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fa divinité, qui fe tirent de la maniéré de fon établiffement & de fa confervation: au refte Bellarmin ne tient pas compte aux prémiers Chrétiens de leur modération; il nous affure fans détour qu'ils étoient en droit de contraindre les Payens, & que s'ils ne l'ont pas fait, c'eft qu'ils n'étoient pas affez forts pour celà. A toutes ces observations fur l'intolérance, l'Anonyme ajoute encore l'autorité de Jefus-Chrift, des Apôtres & des Péres des prémiers fiécles de l'Eglife. C'eft le propre de la pieté, dit St. Athanafe, non de contraindre, mais de perfuader, à l'imitation du Seigneur. Quant au Diable, comme il n'a rien de véritable, il vient avec des haches & des coignées rompre les portes de fes ennemis. On accuse enfuite l'intolérance de canonifer les prétentions les plus odieufes, & les attentats les plus horribles; on prétend encore que les entreprifes des Papes fur le Temporel des Rois, le Tribunal de l'Inquifition, & la doctrine monftrueufe qui permet d'afsasfiner les Puinces Hérétiques ou fauteurs d'Héréfie, ne font qu'une fuite naturelle de fes principes. L'Anonyme entreprend enfin de répondre à quelques difficultés, dont la principale eft tirée des maximes Tom. III, Part, I. C

des Juifs contre la tolérance, & qui font confacrées par l'autorité de Dieu même. Il accorde que Dieu a pu les prefcrire dans l'oeconomie Mofaïque, mais il nie que Jefus-Chrift ait pu les renouveller dans la féconde Alliance, parce qu'il ne s'eft propofé que de perfuader, de convaincre & d'introduire un culte intérieur,libre & fincére.

La féconde queftion que l'Auteur difcute ici, eft Hiftorique, & il prétend faire T'apologie de la conduite des Proteftans depuis leur origine.

Les Sçavans que François I. potégeoit, avoient les principales chaires dans les Univerfités du Royaume. Ils applaudirent avec empreffement aux entreprises de Luther contre la Réligion Romaine; ils s'attachèrent un grand nombre de perfonnes de tout féxe, auxquelles ils infpirèrent les nouveaux fentimens. Les Parlemens voulurent alors s'oppofer au torrent, & févir contre les Réformateurs, dont les prémiers Pasteurs furent presque tous condamnés aux flammes. Mais tous ces efforts ne purent arrêter les progrès du Proteftantifme. Après la mort de Henri II. on comptoit déjà plus de deux mille Eglifes en France, qui avoient leur difci

pline, leurs Miniftres & des Confiftoires. Le prémier Synode National fe tint à Paris en 1559, & l'on y dreffa la célébre Confeffion de Foi des Eglifes Réformées de France.

On reproche aux Réformés la fédition de St. Médard élevée entre'eux & les Catholiques en 1561; mais l'Apologifte veut les juftifier par les Mémoires de Caftelnau.,, Après le Colloque de Poiffi,

dit cet Auteur, les Catholiques fup,, portoient impatiemment que les Hu,, guenots euffent la permiffion de faire

des Affemblées publiques, & notam,,ment aux Fauxbourgs de Paris. Ce qui ,, fut caufe que les Prêtres irrités de cela,

s'affemblèrent en l'Eglife de St. Mé,, dard; & fi tôt que le Miniftre eut commencé de Prêcher, ils fonnèrent les ,, cloches le plus fort qu'ils purent, de forte que les Huguenots qui étoient en ,, grand nombre, en un jardin près de l'Eglife, ne pouvoient rien entendre. Ce qui fut caufe que deux ou trois de l'Affemblée allèrent par devers les Prêtres, pour les prier de ceffer, ce qu'ils ,, ne purent obtenir, & de-là vinrent aux paroles & aux prifes, dont il y eut ,, un des Huguenots qui mourut. Les PreCa

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tres incontinent fermèrent l'Eglife, & montant au clocher, fonnèrent le tocfin , pour faire émeuter le Peuple ,, Catholique qui accourut foudain au lieu où fe faifoit le prêche."

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Un autre grief plus violent contre les Proteftans, eft la Conjuration d'Amboite fous le régne de François II. La Reine Catherine, dit un Auteur contempo,, rain,* voyant les Princes du Sang re,, culés, les principaux Officiers de la Couronne malcontens, & les vieux Guerriers menacés par les Guifes, s'ils demandoient des penfions, montrant d'être marrie de ce qu'on les traitoit ,, ainfi, fe réfolut à part foi de les mettre en colére contre le Gouvernement, afin d'y entrer fous ombre de fe faire arbitre de leurs différens. Elle s'adreffe à Mademoiselle de Montpenfier, Dame de grand entendement, qu'elle fembloit aimer par deffus toutes les autres. Elle fe plaint que le Gouverne,, ment eft ôté aux Princes du Sang, légitimes adminiftrateurs d'icelui, & commis à des Etrangers. Elle fe plaint

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* Dans le Difcours curieux fur la vi; & les actions de Catherine de Médicis.

, auffi du reculement de Mr. le Connétable, de fes enfans & de fes Neveux, les Chatillon, du peu d'autorité qu'on laiffoit aux Officiers de la Couronne ,,du mépris qu'on faifoit des Gens de ,, guerre, & du peu de cas qu'on faifoit ,, d'elle-même, femme & mère du Roi....

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Elle fçavoit d'ailleurs que Mademoifelle de Montpenfier adhéroit dès lors ,, aux fentimens nouveaux, & une multititude de Seigneurs avec elle. C'estpourquoi elle fait mine de hair les ri,, gueurs exercées contre les Huguenots, veut connoître leur doctrine, montre avoir bonne envie de s'y inftruire, fe fait recommander à leur Confiftoire, leur promet toute aide & toute faveur, comme fi elle ne défiroit que leuravan,, cement. Mademoifelle de Montpenfier à fon inftance, communique ce propos au Roi de Navarre, & au Prin,, ce de Condé; pareillement en fait ouverture à Mr. le Connétable, par l'entremife de Charles de Marillac, Ar,, chevêque de Vienne, enfemble à plufieurs autres Seigneurs, qui, felon fon jugement, y avoient intérêt. De-là ,, naquit l'entreprife d'Amboife, conduite ,, par deux fortes de Gens, les uns mal

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