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varie suivant les jours : il atteint son maximum le 26 janvier, tout au début des opérations, quand il s'agit d'élire le maire, J.-B.-Philibert Périn, marchand-épicier-droguiste, qui obtient 578 voix sur 905 votants, et descend à son minimum, le 4 février, avec 376 citoyens actifs. Le 8 février, la municipalité nouvelle était formée; elle se composait de J.-B.-Philibert Périn, maire; Joseph Paillet, avocat, procureur syndic; César Grosjean, procureur au bailliage, substitut; JeanBaptiste Georgia, avocat au Parlement; François-Vincent Lambry, marchand-chapelier; Benoît Devaux, marchand; François-Louis Christophe, imprimeur; Louis Dresch, entrepreneur des fortifications; Louis La Génistière, avocat en parlement; Pierre Caré fils, marchand; Meury François, fils, architecte; Jean-Louis de Péronne, avocat, conseiller du roi et substitut du procureur du roi aux bailliage et siège présidial de Verdun; Nicolas Liénard, avocat et procureur, officiers municipaux ; Nicolas Haucourt, vigneron; Louis Leroux, marchand-confiseur; Hubert Tristant, « aubergiste des Trois-Maures; » Christophe Cauyette, aubergiste au Faubourg Pavé; Christophe Martignon, entrepreneur de bâtiments; Louis-Joseph Henry, marchand; Pierre La Pèche; J.-B. Herbin, vigneron; François Sauvage, le jeune, marchand; Pierre-François Collignon, confiseur; François Fossée, l'aîné, marchand-traiteur; Benoit-Louis Collard, marchand; Jacques Cauyette, vignercn; Nicolas Mangin, curé de la paroisse de Saint-Sauveur; Pierre Anchelon, marchand-teinturier; Jean-Ignace Barthélemy, notaire ; Joseph Anchy, chamoiseur; François Huguin, marchand-plombier; Nicolas Chadenet, rentier; François de Paui Périn, ancien marchand-orfèvre; Alexandre Joseph de Bassinet, chanoine de la Cathédrale, archidiacre de la Woëvre et prévôt de la collégiale de la Madeleine; Claude-François Barthélemy, avocat; Jacques Pierre, vigneron; Jean-Charles Hallot, maréchal de camp, notables. (1)

(1) Archives communales: Registre des délibérations du corps municipal, dates diverses. Ms. 210, Verdun-Révolution, tome I, registre, copie.

En résumé, la municipalité nouvelle n'avait rien de démocratique, et cela se conçoit ; elle se composait d'une majorité de personnages qui avaient déjà joué un rôle plus ou moins marquant dans l'histoire politique et administrative de la cité; appartenant au monde du palais ou des affaires, ces magistrats représentaient la bourgeoisie riche ou les dignitaires des corporations, car la qualification de vigneron donnée à deux d'entre eux ne doit pas faire illusion: ces vignerons sont des propriétaires cossus et non de simples manœuvres. Il faut remarquer, en outre, que la presque totalité des membres de la nouvelle municipalité se trouvaient n'être que les élus d'une minorité en effet, sur les onze officiers municipaux, huit obtiennent moins de quatre cents voix, tandis que le premier des notables réunit deux cents suffrages, et le dernier, quatre-vingt-quatorze seulement; cependant la ville de Verdun compte 1,887 citoyens actifs (1), sur une population masculine évaluée à 3,757 âmes. (2)

Installés le lendemain, 9 février, en grande pompe, par l'ancienne municipalité en robe, et le comité patriotique groupés sur le perron de l'hôtel de ville, en présence des citoyens actifs dûment invités et pressés en foule dans la cour, les nouveaux magistrats prêtent publiquement et individuellement, la main droite nue et levée, le serment « de maintenir de tout leur pouvoir la constitution du royaume, d'être fidèles à la nation, à la loi et au roi, et de bien remplir chacun à son égard les fonctions qui viennent de leur être confiées. Le même jour, ils choisissent pour secrétaire, François Mondon, et J.-B. Barthe, pour trésorier.

