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Le premier éloge eft celui de M. Watelet; affocié libre de la fociété, homme diftingué parmi les amateurs des beaux-arts & de la poéfie, mais dont le nom eft tout-à-fait étranger aux académies de médecine. On apprend dès le commencement de cet éloge coinment la reconnoiffance avoit fait une loi à la fociété royale de médecine, de s'affocier ce littérateur, dans un tems où ces agrégations, que l'on appelloit honorifiques, étoient admifes dans toutes les académies. Il feroit fans doute difficile, pour ne pas dire impoffible aujourd'hui, de fouftraire à

critique ces alliances difparates & ridicules, qui, malgré l'habitude & l'ufage, propres à en déguifer la nature, nourriffoient un germe de dépendance & de fervitude, au milieu des corps les mieux faits pour fentir le prix de la liberté. Au refte, M. Watelet étoit, fous tous les rapports, féparé de cette claffe d'académiciens parafites, qui n'ont eu d'autre titre, aux fociétés favantes, que leur nom, leur richeffe & leur crédit. Tout ce que l'on peut reprocher à l'éloge de M. Watelet, c'eft le lieu où il a été prononcé ; mais ceux qui le liront, comme ceux qui l'ont entendu, aimeront à fe faire illufion, & à fe retracer ces images poétiques, qui ont placé dans les mains du même dieu, les attri buts de la médecine & le fceptre des beaux

arts.

Des notices plus ou moins étendues préfentent les noms des affociés régnicoles, qui tous ent eu des titres pour obtenir des témoignages publics des regrets de la fociété; tels fent ceux

de MM. Bonami, Hecquet, Marrigues, Blein, Joubert, Molin, Côme d'Angerville, qui ont été enlevés, pour la plupart, dans le commencement ou au milieu de leur carriere, après avoir déja par leurs travaux ou leur dévouement, mérité l'eftime & l'attachement de leurs concitoyens. A la fuite de ces notices font placés cinq éloges, qui font traités plus en grand, & dans lesquels l'auteur prend les différens tons propres à ce genre d'ouvrage.

Dans les éloges de M. Lobftein, profeffeur de Strasbourg, & de M. Serrae, premier médecin du roi de Naples, on voit deux favans qui, avec des moyens différens & fur différens théatres, ont acquis des droits légitimes aux regrets & à la reconnoiffance des médecins.

M. Lobftein, anatomifte laborieux, médecin favant, chirurgien habile, profeffeur plein de zele, a borné toute fon ambition à être connu de fes difciples, à qui il fe dévouoit; de l'univerfité de Strasbourg, dont il a été l'honneur ; d'un petit nombre de favans à qui fes recherches & fes differtations anatomiques n'avoient pas échappé; & des malades à qui fes confeils & fa main ont porté des fecours précieux, réclamés le plus fouvent dans des circonftances épineuses, où les reffources de l'art paroiffoient déja épuifées.

M. Serrao, domptant la mauvaife fortune à force de courage, & d'autant plus heureux dans fon avancement, qu'il pouvoit en attribuer l'origine à un médecin qui lui avoit fervi de pere, nous montre un homme laborieux & fimple, qui

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a porté l'exemple de fes vertus à la cour des rois, un écrivain curieux, dont la plume fe dirigeoit, fans effort, fur des fujets neufs & piquans, un obfervateur attentif, qui, jusqu'au dernier moment de fa vie, a brûlé du défir d'artacher à la nature des vérités nouvelles, enfin, un médecin plein d'activité, qui a mérité sa renommée par une continuité de veilles & de facrifices pour les progrès des fciences phyfiques, & particuliérement de la médecine, qui a toujours été le grand objet de fes méditations & de fes travaux.

