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Greffier: Harang.

Directeur de la poste aux lettres: Chauvez, fils. Contrôleur: Watrin. Aucun des noms proposés ne fut

discuté.

Arch. nat., AF. 11-123.

Proclamation de J.-J. Regnault.

« La hache de la Révolution et des lois s'enrouillerait, frères et amis, si reposant dans un honteux sommeil elle permettait aux têtes aristocratiques et superbes de se dresser encore. C'est pour n'avoir pas frappé des coups vigoureux; c'est pour avoir trop écouté les vendeurs mercenaires du pavot modérantiste, qu'il faut faire aujourd'hui couler le sang à longs flots. Il se prépare sans doute l'instant qui en verra verser quelques gouttes du plus impur au milieu de vous; mais que cet exemple mémorable de sa vengeance publique vous prouve qu'elle n'est plus boiteuse, et qu'avec l'essor de l'aigle, elle a pris ses serres pour déchirer tous les ennemis du peuple et de l'égalité. Mais en punissant le crime elle saura pardonner à l'erreur. Sans doute qu'en atteignant les infâmes conspirateurs qui, cachés depuis un an derrière la toile, ont mis en scène un jeune et orgueilleux vociférateur, elle remplira le vœu le plus cher des républicains. A l'égard des complices de ce nouvel Erostrate, qu'ils ne redoutent rien; il a fallu sans doute que par une mesure générale de salut public, pour imprimer un exemple effrayant même pour l'égarement, pour placer la terreur au grand ordre du jour, et surtout afin de tuer les coupables, que tous les signataires fussent arrêtés; mais cette proscription apparente cessera sous peu de jours, et quand l'échaffaud teint du sang des conspirateurs attestera que la justice nationale n'a plus de proie à revendiquer, ils seront libres et n'auront plus à se repentir d'une erreur expiée. Pour vous, frères et amis, n'entrez dans vos couches que quand le dernier fil de la trame fédéraliste et girondine sera coupé ; maintenez le peuple dont vous êtes les amis, dans la sérénité qui comme celle des mers, présage les tourmentes. Rappelez à l'ordre les défenseurs officieux du crime, et que la montagne enfin trop longtemps méconnue parmi vous, soit complètement vengée. -Salut! Energie! Patriotisme et sévérité ! — J.-J. Regnault. » — Archives communales: C. Détenus, Suspects.

Condamnation de Delayant et de ses complices.

Jugement numéro 231. - « - Vu par le tribunal criminel du département de la Meuse siégeant extraordinairement et révolutionnairement à Verdun, en vertu des arrêtés du citoyen Mallarmé représentant du peuple français, pour l'établissement du gouvernement révolutionnaire dans les départements de la Meuse et de la Moselle en date des 22 et 28 germinal et d'autre arrêté du Comité de sûreté générale de la Convention nationale du 28 frimaire, l'acte d'accusation dressé par l'accusateur public près le dit tribunal révolutionnaire contre les nommés Jacques Delayant, Jean-Baptiste Marchal, Charles Mangeot, Anne-Marie Demangeot veuve Delayant, Anne Henriot femme Périn, Jean-Baptiste Thirion, André Piéron, François Laurent, Claude-FrançoisLouis Trailin, Pierre Caré, Nicolas-Thomas Viard, Jean Garot, Louis Mondon fils, Christophe Mondon père, Louis Mouton et Périn, tous accusés de crimes contre-révolutionnaires en date du 2 Floréal an II de la République, une et indivisible.

L'accusateur public provisoire près le tribunal criminel du département de la Meuse siégeant extraordinairement et révolutionnairement en la commune de Verdun en vertu de...............

