece la plus > dure, une grande partie du bois de ce côté » étoit également attaquée. C'étoit, du plus au » moins, ce qu'on pouvoit obferver fur tous

fans diftinction. Il fuivoit de-là, ou que l'ar»bre fe defféchoit & périffoit promptement,

ou, fi le mal paroiffoit moindre, qu'il pou>> voit languir encore quelque tems, quelques » années même, mais fans pouvoir échapper à » la mort. Cette prédiction n'a été que trop > bien vérifiée par des obfervations faites en » 1790. On a remarqué alors que beaucoup

d'arbres qui avoient été gelés de cette maniere » l'hiver précédent, qui paroiffoient avoir bien > repris, & qui étoient même chargés de fruits, » ont péri tout-à-coup. Une remarque auffi fin

guliere qu'elle eft vraie, c'eft que les bois les >> plus tendres ont moins été exposés aux rava» ges de la gelée; on peut même dire qu'en » général ils n'en ont pas fouffert. Peut-être > faut il attribuer cette différence à la tiffure » de leurs canaux ; peut-être leur plus grande > expanfibilité empêche-t-elle les canaux de fe > crever auffi facilement par la gelée; peut> être enfin ont-ils un plus grand nombre de

trachées, & abforbent-ils plus vite & plutôt > le fuperflu de leur feve. <<

De ces obfervations & de beaucoup d'autres fur les effets de la gelée, M. de Sierftorpf conclut aux moyens fuivans pour conferver les arbres qui en ont été endommagés. Comme une abondance extraordinaire de feve eft le feul moyen de les fauver, c'eft ce qu'il faut s'occuper de leur procurer. Autour des jeunes arbres qui font au milieu d'autres plantes ou de gazon, il faut arracher ces plantes ou couper le gazon à deux ou trois pieds de diftance, & ameublir foigneufement la terre qui les environne. Il ne faut ni greffer, ni transplanter, l'année suivante, un arbre qui a fouffert de la gelée. Quant à beaucoup d'arbres fruitiers qui ne font pas trop vieux, il faut leur couper une bonne partie de leur bois, & notamment les ébourgeonner; on aura, par ce moyen, beaucoup de nouveau bois, de fauffes branches & une prompte végétation. Il eft encore un autre moyen à employer pour furer la confervation des arbres qui ne font pas entiérement gelés; c'eft de couvrir leurs tiges & leurs branches d'une couche épaiffe d'argile, & d'entourer la tige ainfi couverte d'une toile grof. fiere. On les préserve ainfi de l'évaporation des fucs qui leur font néceffaires.

af

L'auteur donne encore un excellent confeil à ceux qui veulent remplacer les arbres gelés par de nouveaux plants. Ils doivent examiner atten. tivement fi le plant qu'on leur fournit ou qu'ils choififfent, n'a pas fouffert lui-même de la gelée, ce qu'ils verront bientôt à un jet de deux

ans. Quant il a été gelé, le cœur du bois est

rouge & fec.

(Feuille du cultivateur.)

DE la fouveraineté du peuple, & de l'excellence d'un état libre; par MARCHAMONT NEEDHAM; traduit de l'anglois, & enrichi des notes de J. J. ROUSSEAU, MABLY, BOSSUET • CONDILLAC, MONTESQUIEU, LE TROSNE, RAYNAL, &c. &c. &c.; par THEOPHILE MANDARD.

Il faut faifir la circonftance de l'événement préfent pour monter les ames au ton des ames antiques. J. J. Rouss. Gouv, de Pologne.

2 vol. in-8vo. Prix, 6 liv. br. & 7 liv. francs de port par la pofte. A Paris, chez la Villette, libraire, hôtel Bouthillier, rue des Poitevins.

L'AUTEUR de cet excellent ouvrage le pu

blia fous le protectorat de Cromwell foutint l'excellence d'un état libre au moment où les Anglois, délivrés d'un roi qu'ils haïffoient, fe croyoient libres, parce que leur tyran n'avoit pas pris le titre de roi. Needham, en pofant en principe la fouveraineté du peuple, flattoit la paffion qui dominoit alors parmi les compatrio

tes; mais il devoit en même-tems, & par la théorie même qu'il établiffoit, leur faire fentir

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