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tes; d'autres répofoient près des ruiffeaux gazouillans. Plufieurs étoient dif,, perfés dans la plaine: ils préfidoient à ,, la croiffance des fruits, répandoient fur les fleurs naiffantes la couleur de

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feu, l'aurore & l'azur, & leur infi,, nuoient des parfums agréables, en les fomentant de leur haleine. Plufieurs étoient diversement occupés dans l'ombre des bocages, & de leurs aîles brillantes faifoient éclore les Zéphirs..... Mais bientôt la tale levée deflus les ,, yeux des Mortels, fe rabbatit, & cette fcène raviffante difparut." L'Ange dans fon nuage, & les deux époux profternés, rendent de tendres actions de graces. Ils paffent l'Eté à embellir leur habitation. L'Automne couronnée de fruits, vient & fait place à l'Hyver. Quelle est la furprife, l'effroi, l'horreur des deux époux quand ils fentent le fouffle des Aquilons, & qu'ils voyent la neige couvrant les champs, & blanchiffant le fommet des montagnes. Ils craignent que la Nature expirante ne touche à fon terme; mais le Printems renaiffant leur rend la férénité. La terre ,, rajeunie femble leur fourire; une douce verdure revet les Campagnes; un mêlange varié de fleurs diverfes, embelit

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les prairies, & difpute l'éclat au So ,,leil; les Arbres & les Arbriffeaux fe ,, parent de feuilles; toute la Nature ra ,, nimée eft dans la joye.,, Adam & Eve pénétrés des plus vifs tranfports, élévent en hâte un Autel qu'ils arrofent de larmes de joye; & ils célébrent ce Dieu », qui fait tourner à l'avantage des hom,, mes, les effets mêmes de la jufte vangeance."Tout-à-coup, une flamme def cend du Ciel fur cet Autel; une colonne de fumée s'éléve dans les airs. Adam s'écrie que le Seigneur demande une Holocaufte, & traîne à l'Autel un Agneau qu'il immole en foupirant. La flamme confume la victime, & un parfum célefte remplit la contrée. La naiffance de Cain comble de joye nos premiers Péres ; celle de Mehala, d'Abel, de Thirza l'augmentent encore; & le tendre Adam voit avec un plaifir infini, une riante famille jouant autour de lui, & lui préfageant une nombreufe & floriffante poftérité. Tout ceci eft décrit avec une naïveté, un naturel, une grace, qui attendriroient les cours les plus infenfibles.

Adam avoit fini de parler; fes enfans lui prêtoient encore une oreille avide. Son récit les avoit émus diverfement

&leur avoient arraché tantôt des larmes, tantôt des fignes de joye. Caïn feul, n'avoit ni pleuré, ni fouri.

Le refte à l'ordinaire prochain.

Guillaume Tell: Fable Danoife, &c. 1760%

E Pirrhoniline hiftorique devient de

ou l'on altére les faits. On a juftifié Sar danapale & la Reine Brunéhaut. On a répandu des doutes fur le fameux combat des Horaces & des Curiaces, fur l'expé dition de Céfar dans les Gaules, fur la conjuration de Venife, & fur une infinité d'autres événemens qui fembloient con facrés par l'aveu de toutes les Nations. On en ufe, en un mot, à l'égard de l'Hif toire, comme en Métaphyfique, où à force de difcuffions, de chicanes & de fubterfuges, un efprit faux croit également prouver l'alternative.

L'avanture de Guillaume Tell, fi célébre dans les Faftes de la Nation Helvétique, n'eft qu'une chimére, fi nous en eroyons l'Auteur anonyme de cette pe te Brochure, Mais comme nous nous de

vons à la vérité; bien loin de foufcrire à ce paradoxe, nous ferons quelques réfléxions là-deffus, après avoir d'abord ex-pofé fuccintement le fait qu'on conteste aujourd'hui.

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Les Suiffes portoient impatiemment le joug de la Maifon d'Autriche, dont la puiffance n'étoit pas, comme à préfent tempérée par les fentimens d'humanité & de Réligion. Les Gouverneurs qu'on leur donnoit, abufoient infolemment de leur autorité, & afferviffoient à leurs caprices les Peuples qu'on confioit à leurs foins. Gefler qui commandoit dans ce pays pour l'Empereur Albert I, fit bâtir un Fort appellé Le Joug auprès d'Altorf, principal Bourg du Canton d'Uri, & y fit dreffer une perche furmontée d'un chapeau, auquel il exigea qu'on rendît les mêmes honneurs qu'à l'Empereur. Guillaume Tell indigné de cette fervitude paffa hardiment devant le chapeau fans le faluer. Il fut auffitôt arrêté, & condamné à mort on lui fit cependant efpérer fa grace, à condition qu'il abbattroit d'un coup de fléche une pomme placée fur la tête de fon fils; il tira en tremblant; eh! quel eft le Pére qui n'eut pas aremblé en exécutant un ordre auffi bar

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bare? Il fut affez adroit pour réuffir; mais Gefler appercevant une feconde fléche fous fon habit, lui demanda ce qu'il en prétendoit faire: Elle t'étoit deftinée, dit le Suiffe en colére, fi j'avois bleffé mon fils. Une réponse auffi fiére irrita le Gouverneur qui voulut le faire enfermer pour le refte de fes jours, dans un Château bâti au milieu d'un Lac. Comme on l'y conduifoit, un orage furvint qui poussa le bateau à bord; & il échappa à fes Ennemis. A peine fut-il libre, que pour vanger la gloire de fa Patrie, & fa propre injure, il vint à bout d'immoler fon Ty-. ran. Ce fut, pour ainfi dire, à ce fignal que les Suiffes s'armérent, & combatti rent conftainment jufqu'à ce qu'ils euffent affuré leur liberté.

Voici les difficultés que l'on oppose à ce recit. La prémiére eft tirée du filence des Hiftoriens contemporains des autres Nations qui n'en ont pas parlé dans le détail qu'ils ont donné de la Révolution de la Suiffe. Winterthour n'en dit rien. Etherlin eft peut-être le prémier qui ait publié cet événement, & fon témoignage paroît avoir été copié par les Ecrivains poftérieurs; mais comme il aime beau

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