yer leur part des frais que fupportent les habitans de cette capitale.

Soixante & feize foldats qui étoient détenus dans les prifons militaires, avoient formé le complot de se mettre en liberté. Ils devoient, pour cet effet, profiter du tems où une partie des foldats de la garde fe feroient éloignés pour accompagner les tambours qui battent la retraite; ils étoient convenus que l'un d'eux appelleroit le Guichetier fous quelque prétexte; que, dans le tems qu'il. ouvriroit la porte, ils fe jetteroient fur lui, fortiroient tout à la fois, s'empareroient des armes qu'ils trouveroient, maffacreroient tous ceux qui s'oppoferoient à leur paffage, & fe fauveroient en Suède fur la glace, encore affez forte pour fervir de paffage; mais on a 'découvert à tems leur projet, & on les a difperfés dans différentes prifons.

Le Roi a accordé de nouveaux encouragemens aux agriculteurs, & a établi plufieurs écoles publiques pour l'inftruction des enfans pauvres.

George Chrétien Kirfeberg, payfan de Fionie, qui, de tous les pay fans de cette ifle, a le mieux réuffi à faire valoir fon terrein, a reçu de la commiffion d'économie rurale une médaille de la valeur de 30 ducats.

POLOGNE.

WARSOVIE (le 15 Avril.) On attend avec la plus vive impatience l'arrivée du Baron de Saldern & du Comte de Branicki. Ce dernier a reçu en préfent de l'Impératrice de

Ruffie une tabatiere d'or enrichie de diamans, que l'on eftime 4 mille roubles.

Les troubles & la fermentation ont tellement augmenté, que la populace ne refpecte plus fon Souverain. Il y a eu plufieurs excès de ce genre, qu'on s'occupe de réprimer. Le Général Weimarn vient de faire publier un ordre, en vertu duquel tout Officier ruffe alJant à pied, lorsqu'il aura l'honneur de rencontrer le Roi, doit s'arrêter, garder son chapeau à la main, & fe tenir dans une attitude refpectueufe jufqu'à ce que S. M. foit 'paffée: fi l'Officier eft en voiture, ou à cheval, il lui eft preferit de defcendre defqu'il appercevra le Roi, & de lui rendre les refpects qui font dûs aux têtes couronnées. Cet ordre donné aux Ruffes, qui n'en avoient pas befoin, regarde indirectement les Polonois, qu'on fe propofe de punir, lorsqu'ils manqueront à ce devoir.

Il y a peu de jours que les Confédérés ont -encore fait tenir une lettre au Roi, dans laquelle il n'eft nommé que Staniflas Poniatowski. Il y eft formellement fommé de fe pré-fenter devant la confédération générale, pour ·y rendre compte de fa conduite. Cette pièce a été apportée par un feul Polonois, qui a eu la hardieffe de la remettre à S. M.

Les Maréchaux Pulawski, Zaremba & Sawa ont écrit à l'Empereur une lettre trèslongue. Ils lui marquent que les armemens confidérables qu'il a faits, & la bonne intelligence qui paroit exifter entre S. M. I. & je Roi de Pruffe, ont dû néceffairement les allar-mer; mais qu'ils fe repofoient entièrement

fur la grandeur d'ame & la générofité du Chef augufte de l'empire; ils efpèrent qu'il daignera fe mêler de la pacification de leur patrie; qu'il ne confulterà que fa justice, & qu'aulieu d'en anéantir les conftitutions, il les confervera & les protégera. Ils l'exhortent furtout à préférer le nom de pacificateur à celui de conquérant &c.

La petite guerre continue dans ce royaume avec la même furcur. Il fe paffe peu de jours que les Ruffes & les Confédérés n'en viennent aux mains: ces actions font toujours meurtrieres de part & d'autre. Le parti de Sawa, attaqué dernièrement à Kraznicki, a perdu beaucoup de monde. Le combat a été opiniâtre les Confédérés ont profité de la nuit pour fe retirer, & leurs troupes fe raffemblent par petites parties auprès de Czenftochaw, qui eft menacé de nouveau.

