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des plantons (1). Elle enquêtait, en outre, sur la disparition et l'incinération probable d'une partie des archives, en entendant, les 25 et 28 octobre, les sergents de ville, Béchamps, Benoît et Moulinet, et le gendarme Badillon Leclerc. Elle interrogeait les personnes accusées: 1° d'avoir été au camp ennemi; 2o d'avoir présenté des dragées au roi de Prusse; 3° d'avoir sollicité, par des rassemblements tumultueux, la reddition de la place. Toutes les personnes qui se trouvaient plus ou moins compromises furent immédiatement décrétées d'accusation et arrêtées, jusqu'aux chanoines qui avaient assisté l'évêque Desnos au cours de l'occupation (2).

(1) Interrogatoire de Rose Ribert, Marie-Charlotte Lebrun, Jacques-ClaudeRené Duperrey, François Bley, mardi, 23 octobre 1792. (Ms. 211 et Archives nationales, dossier W. 1 bis, 352-718.)

Le 29 octobre, interrogatoire de Tabouillot, la mère; Claire-Sophie Tabouillot; Henri-François de Croyé ; Anne-Marguerite Dauphin, femme Romagny; AnneMarguerite Romagny; veuve Henry; Suzanne Henry; Marguerite Deschamps, femme Bonisselle; Mm d'Aubigny; Françoise-Louise d'Aubigny, femme Lestrade; Gabrielle Henry; Barbe Henry; femme Grandvoire-Watronville; J.-B.Philibert Périn. Le 30 octobre, interrogatoire de Louise-Scholastique Chartreux, veuve Watronville; Sophie Maucomble; Élisabeth Herbillon, femme Maucomble; Nicolas Toussaint; Françoise Herbillon, femme Masson; MarieAntoinette-Victoire Renaud, femme La Lance; Marie-Françoise Henry, femme La Lance Barbe-Scholastique La Lance; Ignace de Bermond d'Espondeilhan; J.-B. Antoine, apothicaire; Marguerite Collin, veuve Sainctelette; Catherine Dony, femme Toussaint ; Joseph Humbert, chirurgien; Hélène Watrin; Anne Watrin; Claude-Dominique Anchelon, perruquier. Le 31 octobre, interrogateire de Nicolas Cloutier; J.-B. Fort, fondeur; J.-B. Trailin, marchand; François-Joseph Sibillon, marchand; François Baudette, formier; François Mirguet, tourneur; Marguerite Lallemand, femme Mirguet; Marie-Jeanne Catoire, femme Bonvillers; Louis-Joseph Henry, marchand; Louise-Henriette Watrin. Le 1er novembre, déclarations de Villet-Collignon, libraire, de Simon Payerne, au sujet du rassemblement tumultueux; du ci-devant procureur de la commune, Viard, marchand chapelier, au sujet de l'accusation formulée contre lui, à la barre de la Convention, par un capitaine du bataillon de Mayenne-etLoire. (« Nous vous dénonçons... Viard, procureur de la commune, qui, rassemblant six cents personnes, se transporta à leur tête à la municipalité et sur notre résolution de nous défendre ou de mourir glorieusement en servant la cause de la liberté, nous menaça de faire égorger la garnison si elle tirait un coup de fusil...» Moniteur universel, no 304, mardi 30 octobre, séance du dimanche 28.)

(2) Langlois, de Plaine, Bricart, Mulet dit La Girousière, d'Obersecq, La Hémonaye, Fabry, Blondel, de Bassinet, de Framery, Risse, Coster, Leclerc, Gallois, Hémon, Carié, de la cathédrale; Martin Pierrot, Thomas, Cuiguières, Blanzée, Collin, Gossin et Brion, de la collégiale de la Madeleine, furent

La commission extraordinaire reconnaissait, d'autre part, que les membres du tribunal du district, Thirion, Paillet, Laurent, Violard, juges, et Collard, greffier, n'avaient point exercé leurs fonctions pendant le séjour des armées ennemies, et les autorisait à les reprendre. D'ailleurs, les arrestations ne furent pas maintenues. Les commissaires se bornèrent, dès les derniers jours d'octobre, à mettre chez les inculpés des plantons que ceux-ci nourrissaient et auxquels ils donnaient une solde de trente-un sous par jour (1). Or, le 13 novembre, le commandant de Verdun, maréchal de camp, Dupuch, avertissait les commissaires qu'ayant reçu l'ordre de diriger sur Metz, le lendemain, la presque totalité de la garnison, il se trouvait dans la nécessité de rappeler les plantons. La commission municipale provisoire dut s'incliner et, tout en s'opposant catégoriquement au départ des plantons qui avaient été placés chez Barthe, Lamèle, Grimoard, Coster et Dresch, elle contraignit les prévenus à se présenter à l'hôtel de ville, pour y faire le serment de ne point sortir de la cité jusqu'à nouvel ordre.

