Page images
PDF
EPUB
[ocr errors]

genre pour les proportionner aux divers degrés de délits qu'ils doivent punir, enfin comment on devroit en régler la publicité, & prévenir un grand mal qui pourroit en naître. » Si un en>> fant (dit-il ) commet un délit infamant, & » que ce délit ne foit connu que des enfans qui > vivent avec lui, fous la direction du même > furveillant, celui-ci aura foin de recommander > aux enfans le fecret, & de leur montrer la > néceffité de cacher aux autres le délit de leur > camarade. Sa peine, dans ce cas, fera féve> re; mais elle ne fera pas publique; elle ne > fera connue que des enfans qui demeureront fous le même toit. Mais fi le délit infamant a eu de la publicité, le châtiment fera public, » & le magiftrat donnera à l'exécution tout l'ap > pareil qu'exigent la nature du délit & la né> ceffité d'en infpirer l'horreur; mais dans ce > cas, l'enfant coupable, publiquement déshono

ré, ne fera-t-il pas un enfant perdu pour la > vertu? Le fentiment de fa baffeffe & de l'abandon de l'opinion publique n'étouffera-t-il pas en lui l'action de toutes les caufes qui pourroient le corriger & le rendre meilleur ? << > Je propofe, pour prévenir ce mal, un re> mede que je crois très-efficace. Le magiftrat,

après l'exécution de la peine infamante, fera > un difcours énergique fur les fuites du délit, → & les maux qui l'accompagnent; enfuite, fe > tournant vers l'enfant coupable, il lui dira : » Le droit que tu avois à l'amitié & à l'eftime de

tes camarades eft perdu pour toi; mais il eft en> core en ton pouvoir de le recouvrer. La générofité

[ocr errors]
[ocr errors]

d'une action peut effacer l'ignominie d'une autre ; » un changement heureux peut réparer les maux d'une corruption déshonorante. Lorfque tu auras de nou» veau mérité notre eftime & notre amitié ce drois précieux te fera rendu avec un appareil auffi pu blic; & moi, qui fuis, par la loi, votre pere » commun, je ferai le garant de la promeffe que je to » fais au nom de mes enfans & dé tes freres. Je laiffe au > lecteur le foin de réfléchir fur le double avan»tage qui réfulteroit de la peine & du pardon. < Il ne pourroit être, à notre avis, que fort confidérable.

Mr. Filangieri défire que le magistrat inftitateur & les furveillans, lorfqu'il s'agira ou de faire des reproches ou de punir, confervent tous le calme, toute la froideur de la raison, & ne 'abandonnent jamais aux mouvemens, aux transports qui annoncent la paffion, & qui en dózivent; que le légiflateur infifte avec force fur ce principe, dont l'oubli pourroit, dans bien des circonftances, rendre non-feulement inuti❤ les, mais dangereux les reproches ou les châtimens; qu'afin d'infpirer aux enfans le plus grand refpect pour la vérité, & la plus grande horseur pour le menfonge, le légiflateur ne permette jamais qu'il demeure impuni, mais qu'il charge le magiftrat & les farveillans de diminues la gravité du châtiment toutes les fois que la faute fera fuivie d'un aveu fincere ; que la calomnie foir punie févérement, comme toute action qui indique la perverfité du cœur & la baffeffe; que l'on ufe, au contraire, d'indulgence. pour les fautes qui naissent de la vivacité, qua

Bé que l'on doit plutôt chercher à exciter dans cet âge qu'on ne doit la redouter.