Les articles 34, 35, 36 et 37 du décret de l'assemblée nationale concernant les municipalités, enjoignaient que tout corps municipal, comprenant plus de trois membres, serait divisé en conseil et en bureau; le bureau formé du tiers des officiers municipaux avec le maire, membre de droit, investi du pouvoir exécutif, et le conseil formé des deux autres tiers,

(1) Archives départementales: Registre des délibérations du district, L. 354. Délibération du 20 septembre 1790.

(2) Hôtel de ville, Archives communales: F. Statistique, liasse.

délibérant en commun avec le bureau quand il s'agirait d'examiner les comptes de gestion du bureau ou de prendre toutes les autres délibérations relatives à l'exercice des fonctions du corps municipal. Le 10 février, en exécution de la loi, le corps municipal élisait Devaux, Meury fils et de Péronne pour constituer, avec le maire, le bureau municipal, et le jeudi 11 février, l'assemblée au complet, précédée par la compagnie des volontaires et suivie par une compagnie de la garde nationale, se rendait en cortège à la cathédrale pour y entendre une messe solennelle du Saint-Esprit. (1)

Les instructions du 14 décembre, suffisamment explicites sur la réorganisation des municipalités, restaient muettes sur le sort réservé aux fonctions subalternes de maires des quartiers, lieutenants de maires et doyens; aussi ces auxiliaires du corps municipal continueront-ils, alors que le comité patriotique disparaît à partir du 8 février (2), à occuper leurs charges dans les mêmes conditions que par le passé, jusqu'au jour où la Convention décrétera la création des présidents et des adjoints de section. Les habitants du Faubourg Pavé et ceux de Regret, Glorieux, Jardin-Fontaine et Baleycourt élisent, dans la forme ordinaire, les premiers, le 31 mars 1790, les seconds, le 13 juin, leurs maires, lieutenants de maires, doyens et autres officiers. Quand il fallut procéder, pour Haudainville, à une opération analogue, il se produisit quelques hésitations: Verdun pouvant redouter, en effet, que Haudainville prétendit s'ériger en municipalité indépendante. Les dignitaires du faubourg de Haudainville représentent respectueusement « que de temps immémorial, il a été fait toutes les années une justice locale au dit lieu, que cette élection s'est faite d'une voix unanime par devant les anciens sortants et de suite, cette élection faite, les députés se rendent par devant Messieurs pour y prêter le serment en cas requis. » Ils supplient humblement le conseil général de maintenir cet antique usage.

(1) Archives communales, hôtel de ville: Registre des délibérations du corps municipal, 9-10-11 février 1790.

(2) A partir du 8 février, il n'est plus question du comité patriotique dans aucune délibération.

Le procureur de la commune de Verdun, qui n'a pas le moyen d'empêcher l'élection, conclut à ce que les habitants. de Haudainville soient autorisés à se choisir un maire: mais ses fonctions ne pourront différer de celles des maires des quartiers de la ville ou des autres faubourgs, « et à charge par celui qui sera élu de prêter suivant l'usage entre les mains du maire et des officiers municipaux, le serment en cas requis. » Le conseil général de la commune se range, le 2 octobre, à l'avis du procureur, et le lendemain dimanche 3 octobre, les citoyens du faubourg de Haudainville élisent leurs agents particuliers en la manière accoutumée. Si cette tradition fut respectée pour toutes les annexes de Verdun, jusqu'en 1794, du moins modifia-t-on la formule du serment. A partir du mois de mai 1790, les nouveaux fonctionnaires juraient d'être fidèles à la nation, à la loi et au roi, de maintenir de tout leur pouvoir la constitution du royaume décrétée par l'assemblée constituante et acceptée par le roi, et de remplir les fonctions qui leur étaient confiées avec honneur et probité. » (1)