.......... expose que les nommés Jacques Delayant; Marie-Anne Demangeot, veuve Delayant; Périn, directeur de la poste aux lettres; Anne Henriot, femme dudit Périn; Jean-Baptiste Marchal, ci-devant procureur syndic; Christophe Mondon, père; Louis Mondon, fils, tous deux ex-secrétaires du district; Claude-François-Louis Trailin, instituteur du Collège; Charles Mangeot, aussi instituteur; François Laurent, ci-devant juge; Louis Mouton, ex-prêtre; JeanBaptiste Thirion, ci-devant juge de paix; André Piéron, ex-principal du Collège; Nicolas-Thomas Viard, ci-devant procureur de la Commune; Pierre Caré, fils, ex-maire, tous demeurant à Verdun, et Jean Garot, ex-président du district, demeurant à Fresnes-enWoëvre, ont, en vertu des mandats d'arrêt dressés contre eux, été mis en arrestation et introduits dans les différentes maisons d'arrêt et de détention de cette commune, qu'aussitôt et après leurs arrestations, ils ont été interrogés par les président et juges composant le dit Tribunal, sur les inculpations portées contre

eux.

-

Qu'examen fait des pièces, charges et informations faites à cet égard, il résulte que depuis longtemps il a existé en la commune de Verdun un complot affreux tendant à établir le fédéralisme, à insurger les citoyens de cette commune contre la représentation nationale, seule autorité légitime, à la renverser et à maintenir le tyran sur le trône, et à entraîner le peuple dans une guerre civile, que plusieurs intrigants complices d'Isnard, Brissot, et de leurs infâmes adhérents ont employé les moyens les plus subtils et les plus astucieux pour engager le peuple à servir leurs projets liberticides. Que les nommés Garot, Marchal, Viard, Caré fils et Mondon père, sont les signataires d'un arrêté fédéraliste du 14 août 1792 qui tendait à inviter le département de la Meuse à se réunir à tous les autres départements pour protester contre les décrets de l'Assemblée législative du dit mois d'août, qui suspendaient le ci-devant roi de ses fonctions, et ordonnaient la convocation des assemblées primaires pour la nomination à la Convention nationale, que les dits Mondon père et fils, alors secrétaires du district de Verdun, ont empêché l'envoi aux municipalités des dits décrets en les tenant renfermés dans les bureaux du dit district, et ce pendant environ deux mois.

Que le dit Delayant est le principal auteur de différents discours prononcés dans la Société populaire de Verdun et dans l'Assemblée générale des citoyens aux ci-devant Augustins, notamment de ceux des 5 et 30 mai et 2 juin 1793 (V. S.) imprimés et rendus publics par la voie de l'impression ainsi que d'un placard imprimé et affiché, portant cinq propositions, entre autres celle de faire sortir la Convention nationale de Paris, de la transférer ailleurs, et de la renouveler à l'exclusion des membres qui la composent, d'envoyer sur Paris une force départementale, de députer des commissaires vers le conseil général de la commune, pour demander la réunion des sections, à l'effet de délibérer sur ces propositions, lequel placard a donné lieu à un arrêté du conseil général du district en date du 27 juillet 1793 (V. S.) pour empêcher les progrès des principes que contenait le placard, que tous ces discours et adresses respirent le poison du fédéralisme, le maintien de la royauté, la provocation de l'anarchie et l'avilissement des autorités constituées, et ne peuvent, si les principes insidieux qu'ils renferment étaient adoptés, que détruire le système républicain et