Le 4 novembre, l'enquête était terminée. La commission. extraordinaire rédigea un procès-verbal qui n'est qu'une copie des interrogatoires auxquels elle procéda. Elle y joignit les pièces qui lui avait été laissées en dépôt par Carra, Prieur et Sillery, et expédia à ces derniers le dossier complet pour être transmis à la Convention. Le Comité de sûreté générale et de surveillance fut chargé de l'examen de la procédure. Il confia à l'un de ses membres, Cavaignac, le soin de rédiger le rapport à la Convention. Ce fut le 7 janvier sculement que Cavaignac, qui n'avait jamais mis les pieds à Verdun, déposa son rapport, et, le 9 février, la Convention, comme nous le verrons plus loin, en discuta les conclusions. (2)

décrétés d'arrestation. La lente exécution de l'ordre permit à Gossin et à La Hémonaye de s'y soustraire. Le doyen de la cathédrale, La Corbière, Schumacher, Sthème, Dorlodo, de Watronville, de Nonancourt, de Noguez, tous de la cathédrale, étaient émigrés. (Archives nationales, W. 1 bis, 352-718.)

(1) Seul, Philibert Périn ne sortit de prison que le 21 novembre.

(2) Une exécution avait déjà eu lieu à Verdun. La commission militaire, formée en vertu de la loi du 9 octobre 1792 (Duvergier, op. cit., tome V,

La commission municipale avait donc assumé de lourdes responsabilités; aussi, dès le 25 octobre, avait-elle demandé à la commission extraordinaire de lui adjoindre six nouveaux membres: Buvignier le jeune; Dauphin, marchand de fer; Simon Pons, marchand de fer; Meury fils; Collignon-Jonveaux et Morlet (1). Le lendemain, elle se distribuait en trois bureaux, ayant chacun sa mission particulière (2). En effet, ies membres de la commission municipale provisoire n'étaient pas seulement des enquêteurs; ils devaient, malgré la situation toute spéciale faite à Longwy et à Verdun par la Législative, administrer la cité et veiller à l'application des lois : loi du 15 août imposant le serment aux fonctionnaires (3), loi du 26 août, publiée à Verdun, le

page 16), pour juger en dernier ressort les émigrés, pris les armes à la main ou coupables d'avoir servi contre la République, avait dù instruire la cause de Nicolas-Louis Klopstein, qui non seulement avait porté les armes contre sa patrie, mais s'était présenté à la tête d'une troupe ennemie au domicile des différents habitants de Lanhères, pour y lever des contributions en blé, pain, bœufs, moutons, chevaux. Condamné à mort, le 13 octobre, il avait été exécuté le lendemain, sur la place Sainte-Croix, en présence de la municipalité, qui avait dû assurer le maintien de l'ordre. (Archives communales, Registre de la commission municipale provisoire.)

(1) Le 30 octobre, la commission extraordinaire, « considérant que l'importance et la multiplicité de ses opérations, jointes à l'absence de deux de ses membres, mettent ceux qui restent dans l'impossibilité de remplir seuls leurs fonctions, » avait invité Piéron, principal du Collège, et Dessaux, vicaire épiscopal, à collaborer à ses travaux.

(2) 1 bureau: Sommellier, Lecocq, Pons et Morlet, interrogatoires, déclarations, dénonciations, arrestations, mesures de sûreté générale et autres; 2 bureau Pointurier, Collignon, Meury, Neucourt, Thiéry, passeports, certificats de résidence, serments, réquisitions des corps civils et militaires, mesures de police ; 3° bureau : Alis, Dauphin, Buvignier, rédaction des avis, proclamations, procès-verbaux, correspondances et affaires contentieuses. 11 novembre, Lecocq est désigné comme officier de l'état civil pour Verdun, rive gauche de la Meuse, et Dauphin, pour Verdun, rive droite ; 21 novembre, Madin, nommé, par l'assemblée électorale du département, commissaire national près le tribunal du district, est remplacé comme procureur syndic de la commission municipale provisoire par Dessaux (arrêté de la commission extraordinaire). - Archives communales, Registre de la commission municipale provisoire.

(3) Non seulement les fonctionnaires, mais quantité de citoyens prêtèrent le serment d'être fidèles à la nation et de maintenir de tout leur pouvoir la liberté et l'égalité ou de mourir à leur poste. » 14 novembre. Cf. Duvergier, op. cit., tome IV, page 309.

