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25° Suzanne Henry, àgée de 26 ans, née et demeurant à Verdun, fille de Henry, ci-devant président au bailliage de Verdun; 26° Gabrielle Henry, âgée de 25 ans, née et demeurant à Verdun, fille dudit Henry, président ;

27° Barbe Henry, âgée de 17 ans, fille dudit Henry, native de Verdun, y demeurant ;

28° Marguerite-Angélique La Girousiere, âgée de 48 ans, native de Bonzée, demeurant à Verdun, fille de La Girousière, prévôt de campagne;

29° Geneviève-Elisabeth Dauphin, veuve Brégeart, âgée de 56 ans, née et demeurant à Verdun, son mari capitaine des grenadiers de France;

30° Anne Watrin, âgée de 25 ans, native d'Etain, demeurant à Verdun, fille de défunt Watrin, militaire;

310 Henriette Watrin, âgée de 23 ans, native d'Etain, demeurant à Verdun, fille dudit Watrin;

32° Hélène Watrin, âgée de 22 ans, native d'Etain, demeurant à Verdun, fille dudit Watrin;

33° Jacques Petit, àgé de 50 ans, natif de Verdun, y demeurant, vigneron;

34° Marguerite Croutte, née à Verdun, horlogère, demeurant en ladite ville;

35° Nicolas Milly, âgé de 31 ans, natif de Verdun, gendarme en ladite ville;

Lecture faite de l'acte d'accusation, il en résulte que la trahison qui a livré Verdun au despote de Berlin et à ses satellites, au mois de septembre 1792, est l'ouvrage des accusés, qui y ont tous contribué par différentes mesures.

En effet, le nommé de Croyé, qui avait établi son domicile à trois quarts de lieue de distance de Verdun, aidait à déplacer les batteries des Prussiens sur la côte Saint-Barthélemy, pour les établir, et diriger leur feu sur la ville et la citadelle de Verdun; il prêtait une lunette d'approche à un officier prussien pour examiner la position de la ville; il délivrait des cocardes blanches, il allait chercher un officier prussien pour désarmer les patriotes à qui il disait: Pourquoi n'avez-vous pas mis les armes bas? J'entends que vous y serez forcés: conduite d'autant plus coupable que par

la capitulation il avait été convenu que la garnison sortirait avec les honneurs de la guerre.

Péligrin, capitaine de gendarmerie, Joulin, Milly, Leclerc et Després, gendarmes, ont affecté de continuer leur service sous les ordres du despote prussien à qui ils étaient vendus; ils n'ont pas cessé un instant, pendant le séjour des ennemis de la liberté française dans la ville de Verdun, de se montrer comme les ennemis des patriotes; Leclerc et Milly ont été chargés notamment : d'arrêter les curés et les prêtres dits constitutionnels; de les arracher de leurs foyers; de les incarcérer, assistés d'émigrés et d'officiers prussiens. Després escortait la voiture du traître Capet, portait des dépêches et insultait publiquement à la douleur, au désespoir, et exerçait des vexations envers les patriotes; ces gendarmes pillaient les mobiliers, entouraient le feu dans lequel les lâches satellites du tyran brisaient les lois de la liberté et se joignaient à leurs cris de Vive le Roi.

Grimoard s'est également signalé par ses lâches flagorneries. envers le despote prussien; il affectait de porter l'écharpe blanche et la cocarde noire; il fréquentait les émigrés, se rendait avec eux au camp de Bras et ne cessait de chercher l'occasion d'être remarqué du tyran de Berlin et de ses fils.

Périn était évidemment un des plus grands agents de la trahison qui a livré Verdun à Frédéric; c'est lui qui a excité l'attroupement des femmes qui demandaient la capitulation et la reddition de la ville; c'est lui qui harangua le peuple pour faire rendre la place et forcer les corps administratifs à capituler.

