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« si légitimement acquise à tant de titres; il faut que la postérité «<sache que l'illustre Frédéric a été le libérateur de la France. »

« C'est ainsi que s'exprimaient les bons Républicains de Verdun, ou les fidèles et très humbles sujets de Louis XVII et du tyran prussien son protecteur; il est aisé de voir que les prètres, les nobles, les robins n'étaient pas étrangers à la rédaction de cette adresse où des enfants dénaturés, se soulevant contre leur mère, ne rougissaient point de qualifier de libérateur de la France le tyran qui venait de ravager son sol; telles étaient les intentions. bénignes de ce prétendu libérateur, il n'en faut pas douter; c'est toujours l'intérêt qui mène les rois, comme c'est l'intérêt qui mène le loup autour d'une charogne.

« C'est cependant ce dévastateur du territoire français, que les filles et femmes Tabouillot, Bestel, veuve Masson, La Lance, veuve Brégeart, Croutte, les filles Henry, Watrin, La Girousière, montées dans un char, vont visiter et complimenter.

« On vous a dit, continue l'accusateur public, que ce char n'était autre chose qu'une misérable charrette, ouverte de tous les côtés, un char à fumier. Eh bien en appréciant à leur juste valeur ces femmes rampantes, montées dans leur voiture à fumier, je dis que jamais cette charrette n'en voitura tant que lorsque ces femmes allaient visiter le tyran.

Mais il faut vous caractériser plus particulièrement quelquesunes de ces flagorneuses, de ces esclaves du despotisme, et je commence par la femme Bestel, comme la contre-révolutionnaire la plus déhontée, la plus outrée.

« Il n'est pas d'occasion où cette femme n'ait tenu les propos les plus contraires à la Révolution, et où elle n'ait manifesté sa haine pour le gouvernement populaire; et par suite de son acharnement contre les patriotes, elle a fait arrêter le maire le plus dévoué à la République.

« La fille Henry ne se contentait pas de faire des voeux stériles pour la contre-révolution, elle aidait encore de tout son pouvoir les émigrés. Elle a donné à un de ces monstres nommé Rodaux, une somme de 2,000 livres; en vain elle a prétendu que cet homme avait été autrefois son bienfaiteur, qu'elle le voyait dans l'indigence, et que c'était la raison qui l'avait déterminée à lui offrir le remboursement d'une somme qu'elle lui devait; il est

prouvé aux débats que cette somme de 2,000 livres était de sa part un pur don à Rodaux, et qu'elle l'a dispensé de toute restitution.

« Petit s'excuse inutilement sur ses infirmités ; il n'a pas moins que les autres contribué à la reddition de Verdun, à cette capitu. lation honteuse conclue sans nécessité, et qui n'a pas même été excitée par l'ennemi.

« Fortin, comme vous avez pu le remarquer, a tout à la fois nié et reconnu ses correspondances avec les émigrés.

Chotin, voulait envoyer des fonds aux émigrés et proposait pour ce message une forte récompense.

« La femme Croutte traitait les volontaires de « crapeaux bleus « et de scélérats. » Petit et sa femme ont manifesté les sentiments les plus contre-révolutionnaires, tenu les propos les plus incen diaires, et outragé les patriotes de la manière la plus révoltante, pendant la résidence des Prussiens.

<< Voilà, Citoyens Jurés, les preuves administrées par les débats avec les accusés ; ce que vous ont appris leurs écrits et les témoins produits contr'eux.

