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» Grecs, a été fubftituée celle des armes (*); → & pourvu que celles-ci foient en bon état, > l'inspecteur moderne, bien différent de l'an

cien, jette à peine un coup d'œil fur la force » & l'énergie du bras qui doit les employer. « » Il n'est donc pas vrai que l'efpece humaine foit le feul objet fur lequel l'homme ne puiffe. exercer fon pouvoir. Il n'eft pas vrai qu'il ne puiffe perfectionner fon phyfique comme il pourroit perfectionner fon moral. Corrigeons l'éducation, corrigeons les mœurs, corrigeons> les loix, & le corps du citoyen fe perfectionnera avec fon efprit; & fi, par ce moyen, un peuple ne peut avoir aujourd'hui, fur le champ de bataille, cette fupériorité, qu'il au»roit eue dans d'autres tems, il en aura une plus précieufe en tems de paix; il fera moins > pauvre & plus heureux. «

En parlant de l'éducation morale, M. Filangiéri obferve que l'ame de l'homme eft, à la naiffance, dans le même état de nudité, pour ainft: dire, que fon corps; qu'il n'a ni idée, ni dé

(*) Elien nous a confervé une loi de Sparte fur cẻ fujet. Adfcriptum etiam hec erat in lege, ut decimo quoque die ephebi ad unum omnes fe coram ephoris nudospublicè fifterens, ac fi effent folidâ corporis habitudine, alidique, & quafi sculpti ex certaminibus & tornati, commendabantur; fi aliquod membrum illis esset turgidum vel molle, ob fuppofitam & fubfcrefcentem ex otio pinguedinem, verberabantur & muldabantur. (Vid, AL. Var. Hiftor., lib. XIV, cap. 7. Vid, etiam ATHENA, lik, 191

fir; qu'il eft indifférent à tout, même à fes befoins; qu'un fentiment aveugle, très-inférieur à celui des bêtes, eft le premier reffort de fes mouvemens; que les facultés de fentir, de penfer, de vouloir, font en lui, mais que les caufes de leur développement font hors de lui.

» Ces facultés, ces puiffances, continue-t-il, ne font pas égales dans tous les hommes ; mais elles font toutes dans eux. Dès l'inftant qu'ils voient le jour, elles forment une partie de leur exiftence. Le fauvage peut en être doué à un plus > haut degré que l'homme civilifé; mais l'abfence > des caufes extérieures, néceffaires pour les déve

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lopper, les fait, pour ainfi dire, refter fans. • action & fans mouvement dans l'um, tandis que le concours des caufes qui fe combinent pour les développer dans le fecond, en excitent toute l'activité.......... «

L'inégalité qui exifte entre un homme & un autre, vient moins de l'inégale aptitude: originaire entre leurs facultés de fentir, de penfer, de vouloir, que de la diverfité des caufes qui fe combinent pour les développer.. Ces caufes font les circonftances où l'homme fe trouve; & parmi ces circonftances, celles > qui naiffent de l'éducation font les premieres, &, par conféquent, celles qui influent le plus • fur ce développement. L'objet de l'éducation > morale, en général, eft donc de préparer le > concours de circonftances le plus propre à dé >velopper ces facultés, conformément à la deffination de l'individu, & aux intérêts de la fo I ciété dont il eft membre. La lecture de ces

> enfuite les objets relatifs aux trois parties dante

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lesquelles nous avons divifé notre fyftême d'é» ducation, il fixe pour chacun d'eux une récompenfe en faveur de l'enfant qui s'y eft diftingué, & qu'il donne à la récompenfe & à l'objet un degré proportionné à leur importance; qu'il en établiffe pour ceux qui fe font diftingués dans les différens exercices relatifs à la partie phyfique de l'éducation; pour ceux qui ont donné des preuves de hardieffe & de courage; pour ceux qui ont délivré un de leurs compagnons d'un danger > imminent; pour ceux qui ont montré le plus d'attention & le plus de fagacité dans les différentes efpeces d'inftructions; pour ceux qui font le plus de progrès dans l'art auquel ils fe > font attachés, mais avec la condition effentielle » qu'ils n'auront point, par quelque faute par

