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Nous ne saurions mettre en doute l'affirmation de Cavaignac lorsqu'il déclare que le message ne fut pas envoyé à Brunswick; toutefois nous ne pouvons nous empêcher de noter que cette seconde sommation du maréchal ressemble singulièrement à une réponse adressée à la municipalité : c'est tout au moins une coïncidence bizarre. « Les sentiments d'humanité et de générosité qui animent Sa Majesté le roi de Prusse ont suspendu jusqu'à ce moment l'activité des moyens qui sont tous préparés pour forcer la ville de Verdun à la soumission qui lui a été prescrite par la sommation faite hier. Sa Majesté voulant épargner autant qu'il sera possible l'effusion de sang et les propriétés des malheureux habitants de la ville de Verdun, veut bien leur accorder un répit pour soustraire cette ville à la destruction totale et les troupes ainsi que les habitants qu'elle renferme à ce moment à leur perte qu'une résistance prolongée rendrait inévitable... » (1) Brunswick ajoutait : « La municipalité de la ville de Verdun ne doit négliger aucuns moyens de persuasion envers les autorités militaires qu'elle a présumées avoir Iseules le droit de déterminer les résolutions relatives à la défense ou à la reddition de la place. »

La municipalité s'empressa cette fois de suivre le conseil que lui donnait Brunswick. Elle allait se mettre en contradiction formelle avec ses premières déclarations: «< Quant à la reddition de la place, la loi ne nous défère ni moyens ni mission et nous interdit toute réquisition; ce sont les autorités militaires qui en répondent. » (2) En effet, les corps administratifs et judiciaires prenaient un arrêté destiné à arracher au conseil de défense une capitulation immédiate : << Considérant enfin que le bombardement qui fut fait cette nuit et qui a réduit en cendres ou considérablement endommagé les maisons de plusieurs habitants, et que tous leurs concitoyens ont émis leurs vœux sur la reddition de la place et vu la défense notoirement impraticable, ont l'honneur

(1) La suite aux pièces justificatives, page xx.

(2) Cf. plus haut, page 159.

d'observer au conseil militaire défensif que pour éviter la ruine et la subversion entière de la place, il leur paraît indispensable d'accepter les conditions offertes à la garnison....... » Qu'on le veuille ou non, la municipalité sortait de son rôle, en vertu de la loi sur la défense des places fortes; elle outrepassait ses droits en exerçant une pression sur le conseil de défense. Sans doute, les officiers municipaux ne sommèrent pas brutalement les membres du conseil de livrer la ville; néanmoins il ne faut pas jouer sur les mots : ce fut une invitation polie mais ferme, qui ressemble, à s'y méprendre, à une sommation. Les corps administratifs et judiciaires commettaient une usurpation de pouvoirs, et reniaient formellement leurs engagements antérieurs.

Le parlementaire, le major Hompesch, était arrivé à trois heures de l'après-midi. « Le samedi 1er septembre à trois heures de l'après-midi, le parlementaire du roi de Prusse arrive à la maison commune où je me trouvais : il somme de nouveau la ville de se rendre, il offre à la garnison tous les honneurs de la guerre ; il demande un oui ou un non, car, dit-il, le roi de Prusse est pressé; ce sont ses termes. » (1) « Pendant que le conseil s'occupait de la réponse qu'il avait à faire, l'officier prussien s'entretenait avec ceux qui l'entouraient des détails sur les fortifications de la place. Il leur prouva qu'il était parfaitement instruit de leur situation: il leur dit qu'ils ne devaient pas s'attendre à recevoir du renfort; que Galbaud à la tête de 1,500 hommes. et les 4,000 hommes envoyés par Luckner, n'avaient osé s'approcher, que ceux-ci s'étaient repliés sur Metz et que plus de 20,000 hommes faisaient tète aux autres. » (2)

Que se passa-t-il au conseil de défense? « Le conseil défensif se tint pendant plus de trois heures, et j'atteste sur ma tète qu'il s'est tenu avec la plus grande tranquillité, que le peuple ne s'est porté ni aux menaces ni aux excès. » (3) Si le conseil de défense ne fut pas troublé extérieurement, il n'en est pas

(1) Dom Ybert: Pétition, pages 11-12, note.

(2) Cavaignac: Rapport, page 14.