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(1) Archives communales, cahier BB. 59. Les assemblées primaires pour la désignation des électeurs se tinrent, en vertu d'une ordonnance du 10 mai, le 17 du même mois. Les citoyens actifs de Verdun se réunirent en trois sections, l'une aux Augustins (paroisses de Saint-Médard, des deux cloîtres, de Saint-Amand, faubourg du Pavé), la seconde aux Minimes (paroisses de SaintPierre-l'Angelé, Saint-Victor et Haudainville), la troisième aux Récollets (Saint-Sauveur, Saint-Pierre-le-Chéri, Saint-André, faubourgs de Regret, Glorieux, Jardin-Fontaine). Ils choisirent 19 électeurs: 7 pour la première section (Christophe Cauyette, Pierre Petit, avocat, Collard, notaire, Christophe, imprimeur, Lambry, avocat, Laurent, avocat, Meury fils, architecte), 6 pour la seconde (Christophe-Polycarpe Georgia, conseiller du roi, lieutenant général, Jean-François Sauvage le jeune, François-Louis Christophe, Joseph-Clément Pons, Géminel, notaire, Simon Pons) et 6 pour la troisième (Louis Périn, ancien lieutenant de police, Louis Dresch, officier municipal, J.-B. Thirion, avocat, François-Théodore Rouyer, lieutenant particulier, Louis-Nicolas Madin, lieutenant criminel, J.-B.-Dominique Catoire de Moulainville, procureur du roi). Les opérations étaient terminées le 20 seulement, bien qu'on eût pris les précautions nécessaires pour empêcher les citoyens de porter dans deux sections différentes leurs suffrages sur le même nom. De plus, le total des votants dans les trois sections n'atteignit à aucun moment le chiffre de 450, et cependant Verdun comptait 1,887 citoyens actifs. (Archives départementales, Bar-le-Duc, L. Assemblées primaires, cahiers in-folio.) Tout électeur reçoit, quand il doit quitter son domicile pour se rendre à l'assemblée électorale,

Le choix de l'administration du district se fit tout aussi régulièrement, et avec le respect le plus scrupuleux des formes imposées par la loi. L'assemblée générale des électeurs du département de la Meuse avait fixé au 21 juin 1790 les élections aux fonctions d'administrateurs des différents districts du département. Les soixante-quinze électeurs du district de Verdun devaient donc se présenter, le 21 juin, à l'hôtel de ville, pour nommer, par la voie du scrutin, les douze membres et le procureur syndic qui, en vertu de la loi, devaient constituer le conseil administratif de ce district. Les complications furent accumulées comme à plaisir, et les opérations conduites avec tellement de minutie qu'elles durèrent deux jours.

Soixante-trois électeurs se trouvent réunis, le matin du 21 juin, et bien que leurs pouvoirs aient été déjà reconnus dans une assemblée générale, à Bar (1), ils en ordonnent tout d'abord une nouvelle vérification. Le bureau provisoire désigné (2), il s'agit d'installer un bureau définitif, et chacun vient écrire son bulletin devant les scrutateurs pour le déposer ensuite ostensiblement dans l'urne. Le président et le secrétaire nommés (3) prètent un serment répété individuellement par tous les électeurs présents; ils jurent « de maintenir de tout leur pouvoir la constitution du royaume, d'être fidèles à la nation, à la loi et au roi, de choisir en leur âme et conscience les plus dignes de la confiance publique et de remplir avec zèle et conviction les fonctions civiles et politiques qui pourront leur être confiées. » Nouveau serment, dont la for mule prononcée à haute voix par le président, est transcrite

15 sous par lieue et 3 livres pour chaque jour de séance, à moins qu'il ne soit fonctionnaire et que son traitement égale ou dépasse le taux de

l'indemnité.

(1) Archives nationales, FIC. 111, dossier 3.

(2) Président Georges Baudot, électeur du canton de Dieue, doyen d'âge.Scrutateurs provisoires: Louis Périn, ancien lieutenant de police à Verdun ; Nicolas-Gabriel Ternaux, chevalier de Saint-Louis, et Pierre Jacques, cultivateur, les plus anciens d'âge après le président. Secrétaire provisoire ; Collard, greffier en chef du bailliage.

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(3) J.-B. Thirion, président, avocat au Parlement, électeur à Verdun ; Collard, secrétaire.

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