anéantir tout principe d'égalité et de liberté, mais que Delayant, quoique le principal auteur de ces différents discours et adresses, n'est pas le seul qui cherchait à insinuer les mêmes principes, qu'il y existait une association composée d'hommes aussi criminels, aussi dangereux, aussi intrigants que lui. Ces hommes, connus depuis longtemps pour être les principaux auteurs de cette menée sourde et liberticide, sont les nommés Marchal, Mangeot, Mondon fils, Piéron, Thirion, la veuve Delayant, Périn et sa femme, Laurent, juge, Mouton, ex-vicaire épiscopal et Trailin, instituteur, tous signataires et adhérents, instruits des mémoires et discours du dit Delayant avec les nommés Garot, Marchal, Viard, Mondon père, et Caré fils, signataires de l'adresse fédéraliste, tous complices des crimes commis par le dit Delayant, attentatoires à la liberté du peuple, à l'unité et à l'indivisibilité de la République, que dans le nombre de ces complices on en distingue trois principaux qui sont les dits Périn, Piéron et Christophe absent qui réunis au dit Delayant sont parvenus sous de spécieux prétextes à se faire élire députés, tant par les citoyens réunis en assemblée générale aux Augustins en juin dernier, que par le conseil général de la Commune du dit Verdun, qu'alors ils se sont rendus à Paris dans l'intention criminelle d'y sonder l'esprit du public, de voir et examiner de plus près le système de plaine et de montagne, et enfin d'y propager leurs principes fédéralistes en y répandant avec profusion les discours du dit Delayant, notamment celui du 30 mai qu'ils avaient recommandé à la société populaire de Verdun d'adresser à Marseille et à Isnard, ce qui les rend d'autant plus coupables, c'est que Marseille dans ce temps était dans une fermentation qui annonçait une insurrection réelle, que le dit Delayant cherchait à propager les principes contre-révolutionnaires qu'il partageait avec ceux qui étaient entrés avec lui dans cette association criminelle, a, à son retour de Paris, proposé à la société populaire de Verdun de ne plus correspondre avec la société des Jacobins qui ont été les fermes appuis de la Révolution ce qui ne laisse rien à douter sur les sentiments perfides qui l'animaient ainsi que ses affidés.

Et, d'après les interrogatoires prêtés par les dits Viard, Garot, Caré et Marchal il a été répondu qu'alarmés par les événements du 10 août, ils avaient appris que la force armée s'était portée sur

le château des Tuileries, que le ci-devant Roi avait été obligé de se retirer dans l'Assemblée législative et pensaient que le décret sur le jugement du dit Roi avait été arraché des représentants, ce qui les avait déterminés à s'adresser aux différents districts et au département de la Meuse pour l'inviter à protester contre, et à prendre des mesures dans ces circonstances, mais qu'ayant reçu officiellement le décret de suspension du roi, ils avaient reconnu l'erreur qu'ils avaient commise en se livrant trop vite à leur premier mouvement à faire cette adresse fédéraliste.

Et de la part du dit Mondon père, il a été répondu qu'il avait signé cette adresse comme secrétaire subordonné de l'administration du district et n'ayant aucune voix délibérative dans le conseil.

De la part de Delayant, il a été déclaré et soutenu que son intention, lors de la composition de ses discours, était de réunir les patriotes à l'unité républicaine; de leur inspirer des sentiments de fraternité, de faire cesser les divisions qui les déchiraient, et de les réunir autour de la Convention nationale, ainsi qu'il assure souvent avoir dit dans les mèmes discours être la seule qui pût sauver la Patrie, en faisant cesser les haines qui la déchiraient ainsi.

Que, d'un autre côté, les affreux sentiments d'amener la guerre civile n'ont pu jamais entrer dans son cœur, qu'il a toujours été bien loin d'avilir la Convention nationale, à laquelle il dit qu'il propose dans chacun de ses discours, que tous les patriotes s'unissent, qu'ils ne sont point astucieux, qu'il les a écrits avec simplicité en suivant la doctrine de sa conscience et son amour pour la liberté, qu'il a été à la vérité, entraîné par l'opinion publique du moment, mais qu'à travers les erreurs de cette opinion alors égarée, on peut reconnaitre la sincérité et la bonne foi qui l'ont toujours animé.

De la part du dit Périn, il a été répondu qu'à la lecture du mémoire de Delayant du 30 mai, il avait applaudi ainsi que la société et les tribunes aux traits républicains qu'il contenait et l'avait signé pour les frais d'impression, qu'à son retour de Paris où il avait été envoyé en qualité de commissaire, avec un mémoire adressé à la Convention pour l'inviter à nous donner une consti

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