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ACTES OFFICIELS

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CIRCULAIRE DU PRÉFET DE L'ALLIER

Relative à l'appropriation des locaux scolaires.

La rentrée des classes va avoir lieu. Je tiens à vous rappeler les promesses que vous avez bien voulu me faire, lors de la tournée de révision, au sujet de l'appropriation des maisons d'école sur plusieurs points du département; je suis heureux de constater de notables améliorations mais nous avons encore beaucoup à faire. Avant la rentrée, vous voudrez bien visiter avec l'instituteur les salles des classes, vous assurer que le mobilier scolaire est en bon état et voir les réparations peu considérables qui donnent à une école cet air d'ordre et de propreté qui exerce une si bonne influence sur l'esprit des élèves. Un badigeonnage donné aux murs, un carreau remplacé, les tables et les bancs assujettis: telles sont les réparations que vous pouvez faire avec une somme très-modique et qu'il vous est facile de préléver sur les dépenses imprévues.

J'appelle aussi votre attention sur le logement de l'instituteur; ce logement doit être convenable: c'est le moyen d'attacher l'instituteur à votre commune.. Lorsqu'il a un intérieur confortable, il est moins exposé à aller chercher au dehors des distractions qui ne sont pas sans écueil.

« En un mot, messieurs, je ne saurais trop recommander à votre sollicitude l'importante question de l'instruction primaire. J'ai la conviction que votre concours dévoué lui est acquis d'a

vance.

« Agréez, messieurs, l'expression de mes sentiments trèsdistingués.

«Le préfet de l'Allier,

« DU CHEVALLARD »

CIRCULAIRE DU PRÉFET DE L'ARIÉGE

AUX INSTITUTEURS.

MESSIEURS,

Foix, le 15 septembre 1876.

La mise à la retraite de onze de vos collègues et certaines mutations nécessaires ont motivé, dans le personnel de l'enseignement primaire de l'Ariége, quelques modifications. La nouvelle année scolaire va bientôt s'ouvrir, et vous reprendrez sous peu de jours, avec courage, les fonctions honorables qui vous sont confiées. Je serai, croyez-le, très-attentif à vos travaux, et vous trouverez toujours en moi un chef vraiment soucieux de vos intérêts et vivement sympathique à votre œuvre d'abnégation et de dévoûment. J'apprécie trop le rôle si utile et si élevé qui vous incombe dans la société, pour n'être pas constamment animé du désir de faciliter votre tâche, d'encourager et de récompenser vos efforts. Vous n'êtes pas seulement appelés à instruire la jeunesse, vous êtes aussi chargés du soin de son éducation, c'est-à-dire de former son esprit et son cœur, et de la préparer, par vos conseils et par vos exemples, à rendre plus tard de bons services au pays. Aussi, avez-vous de rigoureux devoirs à remplir. Honorés de la confiance et de l'estime publiques, vous devez vous tenir absolument éloignés des discussions des partis et rester tout à fait étrangers aux dissensions locales. Instituteurs de l'enfance, c'est à l'enfance que vous devez consacrer tous vos instants et toutes les forces vives de votre âme. Employez-vous donc sans relâche au noble exercice de votre belle et généreuse profession. Vous savez à quel point le Gouvernement et les Chambres s'intéressent à votre sort, et vous êtes chaque jour témoins de leur sollicitude éclairée pour l'enseignement et pour vous. C'est, qu'en effet, l'heure est venue plus que jamais d'améliorer sans cesse la situation des instituteurs et