22 octobre, obligeant les prêtres réfractaires à sortir sous huit jours du territoire de la République. (1)

Les commissaires ordonnaient, en outre, sur les réquisitions de la commission extraordinaire, l'enlèvement « de toutes les armoiries ou autres marques de féodalité ou de royauté qui existaient encore, tant au dehors qu'en dedans des édifices publics et même sur les maisons particulières » (25 octobre); ils veillaient, enfin, à l'approvisionnement de la cité.

Au moment d'évacuerVerdun,les Prussiens avaient demandé aux officiers municipaux qu'ils voulussent bien leur acheter leurs grains et leurs farines, menaçant de jeter ces denrées dans la Meuse, si l'accord ne se faisait pas. Le conseil géné ral de la commune avait donné au commissaire des guerres, Tholozan Saint-Albans, le mandat de traiter avec l'ennemi, et les grains qui se composaient de 3.099 sacs, froment et méteil, de 202 livres chacun, furent acquis au prix de 14.400 . en or (2). Quant aux farines contenues dans 1.003 sacs et dans les nombreux tonneaux restés en dehors des magasins et dans la cour des casernes Saint-Nicolas, elles furent vendues aux citoyens par le commissaire prussien, un sieur Fehler. Les Hessois avaient, d'autre part, laissé, outre 1.800 sacs d'avoine qui servirent aux premiers besoins de l'armée française le 14 octobre, 700 sacs de farine. Enfin, les Autrichiens avaient dù abandonner, en dehors des provisions qu'ils possédaient à la citadelle (3), un grand nombre de tonneaux de farine et environ 50.000 rations de pain aux Augustins, 215 tonneaux de farine dans le cloitre et dans l'église de Saint-Airy (4). La commission municipale provi

(1) La commission municipale fit preuve, en cette circonstance, d'une réelle bienveillance. Connaissant des prêtres qui se trouvaient dans ce cas, à Verdun, et qui, le délai expirant, n'étaient pas venus chercher de passeports pour l'étranger, elle ordonna, le 30, la publication, dans tous les quartiers et sur toutes les places de la ville, d'un avis rappelant aux ecclésiastiques la teneur de la loi. Le 4 novembre, il y avait encore, à Verdun, 9 prêtres réfractaires, mais sexagénaires. — Cf. Duvergier, op. cit., tome IV, page 361.

(2) Archives communales, O. Subsistances, octobre 1792.

(3) Cf. plus haut, page 280.

(4) Archives communales, O. Subsistances, 22 floréal an II (11 mai 1794).

soire distribue, d'abord, une partie de ces farines aux citoyens, en tenant compte, pour chacun, de sa situation de famille et de fortune, des pertes subies, de la quantité et de la qualité des denrées récoltées. Puis, elle estime qu'il serait peut-être plus avantageux pour les particuliers, en général, de recevoir directement le pain cuit dans les fours de la maison commune, à raison de deux sous la livre, et, le 22 octobre, elle inaugure cette expérience (1). Malheureusement, le 30 octobre, les farines sont à peu près épuisées, et il faut entamer les grains. prussiens que la ville tient précieusement en réserve sur ses greniers (2). Les caisses publiques sont vides. Sans doute, il y a bien, le 8 novembre, 2.000 livres dans la caisse du receveur municipal, Barthe (3). Mais 6 assignats, de 300 livres l'un, présentent tous les caractères de la fausseté la plus évidente, et les messagers de la ville, qui n'ont pas été payés depuis bien longtemps, réclament un acompte de 600 livres.. Plus de bois au bûcher. La commission municipale ne peut faire face à ses multiples obligations avec d'aussi faibles ressources; aussi, s'adresse-t-elle, le 8 novembre, en la priant de remédier à cette pénible situation, à la commission extraordinaire qui évite de répondre. Le 12 novembre, nouvelle lettre, mème succès. De plus, le pays est démoralisé. La courée prussienne fait de sérieux ravages dans tout le district; la ville est tellement éprouvée que la commission extraordinaire est obligée de demander aux administrateurs du département d'interdire les sonneries en mort, pour éviter le découragement chez les malades, et le transport des corps dans les églises, pour empêcher la contamination (4). Malgré ces sombres préoccupations, la commission municipale pro

(1) Ces fours avaient été aménagés dans les cuisines de l'hôtel de ville, au moment de la création de la caisse patriotique. Le citoyen Thiéry faisait la distribution des farines aux boulangers, qui remettaient, en sa présence, les pains au sergent de ville, Watrin, chargé de les vendre.

(2) Archives communales, Registre de la commission municipale provisoire.

(3) Malgré l'accusation qui pesait sur lui, Barthe avait conservé ses fonctions de juge de paix et de receveur municipal. Lamèle était demeuré receveur du district.

(4) Verdun-Révolution, tome II, 2 novembre 1792.

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