Ces intelligences avec les assiégeants sont démontrées par toute sa conduite. En effet, pendant le siège, son fils s'est rendu au camp ennemi, où étaient deux patriotes prisonniers, et il ne craignit pas de les insulter en leur disant: Chiens de patriotes, vous voilà bien avec votre habit de garde nationale; c'est à présent qu'on va les faire danser! Enfin, ledit Périn portait l'écharpe blanche dans la ville de Verdun, pour montrer son dévouement aux tyrans coalisés contre sa patrie.

De Neyon, commandant la place, après la mort de Beaurepaire, est un des principaux chefs de cette conspiration. De Neyon a eu l'air de céder à une délibération des corps administratifs pour

faire une capitulation déjà préparée et convenue, et livrer, au préjudice des dispositions de la loi du 26 juillet, une place qui n'avait éprouvé ni brèche ni assaut; mais cette capitulation était la répétition de celle de Longwy, et faite d'après les mêmes complots.

Lamèle, Barthe, d'Aubermesnil ont été dans les fonctions publiques les agents du despote prussien; Lamèle a été nommé adjoint à la municipalité immédiatement après l'entrée des Prussiens dans la place, faveur qu'il ne put devoir qu'à ses intelligences avec eux; Barthe a été aussi appelé aux mêmes fonctions; ces deux individus étaient les surveillants qu'on donna aux autorités constituées parce que l'on était certain de leur complaisance à rendre compte aux agents du despote; ces fonctions étaient d'ailleurs la conséquence des principes qu'ils avaient développés pendant la révolution; quant à d'Aubermesnil, i a été chargé de la distribution des cartes d'entrée et de sortie de la ville; il vexait les patriotes et les incarcérait, pour satisfaire la vengeance des émigrés, dont il était sans cesse entouré, et leur procurer le plaisir de jouir des souffrances et des persécutions qu'il faisait éprouver aux amis de la révolution; les femmes Tabouillot, Bestel, La Lance, la veuve Masson, la veuve Brégeart, les filles Henry, les filles Tabouillot, Watrin, La Girousière ont encore contribué, autant qu'il était en elles, à la reddition de la place aux armées ennemies; la femme Tabouillot, ennemie déclarée de la révolution, dont la maison a servi de dépôt aux Prussiens pour les papiers des corps administratifs, qui y ont été transférés du consentement de son mari, avait fait émigrer son fils; ce sont ces femmes qui ont formé l'attroupement dans la maison commune (attroupement convenu avec les chefs de la trahison), pour demander à cris la capitulation et faire ouvrir les portes aux troupes prussiennes ; ce sont encore elles qui ont eu la lâcheté de se rendre au camp du despote prussien, sur un char, vêtues de blanc, pour lui offrir des dragées, démarche qui n'a pas eu le succès qu'elles s'en promettaient, puisque la femme Bestel a avoué qu'elles avaient été mal reçues du despote, qui n'avait pu leur dissimuler le mépris que lui inspiraient ces excès de basse adulation envers un ennemi.

Enfin, la femme Bestel a porté l'audace jusqu'à faire appeler chez elle le maire de Génicourt, le faire arrêter par les Prussiens

et conduire prisonnier dans la citadelle. Enfin, Gossin, Collot, La Corbière, Herbillon, tous prêtres réfractaires, qui avaient refusé de prêter le serment constitutionnel, et qui ont été les moteurs secrets de l'attroupement qui s'est formé pour demander la capitulation et faire ouvrir les portes aux Prussiens, sont ceux qui ont été les premiers à célébrer les prétendues vertus du despote prussien; ils ont intrigué et sollicité leur réintégration dans leurs précédentes fonctions canoniales ou curiales; l'on a vu La Corbière aller au devant de l'infàme Desnos, ci-devant évêque de Verdun, l'assassin de sa patrie, où il n'est rentré qu'en y portant le feu et la flamme, lui offrir un logement chez lui et l'y loger en effet jusqu'à l'évacuation de la place par les infâmes despotes coalisés. Herbillon, curé, a repris ses fonctions, en chassant le curé constitutionnel.