> On évitera (continue-t-il) avec le plus > grand foin toute efpece de partialité & d'in> juftice. Ceux qui ont réfléchi avec attention fur les difpofitions de l'efprit humain, fentiront aisément quelle funefte altération doit produire dans le caractere moral d'un enfant la confcience d'une injuftice & d'un tort cau. › fés par l'inflituteur. Dans l'éducation publi» que, cette faute doit être évitée avec encore

plus de foin, parce que les occafions de la > commettre font plus fréquentes, & que les conféquences en font plus funeftes. Si le magiftrat on le furveillant s'apperçoit qu'il a in> volontairement commis une injuftice contre » un enfant, il doit la réparer fur le champ, & ne montrer aucune répugnance à avouer fon erreur. «

[ocr errors]

» Le magiftrat inftituteur aura foin de veilles ♦ fur l'impartialité & la juftice des furveillans & de les obliger à obferver le réglement propofé, toutes les fois que, volontairement ou > involontairement, ils auront manqué aux devoirs qui y font prefcrits. «

Suivant l'auteur, l'amour de la patrie eft, comme toutes les autres paffions, une modification de l'amour de nous-mêmes. La fageffe des loix & des gouvernemens le fait naître, le répand, le fortifie; leur imperfection le détruis ou l'affoiblit.

» Pour être convaincus de cette vérité, (disi ▾ il) supposons un peuple inflityé d'après le

» fyftême de législation qui forme l'objet de cet > ouvrage. <

» La partie politique & économique des loix » a concouru à divifer les propriétés & à mul> tiplier le nombre des propriétaires. Elle a dé

truit ou prévenu les caufes qui produifent » d'un côté l'excès de l'opulence, de l'autre l'ex

cès de la mifere. Elle facilite les mariages, > en facilitant les moyens de fubfiftance. Elle a > beaucoup diminué le nombre des hommes qui » n'ont point de patrie, parce qu'ils n'ont ni > propriété, ni famille. Elle a aboli ces trou-> pes mercenaires qui ruinent les peuples, & > les aviliffent en les effrayant; elle leur a fubf>titué ces troupes civiles qui maintiennent la > fûreté publique au dedans & au dehors, qui >> protégent l'exercice & non l'abus de l'autorité, » & qui rendent tout-à-la-fois l'état plus fort > le gouvernement moins arbitraire, les loix plus énergiques, le peuple moins ombrageux, le citoyen plus libre, & la dépendance moins > odieufe. Certe partie de la législation, en dé>truifant les obftacles qui s'oppofoient aux pro

[ocr errors]

grès de l'agriculture, des arts & du commer> ce, a accru le bonheur du peuple & la profpérité publique. En rectifiant le fyftême des > taxes, elle a fait ceffer les vexations, les injuftices, les violences, les haines entre ceux qui gouvernent & ceux qui font gouvernés » & tous les maux dont nous fouffions dans l'état actuel des chofes. «

» Cette partie du fyfiême des loix, relative » à la confervation du peuple, a été suivie

[ocr errors]

de celle qui a rapport à fa tranquillité. « » Une bonne légiflation criminelle a fondé la liberté civile du peuple fur la fécurité de l'in> nocence & l'effroi des coupables. «

› Un plan d'inftitution publique, conforme > aux principes que nous avons établis, a fait » de tous les citoyens des enfans de la patrie, > leur a donné l'éducation du magiftrat & de la loi, a détruit ou prévenu l'opinion publique, a multiplié & refferré les liens de l'u> nion civile, a rapproché les diverses conditions, & prévenu une grande partie des trifles > effets de leur inégalité. En élevant les ames

des dernieres claffes, & prévenant la vanité » & l'orgueil des claffes fupérieures, elle a rendu » les unes & les autres capables d'éprouver l'empire des deux paffions qu'on veut inspirer; > l'exemple, les inftructions, les difcours des > magiftrats, & les autres moyens directs & in> directs que nous avons indiqués, ont con> couru à produire cet effet. «

» L'autre partie de la légiflation, qui a pour objet l'établiffement des connoiffances & de > l'inftruction publique, achevant ce que l'é>ducation a préparé, a donné au peuple affez

de lumieres pour lui faire fentir l'avantage » inestimable d'appartenir à une patrie, & d'être foumis à des loix qui le rendent heureux. « » La partie du fyftême législatif, relative à » la religion, en même tems qu'elle maintient > cette force morale, utile fous plufieurs rap>ports à la fociété, en a détruit les funeftes > abus, & faisant difparoître la différence ab

« PreviousContinue »