ticuliere, perdu le droit à cette récompenfe. > Que, deux fois par an, on fixe la diftribu>tion de ces prix, afin que la fréquence n'en » diminue pas la valeur, & que la rareté n'en

affoibliffe pas l'efpérance. Que, pour en ré>gler la répartition, l'on ordonne au magiftrat

de chaque communauté de tenir un regiftre > exact des objets fur lefquels chaque enfant » s'eft diftingué, & des motifs qui peuvent le » priver de la récompenfe qu'il a méritée d'une

autre maniere. «

Paffens à l'article des châtimens.

Le législateur, felon M. Filangieri, ne doit pas former un code pénal pour les enfans, fedéfier jufqu'à ce point des lumieres, de la probité du magiftrat inftitureur, & circonferire ainfi

on autorité. » Les motifs qui pourroient l'engager à en abufer font (dit-il) ft foibles & en fi petit nombre, les qualités que l'on exige de celui qui l'exerce font fi contraires aux difpofitions de l'ame qui pourroient juftifier cette » défiance, les circonstances qui rendroient inap>plicables ou dangereux les réglemens particu

liers de ce code, font fi fréquens, que le meil > leur moyen, à mon avis, feroit d'établir quel »ques réglemens généraux, relatifs à cet objet,

& de laiffer à la prudence du magiftrat le foin > de feconder dans l'application les vues du légiflateur, fans defcendre dans ces détails qui pourroient non-feulement l'embarraffer, mais encore devenir inutiles & dangereux. «

L'auteur croit que la partie la plus confidérable de ces réglemens devroit être plutôt née gative que pofitive; que le légiflateur devroit plutôt, fur ce fujet, dire ce qu'il ne faut pas aire, qu'exprimer avec une précifion trop mi nutieufe tout ce qu'il faudroit faire; qu'avant tour il devroit profcrire entiérement l'usage du fouet & du bâton. » Ni le magiftrat, ni les furveillans (obferve-t-it) ne devroient avoir le droit de battre un enfant, de quelque ma> niere & pour quelque caufe que ce fût. Le > législateur ne doit pas permettre que les moyens

deftinés à faire naître le fentiment de la di> gnité perfonnelle foient mêlés à ceux qui aviliffent & dégradent; que ceux qui tendent à fortifier le corps & l'efprit foient unis avec ceux » qui nuifent à l'un & à l'autre ; en un mot, que des moyens deftinés à former des citoyens

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> foient confondus avec des moyens propres
> créer des efclaves. L'expérience prouve que
> des enfans accoutumés au bâton & au fouet
> perdent d'ordinaire cette force de corps &
> cette fenfibilité naturelle, fource féconde de
> tant de qualités fociales. Ils deviennent vils,
» hypocrites, diffimulés, méchans, vindicatifs &
>> cruels; ils s'habituent dès l'enfance au plaifir
> fecret de faire éprouver aux autres les maux
> dont ils font les victimes. «

» Un autre réglement préviendroit l'abus des » peines ignominieufes. Dans la fociété des en> fans, de même que dans celle des adultes, » l'extrême fréquence de cette efpece de peines, » & le nombre trop confidérable de ceux à qui

elle eft infligée, en affoibliffent la force & > l'intenfité. Dans l'une & l'autre fociété, ces > peines, fondées fur la feule opinion, deivent > être employées avec réferve; elles ne doivent » être deftinées qu'aux délits ou aux fautes qui, » de leur nature, font condamnés à l'ignominie > par l'opinion même. «

M. Filangieri voudroit que le législateur défendit au magiftrat inftituteur l'abus de cette cfpece de châtiment ; qu'il lui en prefcrivît l'usage raisonnable & modéré; qu'il lui fît fentir l'inconvénient qu'il y auroit d'accoutumer les enfans à voir avec moins de peine la diminution ou la perte de l'eftime de leurs femblables; qu'il lui montrât comment cet inconvénient pourroit éteindre en eux le fentiment de l'amour de la gloire & celui de leur propre dignité, comment on pourroit graduer les divers châtimens de ce

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