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même d'avoir fait maffacrer à Avignonnet les Inquifiteurs de la Foi. C'est ici le lieu de parler de l'origine & des prémiers progrès de l'Inquifition. Ce morceau d'Hiftoire appartient particulierement à la Ville de Touloufe qui a vû ce Tribunal formidable fe former dans fon fein.

Le Concile tenu en cette Ville en 1229, ayant refolu de prendre les moyens les plus efficaces pour rétablir la pureté de la Foi dans le midi de la France, décida que les Evêques députeroient dans chaque Province un Prêtre & deux ou trois, Laïques, pour faire la recherche des Hérétiques & de leurs Fauteurs. Lorsque les accufés réfutoient d'abjurer leurs erreurs, on les livroit aux Juges féculiers qui les puniffoient de mort. Les Dominicains ou Fréres Précheurs, qui venoient d'être établis à Toulouse, s'arrogèrent bientôt cette Jurifdiction par l'autorité du Pape Grégoire IX, qui leur accorda plufieurs Bulies à ce fujet. Leur zéle qui auroit dûle renfermer dans les bornes de la modération, fe porta à de fi grands excès, qu'il occafionna plufieurs féditions. On ne peut lire, fans être faifi d'horreur, les cruelles maximes qu'on fuit encore dans les pays

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d'Inquifition, d'aprèscelles que le Conci le de Narbonne publia en 1234.,, L'on* tient dans ces Inquifitions, dit, Marfollier, pour maximes inviolables qu'il ne faut jamais difputer de religion avec les Hérétiques; & qu'ils doivent être inftruits par la voie de l'autorité, non ,, par celle des éclairciffemens ,, Qu'un Hérétique quoique abfous par le Pape, ne laiffe pas d'être fujet à l'Inquifition, & peut être condamné à Qu'on ne doit jamais in,,terroger un accufé, fi l'on doutoit de fon crime; mais qu'il faut toujours fuppofer le fait comme véritable, & l'interroger feulement fur les circonftances. Qu'en examinant un Hérétique, il faut toujours lui mettre la mort devant les yeux : qu'on ne doit ,, pas efpérer ni même tenter de le convertir par l'Ecriture Sainte ou par la difpute. Qu'il faut lui promettre dans des termes ambigus de lui faire grace, s'il confeffe fon crime; & ne lui rien tenir de ce qu'on lui a promis, quand il l'a confeffé. Que les biens

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Hift. de l'Inquifition,

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d'un Hérétique font acquis de droit à 5, l'Inquifition, au préjudice même de ,, fes enfans, & autres fes Héritiers Ca tholiques. .. Qu'en fait d'héré,, fie il n'y a point de prescription... Qu'il n'y a ni raison de parenté, ni d'alliance, ni de reconnoiffance, fut,, ce même de la vie, qui puiffe difpenfer de déférer un criminel, qui eft de,, venu fujet à l'Inquifition. Qu'un Relaps quoique repentant enfuite, doit être condamné à mort. Qu'un Héréti„, que qui a fait abjuration d'une héré-, 9, fie, s'il retombe dans autre, doit paf-, fer pour Relaps. Qu'on ne laiffe pas d'être fujet à l'Inquifition pour avoir avancé quelque hérétie, quoique; ce foit par ignorance, parce que tout, fidèle eft obligé de fçavoir ce qui a été. ,, condamné par l'Eglife... l'Eglife. . . . . Enfin ,, les Inquifiteurs n'ont pas horreur d'avouer eux-mêmes qu'il vaut mieux fai, re périr cent Catholiques irréprocha bles dans leur Foi, que de laiffer échap ,, per un Hérétique, par cette raifon ,, qu'en donnant la mort à un Catholi ,, que innocent, l'on ne fait que hi affu,,rer le Paradis; au lieu qu'en laiffant aller ,, un Hérétique, il pourroit perdre &

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infecter un grand nombre d'ames. Les Dominicains tentérent plus d'une fois de s'arroger tellement cette cruelle Jurifdiction, que les Evêques mêmes en fuffent exclus. La Cour de Rome &: 'celle de France employerent auffi souvent les exhortations & les défenfes. pour modérer la trop grande févérité de ces Juges, pour remédier aux abus qui: s'étoient gliffés dans leurs jugemens, & qui dans leur origine étoient fans appel.. Le Parlement obtint dans la fuite le droit de donner aux Inquifiteurs des adjoints. choifis parmi fes Officiers. La Secte des Albigeois s'étant éteinte peu à peu, les Inquifiteurs n'eurent plus d'Héretiques à brûler, jufqu'à la naiffance du Luthéra nifme & du Calvinisme qui leur donnerent occafion de fignaler de nouveau leur zéle. Enfin Charles de Montchal, Archévêque de Toulouse, vint à bout de fervir la Réligion & l'humanité, en faifant: fupprimer ce Tribunal odieux, par unAr rêt du Confeil du Roi qu'il obtint vers l'an 1645.

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La fuite au Journal prochain..

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Hiftoire des Temples des Payens, Juifs & des Chrétiens : Dédiée à la Reine, par Mr. l'Abbé Ballet, ancien Curé de Gif & Prédicateur de fa Majesté. à' Paris chez Cailleau 1760.

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E fujet eft des plus heureux & des plus intéreffans; il demande toute la dignité de l'hiftoire; mais l'Auteur a cru que des réfléxions pieuses, un langa ge myftique, & des déclamations pourroient ici tenir lieu de recherches & d'exactitude. La matiere qu'il a entrepris de traiter, exigeoit une vafte érudi tion, de la critique, un efprit jufte pour apprécier les faits, & pour les voir en` Philofophe. Les événemens font un dépot facré entre les mains des Ecrivains, & c'eft une profanation que de les affu jettir à fes idées particulieres.

Cette Hiftoire eft divifée en trois Par ties. La prémiere traite des Temples des Payens: la feconde des Temples des Juifs, & la troifiéme des Eglifes des Chrétiens.

L'Auteur s'étend d'abord fur l'antiquité des Temples des Payens, qui ont précédé de beaucoup ceux des Juifs. Les Tem

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