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font faintes, & de fe jetter dans une foule de digreffions qui reviennent prefque às chaque chapitre. Mais voici d'autres fautes plus étonnantes encore: Pourquoi élévons-nous des Temples ? dit Mr. Ballet Les Payens, ajoute-t'il, nous l'appren nent: ce n'eft point pour les Dieux, dit Ladance; mais pour les hommes, &c. Il eft bien furprenant qu'un Père de l'Eglifetrès célébre, foit ici transformé en Pay en:: n'eft-il donc jamais arrivé à notre Prédi cateur de le citer en chaire? Allons plus loin. L'Auteur parlant de l'Empereur Théodofe, dit ** qu'il fe rendit maître du Sérapion d'Aléxandrie dans le cours de: fés conquêtes. Mais Théodofe ne fit ni la› conquête d'Alexandrie, ni celle d'Egypte; tout cela étoit dans la portion de l'Empire que Gratien lui affigna, en le créant Augufte. Il est encore échappé à Mr. Ballet d'avancer que St. Ambroife *** étoit Archevêque de Theffalonique: Théodofe,ditil. fit maffacrer fept mille habitans de Thef falonique; quelque tems après, l'Empereur

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vint à l'Eglife: St. Ambroife, qui en étoit Archevêque, &c. Notre Hiftorien dit ailleurs que les Juifs étoient eftimés des Romains; cela ne fuffifoit pas; il falloit encore le prouver, ou s'en tenir à l'autorité: de Ciceron, d'Horace, de Tacite, &c. qui affectent tous le mépris le plus marqué pour cette Nation: ces Auteurs n'étoient en cela que les interprêtes de la voix pu-blique. Fourquoi avance-t'il ** que Julien fut fouftrait à la mort par l'amitié de Conf tance? Quel ami qu'un Prince qui venoit de faire égorger injuftement fon Père & fes Frères? Conftance ne l'auroit il pas même immolé avec eux, fans la compaffion de l'Impératrice Eufébie, qui ne put arrêter la fureur de cet ami prétendu, qu'à condition que ces Princes qui étoient encore enfans, fe confacreroient aux autels;; & perfonne n'ignore que l'infortuné Gallus fut enfuite facrifié aux barbares foup-çons de l'Empereur.

Enfin notre Auteur préfente Julien re-levant les Temples des faux Dieux, & celui des Juifs; & dit enfuite que fon frère Gallus, qui étoit Chrétien, voulant don-

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ner des marques de fa foi, en érigeoit un en l'honneur de St. Babylas. Mais Julien ne releva les autels du Paganisme, que quand il fut Empereur; & il y avoit déjà plufieurs années que Gallus avoit été maffacré par Conftance. Nous invitons l'Auteur à réformer ces inadvertances, & d'au-' tres qu'il feroit trop long de rapporter ; il peut même retoucher entiérement fon ouvrage : les chofes excellentes qu'il renferme, nous engagent à lui donner ce confeil.

DE ARA VICTORIE IMPERATORIBUS CHRISTIANIS ODIOSA &c. Differ-.. tation lue à Wittemberg par Mr. Hoff mann dans l'Univerfité le 1 Fevrier; 1760.

L'A

'Auteur fepropofe d'analyfer dans cet te Differtation l'hiftoire de l'Autel de la Victoire élevé à Rome, & de fuivre. les differentes révolutions auxquelles il a été expofé depuis fon origine, jufqu'à sa destruction totale fous le régne de Gratiên. Ce morceau ayant été fait pour une Académie de Sçavans, l'Auteur s'eft attaché d'avantage à y jerter beaucoup

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A

'érudition, qu'à y répandre des fleurs. Comme c'est l'ufage chez la plupart des Litterateurs de commencer par des réfléxions générales, fouvent affez étran geres au fujet qu'ils traitent; Mr. Hoffmann s'étend d'abord fur la vénération des Payens pour leurs Dieux; & il les propofe aux Chrétiens modéles. pour Toutes leurs entreprises, dit-il, étoient précédées par des prieres & des invocations d'ou vient la célébre formule, jove principium. Il ne nous paroît pas cependant que ce foit là le vrai fens de cette expreffion; elle regardoit plutôt la conduite des differens Légiflateurs des Nations qui mettoient toujours le culte des Dieux à la tête de leurs loix; & c'eft à quoi cette formule avoit rapport: Mr. Hoffmann cite plufieurs pratiques religieufes pour démontrer la piété des Payens. Le Senat Romain ne s'affembloit jamais qu'après certaines cérémonies dont on ne pouvoit fe difpenfer fans fcandale. Nous lifons dans Suétone* qu'on trouva mauvais que Jules Cefar y fut venu fans s'être acquitté préalablement de ce

Introit Curiam, fpreta Religions.

devoir. Augufte donna enfuite un décret pour ordonner à tous les Membres de ce corps, d'offrir de l'encens & des libations fur l'autel du Dieu, dans le Temple duquel on s'affembloit.

Avouons néanmoins, quoiqu'en dife l'Auteur, que le zèle des Payens pour leurs Dieux, étoit affez équivoque. Ce même Augufte qu'il trouve fi dévot, ne fe contenta pas de dire, après avoir perdu une Flotte par la tempête, qu'il vaincroit en depit de Neptune; mais il défendit encore de porter en proceffion l'image de ce Dieu à la folemnité prochaine des jeux du Cirque. Ne vit-on pas le Peuple en fureur à la mort de Germanicus, renverfer les Autels, & jetter fes Dieux Pénates par les fenêtres. Alexandre, fi foible, fi fuperftitieux dans fa prémiere jeuneffe, fut fi irrité que les Dieux euffent laiffé mourir fon cher Epheftion, qu'il vomit contre eux toutes fortes d'invectives; mais ce fut Efculape furtout qu'il maltraita d'avantage; il commanda que fon Temple fut brulé.

Qu'elle pouvoit être la piété dans un fyftême de Réligion ou l'on affacioit aux Dieux les hommes les plus corrompus? Teletoit Démétrius que les Athéniens dé

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