(3) Dom Ybert : Pétition, page 14.

moins vrai que les discussions y furent orageuses. « Il paraît qu'on ne put s'entendre sur la capitulation: d'après ce que m'ont dit les personnes contemporaines, il est avéré que Beaurepaire ne voulait pas rendre la place. » (1) « La séance du conseil de défense fut extrêmement orageuse; tous les militaires y firent entendre un langage vraiment français, excepté le chef de bataillon Neyon, le commissaire des guerres, les chefs de la garde nationale et presque tous les citoyens employés dans l'administration de la ville qui y firent entendre des paroles honteuses. » (2) Galbaud atteste la bravoure, le courage héroïque de Beaurepaire, et tous les documents de l'époque sont unanimes sur sa conduite: Beaurepaire s'entêtait malgré tout à défendre la place. Prononça-t-il à ce moment, comme le veut Delaàge, les paroles que nous avons déjà citées plus haut (3): « Dites à votre maître que si dans l'assaut nous sommes forcés de céder au grand nombre des assiégeants, nous savons où sont les magasins à poudre et que nous oserons ouvrir le tombeau des vainqueurs dans le champ de la victoire. » Nous l'ignorons, mais une pareille réponse ne saurait nous étonner en présence des promesses faites à de Ligniville et à Choudieu. Marceau et Lemoine l'appuyaient énergiquement. «< Le brave M. Beaurepaire s'opposa de toutes ses forces aux pressantes sollicitations des habitants de Verdun; lui seul dans le conseil défensif invoquait les droits de la Patrie et les faisait valoir. Conduit par lui, guidé par ses sentiments, animé du même patriotisme, je les ai soutenus avec la même opiniàtreté, et si la capitulation n'eût dépendu que de nous, Verdun aurait été la proie des flammes plutôt que de passer en la puissance de l'ennemi. » (4) « Les habitants de cette exécrable ville (Verdun) sont les seuls coupables et partagent avec eux toute l'indignation que la France doit vouer à ces lâches, tous les aristocrates et modérés qui dans le conseil

(1) Mémoire de Vistot, page 42.

(2) Rapport de Lemoine.

(3) Cf. plus haut, page 142.

(4) Lettre de Lemoine aux administrateurs de Mayenne-et-Loire.

ont voté pour la reddition d'une place qui n'était pas tenable mais dans laquelle il fallait rester deux jours de plus. » (1) Après des débats qui durèrent plus de trois heures, Beaurepaire ajourna la résolution définitive au lendemain (2). « Au bout de ce terme (3 heures), Beaurepaire vient trouver avec quelques membres du conseil le parlementaire; il demande une suspension d'armes de vingt-quatre heures, qui lui fut accordée avec assez de peine. Cette suspension commençait le samedi à 3 heures de l'après-midi et devait finir le lendemain à la même heure » (D. Ybert, pétition). On s'est étonné qu'il n'existe pas de traces, sur le registre du conseil de défense, des résolutions adoptées dans cette séance du 1er (3). Or cette lacune est parfaitement explicable quand on sait que les débats n'aboutirent pas, et que la discussion devait être à nouveau reprise le lendemain.

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V. Par contre le registre du conseil de défense porte ceci :

« Du 1er septembre 1792 à heures du soir.

...

Le commandant de la place de Verdun aura l'honneur de faire parvenir à Monsieur le duc de Brunswick avant l'expiration des vingt-quatre heures, sa réponse définitive aux conditions qui lui sont proposées, mais il a l'honneur d'observer que deux corps de troupes de la garnison y sont entrés avec chacun deux pièces de campagne faisant partie de leur armement et qu'ils espèrent qu'on voudra bien leur accorder comme une des conditions intégrantes de la capitulation proposée.

Le commandant militaire de Verdun.

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(1) Lettre de Marceau à Constantin Maugars. H. Maze Marceau. (2) « Le conseil se sépara vers 6 heures du soir sans avoir pris aucune résolution, renvoyant au lendemain 2 septembre pour y traiter définitivement la question en délibération. » - Rapport de Lemoine.

(3) « Comment n'y a-t-il pas de trace de cette délibération sur les registres du conseil ?» (Dommartin: Beaurepaire, l'histoire, la légende, page 83.) « Pourquoi Beaurepaire n'a-t-il pas fait dresser procès-verbal de cette délibération si importante du conseil qui nous donnerait aujourd'hui de si précieux renseignements? » (Ibid., page 84.)

(4) Voir la reproduction photographique du registre du conseil de défense, page 8, pièce A.

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