des institutrices, de multiplier les écoles, de construire des édifices commodes et convenables, de perfectionner les méthodes, de créer des cours d'adultes et des bibliothèques, de propager les innovations heureuses comme celle des caisses d'épargne scolaires, par exemple, que le Conseil général vient de fonder dans l'Ariége, et dont vous serez bientôt conviés à faire vousmêmes l'application. Le champ ouvert à votre intelligence et à votre activité est donc vaste et fécond. Ne cherchez point à en sortir. Si les nécessités de votre position vous obligent à prêter votre concours aux Maires en qualité de secrétaires de mairie, soyez bienveillants et obligeants pour tous, exacts et scrupuleux dans l'accomplissement de vos devoirs, et gardezvous bien, comme d'un malheur, de devenir dans la localité des hommes de parti, et surtout de vous mêler aux compétitions électorales. D'ailleurs, je ne le tolèrerais pas. Entretenez d'excellents rapports avec la municipalité, le curé ou le pasteur, les représentants de l'autorité civile et militaire, et tous les habitants de la commune. N'oubliez jamais que vous devez être des hommes de paix et non des hommes de luttes, des esprits sages et réfléchis et non des esprits ardents et troublés, des instituteurs et des éducateurs dans la très-haute acception du mot, et non des agitateurs à la merci des passions locales. Appelés par la loi et la confiance de l'autorité supérieure à élever les générations nouvelles dans l'amour de Dieu, du travail, de la famille et de la Patrie, montrez-vous toujours dignes, par votre savoir, votre zèle et votre caractère, d'une aussi noble mission. Recevez, Messieurs, l'assurance de ma considération trèsdistinguée.

Le Préfet de l'Ariége,

JULES MAHIAS.

NÉCROLOGIE.

M. FRANÇOIS GÉNIN.

François Génin, un des membres les plus jeunes de la Société pour l'instruction élémentaire, a été enlevé le 15 novembre 1876 à l'affection de ses amis.

Il n'avait que 25 ans, et cependant il avait déjà conquis dans la presse une place distinguée en unissant la dignité et l'intégrité du caractère au talent de l'écrivain.

Il était le fils d'un homme qui a laissé dans les lettres un nom durable; François Génin, le père, était en même temps qu'un érudit et un philologue consciencieux, un polémiste de premier ordre. Professeur de faculté, puis rédacteur du National, sous le gouvernement de juillet, il écrivit un livre encore plein d'actualité; les Jésuites et l'Université. Après la Révolution de 1848, il devint le secrétaire général de notre éminent collègue, M. H. Carnot, au ministère de l'Instruction publique.

Le fils portait dignement le nom du père, il suivait les mêmes traditions libérales et philosophiques. C'était un écrivain sobre et délicat, nourri de la lecture des auteurs du xvie et XVIIIe siècle, il unissait à un goût littéraire très-raffiné, un esprit juste et droit.

Après avoir collaboré pendant plusieurs années au journal la Cloche, il était devenu rédacteur de la Gironde. Il avait écrit dans le Magasin d'éducation et de récréation de Hetzel quelques gracieuses nouvelles pour les enfants, et, dans un autre genre, sous le pseudonyme Denis Dereine, il publia une brochure, Le petit neveu de Rameau, où il exprimait avec une charmante originalité des idées hardies et souvent profondes.

Sous des dehors un peu froids et un scepticisme apparent, Génin cachait une âme sensible, passionnée pour les idées généreuses, avide d'affections, que les réalités de la vie froissaient et blessaient cruellement. Le spectacle des injustices, les déceptions politiques, l'indifférence et l'égoïsme l'attristaient profondément.

François Génin faisait partie de la Société depuis plusieurs années. C'est nous qui l'avions présenté, et c'est à nous qui l'avons connu et aimé, qui avions pu apprécier tout ce qu'il y avait chez lui d'élévation d'esprit et de cœur, de délicatesse de sentiment, que revenait la triste mission d'exprimer les regrets que sa perte a causés à la Société.

Elle n'oubliera pas que Génin partageait toutes ses idées, tous ses principes, et qu'il s'intéressait vivement à l'œuvre nationale qu'elle poursuit; plus d'une fois, il lui a prêté l'appui de sa plume et de son influence. Il désirait beaucoup voir donner aux travaux de la Société une publicité qui leur a trop souvent manqué, et s'il eût vécu, il aurait activement contribué à ce résultat.

CH. LEFEBVRE.

A. LEMARIGNIER, Gérant,

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