« Vous avez vu avec quelle opiniâtreté, quel entêtement, de jeunes filles cédant sans doute aux suggestions perfides de leurs mères, et partageant ainsi leur crime se sont refusées à toute espèce d'éclaircissement, et ont, en quelque sorte, méprisé les moyens que le tribunal leur ouvrait, sinon d'établir entièrement leur justification, au moins la facilité d'expliquer leurs torts et de les atténuer ; et de ce silence criminel, j'en conclus que ces jeunes tiges sont toutes aussi corrompues que le tronc dont elles

sortent. >>

Après que l'accusateur public et les défenseurs officieux eurent été entendus, le président déclara clos les débats et la question posée au jury fut celle-ci : « A-t-il existé des manoeuvres et des intelligences tendant à livrer aux ennemis la place de Verdun, à favoriser les progrès de leurs armes sur le territoire français, à détruire la liberté et à rétablir le despotisme? »

Les accusés en sont-ils les auteurs ou complices?
Le jury ayant reconnu à la majorité :

« 10 Qu'il est constant qu'il a existé des manoeuvres et intelligences tendantes à livrer aux ennemis la place de Verdun, à favoriser les progrès de leurs armes sur le territoire français, à détruire

la liberté, à dissoudre la représentation nationale et rétablir le despotisme;

« 2o Que de Neyon, Périn, Grimoard, de Croyé, Gossin, Collot, Lefèvre, La Corbière, Herbillon, Lamèle, Barthe, d'Aubermesnil, Péligrin, Joulin, Badillon Leclerc, Després, Thuileur, Fortin, Chotin, la femme Tabouillot, Claire Tabouillot sa fille, les femmes Bestel, La Lance, Marguerite Croutte, les veuves Masson et Brégeart; Suzanne, Geneviève et Barbe Henry, filles de Henry, président du ci-devant bailliage de Verdun, Anne, Henriette et Hélène Watrin, filles du défunt Watrin, la fille La Girousière, Milly et Petit sont convaincus d'étre les auteurs ou complices desdites manoeuvres et intelligences..... » - Reproduit par Mérat: op. cit., pages 193-211.

Au nom de la République française, une, indivisible et populaire. Egalité, Liberté, Fraternité aux Sans-Culottes. Terreur aux aristocrates. Haine aux modérés.

Le Représentant du peuple français, délégué par la Convention nationale dans le département de la Meuse et de la Moselle pour l'exécution des mesures de salut public et l'organisation du gouvernement révolutionnaire, considérant que la commune de Verdun languit sous la pression d'une suspicion d'autant moins supportable qu'elle l'a plus méritée; que, depuis la mort de Delayant et de ses complices, et l'arrêté du 12 Floréal, cette contrainte est devenue plus aiguë et qu'il est temps de la faire disparaître, puisque tous les citoyens sévèrement épurés ont mérité le suffrage de toutes les autorités réunies; qu'il faut aussi que le grand exemple de sévérité donné à la France entière sur la commune de Verdun soit terminé d'une manière solennelle et que les traîtres, les contre- révolutionnaires, les modérés, une fois punis, les Républicains et les montagnards respirent paisiblement ; arrête ce qui suit:

ARTICLE PREMIER Les nommés et nommées Marie-Anne Collin; Bonvillers; La Pêche; La Pêche la jeune ; Gossin, ci-devant prêtre ; Michel, ci-devant cocher de Desnos; la femme de Dubaux ; fille Mathé; veuve Moret ; veuve Barbier; Ducheret; veuve Cloüet ;

Trailier, demeurant à Audun, district de Longwy; Watronville veuve et fille Samson; veuve Chatillon; Masson fils; fille Romagny; fille La Lance; Thenevin, concierge; Brice, tisserand; Desroches; Montignon; Vazilier; Pierron, tailleur d'habits; Liénard, avoué; Burthé et sa femme; veuve Mansuy; fille Leclerc ; fille Bayard; Varaigne l'aîné; Grosjean; veuve Rouyer; Mirguet; Erard, ex-capucin; Legay, sa fille et son fils; Lasole et sa femme; Jean le jeune, voiturier; femme Gabriel; Bellon; femme Namin; les femmes Rampont, Lelogeais, Lefèvre, Cuny; les deux frères Quentin; Pichon; ex-moine; fille Payerne; femme Bourlon; femme Soleirol; Barbe Mathieu; Fr. Théodore; femme Théodore; veuve Henry; Thérèse Delile; Anne Desgodins; femme Puygreffier; veuve Colonia; femme Laroche; femme Boudeville; Félicité Dessoffy; veuve Gallois; Anne Rouyer; Suzanne Lemoine; femme Daltrel; veuve Lagorge; Joseph-Pierre Rouyer; Victoire Gallois femme Nonancourt; Gallois; veuve Cognon; Marthe, Louise Cognon; François ; Catherine Laurent; veuve d'Exmard; François d'Exmard; veuve Grimoard; toutes les filles de la cidevant maison de charité resteront en état d'arrestation jusqu'à ce qu'ils aient été jugés par les commissions populaires auxquelles le tableau de leur conduite sera adressé sans délai par le Comité de surveillance de la commune de Verdun.

