drait que celles qui entreraient fussent peu considérables, pour être plus maniables. Des armées de vingt-cinq à trente mille hommes suffisent pour agir; et, si le développement des forces est bien fait, il ne faudra pas employer plus de deux cent mille hommes. >> Que croit-on qu'on doive faire avant et après l'entrée des troupes étrangères? << Avant leur entrée, on pourrait faire paraître un manifeste de tous les princes alliés, pour demander la sortie du roi, de Paris, et la liberté qui lui est nécessaire pour traiter avec eux du redressement des griefs des princes lésés par l'Assemblée. Si la nation française y consent, le roi pourrait convenir d'un congrès pour les négociations, casser l'Assemblée nationale, et faire sa proclamation pour établir un nouvel ordre de choses tel que l'on croira convenable, mais qui doit être calculé sur les dispositions du peuple et sur les moyens que l'on peut employer, non-seulement pour le soumettre, en faisant concourir, autant qu'il sera possible, les lumières de la raison avec la force des armées, mais pour le contenir, ce qui est beaucoup plus difficile. >> Si l'on refuse de rendre le roi, ou s'il est déposé par l'Assemblée, alors il deviendrait nécessaire de faire déclarer et reconnaître, par les puissances étrangères, Monsieur comme régent, d'employer tous les moyens de rigueur, de marcher à Paris, et que Monsieur agît, en sa qualité de régent, comme pourrait faire le roi. » Si l'on parvient à soumettre la France, on doit supposer que les armées étrangères ne peuvent y rester pour appuyer l'autorité ; qu'il ne restera entre les mains du roi aucune force publique, puisqu'il ne pourra compter sur son armée. Il serait donc essentiel d'établir un nouveau gouvernement qui puisse plaire à la saine partie du peuple, et qui enchaîne les mal-intentionnés ; car, encore une fois, si le nouveau régime a un grand nombre d'ennemis, l'ancien n'a presque plus de partisans, et il faudrait conséquemment que le roi, par une convention avec son peuple, qu'il lui sera aisé d'obtenir par la crainte des armées étrangères, que le roi, dis-je, se réservât l'autorité nécessaire pour établir la paix et l'ordre dans le royaume, par l'exercice des lois, qui doit rester entre ses mains, et qu'il laissât au peuple une liberté modérée. >> Mais si l'on croit pouvoir rétablir l'ancien ordre des choses, si la noblesse pense rentrer dans tous ses priviléges, les parlemens recouvrer leur autorité, le clergé ses richesses en entier et ses pré-rogatives, le gouvernement son indépendance, on se trompe. Les sacrifices sont devenus nécessaires, s'ils veulent recouvrer et conserver, non-seulement leur existence particulière, mais celle du royaume. » D'ailleurs, il existe des raisons très-fortes de croire que les intentions de certaines grandes puissances, dont le concours est nécessaire au rétablissement de la monarchie française, sont contraires au gouvernement, tel qu'il était avant la révolution. >> Telle est mon opinion, d'autant plus impartiale, que je renonce à tout sous le gouvernement français, quel qu'il soit jamais, et que mon attachement pour le roi et pour la monarchie a dicté et dicte dans ce moment mes démarches et ma conduite. » Mayence, ce 9 juillet 1791. » Note (1), page 347. La lettre que nous avons annoncée était ainsi conçue : << M. le marquis de Bouillé ayant marqué un grand désir d'être informé du projet de campagne des armées combinées contre la France, et surtout de quelle façon on croyait se servir du corps de troupes rassemblé par les princes pour leur en faire son rapport, et ayant, pour cet effet, sollicité Sa Majesté prussienne de vouloir bien lui communiquer ce qui avait été stipulé à cet égard, le roi, notre très-gracieux maître, veut bien lui faire savoir qu'il a été résolu que l'on ne manquerait pas d'assigner un poste convenable aux princes pour agir de leur côté, et que comme, selon le marquis de Bouillé, il leur était impossible d'agir en corps séparé, vu qu'ils étaient dépourvus de toute artillerie, de tentes, de boulangerie de campagne, et de toute autre besogne nécessaire pour former un corps à part, on donnerait, pour leur soutien, d'autres troupes qui leur serviraient de repli; qu'il était cependant impossible de déterminer déjà actuellement au juste le projet général de la campagne, et encore moins le point le plus convenable sur lequel les princes pourraient agir le plus efficacement, conformément au projet de campagne général. >> Que ceci ne pourrait être décidé que lorsque les troupes se trouveraient sur les bords du Rhin, ou du moins peu avant, vu que mille événemens et accidens pourraient mettre obstacle à la réalisation d'un projet formé actuellement ; que cependant MM. les princes voudraient bien envoyer M. de Lambert chez S. A. S. monsieur le duc régnant de Brunswick, et compter sûrement qu'ils seront avertis par lui, à temps, du parti que les cours alliées prendraient, et du point d'attaque que l'on destinait au corps des princes. >> A Magdebourg, le 27 mai 1792. >> FRÉDÉRIC-GUILLAUME. » FIN DES ÉCLAIRCISSEMENS HIST. ET DES PIÈCES OFFICIELLES. AVERTISSEMENT placé par l'auteur en tête de la première édition. CHAPITRE PREMIER.