L'éloge de M. Maret, médecin, & fecrétaire perpétuel de l'académie de Dijon, imprime d'abord de l'étonnement, en dévoilant les nombreux travaux auxquels peut le livrer un homme, dont tous les jours font marqués par des productions utiles, pour les arts & pour les sciences; il excite enfuite un vif intérêt, en faisant voir que les occupations multipliées du littérateur, n'avoient rien ôté à la vigilance & aux devoirs journaliers & pénibles du médecin. La terminaifon de cet éloge renouvelle nos regrets fur la perte de M. Maret, en retraçant les derniers actes de ce médecin généreux, qui, déja fort avancé dans une carriere, marquée par les plus grands fuccès, dans le traitement des maladies populaires, eft allé fe dévouer au milieu d'une épidémie meurtriere, où, pour prix de ses soins, ál a trouvé la mort,

L'éloge de M. de la Mure offre un autre tableau; c'eft celui d'un médecin à qui la nature avoit prodigué le talent de la parole & le don

plus heureux encore de la perfuafion; qui a joui pendant le cours d'une longue vie de l'honneur d'être le premier profeffeur d'une école célebre, & du plaifir plus doux d'y être chéri d'une foule de difciples dont il étoit l'ami, qui a dirigé tous ses travaux pour l'utilité de fes éleves, encore plus que pour fa gloire; & qui, joignant à tous les talens de l'art de guérir, les vertus d'un cœur fenfible & compatiffant, a rempli auprès de tous les malades qui fe font adreffés à lui, la double & touchante fonction de médecin & de confolateur.

L'éloge de M. Scheele a un caractere particulier. En voyant la chaleur avec laquelle il eft écrit ; en fe fentant pénétré de l'intérêt & du respect qu'il infpire pour celui qui en eft l'objet; en fuivant l'auteur dans le tableau qu'il trace des travaux éclatans & de la rare modeftie. du chymifte fuédois, on croit entendre le plus ardent & le plus fincere de fes amis & de fes difciples. Non-feulement les découvertes de ce grand homme y font décrites avec un art & une clarté qui les rendent, pour ainfi dire, palpables, elles y font de plus présentées comme des traits de lumiere, faits pour répandre le plus grand jour dans l'explication des phénomenes de la nature, & plus particuliérement dans plufieurs parties de l'hiftoire phyfique du corps humain,

Ce n'eft point ici le lieu de confidérer les éloges dont nous venons de parler fous leurs rapports littéraires; mais nous dirons, parce que nous le fentons, que le côté par où ils nous femblent le plus intéreffans, c'est par la mora

lité qu'ils préfentent; c'eft par-là fur-tout qu'ils feront très-profitables à la médecine; ils font faits pour élever l'ame & agrandir les idées des jeunes gens qui fe confacrent à cette fcience; ils font faits pour entretenir le zele des médecins de tous les âges, en leur préfentant les difficultés qu'ils ont à vaincre, & la gloire qu'ils ont à acquérir; enfin, en rendant l'étude de la médecine plus attrayante, & la profeffion de médecin plus belle & plus noble aux yeux de ceux qui s'y font voués, ils multiplieront les bienfaits que doit répandre fur l'humanité cette fcience falutaire.

Les éloges des affociés de la fociété royale de médecine, font fuivis des tables météorologiques pour les années 1784 & 1785; ces tables, rédigées & ordonnées avec beaucoup de foin par le R. P. Cotte, affocié régnicole de la fociété, font dans l'hiftoire médicale des bafes qui ont plus d'importance & de valeur, qu'on n'eft tenté de le croire au premier coup-d'œil. Ces matériaux réunis & raffemblés avec patience, préfenteront par la fuite un enfemble, & des rapports qui en démontreront de plus en plus l'utilité.

>> Tout ce que nous avons pu faire jusqu'ici, > dit l'exact & judicieux rédacteur de ces ta

bles, c'eft de foupçonner une période lunaire » qui ramene à-peu-près la même température » générale de l'année, tous les dix-neuf ans, > la lune fe trouvant à ces époques dans les » mêmes pofitions à l'égard de la terre. C'est

toujours un pas de fait en météorologie, que » d'avoir été conduit à ce foupçon par la com

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