ARTICLE 2. Resteront en surveillance des corps constitués, les citoyens et citoyennes : Madin, médecin ; Varaigne, père; veuve Faucheux; fille Watrinelle; femme Toussaint; Barbe Geoffrin; J.-B. Périn; femme Maucomble; Jacob; fille Bled; fille Bourlon; toutes les religieuses des ci-devant monastères de Verdun ou d'autres, mais y demeurant. Le mode de cette surveillance sera déterminé par les autorités réunies, et ceux ou celles qui s'y soustrairont seront incarcérés et traités comme suspects.

ARTICLE 3. Les citoyens et citoyennes qui ne sont pas nommés dans cet arrêté et dont le nom est cependant porté dans la liste donnée au représentant du peuple par les autorités, seront élargis sur le champ. Les autorités procèderont à cet élargissement avec pompe, et adresseront à chacune des personnes qui obtiennent leur sortie une mercuriale relative à leur conduite.

ARTICLE 4. Le Représentant du peuple déclare que la commune de Verdun est épurée.

ARTICLE 5. Il l'invite, ainsi que la société populaire et tous les bons sans-culottes, à célébrer une solennité en mémoire de cette épuration; à jurer et tenir une haine immortelle aux abus, aux tyrans, aux agitateurs, aux fanatiques et aux modérés.

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Baille et Mazeron ainsi que les autorités ont fait

ARTICLE 7. La proclamation et le présent arrêté seront imprimés, publiés et affichés partout où besoin sera, à la diligence de l'agent national de la commune de Verdun.

Fait à Clermont-la-Meuse, tridi 13 Prairial (1er juin) l'an II de la République française, une et indivisible.

Placard imprimé à Verdun, chez Christophe. publique; ms 210: Verdun-Révolution, tome III.

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Proclamation du conseil général de la Commune.

Le Conseil général de la commune de Verdun à ses concitoyens : <«< Il vous souvient du jour où pour vous et vos magistrats la lumière a lui, qu'en ce jour vous sacrifiates en triomphe les idoles qu'avaient élevées sur les autels l'imposture des prêtres et qui y étaient soutenues par la scélératesse des lois. Cette victoire que la raison avait remportée était trop complète pour que les ennemis du peuple ne cherchassent pas à la flétrir de quelque manière; aussi, espérant avilir les Français, on publia, d'un pôle à l'autre, que sur le nouveau sol républicain le crime et l'athéisme étaient à l'ordre du jour ; les ennemis intérieurs de ce peuple généreux qui l'habite osèrent publier hautement de pareilles maximes, tandis que leurs complices débitaient chez l'étranger que c'était la morale reçue. Mais la Convention nationale en anéantit les auteurs et apprit aux peuples divers qu'au contraire la vertu seule régnait en France, lorsque par un décret solennel elle déclara que le peuple français reconnaissait l'Etre suprême et l'immortalité de l'àme, lui consacra une fête particulière où tous les Français réunis en choeur lui adresseront leurs hommages en chantant sa gloire et ses bontés. C'est pour célébrer cette fête que tous les citoyens de cette com

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