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yent fous un habit groffier pour l'entendre il étoit délicat dans fes fentimens & fort porté à la galanterie, il vouloit obtenir les faveurs de la beauté comme amant & non pas comme Souverain. Enfin, dit notre Auteur, Alexis mérite d'être mis au rang des grands Rois, & il fut digne de préparer les merveilles du régne de Pierre I laiffa plufieurs enfans de deux femmes; de la prémiére,il avoit eu lesPrinces Théodore, Jean, & la Princeffe Sophie; de la féconde, Pierre & la Princeffe Nathalie.

Théodore qui fut bientôt enlevé à fes fujets, regna le prémier; il avoit donné des efpérances qui lui mériterent des regrets. Comme il n'avoit point d'enfans, le trône étoit dévolu naturellement a fon frére Jean. Cependant, comme ce Prince avoit un corps foible, & qui préfageoit une ame plus foible encore le Czar en mourant, défigna Pierre qui n'avoit que dix ans, mais qui dès lors montroit avec une fanté vigoureuse, un caractére mâle & actif. Ce choix qui honore le jugement de Théodore, fut approuvé & confirmé par les principaux Seigneurs Ruffiens. Nous réferverons pour un fécond extrait, le régne de ce Homme extraordinaire.

Mémoires fur les Défrichemens. à Paris chez la Veuve d'Houry; 1760. vol.

in-12.

C

'eft ici l'Ouvrage d'un bon Cy toyen, & qui veut fervir utilement fa Patrie & tous les hommes en général. Un fpéculatif qui ne voit jamais la Nature que du fond de fon Cabinet, qui s'épuite à réver fur fes opérations, & qui prétend la forcer à lui révéler fes fécrets, n'a pas droit de parler au public. C'eft à un fvftême raifonné, à des détails furs, à des procédés judicieux qu'i faut s'attacher, quand on veut l'intéreffer; & tout cela fe trouve ici; précifion, exactitude, vûes effentielles, expériences décifives, zéle éclairé, ftyle fimple & analogue au fujet, fans jargon, fans faillies, fans citations pédantefques; voiTà l'idée générale que nous avons formée de cet Ouvrage, dont nous allons préfenter les principaux objets. Nos Lecteurs nous pafferont la féchereffe de ces détails; ils font utiles; c'est en dire affez à des hommes railonnables,

La France fituée dans le climat le plus heureux, & qui peut fournir à toutes fortes de productions par la fertilité de fon fol, a cependant près de la moitié de fon terrein en friche. Qu'elle indolence! Qu'elle infenfibilité? On fe propofe ici de l'éclairer fur fes interêts, & l'on commence par expofer la méthode des défrichemens nous allons parcou rir fommairement tout cela.

- Il faut d'abord faire fonder le terrein à défricher, en differens endroits, à huit ou dix pieds de profondeur, afin d'en connoître la qualité, & la variété des couches qui s'y rencontrent. Il n'y faut pas fouffrir de gibier, en trop grande quantité; les Lapins furtout font les animaux qui font le plus de dégat; il eft

propos de les détruire entierement. Quand le gibier domine trop, les fonds reftent à la fin fans culture, & les Habitans dévenus pauvres & miférables, défertent pour la plûpart, &c.

Les terres incultes fe divifent communément en trois efpeces, les mauvaifes, les médiocres & les bonnes. Les prémiéres font les fables vifs & brûlans qui font propres à faire du mortier, quand on les mêle avec de la chaux; ils font

généralement abandonnés comme ftériles; cependant l'Auteur propose les moyens d'en tirer parti; on y peut faire venir du bled noir, & en grande quantité, auffi bien que des bois de fapin & de chêne même. Si l'on deftine ce fable à porter toujours du bled, des légumes ou d'autres productions, il faudra néceffairement l'améliorer à demeure, felon la méthode que l'on trouve ici. Au refte, il eft plus à propos que l'on fe contente d'y recueillir du feigle, parcequ'il éxige moins de dépense pour la prépara

tion du fol.

Les terres médiocres comprennent celles qui font légères, fablonneufes, graveleuses, mais qui ne font cependant pas propres comme le fable vif à faire du mortier, lorfqu'on les mêle avec de la chaux cette espèce de terre eft la plus abondante dans le Royaume; elle produit ordinairement des landes, de la bruyere noire ou blanche, de la fougére, des génets, des ronces &c. L'Auteur a obfervé que la bonté du fond varie. fuivant que ces productions font hautes, fortes & épaiffes. C'eft au mois de Mars qu'il faut procéder au défrich ement avec un inftrument que l'on nom

me

meen Anjou Ecobue, & dont on trouve ici la defcription. On enlevera partout le gazon à la profondeur de quatre pouces; on le brûlera quand il fera fec, & l'on en étendra les cendres fur le terrein pour le fertilifer. La méthode & le nombre des labours, le tems des femailles relativement aux terres qu'il faut difpofer en fillons ou en planches T'efpéce de bled qui convient au défrichement, les travaux de la recolte, les moyens de faire du fumier artificiel, enfin les frais de ces différentes opérations; tout ce détail important, que nous ne pouvons pas analyser, se trouve ici expofé avec l'étendue néceffaire; & l'on n'a pas de peine de convenir en confequence avec l'Auteur que la méthode d'Ecobuer & de brûler les terres, eft fans contredit le plus fur moyen & le meilleur, foit pour les défricher, soit pour les rétablir.

Quant aux bonnes terres qui forment la troifiéme espéce, elles comprennent les terreins gras, forts, argilleux : la maniére de les défricher & de les employer, eft la même à peu près que celle que nous venons d'indiquer, & nous n'y infifterons pas.

Tom. III. Part. III.

B

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