-Aperçu général sur les causes de la révolu- CHAP. II.-Voyage en Angleterre et en Hollande; observations sur la situation de ces deux pays à cette époque. -Voyage en Prusse et en Bohême. — Réflexions sur Frédéric II et sur l'em- pereur Joseph.-Le premier désire que le roi de France s'u- nisse à la confédération germanique. - Projets de la France et de la Hollande contre les établissemens des Anglais dans les CHAP. III.-État de la France au commencement du règne de Louis XVI. M. de Maurepas, M. de Vergennes, M. de Calonne : plans de ces deux derniers ministres.- Convocation des no- opérations de cette assemblée, et effets qui en résultè- rent. L'archevêque de Toulouse, depuis cardinal de Lomé- nie, est placé à la tête des finances; il dissout l'assemblée des notables; il est nommé premier ministre; ses erreurs et ses inconséquences. Je suis nommé au commandement de Metz et de la province des Évêchés. — Commencemens des troubles en France, mesures prises par les parlemens; ils demandent, ainsi le clergé, une convocation des états-généraux, qui est ar- demment désirée de toute la nation. -Ce qu'étaient autrefois les états du royaume. —Observations sur les changemens de mœurs et usages de la nation française et de son gouvernement, depuis l'année 1614, époque de la dernière réunion des états-généraux. CHAP. IV. Le cardinal de Loménie quitte le ministère ; il con- seille au roi d'appeler M. Necker, qui est nommé ministre des finances. Principes et projets du cardinal; ils sont suivis par M. Necker. Seconde assemblée des notables; leur opinion à l'égard de la convocation des états-généraux : arrêté du parle- ment de Paris sur le même objet. — Conversation entre M. Nec- ker et moi. Je reçois ordre de me rendre dans mon comman- dement à Metz.-Disette de blés, causes et effets de cette disette. CHAP. V. — Situation de la France au mois d'octobre 1789 tures qui me sont faites par M. de La Fayette : commencement de ma correspondance avec lui; ses projets. CHAP. VI. Il se forme deux partis parmi les révolutionnaires; La Fayette se met à la tête des constitutionnels, le duc d'Or- léans à la tête des jacobins et des anarchistes caractère de ces chefs; leurs vues et leurs projets; leur conduite à l'égard de l'armée. Le roi se rend à l'Assemblée nationale. - Excès commis par les troupes à Metz; elles rentrent dans le devoir. CHAP. VII. Le roi, à la sollicitation de La Fayette, m'écrit de sa main pour m'engager à me rendre à Paris. - Je demande la permission de quitter le royaume il m'écrit une seconde lettre pour me détourner de cette résolution, et me porter à de- meurer à son service. - Fédération des gardes nationales de la province des Évêchés avec les troupes réglées : les premières dé- sirent m'élire leur général, ce que je n'accepte point; réflexions judicieuses de M. de La Tour-du-Pin, ministre de la guerre, à CHAP. VIII. Je sonde M. de la Fayette, dans la vue de coopé- rer avec lui si je reconnais que ses intentions soient pures et dé- sintéressées; j'échoue dans mes tentatives. - Fédération géné- rale à Paris entre les gardes nationales et les troupes de ligne; effet qu'elle produit dans l'armée. -Insurrection générale des troupes détails sur celle de la garnison de Metz. — Je suis nommé commandant en chef de larmée de l'Est. - Mes craintes d'une guerre civile, et mes dispositions en conséquence. CHAP. IX. Affaires de Nancy; détails de cet événement et de ses suites. Je fais la visite des provinces que je commande; disposition du peuple et des troupes à cette époque. — Mon projet pour rendre au roi sa liberté, et pour le placer à la tête de son armée. Le roi me propose de faciliter son départ de Paris, et l'exécution de son projet de se retirer dans une des places frontières de mon commandement : je lui fais mes ob- servations sur les dangers de cette démarche, et je l'assure de ma fidélité et de mon dévouement. CHAP. X.-Moyens que je propose au roi pour l'exécution de son projet de se retirer dans une ville frontière. - Jalousie de La Fayette et des principaux membres de l'Assemblée contre moi: je suis obligé de résigner mon commandement d'Alsace. — Pro- positions que me fait faire Mirabeau; son plan pour sauver le roi et la monarchie; inquiétude de La Fayette à ce sujet. |