Michel Collot s'est empressé également auprès du conspirateur Desnos pour le courtiser, l'aduler et concerter ses projets de vengeance contre les meilleurs citoyens; enfin le tribunal connaît par les débats qui ont eu lieu dans l'affaire du traitre Martin, déjà frappé du glaive de la loi, jusqu'où ces infâmes agents du fanatisme et de la tyrannie ont poussé dans Verdun l'audace et l'impudence, quand ils ont vu que la liberté était perdue pour les Français

D'après l'exposé ci-dessus, l'accusateur public a dressé sa présente accusation contre de Croyé, Péligrin, Joulin, Leclerc et Després, gendarmes; Grimoard, Périn, de Neyon, Barthe, Lamèle, d'Aubermesnil, les femmes Tabouillot, Bestel, La Lance, veuve Masson, veuve Brégeart; les filles Henry sœurs, Watrin sœurs, Claire Tabouillot et La Girousière; les nommés Gossin, Collot, Lefèvre, La Corbière et Herbillon, tous prêtres non assermentés, pour avoir conspiré contre le peuple français en entretenant des intelligences et correspondances avec les ennemis de la patrie, tendantes à faciliter son entrée dans les dépendances de l'empire français, et livrer notamment les ville et forteresse de Verdun aux troupes prussiennes, comme aussi à leur fournir des secours en soldats, argent, vivres et munitions, et à favoriser de toutes les manières les progrès de leurs armes sur le territoire français, ce qui est contraire à l'article 4 de la première section du titre 2 du code penal.

En conséquence, l'accusateur public requiert qu'il lui soit donné acte de ladite accusation.

Les preuves orales et littérales se réunissaient pour établir les intelligences et correspondances reprochées à de Croyé, Péligrin et leurs complices; il était évidemment démontré que les accusés étaient les principaux auteurs de la reddition de Verdun, qu'ils avaient même sans nécessité provoqué la capitulation faite avec le tyran prussien; plusieurs même n'avaient pas pris la peine de masquer leur trahison, et de ce nombre était d'Aubermesnil qui, malgré sa destitution du grade de major de la Citadelle de Verdun, ne s'en était pas moins perpétué dans ce poste pour le livrer à l'ennemi; il s'était même permis de fabriquer des cartes d'entrée, et personne n'était admis dans cette Citadelle sans une de ces

cartes,

Cet ex-noble, plein de regret pour les anciennes prérogatives, les distinctions honorifiques, en avait calculé le rétablissement sur l'invasion prochaine de l'ennemi, avait tout fait pour l'effectuer, et avait même dirigé en quelque sorte les bombes des assiégeants, en leur donnant des facilités pour mieux ajuster leurs coups de feu.

Tous ces accusés, dans les débats, se sont retranchés dans la dénégation; c'est le seul moyen qu'ils aient employé pour détruire les différents faits qui leur étaient opposés.

L'accusé de Neyon, commandant de la place et auquel on reprochait de l'avoir rendue lorsqu'il pouvait la défendre, a prétendu qu'il y avait été forcé autant par les circonstances que par la majorité des habitants. Les principaux militaires impliqués dans cette affaire, tels que les accusés de Croyé, Grimoard, Dauphin et autres ci-devant dénommés, ont adopté le même système; ils ont soutenu que les principaux quartiers de la ville avaient été incendiés avant qu'il y eût aucune négociation entamée, que le brave Beaurepaire lui-même, dont la patrie honore le généreux dévouement, avait reconnu la nécessité de capituler, avait adhéré aux propositions faites à ce sujet, et que le désespoir seul de ne pouvoir défendre la place l'avait porté à trancher le fil de ses jours.

Mais le président a observé aux accusés qu'il résultait du rapport des commissaires représentants du peuple à Verdun, et d'autres

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