:

Le Maréchal Bierzinski, connu par fon in'conftance & par fes démelés avec le parti qu'il a quitté, a publié un long mémoire contre fes anciens amis, dont il n'a pas lieu de fe louer. Il les accufe d'une multitude d'atrocités, dont il eft difficile de les croire coupables. En général, on a chargé les Confédérés de beaucoup d'horreurs qui n'ont été commifes que par des brigands, qui ont pris -leur nom pour piller leur patrie, fans être

attachés à aucune confédération.

Suivant des avis certains, il est entré 4 nouveaux régimens ruffes en Lithuanie. Les Comtes Krafinski & Potocki, Chefs de la -confédération de Bar, que l'on difoit être en Hongrie, font encore à Varna, où ils re

1

çoivent, tous les mois,'un fubfide de 1200 dhalers de la Porte. Les Ruffes qui font en Wolhinie & en Podolie, fe difpofent à entrer en campagne; `plus de 12 mille pay fans de la derniere de ces provinces travaillent à rendre praticables les chemins qui conduifent en Moldavie.

La débacle des glaces de la Vistule s'eft faite le 6 de ce mois au matin : on craint que la glace, qui à plus de 5 pieds d'épaiffeur, ne rompe les digues, & n'occafionne les plus grands dommages.

1

ALLEMAGNE.

HAMBOURG ( le 23 Avril. ) Les Polonois fe flattent enfin, avec quelque fondement, de voir ceffer les troubles qui divifent leur patrie depuis quelques années. Il paroit certain que le Prince Lobkowitz porte à Pétersbourg un plan de pacification, lequel a été concerté entre les cours-de Vienne & de Berlin. La cour de Pétersbourg a vraisemblablement été difpofée à accéder à ce plan par le Prince Henri de Pruffe, dont le voyage en Ruffie n'a point été de pur amufement. On touche au moment où les événemens vont fe développer.

1

On apprend qu'un corps confidérable de troupes pruffiennes a paffé de Siléfie en Pologne, & qu'il fera bientôt fuivi par d'autres troupes de la même puiffance.

Suivant quelques lettres de Berlin, la fanté du Roi eft altérée depuis quelque tems; ce qu'on attribue à l'intempérie de la saison, &

A

aux alternatives fubites & fréquentes du froid & du chaud. On efpère pourtant que la fanté de ce Monarque fe rétablira bientôt.

Le Grand Vifir eft toujours à Babadaghi fort occupé à difcipliner fes troupes, a for? mer fes magafins, & à prendre les plus grandes précautions pour s'opposer aux deffeins de fes ennemis. Il a paru vivement affecté de la prife de Giurgiu; on projet étoit de fe fervir de ce paffage pour fe porter fur la rive gauche du Danube, & établir le thé atre de la guerre en Walachie.,

,!

Le Feld Maréchal Comte de Romanzow réfolu d'enlever aux Turcs, avant l'ouverture de la campagne, tous les poftes qu'ils tiennent fur le Danube, ordonna, dans les premiers jours de Mars, au Général Olitz, commandant en Valachie, de raffembler fe, corps à fes ordres, de s'approcher de Giurgiu, d'y attaquer les ennemis, qui s'y renforçoient journellement, & de s'emparer de ce pofte. Ses ordres ont été exécutés avec la plus grande valeur & le fuccès le plus décidé. Le Maréchal fe propofe d'ouvrir inceffamment la campagne dans ce deffein; il raffemble une quantité immenfe de vivres, fes maga fins en font remplis pour fix mois, & la Pologne vient d'être impofée à 3000 laft de feigle, 60000 fcheffel d'avoine & 25000 chariots. Au milieu de ces difpofitions, on affure que la Ruffie a accepté la médiation de l'Empereur, & Pon parqit ne pas douter l'on que l'Empereur & le Roi de Pruffe ne par viennent à rétablir la paix; elle devient d'autant plus néceffaire aux Turcs, que fuivant